LIBERTE

1940 à 2020 ?

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Il faut parfois savoir se retirer pour mieux s’armer et revenir à la charge. A l’évidence les fusils sont vides, nous nous trouvons face à un président dans une indécision presque plus que totale.

Il ne craint rien des fautes de son pseudo gouvernement, il ne peut être poursuivi durant toute la durée de son mandat. Et cela devant aucune juridiction pénale de l’Etat français.

Il faut savoir les raisons diverses qui le mettent à l’abri durant sa mandature lien. Peu nombreux sont les électeurs ou les citoyens vivant sur le sol de France à connaitre l’immensité de ses pouvoirs.

Une évidence se dégage, les manifestations reprennent tous azimuts, les casseroles depuis son arrivé au sommet de l’Etat, comme chez certains de ses prédécesseurs ne tiendrait point dans un annuaire, qui lui aussi disparaitra en format papier en 2021.

La révolte fait plus que gronder, sommes-nous encore en France ? Les réparties vont dans tous les sens tel que le coronavirus sans posséder un vaccin ni un abri pour se protéger.

Le milieu médical, la majorité des institutions où devrait effectivement reposer le sens d’une véritable République, opère comme la légende de Jonas dans le ventre de la baleine. Le sort désigne Jonas. Ils le prennent, le jettent par-dessus bord, et à l’instant même, la mer s’apaise. Il est recueilli dans le ventre d’un grand poisson. Durant trois jours et trois nuits. Le « gros poisson » le recrache ensuite sur le rivage. Vision biblique.

Emmanuel Macron, la tentation d’une démission-réélection.

Le chef de l’État a évoqué cette hypothèse dans une visioconférence face au premier cercle des donateurs de Londres. Sources Le Figaro

Sans dire s’il avait pris sa décision, Emmanuel Macron a quand même osé évoquer ce scénario devant plusieurs personnes.

Comment reprendre politiquement la main? C’est la question qu’Emmanuel Macron se pose depuis le début de la crise du Covid-19. Plusieurs possibilités institutionnelles s’offrent à lui: un changement de premier ministre, une dissolution de l’Assemblée nationale, un recours au référendum, une démission.

Écartée d’emblée par le milieu politique, parce que tellement improbable, cette dernière hypothèse ne semble pas totalement exclue par le président de la République.

«Dans les semaines ou les mois à venir»

C’est en tout cas ce qu’il a dit, voici une quinzaine de jours, devant un cénacle très restreint. Lors d’une réunion du premier cercle des donateurs de 2017 à Londres, les participants ont eu la surprise de voir Emmanuel Macron débarquer au milieu de leur conversation, en visioconférence.

S’il n’a pris la parole que cinq minutes, les propos qu’il a tenus ont clairement montré qu’il était prêt, selon son expression favorite, à «prendre son risque». Selon des participants, Emmanuel Macron a expliqué qu’il envisageait la possibilité.

Serions-nous face à une farce gigantesque ou une réalité de l’ombre ? Les divers relents de rejets peuvent puiser un réel successeur en changeant et posant Trump sur le sommet de l’Europe ?

Combien sont ceux qui cassent, mettent le feu, sèment la tourmente et tout ce qui en découle se rendent compte qu’ils font le jeu des anarchistes qui servent ni plus ni moins que les intérêts du pouvoir en place ?

Une évidence se dégage les promesses n’engagent que ceux qui les prononcent sans oublier ceux qui veulent y croire. Le résultat est là, 57% des français et européens ne l’ont pas trouvé crédibles.

N’oublions toutefois pas que l’appel du 22 juin 1940 : fait de la France une démocratie nation pays des Droits de l’Homme. Nous arrivons à stade plus que saccagé, et que les successeurs d’Hitler seraient au pouvoir, dans la mesure où les nations diverses n’auraient fait ce qu’il en est du « Jour le plus Long » voilà ce que nous devrions mieux nous souvenir un exemple crucial le 6 juin 1944.

83 réflexions sur “1940 à 2020 ?

  • Tu vois il y a des échos et parfois des semi-parallèles, dans les informations de France 2 à 20h et sur BFMTV, il était fait allusion sur quelques minutes à l’histoire que tu nous racontes ici. Il ne faut surtout pas perdre la mémoire du 18 juin 1940, car à l’époque la France possédait un honneur et de la dignité. Que nous reste t-il de tout cela de nos jours sinon que les pages du souvenir? Je tente d’en parler en comparant le mythe actuel par rapport à l’homme que fut Charles de Gaulle. Qu’on le veuille ou pas sans lui et l’union des hommes et femmes remplis et épris de Liberté et d’Honneur nous parlerions avec le salut du IIIe Reich. Certains de mes anciens proches sont resté sur le sol pour je puisse écrire et en parler modestement en ces moments.

    Le Panda

    Patrick Juan

  • Appel du 18-Juin : « Le mythe gaullien répond à des attentes très actuelles »
    Entretien Avec l’appel du 18-Juin, naît le mythe gaullien. L’historien Sudhir Hazareesingh, professeur à l’université d’Oxford, explique combien il inspire aujourd’hui encore Emmanuel Macron, autant qu’il le confronte aux risques de la verticalité.

  • Sudhir Hazareesingh : Tous les grands mythes reposent sur un événement qui symbolise l’année zéro, comme le 14 juillet 1789 pour la Révolution française par exemple. Le 18 juin est un moment de rupture, où la politique traditionnelle cède la place à une aspiration politique nouvelle. C’est la date fondatrice, et très vite d’ailleurs, le général De Gaulle la commémore. Dès la guerre, il transforme lui-même l’événement en mythologie.

  • Appel du 18-Juin : les défis mémoriels d’Emmanuel Macron

    Du 18 juin en effet, on a pu dire : ceux qui l’ont entendu ne l’ont pas compris et ceux qui l’ont compris ne l’ont pas entendu. En 1940, le général n’invite pas tout le monde à entrer en résistance, il appelle simplement ceux qui le souhaitent à le rejoindre. Il entretient l’équivoque sur la possibilité de rester dans l’armée française tout en venant à lui, ce qui devient très vite impossible.

    En 1942, il donne à l’appel un sens plus républicain qu’il ne possédait pas, il en fait un appel à la résistance, en approfondissant le sens et la portée. Il en fait un appel collectif, comme un mouvement du peuple français contre l’occupation des Allemands. Et en 1944, il soutient que si l’appel a réussi, c’est que « la nation française a jugé bon d’y répondre ». Par la suite, chaque année entre 1946 et 1968, qu’il soit au pouvoir ou en pleine traversée du désert, il prend soin de commémorer l’appel du 18 juin au Mont Valérien.

  • Qu’est-ce qui reste attaché à cette date, qui soit précieux pour aujourd’hui ?

    S. H. : Il transforme une défaite militaire et un effondrement politique des institutions de la IIIe République, donc un double échec, en horizon nouveau, et il ouvre une perspective, celle de la Ve République. Il met ainsi en avant le volontarisme, la détermination, le courage, le refus du fatalisme. Surtout, ce qui est nouveau dans la culture politique française, il appelle à la souveraineté populaire et propose dans le même temps d’en être l’incarnation. Il y a là une tension, presque une rupture, avec la tradition républicaine classique.

  • De ces vertus, c’est le refus du fatalisme qui s’est imposé à travers le temps. Dans les lettres comme dans les foules qui se rendent au Mont Valérien tous les ans, il y a l’idée qu’il n’existe pas de fatalité en politique comme au niveau militaire. Qu’il existe toujours une place pour la volonté, celle des élites politiques, mais surtout la volonté générale. Pour le citoyen, c’est un appel à rester vigilant. Ce n’est pas un hasard si les aventures d’Astérix sont publiées pour la première fois à la fin des années 1950, au moment où il retourne au pouvoir. Le scénario reprend l’idée fondatrice du mythe gaullien : les Français sont des Gaulois qui refusent l’injustice et l’oppression.

  • En quoi consiste ce mythe ?

    S. H. : Ce n’est pas exactement un mythe républicain, ni un mythe monarchiste. Toute la tradition républicaine depuis la fin du XIXe siècle s’oppose à cette idée de l’incarnation par un seul homme, attachée à la monarchie. Dans ses Mémoires de guerre, il écrit : « Il fallait que j’assume la France. » Mais en même temps, chacune des cérémonies qu’il organise est d’une grande sobriété, presque républicaine. De Gaulle rend hommage aux morts, et ne parle pas. Aucun discours triomphaliste, nationaliste. À son gendre d’ailleurs, il aurait dit qu’il s’agissait d’un anniversaire qu’il fallait célébrer « mais pas trop ».

  • Une République taillée pour de Gaulle

    Comme les autres grands mythes nationaux – la Révolution, le mythe napoléonien, la IIIe République, ou encore le communisme, la plasticité joue un rôle crucial. Le mythe gaullien réussit avec succès à concilier des éléments contradictoires : l’ordre et le mouvement, le pouvoir militaire et civil, la République et la monarchie, la tradition et la modernisation politique, la grandeur et l’humilité. Car en 1958, le général crée une monarchie républicaine. Et la droite, essentiellement passéiste, et pour une partie importante, attachée au passé prérévolutionnaire, devient un mouvement mobilisateur, tourné vers l’avenir. Le Gaullisme ne parvient pas à faire totalement disparaître la droite vichyste, qui survit dans l’OAS et le Front national, mais réussit à la limiter.

  • Quelles évolutions a-t-il subies depuis 80 ans ?

    S. H. : Il existe des paliers successifs qui marquent l’élargissement de l’assise du mythe. Dans les années 1940 et 1950, il est célébré avec beaucoup d’ardeur mais essentiellement par les Gaullistes. Les communistes vont au Mont Valérien toute rancune tenante, justement froissés de l’appropriation de la résistance par De Gaulle. Dans ses discours comme dans ses mémoires, il nie le rôle de la résistance intérieure.

