LIBERTE

La valeur

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« Tout le système repose désormais sur le spectacle »

Les principales raisons qui feront chuter Macron et son gouvernement après et avant 2022. A ne pas en douter sont les mensonges accumulés, la razzia faite par son élection dans le cadre dit LREM.

Les élections municipales du 28 juin devraient surement l’empêcher de dormir serin tel l’oiseau qui voulait être un canari tant le chant était similaire.

Sommes-nous en surplus de masques simplement parce que l’Etat non seulement ment, mais de plus entraine dans le gouffre des entreprises qui se sont lancés dans la fabrication des absents masques et gels.

« Nous sommes en guerre » le président l’a déclaré à plusieurs reprises, l’évidence va arriver dans le marasme du chômage et de par conséquence des faillites de l’ordre de 40% qui se profilent en moins d’une année.

Certaines entreprises sont déjà en dépôt de bilan ou cessation de paiement.

Un déficit du P.I.B. de la nation France qui dépassera les 12% nous sommes dans un quota jamais vu y compris en 1945. Alors que les motifs de l’époque pouvaient se comprendre, nous avions assistés à une soudure union des français jamais égalée.

Une évidence l’époque n’était pas la même, et le pire c’est que nous entendons les gens en France hurler : « Nous voulons travailler »

Le président et son gouvernement à l’image du toupet de Madame Buzin sur BFMTV face à Bourdin pour son retour à sa candidature à la Mairie de Paris. Transformant ses propos pire que les pieds-nickelés dans le cadre de l’affaire avec le professeur Raoult.

Sous les auspices de la Fondation Jean Jaurès, la politologue Chloé Morin et le juriste Daniel Perron, viennent de publier « A quoi servent encore les partis politiques ? ».

Crise de la démocratie, marée montante populiste, méfiance généralisée à l’égard des institutions et de leurs représentants. Dans « A quoi servent encore les partis politiques ? », la politologue Chloé Morin et le juriste Daniel Perron, analysent les causes du délitement des formations politiques traditionnelles et les conditions d’un rebond.

« Il faut les refonder, réinventer de fond en comble, pour donner aux citoyens envie de devenir des acteurs plutôt que de demeurer des sujets », leur répond Olivier Faure, premier secrétaire du PS.

 

Les partis politiques ont-ils servi à quelque chose face à la crise sanitaire et sociale ?

 

Daniel Perron et Chloé Morin. Ils ont été moins influents qu’ils auraient pu et dû l’être, notamment dans le contrôle de dispositions restreignant les libertés fondamentales. Les partis doivent faire vivre le débat politique, participer à la réflexion. Ils l’ont peu fait et ont été pour beaucoup assez suivistes, sans doute par peur d’apparaître politiciens. Nous avons de fait assisté à un duo entre les experts médicaux et le gouvernement qui a écarté les partis politiques. Cela interroge sur le fonctionnement des médias dans notre démocratie.

Olivier Faure, vous êtes à la fois juge et partie, mais à quoi ont servi, selon vous, les organisations politiques dans cette période ?

Nous avons proposé de coopérer pour affronter cette catastrophe sanitaire, au lieu de quoi nous avons assisté à de véritables mensonges.

Combien de médecins libéraux sont morts pendant l’épidémie du Covid-19 ? Combien ont été contaminés par le coronavirus ? Il est impossible de disposer de données précises de la part des autorités sur ces personnels de santé qui ont pourtant été parmi les plus exposés au virus depuis le début de la pandémie. Selon une étude de SOS Médecins, que révèle la cellule investigation de Radio France, 16% des 1 300 médecins regroupés dans ses 63 associations ont été contaminés, dont 20% à Paris. C’est bien plus que les médecins d’établissements de santé (des hôpitaux notamment) qui ont été touchés à hauteur de 10%, selon le point épidémiologique de Santé publique France du 19 mai.

 

10 % des médecins d’établissements de santé ont été contaminés par le Covid-19 au 29 mai 2020, d’après Santé publique France.10 % des médecins d’établissements de santé ont été contaminés par le Covid-19 au 29 mai 2020, d’après Santé publique France.