    À partir des années 1960, surtout des années 1970, après sa mort, Colombey-les-deux-Églises devient un lieu de mémoire, avec la construction du monument pharaonique où se rendent ceux qu’on désigne comme des pèlerins. De Gaulle entre alors dans la mémoire collective comme une grande figure nationale, héros de la Résistance, unificateur de la nation. Le moment crucial suivant, c’est 1990, avec le centenaire de la naissance. La gauche dans son ensemble, Mitterrand en tête, se rallie alors au mythe gaullien, même si des nuances demeurent. Quand la droite honore l’homme d’ordre, fondateur de la Ve République, la gauche préfère le résistant.

  • À la fin du XXe siècle, nouvelle mutation. C’est l’homme vertueux, incorruptible, que l’on convoque pour dénoncer la frivolité et la corruption de la classe politique actuelle. Le mythe encore une fois répond à des attentes très actuelles. Il faut aussi noter l’entrée en force du général dans l’espace public : une commune sur dix en France métropolitaine a sa rue, son avenue, ou sa place à son nom.

  • Quel est le rapport du président Macron avec ce mythe ?

    S. H. : Du mythe gaullien, Emmanuel Macron a repris la verticalité et l’incarnation de l’autorité qui avait tant manqué au président Hollande. Et la symbolique du silence, tentant de rester à l’écart des affaires courantes au début de son quinquennat. De Gaulle, lui, pouvait rester des semaines, voire des mois, silencieux.

    Et même si la dimension monarchiste du mythe gaullien a été fragilisée à partir de la fin du XXe siècle, Emmanuel Macron s’en inspire aussi pour opérer la concentration des pouvoirs à l’Élysée et le retour manifeste aux pratiques du début de la Ve République. Bientôt confronté à la contradiction fondamentale de la verticalité : à partir du moment où tout est ramené au Président, il est le premier exposé quand les choses tournent mal.

  • De ce point de vue, les gilets jaunes restent un traumatisme pour le président de la République qui, après avoir incarné tous les pouvoirs après son élection, voit son autorité remise en cause par un mouvement qu’il n’a pas vu venir et n’a pas su contenir. Il en conclut qu’il a intérêt à changer la configuration du système politique, d’autant que son parti n’est pas en mesure de le soutenir comme l’avait fait le parti gaulliste, dans les années 1960, pour De Gaulle. Cet exercice, Emmanuel Macron ne l’a pas complètement réussi et il essaie à présent de trouver d’autres relais.

  • Charles de Gaulle, un Londonien méconnu des Britanniques
    Les faits Célébré en France, le discours du 18-Juin n’est pas connu des Britanniques. En grande partie en raison de la faible notoriété de Charles de Gaulle pendant son séjour à Londres.

  • Une dizaine de personnes se sont arrêtées devant le 4 Curzon Square, un immeuble sans charme situé au bord d’Hyde Park, à Londres. Tous écoutent attentivement Hubert Rault, un banquier de 40 ans féru d’histoire. « Le 17 juin, Charles de Gaulle, qui est depuis dix jours membre du gouvernement, atterrit à Londres grâce à un avion mis à disposition quelques jours plus tôt par le premier ministre britannique, Winston Churchill », raconte Hubert Rault, qui a créé en juin 2015 une promenade touristique autour du thème de Charles de Gaulle à Londres. « Il va immédiatement voir Churchill, qui l’autorise à parler à la radio, puis se rend chez un de ses amis, au 4 Curzon Square : c’est là, qu’il va rédiger le fameux appel du 18 juin.

  • « De Gaulle était à Londres pendant la deuxième guerre mondiale ? »
    Ce discours d’appel à la résistance, enregistré depuis les studios de la BBC, est aujourd’hui considéré comme l’un des actes fondateurs de la France contemporaine. Pourtant, depuis Londres, la perception de l’événement est bien différente. « L’appel du 18 juin 1940 ? Je n’en ai jamais entendu parler », assure Chris, qui passe pourtant chaque jour devant la statue du général de Gaulle installée devant le 4 Carlton Gardens, qui accueillait le quartier général de la France libre. « De Gaulle était à Londres pendant la Seconde Guerre mondiale ? Première nouvelle ! » s’étonne Mark, un autre local.

  • Appel du 18-Juin : les défis mémoriels d’Emmanuel Macron

    Richard Vinen, professeur d’histoire spécialisé sur la France à l’université King’s College London, n’est pas surpris par ces réponses. « Je serais très étonné que l’existence même de ce discours soit enseignée à l’école. Très peu de Britanniques en ont entendu parler, mais guère plus savent que Churchill a prononcé à la Chambre des communes, le même jour, le discours”Leur plus belle heure”. » Un discours majeur, pourtant, qui assigne au Royaume-Uni le rôle de dernier rempart contre le nazisme et annonce l’imminence de la bataille d’Angleterre.

  • De Gaulle mettra du temps à être pris au sérieux
    Pour comprendre cette méconnaissance, encore faut-il rappeler qu’à son arrivée à Londres en 1940, « de Gaulle n’est qu’un personnage mineur et le gouvernement britannique a longtemps espéré qu’une personnalité plus connue et plus charismatique vienne le remplacer, poursuit le professeur Richard Vinen. Le gouvernement britannique veut d’autant moins s’engager auprès de lui qu’il négocie secrètement avec le régime de Vichy et espère trouver un terrain d’entente avec le maréchal Pétain ».

  • Il assistait de Gaulle à la BBC

    De Gaulle mettra du temps à être pris au sérieux. Le secrétaire privé du roi, Alan Lascelles, écrit ainsi dans son carnet : « À chaque fois que je vois de G., je suis de plus en plus certain que les Français libres ou les Français combattants n’accrocheront jamais leur wagon à cette étoile guère inspirante. On a acheté un mauvais cheval. »

  • Pour de nombreux Britanniques, ce n’est donc pas pour son rôle pendant la Seconde Guerre mondiale que Charles de Gaulle est connu. « Ici, il est vu avant tout comme celui qui a dit non aux Anglais », souligne Hubert Rault. Devenu président de la République, de Gaulle a en effet posé deux fois son veto à l’entrée du Royaume-Uni dans la Communauté économique européenne. Une intervention qui ne lui a étonnamment pas valu l’opprobre de la classe politique britannique : « Ce double veto prouve qu’il prenait le Royaume-Uni au sérieux, assure Richard Kinan, contrairement à nombre de ses successeurs. »

  • Hubert Germain, le compagnon de la Libération qui doit parler à Emmanuel Macron
    Portrait L’un des quatre derniers compagnons de la Libération encore en vie, Hubert Germain, doit s’entretenir avec Emmanuel Macron à l’occasion du 80e anniversaire de l’Appel du 18 juin, ce jeudi. À bientôt 100 ans, Hubert Germain était dès juin 1940 parmi les premiers engagés au sein des Forces françaises libres (FFL).

  • À la mi-juin 1940, Hubert Germain s’apprête à passer le concours d’entrée à l’École navale à Bordeaux. Dans la salle d’examen, il a l’esprit ailleurs. « Paris venait de tomber, la France se noyait. “Alors, Hubert, que vas-tu faire ? se demandait le jeune homme. Tu vas passer un examen et tu vas peut-être être reçu. Et après ? Tu vas devenir officier de la marine ou de l’armée de l’air d’un État qui sera aux ordres de l’Allemagne nazie ?” Impensable. Il se leva donc, rendit une copie blanche au surveillant et sortit », relate l’ouvrage Nous n’étions pas des héros de Benoît Hopquin (Calmann-Lévy).

  • « Je pars faire la guerre », lance en partant Hubert Germain, comme il s’amusait à le raconter en 2018. Quelques jours après, le général de Gaulle lance un appel sur les ondes de la BBC à Londres. Quatre-vingts ans plus tard, pour commémorer le célèbre discours appelant à poursuivre le combat, Hubert Germain va s’entretenir avec Emmanuel Macron, jeudi 18 juin, à l’Ordre de la Libération à Paris. À presque cent ans, il a également pris part, mercredi, aux Invalides, à une cérémonie de remise de la fourragère de l’Ordre de la Libération aux élèves officiers du 2e bataillon de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr.

  • Appel du 18-Juin : les défis mémoriels d’Emmanuel Macron

    Résistant de la première heure, Hubert Germain est l’un des quatre derniers compagnons de la Libération encore en vie avec Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin, Edgard Tupët-Thomet, l’un des quatre premiers engagés militaires secrets des FFL en France, et Pierre Simonet, benjamin des compagnons de la Libération. Un titre décerné à 1 038 personnes, cinq communes françaises et dix-huit unités combattantes depuis novembre 1940.

  • La bataille de Bir Hakeim et le débarquement de Provence
    Né le 6 août 1920 dans les beaux de quartiers de Paris, fils d’un général des troupes coloniales, Hubert Germain embarque pour l’Angleterre, le 24 juin 1940, à Saint-Jean-de-Luz. Avec trois camarades, il se joint à des troupes polonaises à bord de l’Arandora-Star. Engagé aux FFL, il est affecté sur le cuirassé Courbet, où il suit les cours d’élève officier de marine. Le jour, entre les alertes, il étudie. La nuit, il participe à la défense antiaérienne contre les raids allemands.

    Hubert Germain intègre ensuite la Légion étrangère. Il combat en Syrie, Libye, Égypte, Tunisie et Italie. Lors de la campagne de Libye en particulier, il se distingue comme chef de section antichar dans les combats de Bir-Hakeim, du 27 mai au 11 juin 1942. En Italie, le 24 mai 1944, il est « blessé en dirigeant le tir des mitrailleuses lourdes de sa section pour continuer à appuyer le bataillon qui attaque le long du Liri », raconte l’Ordre de la Libération. Évacué sur Naples, il est décoré par le général de Gaulle en Italie, fin 1944.