SOS Médecins ne comptabilise pas de décès dans ses équipes, mais sept personnes hospitalisées pour une forme grave du Covid-19, dont trois sont encore dans un état sévère.

De son côté, le Conseil national de l’Ordre des médecins a décompté 40 décès, parmi lesquels une trentaine de médecins libéraux, sur près de 83 000 en activité.

« Un chiffre sans doute en-dessous de la réalité, explique son vice-président Jean-Marcel Mourgues, car les conseils départementaux de l’Ordre ne sont pas systématiquement prévenus par les familles de la cause du décès. »

Plus de 2 800 médecins généralistes auraient été contaminés par le virus, et « une trentaine se trouveraient en réanimation, dont la moitié en situation grave », précise encore l’Ordre.

Une autre évaluation de la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF) estime à 46 le nombre de décès de médecins libéraux depuis le 1er mars.

Parmi eux, 26 étaient en activité à temps plein et 20 étaient retraités, sans que l’on sache si ces derniers avaient repris une activité bénévole pendant la pandémie. Ces tous derniers chiffres sont à prendre avec précaution, car les décès attribués au Covid-19 l’ont été sur la base des déclarations des familles des victimes, et non des certificats de décès qui ne mentionnent pas la cause de la mort.

« Ils auraient pu fermer leur cabinet, mais l’immense majorité des généralistes libéraux a continué à assurer des consultations en présentiel. Ils sont allés se battre en se débrouillant pour trouver des masques. C’était suicidaire au début », estime Thierry Lardenois, médecin et président de la CARMF.

« Aidez-nous, on n’a pas de masques »

Parmi ces « morts au combat sans artillerie ni cartouches », comme le dit un médecin, il y a notamment Ali Djemoui, un généraliste de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne). Cet homme, très connu et apprécié dans le quartier du Bois-l’Abbé, est mort du Covid-19 le 2 avril à 59 ans.

Sa femme, a raconté comment les malades ont soudainement afflué. « Après les vacances de février, début mars, on a eu une recrudescence de patients qui avaient les symptômes du coronavirus. L’hôpital était débordé et les renvoyait vers nous, les généralistes. On ne pouvait pas les refuser. Trois des cinq médecins du quartier tombent malades et ferment leur cabinet. Leurs patients, (Voir et lire tableau du Conseil de l’Ordre ci-joint)

Ce 14 juillet 2020, il n’y aura pas de défilé national, mais une remise de médaille aux soignants ainsi qu’une évocation de leurs valeurs, ce dont ils ne veulent pas. Les primes promises n’ont toujours pas été versées à ce jour. Les augmentations de salaires auxquelles chacun s’est engagé de l’ordre de 300 à 400 euros/mois ne verront le jour peut-être qu’en 2021.

En attendant les manifestations à divers titres se déroulent, il semble indéniable que dans la mesure ou une seconde crise survient la France ne pourra y faire face. Sommes-nous encore en République ? Les événements à venir y compris la manifestation du corps médical le 18 juin, alors lorsque les éboueurs agiront espérons qu’ils donnent un grand coup de balai dans la masse d’usurpateurs.

Le Panda

Patrick Juan

 

45 réflexions sur “La valeur

  • « Fin avril, on était à 8,6 millions Français au chômage partiel », a déclaré lundi 8 juin sur franceinfo Muriel Pénicaud, ministre du Travail. « Il y aura plus de 50 000 contrôles [d’entreprises] d’ici la fin de l’été. »

    « Quand on fraude au chômage partiel, c’est du travail illégal, donc ce sont de lourdes sanctions administratives, financières et pénales. Si c’est de la fraude, il y aura des sanctions », a affirmé Muriel Pénicaud. La ministre évoque des « secteurs un peu plus fraudogène » et parle de « gens qui étaient en télétravail à temps plein et qui en même temps étaient au chômage partiel ». Muriel Pénicaud envoie « un petit message » aux entreprises : « vous pouvez encore déclarer que c’était une erreur et que vous vous êtes trompés. Mais dans quelques semaines les sanctions vont tomber. C’est le moment d’être raisonnable. »

  • Castaner ne sanctionnera pas les manifestations contre le racisme : «L’émotion dépasse les règles juridiques»
    Le ministre de l’Intérieur a également indiqué qu’il serait «parfaitement à l’aise» à l’idée de poser un genou à terre. Un symbole venu des États-Unis pour s’indigner contre le racisme.