  • Entre-temps, en août 1944, Hubert Germain participe au débarquement de Provence et à la libération de Toulon, de la vallée du Rhône et de Lyon. Son parcours ne s’arrête pas là : il prend part aux campagnes des Vosges, d’Alsace et termine la guerre au massif de l’Authion. Appelé comme aide de camp auprès du général Pierre Kœnig, commandant les forces françaises d’occupation en Allemagne, il est démobilisé en 1946.

  • Engagement politique
    Après les combats, Hubert Germain s’engage autrement, dans la politique : maire de Saint-Chéron (Essonne), député de Paris, puis ministre des PTT et des relations avec le Parlement. Le 17 mars, au début du confinement pour lutter contre le coronavirus, Hubert Germain lançait, avec Daniel Cordier et Pierre Simonet, un appel particulier. « Nous avons combattu cinq longues années pour que la France sorte victorieuse de cette terrible Deuxième Guerre mondiale. Aujourd’hui, nous sommes tous confrontés à une autre menace, à une guerre d’un autre genre », écrivaient les trois résistants, appelant les Français à faire « preuve de raison, de solidarité, de cohésion nationale et de responsabilité individuelle ».

  • Appel du 18-Juin : les défis mémoriels d’Emmanuel Macron
    Analyse Le président de la République, qui commémore aujourd’hui les 80 ans de l’appel du 18-Juin du général de Gaulle, voit monter dans une partie de la société les blessures liées au passé colonial de la France. Et promet d’y répondre.

  • Une statue du général de Gaulle vandalisée dans le nord de la France, barrée du mot « esclavagiste ». L’incident, en début de semaine, est venu établir un étrange lien entre les manifestations antiracistes et la célébration par Emmanuel Macron, ce jeudi, des 80 ans de l’appel du 18-Juin.
    Appel du 18-Juin : l’île de Sein claquemurée pour la venue de Marine Le Pen

    Ces dégradations, bien que marginales, sont néanmoins prises au sérieux au sommet de l’État. Et viennent aussi rappeler, indirectement, que les commémorations officielles ne sont pas neutres. Même lorsqu’elles concernent le général de Gaulle, figure consensuelle par excellence.

  • « Une commémoration est toujours une prise de risque »
    « Une commémoration est toujours un choix politique et une prise de risque », estime ainsi Isabelle Veyrat-Masson, historienne et spécialiste de communication politique. « Commémorer la bataille de Montcornet (le 17 mai dernier, en ouverture de “l’Année de Gaulle”, NDLR) était à la fois original et très dangereux, puisqu’il s’agissait d’une défaite. »

    Certains opposants au président, comme Xavier Bertrand.

  • À Montcornet, Emmanuel Macron célèbre l’« esprit français de résistance »
    Les faits Le président de la République s’est rendu, dimanche 17 mai 2020, à Montcornet (Aisne) où, en 1940, Charles de Gaulle s’était résolu à refuser toute défaite.

  • L’année 2020 est une année Charles de Gaulle, l’homme de l’appel à la résistance du 18 juin 1940, né à Lille le 22 novembre 1890 et décédé le 9 novembre 1970. C’est toutefois pour le 80e anniversaire de la bataille de Montcornet, dans l’Aisne, qu’Emmanuel Macron a choisi, dimanche 17 mai 2020, de célébrer l’« esprit français de résistance ».

    Emmanuel Macron pose les jalons de son plan pour l’hôpital

    Cette bataille représente à la fois une défaite militaire, puisque, isolée au nord de l’Aisne, la 4e division cuirassée se replie finalement le 20 mai 1940 mais une victoire psychologique pour son commandant, le colonel de Gaulle.

  • La justice a-t-elle été instrumentalisée politiquement dans l’affaire Fillon ?
    Les déclarations de l’ancienne responsable du Parquet national financier, Éliane Houlette, dénonçant des « pressions » de sa hiérarchie dans l’enquête sur François Fillon début 2017, relance les accusations d’interventionnisme politique. Emmanuel Macron a décidé de saisir pour avis le Conseil supérieur de la magistrature.

  • L’Élysée a même annoncé dans la soirée qu’Emmanuel Macron avait décidé de saisir pour avis le Conseil supérieur de la magistrature. Il s’agit d’« analyser si le parquet national financier a pu exercer son activité en toute sérénité, sans pression », lors de son enquête sur l’affaire Fillon, a annoncé l’Élysée vendredi soir.

    Le chef de l’État veut « lever tout doute sur l’indépendance et l’impartialité de la justice dans cette affaire », explique l’Élysée, après les propos de l’ex-procureure nationale financier Éliane Houlette, qui s’était émue du « contrôle très étroit » qu’aurait exercé le parquet général, son autorité de tutelle directe, dans la conduite des investigations lancées en pleine campagne présidentielle de 2017.

  • Ce qui a mis le feu aux poudres ? L’audition le 10 juin d’Éliane Houlette, ancienne responsable du Parquet national financier (PNF), devant une commission d’enquête sur l’indépendance de la justice à l’Assemblée nationale. La magistrate a expliqué aux députés avoir subi de nombreuses « pressions » du Parquet général durant la conduite de l’enquête préliminaire qui, début 2017, visait François Fillon alors candidat de la droite à l’élection présidentielle.

    « M. Fillon n’a pas été mis en examen sous la pression du pouvoir exécutif »
    Comme ce Parquet est sous la tutelle du ministère de la justice, certains estiment que les « pressions » évoquées par Éliane Houlette sont la preuve que l’affaire Fillon a bel et bien été instrumentalisée politiquement. Ce que récuse avec force cette magistrate.

    « M. Fillon n’a pas été mis en examen à la demande ou sous la pression du pouvoir exécutif », affirme Mme Houlette, dans un communiqué publié ce vendredi par son avocat. « Cela confirme que les investigations concernant François Fillon et son épouse n’ont pas été conduites avec honnêteté et impartialité », estime en revanche Me Antonin Lévy, l’avocat de l’ancien premier ministre

  • Faut-il instaurer une trêve judiciaire lors des élections ?

    Le tribunal correctionnel de Paris rendra sa décision le 29 juin dans cette affaire impliquant Penelope et François Fillon ainsi que son ancien assistant parlementaire Marc Joulaud. À l’issue du procès, qui a eu lieu en février et mars 2020, le Parquet national financier avait demandé une peine de cinq ans de prison dont trois avec sursis contre l’ancien leader de la droite, accusé d’avoir rémunéré pendant plus de quinze ans son épouse pour un travail jugé fictif.

    Au départ, l’affaire avait été dévoilée en janvier 2017 par un article du Canard Enchaîné. Le jour même de sa parution, le PNF avait ouvert une enquête préliminaire qui avait abouti, quelques semaines plus tard, à la mise en examen du candidat, finalement battu au 1er tour de l’élection présidentielle.

  • Ce sont ces deux premiers mois de 2017, sous haute tension médiatique et politique, qu’Éliane Houlette a choisi de raconter lors d’une audition à l’Assemblée nationale devant la commission d’enquête parlementaire sur l’indépendance de la justice. Elle l’a fait avec une liberté de ton étonnante pour une magistrate de son rang, comme l’a relevé l’hebdomadaire Le Point qui a repéré ces déclarations au départ passées inaperçues.

    Éliane Houlette, en retraite depuis juin 2019, a expliqué aux députés que l’affaire Fillon avait été difficile à gérer, notamment en raison de la « pression du parquet général », son autorité de tutelle directe. Selon elle, le Parquet général ne cessait de lui demander une « transmission rapide » des « actes d’investigation », qu’elle devait parfois faire remonter dès le lendemain avant 11 heures.

  • « Le choix procédural que j’avais adopté ne convenait pas »
    Éliane Houlette a aussi indiqué avoir été convoquée par sa hiérarchie « parce que le choix procédural que j’avais adopté ne convenait pas ». À l’époque, le Parquet général souhaitait que les investigations concernant François Fillon, alors conduites dans le cadre d’une enquête préliminaire, se poursuivent via l’ouverture d’une information judiciaire et la désignation d’un juge d’instruction. Ce qui a finalement été fait le 24 février par le PNF.

    Au vu des déclarations d’Éliane Houlette, il apparaît que le Parquet général souhaitait être informé quasi en temps réel des moindres actes de la procédure Fillon. Était-ce aussi une volonté du ministère de la justice ?

    La thèse, évidemment, devrait être reprise par certains fillonistes persuadés que les déboires judiciaires de leur candidat et les nombreuses fuites dans la presse étaient orchestrées par un « cabinet noir » animé par la présidence de la République alors occupé par François Hollande. En fait, cette affaire pose surtout le problème des « remontées d’information » des parquets généraux en direction de la Chancellerie.

  • « Ce que dénonce Éliane Houlette comme des pressions, c’est juste le fonctionnement normal de la justice tel que l’a voulu le législateur. Un Parquet général est dans son rôle quand il demande à un procureur des informations sur une affaire en cours », affirme-t-on au Parquet général de Paris. « Si le Parquet général a demandé à l’époque l’ouverture d’une information judiciaire dans le dossier Fillon, c’est uniquement pour des raisons juridiques et non politiques », ajoute un magistrat.

    Une loi de 2013 de Christiane Taubira
    Pour comprendre, il convient de rappeler que le PNF, comme tous les parquets de France, est placé sous l’autorité d’un procureur général. Tout à fait légalement, celui-ci peut demander à un parquet de lui faire remonter, sur tel ou tel dossier, des informations ensuite transmises à la Chancellerie. Ces remontées d’information sont encadrées par une loi de 2013 et une circulaire de 2014 mises en place à l’initiative de Christiane Taubira, alors ministre de la justice.

  • « À l’époque, sa volonté était de préciser les conditions dans lesquelles devaient se faire ces remontées d’informations et en finir avec les instructions individuelles du Garde des sceaux dans certains dossiers », explique Didier Paris, député (LREM) de Côte d’Or et rapporteur de la mission d’enquête de l’Assemblée nationale.

    Aujourd’hui, le ministère de la justice peut donc demander aux parquets généraux de lui faire remonter des informations sur certaines affaires sensibles. « Il est légitime que le Garde des sceaux ne soit pas le dernier à être informé de certaines enquêtes très médiatisées », souligne Didier Paris.

    Ces informations peuvent aussi permettre à la Chancellerie de mieux orienter sa politique pénale. « Il est légitime qu’elle soit par exemple informée des dossiers de violences faites aux femmes à partir du moment où cela est une priorité d’action du ministère », ajoute une magistrate.

    Le problème concerne surtout les dossiers impliquant des personnalités politiques car ces remontées d’information peuvent alors être vues comme un moyen, pour le pouvoir en place, de se tenir au courant des moindres détails des enquêtes en cours. « La chancellerie ne peut toutefois être informée que des actes d’enquête déjà réalisés et pas de ceux à venir. Un Parquet général ne peut pas lui dire, par exemple, qu’une perquisition chez telle personnalité aura lieu dans trois jours », précise Didier Paris. « Et le ministre ne peut donner aucune instruction pour orienter l’enquête dans tel ou tel sens ».

  • Porter un masque, se cogner le coude à défaut de se serrer la main, tousser ou éternuer dans son avant-bras, le monde entier a adopté les mêmes gestes face à un ennemi commun. Le coronavirus ne passera pas par nous. Ces gestes universels sont censés nous préserver de sa contamination.

    Ainsi la planète montre-t-elle ses habitants en mimes masqués parlant le même langage corporel. Ce mimétisme ne s’arrête nullement au domaine de la pandémie. La mondialisation accouche de bien d’autres gestes barrières qui deviennent à leur tour viraux.

  • Fallait-il vraiment confiner la France entière pour faire face à l’épidémie de coronavirus ? Cette mesure a-t-elle réellement freiné la propagation du Covid-19, évitant des milliers de morts supplémentaires ? N’y avait-il pas de meilleures solutions ? Plus d’un mois après sa levée, le confinement est la cible d’un procès en inefficacité. A l’Assemblée nationale aussi, la commission d’enquête sur la gestion de la crise s’interroge. Mais ces critiques formulées notamment sur les réseaux sociaux disent-elles vrai ou « fake » ?

    « Une mesure de dernier ressort »
    « Lorsque vous ouvrez les manuels de santé publique, la plupart expliquent que le confinement généralisé à l’ensemble de la population est toujours une solution que l’on veut éviter au cours d’une pandémie, constate Patrick Pintus, enseignant-chercheur en économie à l’université Aix-Marseille, qui travaille sur l’épidémie de Covid-19 au sein d’une équipe pluridisciplinaire. Il y a d’autres solutions plus efficaces pour limiter les effets d’une pandémie. »

    A la fin février, la Corée du Sud était le deuxième pays le plus touché par l’épidémie, après la Chine. Mais Séoul est parvenu à maîtriser la situation, sans avoir à recourir au confinement. Une vaste campagne de tests a permis de détecter et d’isoler les personnes infectées, et le traçage systématique de leurs contacts a limité la propagation du virus. Début mai, le pays ne comptait que 279 morts et un peu moins de 12 200 cas de contamination. « C’était vraiment la politique qui devait être suivie, à condition d’être capable de le faire », observe Patrick Pintus. Un avis partagé par Pascal Crépey, enseignant-chercheur à l’Ecole des hautes études en santé publique à Rennes.

  • Cela fait un mois qu’on n’est plus en confinement et l’épidémie reste sous contrôle. C’est la meilleure preuve que le confinement n’est pas la seule solution.
    Pascal Crépey, épidémiologiste
    à franceinfo

    Singapour, Taïwan, Hong Kong, le Japon ou la Nouvelle-Zélande sont également cités en exemples par Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de l’université de Genève. Après l’épidémie de H1N1 en 2009, ces pays « sont restés dans un état d’alerte et de vigilance tel qu’ils se sont précipités sur les premiers cas arrivant chez eux de façon beaucoup plus active que les pays européens qui voyaient cette menace de très loin », analyse le professeur de santé publique.

    Pendant les premiers mois de l’épidémie, « Singapour est parvenu à contenir le tsunami par des mesures de distanciation sociale personnalisées, de testing, de tracing et de quarantaine, souligne Antoine Flahault. Mais lorsqu’en avril, l’épidémie a ressurgi de l’intérieur, de cités-dortoirs de travailleurs immigrés précaires, Singapour a introduit des mesures de confinement, sans hésiter, comme une sorte de réponse graduée. » « Le confinement, ce n’est pas la panacée. Cela doit rester une mesure de dernier ressort », estime Pascal Crépey.

  • « Il n’y avait plus d’autre solution » en France
    Si la France, comme ses voisins européens, a décidé de confiner sa population à la mi-mars, c’est parce que, « dans l’urgence et l’état d’impréparation » dans lesquels elle se trouvait, « il n’y avait plus d’autre solution pour infléchir la courbe épidémique », jugent les experts interrogés par franceinfo.

    « Au moment où on a confiné, le niveau de circulation du virus était bien plus important », rappelle Pascal Crépey, soulignant que les conditions matérielles ne laissaient guère d’autre choix.

    On n’avait pas assez de masques pour la population, les capacités de test étaient limitées et tout le dispositif de traçage des cas contacts mis en place ensuite était débordé par le nombre de cas déclarés.
    Pascal Crépey, épidémiologiste
    à franceinfo

    « Malgré cette mesure drastique, on a quand même été obligés de transférer plus de 600 patients d’Ile-de-France et du Grand Est, les capacités de réanimation étant dépassées », poursuit l’épidémiologiste. « Il aurait même fallu confiner plus tôt », estime-t-il « avec le recul ». Pascal Crépey reconnaît toutefois que « ce genre de décision est difficile à prendre ». « Au moment où le confinement a été décrété, les signaux étaient encore relativement faibles. Il y a une quinzaine de jours d’inertie entre le moment où les infections ont lieu et celui où on voit arriver les malades à l’hôpital. » Or, note Antoine Flahault, « à partir d’un certain seuil, il n’est plus possible de casser les chaînes de transmission à la racine de façon systématique et chirurgicale ».

  • Une efficacité mesurée par des modèles mathématiques
    Le confinement repose sur une règle basique de statistiques et de probabilités. « En réduisant le nombre de contacts par individu, on réduit mécaniquement le risque de transmission du virus, donc on a un impact sur l’évolution de l’épidémie », résume Pascal Crépey. A l’aide de modèles mathématiques, de nombreuses équipes de chercheurs ont tenté de chiffrer l’effet des mesures de distanciation (interdiction des rassemblements, limitation des déplacements, fermeture des frontières et des écoles, confinement de la population, isolement des malades et des cas contacts, etc).

    A partir du nombre de morts recensées par le Centre européen de prévention et contrôle des maladies et du taux de reproduction du virus (le nombre de nouvelles personnes contaminées par chaque personne infectée, aussi appelé R0) avant le confinement, l’Imperial College de Londres a ainsi calculé le nombre de décès qui auraient pu survenir si aucune disposition n’avait été prise face à l’épidémie dans onze pays européens (l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Norvège, l’Espagne, la Suède, la Suisse et le Royaume-Uni). D’après cette étude parue dans la revue Nature* début juin, 3,1 millions de morts supplémentaires ont été évitées. Ces mesures de distanciation sociale d’intensités diverses ont abouti à une baisse de 82% en moyenne du taux de reproduction du virus, permettant de le ramener en dessous de 1, le seuil en-deçà duquel le nombre de nouveaux cas diminue.

  • Sans mesures prises par les pouvoirs publics pour enrayer la contagion, la France aurait compté 1,4 million de cas confirmés en plus (ce qui correspondrait à 45 millions de personnes infectées par le virus), d’après les estimations de chercheurs de l’université américaine de Berkeley dont les travaux sont parus dans Nature* début juin. Une telle situation épidémique se serait soldée par plus de 214 000 morts français d’après ce scénario catastrophe. Ces modélisations de type prédictif ne font toutefois pas l’unanimité au sein de la communauté scientifique, dont une partie estime que les modèles mathématiques employés aboutissent à des résultats trop alarmistes. Les modélisations de type rétrospectif font, elles, moins débat.

    Les travaux dirigés par une équipe de l’Institut Pasteur, publiés dans la revue Science* mi-mai, concluent eux aussi à un « impact massif » du confinement sur l’évolution de l’épidémie en France. Le R0 de l’épidémie a été réduit de 77%, chutant de 2,90 à 0,67. Entre fin mars et début mai, les hospitalisations sont passées de 3 600 à 357 par jour, les admissions quotidiennes en soins intensifs sont tombées de 700 à 66. Quant aux nouvelles infections, elles ont considérablement diminué, dégringolant de 150 000 à 390 000 chaque jour avant le confinement à 2 600 à 6 300 après, selon les projections.

  • Le résultat de cette modélisation sur le taux de reproduction est proche des projections*, prépubliées mi-avril, de l’EPIcx lab*, un groupe de recherche dirigé par Vittoria Colizza, de l’Inserm. Les équipes du CNRS, de l’IRD et de l’université de Montpellier, dirigées par Samuel Alizon, sont parvenues à un constat similaire.

    Le confinement a permis de ramener la situation sanitaire à quelque chose de gérable en termes de circulation du virus, mais il a aussi permis de gagner du temps pour augmenter les capacités de test et permettre aux Français de s’équiper en masques.
    Pascal Crépey, épidémiologiste
    à franceinfo

    « Les mesures de confinement ont en moyenne été très efficaces pour aplanir la ‘courbe pandémique’ et réduire le nombre de décès », confirment des économistes du Fonds monétaire international dans une revue sur le Covid-19*, éditée mi-mai par le Centre pour la recherche en politique économique de Londres.