  • Une nouvelle sorte de «en même temps». Invité mardi matin sur RMC/BFMTV, Christophe Castaner a rappelé que les manifestations qui sont organisées ce mardi après-midi pour dénoncer les «violences policières», et plus généralement les discriminations dans la société, étaient interdites en raison de la crise sanitaire… Mais il a toutefois donné son feu vert pour leur organisation. «Les manifestations ne sont pas (autorisées) dans les faits car il y a un décret du premier ministre dans le cadre de la deuxième phase du déconfinement qui interdit les rassemblements de plus de dix personnes. Mais je crois que l’émotion mondiale, qui est une émotion saine sur ce sujet, dépasse au fond les règles juridiques qui s’appliquent», a jugé Christophe Castaner alors que les obsèques de George Floyd, un afro-américain asphyxié par un policier, sont prévues ce mardi aux États-Unis.

  • «Pas de sanction et de procès verbal»
    «Il n’y aura pas de sanction et de procès-verbal», a promis le ministre de l’Intérieur qui appelle simplement les manifestants à «respecter les règles barrières». «Nous ne souhaitons pas réaffirmer l’interdiction qui est de droit, qui est de fait», a-t-il encore répété. Christophe Castaner a même assuré qu’il comprenait «parfaitement ceux qui veulent manifester». «Je sais que ceux qui (y) vont ne considèrent pas, dans leur très grande majorité, qu’il y a une police raciste, antisémite ou homophobe», a souligné le ministre qui voit avant tout dans ces rassemblements un «combat contre le racisme».

  • Par ailleurs, Christophe Castaner a affirmé qu’il serait «parfaitement à l’aise» à l’idée de poser un genou à terre, un geste venu des États-Unis, pour protester contre le racisme. «Je crois que la politique est faite de symbole. Si ce symbole est utile pour combattre le racisme, je serai particulièrement à l’aise de le faire», a-t-il affirmé.

    La position du ministre de l’Intérieur semble avoir évolué en seulement une semaine. Mardi dernier, lors de la manifestation pour Adama Traoré devant le tribunal de grande instance à Paris, Christophe Castaner avait dénoncé sur Twitter les «débordements» que «rien ne justifie» , tout en martelant que «les rassemblements de voie publique étaient interdits pour protéger la santé de tous».

  • Coronavirus : ouverture d’une enquête pour « homicides involontaires » et « mise en danger de la vie d’autrui » après plusieurs plaintes visant les pouvoirs publics
    Le chef de l’Etat, irresponsable pénalement, et les membres du gouvernement, dont la responsabilité relève de la Cour de la justice de la République, ne sont pas concernés par cette enquête.

  • La justice va se pencher sur la manière dont l’Etat a géré la crise du Covid-19. Le procureur de Paris, Rémy Heitz, a annoncé mardi 9 juin l’ouverture d’une vaste enquête préliminaire sur la gestion critiquée de la pandémie en France visant notamment les chefs d' »homicides involontaires » ou « mise en danger de la vie d’autrui ».

    Cette enquête, réponse judiciaire à l’essentiel des plaintes reçues par le parquet de Paris pendant le confinement, « n’est pas là pour définir des responsabilités politiques ou administratives », a expliqué Rémy Heitz, « mais pour mettre au jour d’éventuelles infractions pénales » de décideurs nationaux. L’enquête ne concerne néanmoins ni le chef de l’Etat, irresponsable pénalement, ni les membres du gouvernement, dont la responsabilité relève de la Cour de la justice de la République. Celle-ci a été saisie de 80 autres plaintes au sujet de la gestion du Covid-19, certaines visant notamment les ministres de la Santé Agnès Buzyn et Olivier Véran, ainsi que le Premier ministre.