    Les contre-exemples suédois, américain et brésilien
    Pour les experts interrogés par franceinfo, la meilleure preuve de l’efficacité du confinement est apportée par les contre-exemples. La Suède est l’un des rares pays en Europe à ne pas l’avoir imposé. Les commerces comme les écoles sont restés ouverts. Le royaume nordique affiche un taux de contamination et de mortalité par habitant plus élevé que ses voisins, avec plus de 53 000 cas détectés, plus de 4 900 morts, soit plus de 521 cas et 48 morts pour 100 000 habitants.

  • Même si la manifestation a fait du raffut, seulement 15 000 personnes ont répondu samedi à l’appel du comité Adama, selon la préfecture de police. Les sornettes d’Assa Traoré sont reprises avec beaucoup de complaisance par les médias et nombre de politiques, mais les Français ne s’y trompent pas et ne rejoignent pas massivement le mouvement.
    La manifestation organisée par le comité Adama le 13 juin, officiellement contre le racisme et les violences policières a fait un bide. Est-ce à dire que la France et les Français seraient indifférent face au racisme ? Absolument pas. Ce qui est arrivé à Georges Floyd a choqué et ému le monde entier. Mais cette histoire n’a pas eu lieu en France et ceux qui essaient de l’exploiter, famille Traoré, militants gauchistes, indigénistes et plus discrètement mouvance islamiste, n’ont rien à voir avec le combat antiraciste. Ils en sont même la négation puisqu’ils ne voient les êtres humains qu’à travers le prisme de leur couleur de peau et n’imaginent entre eux qu’un seul lien, celui de la domination. Si le monde médiatique dans sa majorité n’y a vu que du feu et si les politiques se sont montrés incapables de défendre la police injustement attaquée, les Français, eux, n’ont pas été dupes : ils ont compris la manipulation et ne se sont pas déplacés.

  • Rentrez chez vous les gauchistes!
    Avoir le soutien des médias et exploiter un drame qui a ému le monde entier pour ne réunir que 15 000 manifestants… Moins encore que lors du rassemblement devant le Palais de Justice ! En politique, on appelle cela un échec cinglant. Cela montre que cette tentative de radicalisation et de mise en accusation de la société par une famille de caïds et toute la mouvance gauchiste ne prend pas.

  • En sacrifiant sa police à des exaltés sans influence réelle, l’exécutif a donc paniqué devant un tigre de papier. Il a mis à mal la séparation des pouvoirs et humilié la police parce qu’il ne prend la mesure ni des situations ni de ses obligations. Ces comités Adama et consorts ne représentent rien. Ce qui leur donne du pouvoir, c’est la peur des politiques face à leur chantage et l’espace que l’État leur cède en les laissant mettre sous coupes réglées certains territoires. Cela montre aussi que les storytellings médiatiques ne fonctionnent plus quand elles sont aussi éloignées de la réalité. Certains journalistes étaient allés loin en occultant la violence endémique de la famille, pour renforcer la dimension de victimisation. La couleur de peau de certains membres des forces de l’ordre ayant procédé à l’arrestation a été tue, car certains étant noirs ou métis, ils mettaient à mal la théorie d’un dérapage raciste lors de l’arrestation d’Adama Traoré. Pareil pour la tentative de faire passer la police pour systématiquement raciste, alors que le racisme y est combattu, fait l’objet de procédures en cas de constat et que rares sont les commissaires qui apprécient les policiers qui jouent les cowboys et ne savent pas se tenir. S’il est normal de combattre toute forme de racisme dans les institutions, il est tout aussi normal de refuser les accusations infondées et les manipulations grossières. Cet échec de la manifestation ne parle pas d’une France qui refuserait de combattre le racisme, mais d’une France qui refuse la guerre des races et rejette ceux qui veulent l’entraîner là-dedans.

  • Christophe Castaner nous met dans le pétrin
    Le comité Justice pour Adama détourne la juste cause de l’antiracisme. Adama Traoré n’est pas Georges Floyd et la France n’a pas l’héritage ségrégationniste, raciste et communautariste des États-Unis : la tentative de déstabilisation politique dont rêve le comité Adama et l’extrême-gauche ne prend pas, et si Christophe Castaner n’avait pas stupidement tiré dans le dos de la police (symboliquement !), l’État ne se serait pas mis dans un tel pétrin.

    Rappelons que l’antiracisme n’est pas la volonté de faire de la couleur de la peau une appartenance qui oblige. C’est au contraire la conviction que la couleur de la peau ne compte pas, ne dit rien sur ce qui fait un être humain, sa capacité à aimer, à apprendre, à comprendre, à construire et à agir, elle ne nous définit pas, ne nous enferme pas. On juge un homme à ses actes, pas à sa couleur ou à son sexe… L’inverse de ce qu’essaient de vendre ceux qui s’autoproclament antiracistes alors que leur pensée est essentialiste. Et c’est justement le cas des décoloniaux, proches du comité Adama, dont le meilleur exemple est Houria Bouteldja qui, dans son livre Les Blancs, les Juifs et Nous, indiquait par exemple qu’une Noire se faisant violer par un Blanc devait le dénoncer et en faire un argument politique. En revanche si elle se faisait violer par un Noir, elle devait se taire pour protéger son clan, sa race, sa famille. L’appartenance raciale passant donc avant toute quête de justice.

  • Voilà à qui nous avons affaire : des gens qui brandissent la bannière antiraciste mais pour qui la couleur de peau est l’alpha et l’omega de l’appartenance. Et nos médias vont continuer longtemps de les présenter comme des représentants de l’antiracisme ? Il est peut-être temps d’appeler un chat, un chat et de dire que ces soi-disant antiracistes vont aujourd’hui plus loin dans le rejet de l’autre et la violence ethnique que l’extrême-droite. Le dire est risqué alors qu’attaquer l’extrême-droite, même quand elle est très en deçà du discours violent des décoloniaux, voire même quand elle se tait, vous vaut des points de pureté morale et de noblesse d’âme.

    Non au modèle de société américain !
    Espérons que ce pouvoir aux abois va enfin comprendre qu’il n’est victime aujourd’hui que de sa propre faiblesse et de son inconsistance, et qu’il n’y a pas un vent qui se lève en France en faveur du communautarisme et du séparatisme. Au contraire, c’est un grand ras-le-bol que l’on constate, celui d’une majorité des Français qui voudrait que leurs dirigeants défendent leur modèle de société.

    C’est le 16 juin, que se tiendront symboliquement la France et les Français, aux côtés des soignants. C’est là que nous pourrons défendre ce que nous sommes et ce modèle social qui soigne et soutient tous les malades sans se soucier de leur couleur de peau, de leur sexe, de leur philosophie, de leur religion, ou de leur âge (sauf quand il est sous-tension). La France, c’est ce modèle intégrateur qui recherche et trouve la concorde dans la fraternité, qui refuse les appartenances ethniques, la soumission aux dogmes religieux ou à la race. Le 13 juin, nous pouvons être fiers de ne pas être descendus dans la rue. Le 16 juin, la France qui manifestera sera celle aux côtés de ceux qui ont pris des risques pour elle, soignants et travailleurs qui ont beaucoup donné et sont toujours au front.

  • « Plus de cohérence, plus de collégialité et surtout plus d’indépendance ». C’est par ces mots que le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a résumé lundi 8 juin, l’esprit de la réforme qui attend l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Désireux d’effacer l’image de « grande blanchisseuse » de la police des polices – qui se distingue de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale, elle aussi concernée par la réforme –, il a profité des récentes mises en cause des forces de l’ordre, pour des faits de racisme ou de violences, pour bousculer l’institution.

    Il faut dire que les derniers mois de l’IGPN ont été mouvementés. Dans plusieurs dossiers, largement médiatisés, ses rapports sont contestés. Ce fut le cas après l’interpellation violente de Théo Luhaka, en février 2017. Puis lors du mouvement des « gilets jaunes », marqué par des enquêtes sur des violences policières avec, parfois, des soupçons de collusion, comme dans l’affaire Geneviève Legay. Sans oublier, il y a tout juste un an, la mort de Steve Maia Caniço, noyé dans la Loire en marge d’une intervention policière, à Nantes. Sur Twitter, le 30 juillet 2019, des internautes avaient créé le mot-dièse « #SelonlIGPN » pour railler l’institution, qui avait conclu à l’absence de lien entre l’intervention des forces de l’ordre et la disparition du jeune homme. Désormais, sur les pancartes brandies dans les manifestations contre les violences policières, la police des polices est directement visée.

  • « Il y aura toujours des soupçons de partialité »
    Cette image de « grande blanchisseuse », l’IGPN la traîne depuis sa création. « C’est un service du ministère de l’Intérieur, qui obéit à son chef ou, aujourd’hui, sa cheffe (Brigitte Jullien, depuis janvier 2019). Elle-même est nommée par le ministre, qui peut la révoquer à tout moment », souligne Sebastian Roché, politologue spécialiste des questions de sécurité, auteur de De la police en démocratie (Grasset, 2016). « L’IGPN est accusée de faillir, mais elle a été conçue pour faillir, même si son fonctionnement a été amélioré », observe-t-il. « Il y aura toujours des soupçons de partialité : ce sont des policiers qui enquêtent sur des policiers », résume à franceinfo Jean-Michel Schlosser, devenu sociologue après une longue carrière dans la police.

    A l’origine, deux institutions coexistaient : l’Inspection générale des services (IGS), créée sous la IIIe République, dédiée à Paris et sa petite couronne, et l’IGPN, compétente pour les autres régions françaises. Leur fusion est actée en 1986, sous Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur de l’époque. Dans les faits, les deux services conservent leur propre fonctionnement. Il faut attendre 2013 pour que leur union prenne corps, à l’initiative de Manuel Valls. Les deux entités se réorganisent.