  • Le sujet des masques et des tests au cœur de l’enquête
    Le procureur de Paris a regroupé ses investigations dans une « enquête-chapeau », agglomération de 13 procédures consacrées aux plaintes d’associations ou organisations syndicales, et une quatorzième englobant 33 plaintes, en grande majorité de particuliers, issues des plaintes types du site internet plaintecovid.fr.

    Ces investigations, confiée à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp), portent sur les principaux griefs émis depuis le début de l’épidémie : protection au travail, mise à disposition de masques et de tests, etc. L’enquête est ouverte pour « homicides involontaires », « blessures involontaires », « mise en danger de la vie d’autrui », « abstention volontaire de combattre un sinistre », « non-assistance à personne en péril ».

  • Les plaintes sont « le plus souvent » établies « contre des personnes non dénommées » (plaintes contre X) « Pour la plupart ». Elles ciblent en fait « différentes instances, structures ou départements ministériels ainsi que des responsables administratifs, décideurs publics ».

    Les Ehpad ne sont pas concernés
    « S’il y a des fautes pénales, ce seront très probablement – c’est une hypothèse – des fautes non intentionnelles. Or la loi fixe des conditions précises pour établir ces délits : elle exige la preuve d’une ‘faute qualifiée’ qui n’est pas une simple imprudence ou négligence », a détaillé le procureur.

    Regrouper ces enquêtes va ainsi permettre, selon le procureur, d’établir un fonds documentaire commun sur l’état des connaissances scientifiques. Car « pour ce type d’infractions, le Code pénal dit bien qu’il faut apprécier les responsabilités » des décideurs « au regard des moyens et des connaissances dont ils disposaient au moment des décisions », souligne Rémy Heitz.

    Cette enquête nationale ne concerne pas les Ehpad, qui font l’objet à ce jour d’enquêtes locales, dont deux à Paris, mais également à Nanterre ou Grasse (Alpes-Maritimes).

  • Covid-19 : à quoi joue le Pr Delfraissy ?
    Autrefois chantre d’un confinement strict, le président du Conseil scientifique veut désormais laisser « les gens vivre ». C’est grave, docteur ?

  • Où en est le plan de relance européen ? Nulle part. Depuis que la Commission européenne a présenté sa proposition inédite d’un budget européen adossé à un grand emprunt de 750 milliards d’euros, les dirigeants européens pataugent. Ils auraient dû en débattre à Bruxelles lors d’un sommet européen le 19 juin, mais, à la demande de certains États membres, ce sommet se transforme en simple vidéoconférence. « Il n’en sortira rien. Chacun va se contenter de lire sa feuille. Ce n’est pas possible de négocier un budget dans de telles conditions », s’exaspère un diplomate allemand.

  • Macron fait le point ce vendredi sur le déconfinement
    Le chef de l’État réunissait vendredi matin le conseil scientifique puis le Conseil de défense pour acter certaines mesures d’assouplissement du déconfinement. Elles pourraient être annoncées avant son allocution de dimanche.

  • Le déconfinement progressif avance bien. Emmanuel Macron réunissait vendredi matin le Conseil scientifique, puis un conseil de défense dans la foulée. Au programme : faire le point sur la crise sanitaire et surtout plancher sur des mesures d’assouplissement du déconfinement. Ces dernières pourraient être annoncées avant l’allocution du chef de l’État dimanche, selon des sources gouvernementales à l’AFP.

    Emmanuel Macron lève un coin du voile sur «l’après-crise»
    Cette réunion devait permettre «de voir ce qu’il est possible de faire évoluer dans la perspective du 22 juin», le prochain point d’étape du déconfinement fixé par le gouvernement, a indiqué mercredi la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. Le secrétaire d’État en charge du Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, a indiqué mardi que les restaurants d’Île-de-France pourraient rouvrir «un peu plus tôt que le 22 juin» si la situation sanitaire évoluait favorablement.

  • Aller plus vite
    Plusieurs voix se sont élevées, ces derniers jours, pour réclamer d’aller plus vite, alors que le Conseil scientifique a déclaré la situation sanitaire «sous contrôle». La présidente de l’Île-de-France Valérie Pécresse (Libres!, ex-LR) a appelé à faire passer la région d’orange à vert. Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux a pour sa part demandé à «réviser les protocoles sanitaires s’appliquant en entreprise» pour permettre un «retour à la normale» rapide.