  • La réforme permet de préciser les principales missions de l’IGPN : réaliser des audits des services de police, analyser la déontologie, mais aussi effectuer des enquêtes administratives, à la demande du ministre de l’Intérieur par exemple, et des enquêtes judiciaires, à l’initiative d’un procureur de la République ou d’un juge d’instruction. Quel que soit le type d’enquête, les inspecteurs de l’IGPN ne décident pas des sanctions à l’issue de leurs investigations : ils ne font que les proposer.

    Une institution « crainte par les policiers »
    Parmi les 285 agents de l’IGPN, une centaine sont des enquêteurs, selon le dernier rapport d’activité de l’institution. Surnommés les « bœuf-carottes » pour leur tendance à cuisiner à petit feu leurs collègues en auditions, « ils ne font pas de cadeaux », assure Yannick Landurain, major de police à la BAC de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) et délégué syndical Unité-SGP, confirmant à franceinfo ce que pensent une majorité de policiers.

    Au cours de sa carrière, il a été entendu par l’IGPN une dizaine de fois. En 2010, il a été mis en examen après le tir au flash-ball d’un policier sous ses ordres, qui a atteint au visage un lycéen de 16 ans. « Je n’avais que 28 ans, j’étais en stress, je dormais mal la nuit. On n’arrive pas à l’IGPN les mains dans les poches », assure-t-il. Par la suite, il a été placé sous le statut de témoin assisté et n’a donc pas été renvoyé devant un tribunal.

  • En revanche, le policier auteur du tir a été condamné, en appel, à 18 mois de prison avec sursis, pour « violences aggravées » et « faux et usage de faux ». Il avait falsifié un PV. Yannick Landurain veut croire que le travail de la police des polices a porté ses fruits. « On n’est pas sauvés par l’IGPN », assure-t-il.

    On est face à des enquêteurs qui exploitent la moindre faille, qui investiguent à charge et à décharge. Il n’y a pas de connivence, malgré le même concours de police. Ils sont largement indépendants.
    Yannick Landurain, policier et délégué Unité-SGP
    à franceinfo

    La patronne de la police des polices défend aussi ses services avec vigueur. « Notre institution est crainte de tous les policiers. Critiquer l’IGPN aujourd’hui, c’est faire injure à leur professionnalisme et à leur éthique », a asséné Brigitte Jullien, au lendemain des annonces de Christophe Castaner. La « définition de l’indépendance s’applique à l’IGPN », a clamé celle qui estime que « le contrôle par des pairs est la clé de la déontologie, parce qu’on se pose la question tous les jours : ce policier est-il digne d’être des nôtres ? »

  • « Le régulateur ne peut pas fonctionner »
    Pour Sebastian Roché, c’est là que le bât blesse. « C’est logique que Brigitte Jullien dise que le système fonctionne bien. Je ne doute pas de sa sincérité. En réalité, cela signifie : ‘Ce système nous va très bien, car il ne fonctionne pas, analyse-t-il. « Brigitte Jullien ne parle jamais d’obtenir la confiance des citoyens. Or, si les gens n’ont pas confiance dans le régulateur, ce système censé garantir le comportement des agents et sa conformité aux principes de liberté et d’égalité, il ne peut pas fonctionner », raisonne-t-il.

    Beaucoup de policiers ne voient pas qu’ils sont partiaux, car ils sont coupés de la réalité. Ceux qui restent au sein de l’institution ne sont pas critiques.
    Sebastian Roché, politologue
    à franceinfo

    C’est ce que montre une enquête de Mediapart, qui a analysé 65 dossiers de l’IGPN et mis au jour, le 12 juin, des techniques récurrentes permettant à la police des polices de blanchir les forces de l’ordre. « C’est surprenant de voir que l’IGPN n’est pas en mesure d’identifier certains auteurs des faits reprochés », pointe Fabien Jobard, sociologue et auteur de Police, questions sensibles (PUF, 2018). Selon lui, l’autorité judiciaire, qui dirige certaines enquêtes et décide des sanctions, « ne pousse pas assez loin la curiosité. Le magistrat doit se donner la possibilité de peser. »

    Ainsi, sur les 399 dossiers « gilets jaunes » attribués à l’IGPN depuis le début du mouvement en novembre 2018, 274 ont été transmis à la justice. Deux policiers ont été jugés fin 2019 et d’autres procès sont prévus. « On a une douzaine de policiers qui sont susceptibles de faire l’objet de poursuites judiciaires », a précisé Brigitte Jullien, le 8 juin.

  • « L’IGPN reste une boîte noire, d’où les interrogations, estime de son côté Jean-Michel Schlosser. On ne peut pas améliorer le travail de l’IGPN, mais on peut atténuer les critiques sur son manque d’impartialité. » Pour y remédier, la réforme doit permettre à l’Inspection générale de l’administration (IGA) de piloter les enquêtes administratives les plus complexes concernant les forces de police et de gendarmerie. Cette nouvelle mission a été rapidement formalisée dans un arrêté du 10 juin qui instaure un collège des inspections générales, présidé par le chef de l’IGA. « Marier l’IGPN, l’IGGN et l’IGA ne change rien. L’IGA n’enquête pas directement, elle vérifie si l’IGPN a bien fait son travail », explique Sebastian Roché. Cela a été le cas, de façon exceptionnelle, pour la mort de Steve Maia Caniço.

    La tentation d’un contrôle « indépendant »
    « Le seul moyen de limiter les suspicions à l’égard de l’IGPN est d’y introduire le regard de quelques citoyens », suggère Jean-Michel Schlosser. La France reste frileuse sur le sujet. Même si, en 2013, dans le cadre de sa réforme, Manuel Valls avait annoncé la création d’un « comité d’orientation du contrôle interne, composé pour moitié d’acteurs externes à la police : le défenseur des droits, un magistrat, un professeur des universités, un élu, un avocat, un journaliste, un dirigeant associatif ». Une réunion a eu lieu en janvier 2014, selon Slate. Aujourd’hui, aucune trace ne subsiste de ce projet.

  • C’est pourtant l’option choisie par plusieurs de nos voisins européens. Au Danemark, une entité rattachée au ministère de la Justice, l’IPCA, associe enquêteurs, magistrats et profils de la société civile. Idem aux Pays-Bas. La Belgique dispose aussi d’un organe de contrôle indépendant : le comité P. Il dépend du Parlement belge, son directeur est un magistrat et ses membres sont nommés par la Chambre des représentants.

    Autre exemple, outre-Manche. Depuis le début des années 2000, l’Independent Police Complaints Commission (IPCC), devenue depuis l’Independent Office for Police Conduct (IOPC), supervise le système de gestion des plaintes déposées contre les forces policières de l’Angleterre et du pays de Galles. Cet organe ne se substitue pas à une IGPN anglaise, mais traite les affaires les plus graves ou sensibles. Il ne recrute que des non-policiers : le directeur général, le conseil exécutif ou les directeurs régionaux sont tous issus de la société civile. Résultat : l’Angleterre recense 30 000 plaintes par an contre la police, quand il y en a 3 000 en France, selon Sebastian Roché. « Mais la police est très appréciée, car elle est à l’écoute des citoyens », souligne-t-il.

    « Cette indépendance se retourne toutefois contre l’instance de contrôle, puisque l’institution policière réagit par un renforcement du secret et de la dissimulation face à une institution externe vue comme adverse », objecte toutefois Fabien Jobard, dans Sociologie de la police (Armand Colin, 2015), coécrit avec Jacques de Maillard.

  • Je ne suis pas convaincu qu’un comité indépendant permette de faire la lumière à lui seul.
    Fabien Jobard, sociologue
    à franceinfo

    « L’IGPN présente l’avantage d’avoir des enquêteurs de ‘la maison’, capables de repérer les manœuvres de dissimulation des policiers, complète Fabien Jobard. Avec des néophytes, on risque de se casser les dents, car leur légitimité n’est pas reconnue : les policiers se ferment. Il faut donc trouver un juste équilibre entre les deux. » « Il n’existe pas de modèle parfait », commente-t-il.

  • « Ce ministère est tenu »
    Depuis le 8 juin, des policiers organisent des rassemblements partout en France pour protester contre l’annonce par Christophe Castaner de l’abandon prochain de la technique d’interpellation dite « clé d’étranglement », après un week-end de mobilisations contre les violences policières.

    Le ministre avait également demandé la suspension de policiers en cas de « soupçon avéré » de racisme, avant de reconnaître une maladresse. S’il reconnaît qu’il « y a eu des tensions », Christophe Castaner n’a « jamais eu le sentiment d’être lâché par la base ».

    « Il y a des petites révolutions qui passent sous les radars, mais qui montrent que ce ministère est tenu », ajoute-t-il alors que son maintien place Beauvau suscite des interrogations dans le cas d’un prochain remaniement.

    « Je souhaite rester ministre de l’Intérieur », assure l’intéressé avant d’ajouter qu’ « aucun ministre n’est propriétaire de sa fonction. C’est une décision qui ne m’appartient pas ».
    « Le nombre de personnes qui rêvent du poste sera toujours plus élevé que ceux qui siégeront dans ce fauteuil. Tous ceux qui se prononcent sur un remaniement ne savent rien », ajoute Christophe Castaner.

    Quant à la question d’une différence de ligne avec son secrétaire d’Etat Laurent Nuñez, il l’évacue, se déclarant « pas dupe ». « A chaque fois que l’on a tenté de m’affaiblir, on a évoqué la promotion de Laurent et tenté de nous opposer. À chaque fois, cela a échoué », dit-il.

  • « La vérité, c’est que toutes les grandes décisions, nous les préparons et les prenons ensemble. Qu’il s’agisse du Livre blanc, de porter le soutien sans faille à la police mais aussi l’exigence d’exemplarité, ou du discours que j’ai prononcé le 8 juin… On l’a préparé et validé ensemble », précise le ministre qui « ’aimerait continuer avec lui ».

  • Sept week-ends de travail, 138 « experts » entendus, pour un résultat extrêmement disparate : les 150 propositions qui doivent être adoptées ce week-end par les membres de la Convention citoyenne, compilation de contraintes et d’idées dans l’air du temps, laissent un goût amer d’inachevé.

    L’objectif de départ était pourtant ambitieux : proposer des mesures permettant de réduire de 40 % nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à 1990, dans un esprit de justice sociale. Quarante pour cent ! L’effort est colossal : il s’agit, concrètement, de passer de 445 millions de tonnes de CO2 rejetées l’an dernier dans le ciel français à 263 millions de tonnes. À la lecture des 286 pages de propositions soumises au vote ce week-end, on voit mal comment il pourra un jour être atteint : si certaines mesures paraissent efficaces, beaucoup sont empreintes d’idéologie, voire relèvent carrément de la pensée magique. « Le rapport ne propose pas une révolution, mais une série d’adaptations souvent assez tièdes de mesures déjà existantes ou déjà discutées », se lamente l’avocat en droit de l’environnement et militant écologiste Arnaud Gossement.

  • Emmanuel Macron a décidé, ce vendredi 19 juin, de saisir le Conseil supérieur de la magistrature pour  analyser si le parquet national financier a pu exercer son activité en toute sérénité, sans pression  lors de son enquête sur l’affaire Fillon, a annoncé l’Élysée ce vendredi soir.

    Le chef de l’État veut  lever tout doute sur l’indépendance et l’impartialité de la justice dans cette affaire , explique l’Élysée, après les propos de l’ex-procureure nationale financier Éliane Houlette, « interprétés par certains comme révélant d’éventuelles pressions qui auraient pu être exercées sur la justice dans une procédure ouverte à un moment essentiel de notre vie démocratique ».

  • Le 10 juin, devant la Commission d’enquête de l’Assemblée sur l’indépendance du pouvoir judiciaire, Éliane Houlette s’est ému de la « pression » et du « contrôle très étroit » qu’aurait exercé le parquet général durant ses investigations visant les époux Fillon. Un dossier qui a pesé sur la campagne électorale de 2017, à un moment où François Fillon était haut dans les sondages.

    Plusieurs déclarations ce vendredi
    Vendredi, l’ancienne cheffe du parquet national financier a « regretté » que ses propos aient été « déformés ou mal compris ». « M. Fillon n’a pas été mis en examen à la demande ou sous la pression du pouvoir exécutif », a-t-elle affirmé, ces « pressions » étaient d’ordre « purement procédural ».

    Ses premières déclarations ont entre-temps déclenché une avalanche de réactions politiques, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon et surtout dans le camp LR de François Fillon dont le jugement en correctionnelle aux côtés notamment de son épouse Penelope, est attendu le 29 juin.

    Les déclarations d’Éliane Houlette montrent « que cette enquête était à charge, qu’elle était folle et qu’elle n’avait qu’un seul but : abattre François Fillon », a réagi vendredi matin sur Europe 1 Me Antonin Lévy, l’avocat du candidat malheureux à la présidentielle.

    La procureure générale de Paris Catherine Champrenault a répondu vendredi à son ancienne collègue, en déplorant « que ce qui relève du fonctionnement interne et habituel du ministère public puisse être présenté comme des pressions de quelque nature que ce soit sur la conduite judiciaire du dossier » Fillon.

  • « Le problème, c’est le statut du parquet »
    Céline Parisot, présidente de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), juge aussi « dommage qu’Éliane Houlette laisse penser que ces demandes du parquet général étaient anormales, alors que c’est le fonctionnement habituel entre le parquet et le parquet général : c’est permis par les textes ».

    « Le problème », pour la responsable syndicale, « c’est le statut du parquet ». « L’indépendance du procureur général est un peu fictive puisqu’il relève directement du ministère de la Justice ». « Nous réclamons toujours une réforme constitutionnelle. Ainsi, les soupçons de pression ne seraient plus d’actualité », a-t-elle ajouté.

    Emmanuel Macron avait annoncé une réforme pour que les procureurs soient nommés, comme les juges, sur « avis conforme » du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), organe indépendant.

    Dans la pratique, c’est déjà le cas depuis 2012. Mais en théorie, l’exécutif peut passer outre l’avis du CSM, ce qui alimente des soupçons d’instrumentalisation politique des poursuites. Cette réforme a été repoussée sine die.

  • « Une culture de soumission »
    Katia Dubreuil, du Syndicat de la magistrature (SM), relève que « les remontées d’information sont prévues par les textes et parfaitement légales ». « C’est la raison pour laquelle nous en demandons la suppression ».

    Le parquet général peut demander des remontées d’information aux parquets et les transmettre à la direction des affaires criminelles et des grâces au sein de la Chancellerie, qui peut les faire suivre au cabinet du garde des Sceaux. En revanche, la loi Taubira de 2013 interdit au garde des Sceaux de donner des instructions dans des dossiers individuels.

    Le 10 juin, Éliane Houlette avait affirmé que « le parquet – c’est une réalité objective – est sous le contrôle de l’exécutif » et décrit « une culture de dépendance, de soumission ».

    Pour le député Ugo Bernalicis (LFI), qui préside la commission d’enquête de l’Assemblée, « pour rétablir la confiance dans la justice, une réforme du statut du parquet est nécessaire », sinon « la suspicion sera toujours là et elle pourra même être avérée dans certains dossiers ».

  • D’abord passés inaperçus, les propos de l’ancienne cheffe du Parquet national financier sur les « pressions » qu’elle dit avoir subies quand elle était en charge de l’affaire Fillon, en 2017, n’en finissent plus de secouer la classe politique. Après deux jours de polémique, l’Elysée a annoncé, vendredi 19 juin, qu’Emmanuel Macron saisissait « pour avis » le Conseil supérieur de la magistrature, dont la fonction est de veiller à l’indépendance des magistrats, afin de « lever tout doute sur l’indépendance et l’impartialité de la justice dans cette affaire ».

    Les propos d’Eliane Houlette, qui a depuis quitté la tête du PNF, « ont suscité un émoi important » et « sont interprétés par certains comme révélant d’éventuelles pressions qui auraient pu être exercées sur la justice dans une procédure ouverte à un moment essentiel de notre vie démocratique », écrit l’Elysée dans un communiqué.

    Selon la présidence, Emmanuel Macron a demandé au Conseil supérieur de la magistrature « d’analyser si le parquet national financier a pu exercer son activité en toute sérénité, sans pression, dans le cadre d’un dialogue normal et habituel avec le parquet général ».

  • Une « pression très lourde »
    Le 10 juin, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, Eliane Houlette avait affirmé avoir subi « un contrôle très étroit et une pression très lourde » du parquet général, sous l’autorité duquel est placé le PNF, et qui est lui-même sous l’autorité du ministère de la Justice.

    Elle a expliqué avoir reçu, après l’ouverture d’une enquête préliminaire sur les soupçons d’emploi fictif révélés par le Canard enchaîné, de nombreuses demandes d’information sur l’enquête, et avoir été convoquée par le parquet général pour la convaincre d’ouvrir une information judiciaire. « On ne peut que se poser des questions » au sujet de ces pressions, a-t-elle estimé devant les députés.

  • Un fonctionnement normal, assure la procureure générale
    Après avoir été rapportés dans un article du Point, mercredi, ces déclarations ont provoqué des réactions virulentes de nombreux responsables politiques. Au sein de LR, dont François Fillon était le candidat à la présidentielle quand l’affaire a éclaté. Mais aussi de la part de Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Marine Le Pen (RN), qui ont vu dans ces déclarations la preuve d’un contrôle politique sur la justice, alors que leurs partis sont actuellement visés par des enquêtes du PNF.

    Vendredi, Eliane Houlette a « regretté » que ses propos aient été « déformés ou mal compris » : les pressions évoquées ne portaient « pas sur les faits reprochés à M. Fillon ni sur le bien-fondé des poursuites » mais « étaient d’ordre purement procédural », a-t-elle précisé dans une déclaration à l’AFP. « M. Fillon n’a pas été mis en examen à la demande ou sous la pression du pouvoir exécutif ».

    La veille, la procureure générale de Paris, Catherine Champrenault, déjà en poste en 2017 et donc visée directement par les remarques d’Eliane Houlette, avait affirmé « regretter que ce qui est le fonctionnement régulier du ministère public soit assimilé à des pressions ».

  • « Les policiers étaient équipés et casqués. Ils ont chargé avec des grenades de désencerclement et des lacrymos. Alors non, ils n’étaient pas juste là pour nous faire partir. » Un an après la disparition de Steve Maia Caniço, à Nantes, dans la nuit du 21 au 22 juin, son amie Soline n’en démord pas. Oui, l’intervention policière menée à 4h25 sur le quai Wilson, en bord de Loire, était « irresponsable », selon elle, lors de cette Fête de la musique. Et oui, c’est bien cette « absence totale de réflexion » qui aurait entraîné la mort de l’éducateur périscolaire de 24 ans, dont le corps a finalement été repêché un mois plus tard, charrié par le fleuve.

    Tout le monde se rentrait dedans ou trébuchait. Un gars nous a chopées par la main, mon amie et moi, et nous a conduites en dehors du nuage de lacrymo. C’est là que j’ai réalisé que j’étais à moins de trois mètres de l’eau.
    Soline, amie de Steve Maia Caniço
    à franceinfo

  • Pour Soline, hors de question de manquer la marche en mémoire du jeune homme, prévue ce dimanche à 15 heures devant le château des ducs. Elle repensera aux « tonnes de sons hardcore et hardstyle » qu’il envoyait chaque jour. K-Ro, une autre amie, se souviendra de cet éducateur blagueur, capable de retenir l’attention des enfants avec « une veste de costard, une casquette à l’envers » et des parties de « trois fois rien », où les élèves inventent eux-mêmes les règles.

  • Tee-shirts blancs, détour par la fresque à son effigie, recueillement… Mais pas de fête. Pas cette fois-ci et plus là-bas. « Pour lui rendre hommage, il y aura quand même un peu de musique qu’il aimait, glisse Maël, une autre amie. On va passer Natural de Davide Sonar [artiste italien de hardstyle, un sous-genre de la techno], c’est sûr ! On va même la passer dix fois ! » Et si cette affaire alimente toujours de vives rancunes, les slogans politiques ou anti-police « devront rester au plus profond de vos têtes et cœurs », insistent les organisateurs. « Steve n’aurait jamais voulu se faire récupérer politiquement par différents mouvements », reprend Soline. « Il n’avait pas de parti, il n’allait même pas en manif. C’était juste un enfant qui aimait danser et sourire. »

  • « Quelqu’un est en train de se noyer »
    Jérémy Bécue, lui, se souviendra une nouvelle fois du titre Porcherie des Bérurier noir, le dernier morceau passé par Lunatek, l’un des neuf DJs du quai. « Quand on passe cette chanson après des heures de techno, c’est un code pour dire au revoir. » Il y a un an, il a vécu la scène de panique, après l’intervention de la police.

    J’entends un cri : ‘Quelqu’un est en train de se noyer !’ J’ai les mains froides sur la corde mouillée, je commence à avoir mal aux jointures. A un moment, je m’immerge jusqu’au cou pour arrêter de grelotter.
    Jérémy Bécue, participant à la Fête de la musique
    à franceinfo

  • Tombé lui aussi dans la Loire, puis repêché, il a entendu les secouristes évoquer une suspicion de noyade. De qui s’agissait-il ? Il l’ignore encore. L’Inspection générale de l’administration (IGA) a difficilement recensé douze personnes tombées à l’eau, dans « une situation particulièrement confuse ». Quatre fêtards auraient chuté avant l’intervention policière, sept pendant et un après. Toutefois, ce décompte n’inclut pas Steve Maia Caniço. Car avant d’obtenir « justice pour Steve », encore faut-il établir avec précision sa présence sur le quai à cette heure-ci.

  • « Des éléments techniques d’ici l’été »
    Ses proches n’ont guère de doute, mais ce point doit encore être confirmé par des moyens techniques. On sait déjà que le téléphone du jeune homme a « borné » pour la dernière fois à 4h33, quelques minutes après l’intervention de police. Mais la sœur de la victime, Johanna, a révélé à Presse Océan que « Google a été sollicité pour extraire le plus de données possibles » sur la géolocalisation de l’appareil, avant que celui-ci ne coupe définitivement. L’avocate de la famille, Cécile de Oliveira, n’a pas souhaité confirmer cette information, mais elle explique toutefois qu’un nouvel élément pourrait prochainement permettre la mise en cause des forces de l’ordre.

    Au-delà des éléments humains, nous attendons d’ici l’été des éléments techniques permettant d’établir un lien de causalité entre la violation de l’obligation de sécurité et la mort de Steve Caniço.
    Cécile de Oliveira, avocate de la famille
    à franceinfo

  • Les enquêtes administratives n’ayant pas levé tous les doutes, c’est bien la justice qui devra livrer des réponses aux proches et aux soutiens de l’éducateur. Au total, trois informations judiciaires ont été ouvertes : l’une contre X pour « homicide involontaire » de Steve Maia Caniço, une autre pour une plainte déposée par plus de 80 participants et la dernière pour une plainte déposée par des policiers.

    « Une rupture de confiance envers l’institution »
    A Nantes, il n’est pas rare de croiser des autocollants « Justice pour Steve », au hasard d’un détour. Et pour certains amis de Steve, le divorce est consommé avec les forces de l’ordre. « Aujourd’hui, j’ai peur des policiers », témoigne Kilian, qui échangeait encore des textos avec Steve jusqu’à 3 heures la nuit de sa disparition. « Quand je traverse une manif, je ne sais pas ce qui peut m’arriver à cause de mes dreadlocks. » Avant même les conclusions de l’enquête, il en est persuadé : c’est bien l’intervention de la police qui a entraîné la disparition de son ami. « Il n’a pas pu tomber seul dans la Loire. Il ne savait pas nager et ne s’approchait jamais de l’eau. »

  • Mon regard sur la police a grave changé depuis. Mon frère voulait d’abord devenir gendarme, avant de penser à l’armée. Il a tout lâché après cette histoire. Les forces de l’ordre, à la base, c’est censé t’amener en justice, pas se faire justice.
    Kilian, ami de Steve Maia Caniço
    à franceinfo

    C’est l’une des zones d’ombre de la soirée du quai Wilson. Dans le cadre de l’enquête dépaysée à Rennes (Ille-et-Vilaine), le juge d’instruction David Benamou devra notamment retracer la chaîne de commandement le soir du drame. Mais au milieu du Hangar à bananes, haut lieu des nuits nantaises situé en bord de Loire, certains épinglent déjà le représentant de l’Etat avec une fausse plaque de rue : « Quai du préfet d’Harcourt, sourd système. » A quelques mètres de là, Manon, coorganisatrice de la marche, évoque la « disparition » d’un ami mais refuse encore de parler de « décès ». Quand on lui parle du contexte national, elle répond que « les violences policières augmentent car les policiers ne sont pas assez cadrés ».

  • Les policiers déposent leurs menottes par terre mais je suis sûre qu’il y a un ras-le-bol de leur part aussi. Plus personne ne trouve sa place, autant chez les flics que chez les gens. Je trouve que quelque chose est cassé.
    Manon, amie de Steve Maia Caniço
    à franceinfo

    Ces discours sont devenus fréquents. « Ce qui m’inquiète le plus, c’est que cette affaire acte une rupture de confiance envers l’institution policière, voire judiciaire, résume l’avocat de huit plaignants, Loïc Bourgeois. Mes clients sont des citoyens lambda, pas du tout anti-flics, mais cette affaire a pu créer des rapports de défiance et entraîner un basculement pour ces jeunes âgés de 18 à 25 ans. » En filigrane, selon lui, c’est donc le contrat social tout entier qui dépend du sort judiciaire du dossier.

  • « Nous réclamons toujours des sanctions »
    « Regardez ce jeune homme [sur le dessin]. Il a les yeux froncés, il est en colère. Un peu comme moi. » Rien n’est perdu pour autant, estime le dessinateur de presse Eric Chalmel, dit « Frap », qui juge nécessaire « une piqûre de rappel » et qui réclame « toujours des sanctions ». L’an passé, déjà, son collectif détournait une installation du festival « Le Voyage à Nantes », en recouvrant d’affiches les statues de la place Royale. « On les recollait sans cesse. Cela a beaucoup agacé la préfecture et la mairie, à tel point que cette dernière a fini par les laisser. »

  • Et si les marches organisées l’été dernier ont rencontré un succès limité – entre 1 000 et 2 000 personnes –, l’affaire a tout de même contribué à planter « une petite graine » dans la tête de nombreux habitants, estime « Frap ». « Ils se sont rendu compte que ‘les gauchistes’, comme on dit, n’avaient peut-être pas tout à fait tort » sur la réalité des violences parfois commises par la police.

    Cela a toujours été vrai. Mais depuis Notre-Dame-des-Landes et la loi Travail, on a encore davantage le sentiment que Nantes est un laboratoire du maintien de l’ordre. Là, c’était une charge délirante.
    Eric Chalmel, dit « Frap »
    à franceinfo

  • « On observe une rupture entre la maire PS Johanna Rolland et sa gauche », analyse encore Eric Chalmel, qui prévoit quelques bulletins de vote nul « Justice pour Steve » au second tour des municipales, le 28 juin. « La mairie a eu peur de sa coresponsabilité dans les faits ; elle a peu réagi. » En septembre dernier, deux des quatorze recommandations de l’IGA avaient été adressées à la mairie. Celles-ci portaient sur la nécessité de mener de plus larges concertations avant les grands événements et de sécuriser le quai Wilson. Une partie de celui-ci, propriété du port autonome, est désormais grillagée. Il n’y aura plus de fête dans ce petit bout du monde.

  • Contactée par franceinfo, la Ville n’a pas souhaité s’exprimer en raison des informations judiciaires en cours sur la mort de Steve Maia Caniço. Mais la maire Johanna Rolland dit avoir rencontré les parents du jeune homme, vendredi soir. « Toute la lumière doit être faite sur les motivations et les modalités d’intervention des forces de l’ordre au cours de cette nuit tragique », affirme l’élue dans un communiqué.

    En attendant, ses proches ont pour lieu de souvenir une imposante fresque, peinte à l’entrée du quai Wilson. « A droite, c’est la soirée de la Fête de la musique, au milieu c’est Steve, et à gauche ce sont toutes les violences policières », décrivent les artistes Eric et Lucas*. Tout ce que vous voyez, ou presque, est tiré de vraies vidéos. » Les deux hommes terminaient justement le mur quand le corps a été découvert, le 29 juillet 2019. Alors que les sirènes résonnaient au loin, ils ont ajouté « Justice pour Steve » en lettres rouges, comme un point final à plus d’un mois d’incertitude.

  • « C’est aujourd’hui un lieu de recueillement contre la culture de la violence policière à Nantes », observent Eric et Lucas. Mais le symbole provoque parfois de la haine. En février, à quelques jours d’intervalle, la fresque a été par deux fois vandalisée, souillée par des projections de peinture noire et une croix celtique, un signe utilisé par des groupuscules d’extrême droite. Eric et Lucas ont eu le temps de la restaurer. Une nécessité pour honorer la mémoire de Steve. Plus largement, les hommages au teufeur nantais se multiplient aussi dans les free parties qu’il chérissait tant. « Il y a souvent des mappings [animations vidéo] avec son visage et des mots, explique Manon. C’est maintenant vraiment ancré. »

    * C’est un pseudonyme

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