    Les appels se font aussi plus pressants pour que les écoles accueillent davantage d’élèves, notamment afin de permettre aux parents de reprendre le travail. Selon les derniers chiffres du ministère, seulement 1,8 million d’écoliers – sur un total de 6,7 millions – sont retournés à l’école et rarement à temps complet.

    Le gouvernement a annoncé que l’état d’urgence sanitaire instauré fin mars prendrait fin le 10 juillet, mais serait suivi d’une période transitoire de 4 mois durant laquelle des restrictions resteront possibles. Emmanuel Macron s’adressera aux Français dimanche à 20h pour dresser un premier bilan de la crise et mettre en perspective les réponses d’urgence du gouvernement.

    Covid-19: l’épidémie est «maîtrisée» mais «pas encore vaincue» pointe Sibeth Ndiaye

  • Dans toute la France, des policiers jettent leurs menottes à terre pour montrer leur colère
    Saint-Etienne, Marseille, Nice, Bordeaux, Bobigny, Toulouse ou encore Lille : à l’appel d’un syndicat, des rassemblements ont eu lieu en fin de journée dans plusieurs villes.

  • Après les mots, les gestes. Alors que Christophe Castaner a tenté jeudi 11 juin de désamorcer la colère des policiers, sans y parvenir au regard des réactions virulentes à ses entretiens avec les syndicats de police, la colère continue de monter dans les rangs des forces de l’ordre.

    « Les flics de France ne considèrent plus Christophe Castaner comme le supposé premier flic de France. Il nous a lâchés lundi, nous a jetés en pâture. A lui de regravir l’Everest de la confiance », a tonné Yves Lefebvre, secrétaire général d’Unité SGP Police, qui a appelé ses collègues « à ne plus interpeller, à ne plus intervenir ».

  • Geste symbolique
    A l’appel du syndicat, des rassemblements ont eu lieu en fin de journée dans plusieurs villes, comme à Saint-Etienne, Marseille, Nice, Bordeaux, Bobigny, Toulouse ou encore Lille où, sous la pluie, une centaine de policiers vêtus de leur uniforme, et portant un masque, ont notamment crié « Castaner démission », avant d’entonner la Marseillaise. A chaque fois, les policiers ont symboliquement jeté à terre leurs menottes.

  • « Ecœurement »
    Les syndicats avaient déjà tiré la sonnette d’alarme auprès de Frédéric Veaux, lui faisant part, qui de « l’écœurement », qui du « sentiment d’abandon » des policiers après les déclarations du ministre.

    Si selon Unité SGP Police, Christophe Castaner a concédé une « erreur » en évoquant lundi l’hypothèse d’une suspension d’un agent en cas de « soupçon avéré » d’acte ou de propos raciste, les causes du courroux sont plus larges : l’interdiction de recourir à la « clé d’étranglement » comme technique d’interpellation, ce qui équivaut, selon les syndicats, à les laisser sans moyen pour arrêter des personnes violentes, ainsi que la « tolérance zéro » pour les faits de racisme dans la police, vue comme une accusation générale.

  • Mais aussi, le contexte, celui de la mort de George Floyd aux Etats-Unis sous le genou d’un policier, qui a ravivé en France les accusations de violences policières et de racisme. Accusations emmenées par le comité Adama Traoré, du nom d’un jeune homme noir décédé en 2016 après son interpellation par des gendarmes.

  • Coronavirus : les manifestations risquent-elles d’accélérer la propagation du virus ?
    Les manifestations se multiplient en France et dans le monde contre le racisme et les violences policières. Faut-il craindre une accélération de la propagation du coronavirus avec ces rassemblements ? Porter un masque et s’espacer suffisamment serait a priori suffisant, les contaminations étant bien plus courantes dans les endroits clos.

  • Les manifestations risquent-elles d’amplifier la pandémie de coronavirus ? A Washington D.C. (Etats-Unis), plusieurs infections ont été recensées le 9 juin parmi les membres de la Garde nationale. Cette force armée était venue encadrer les rassemblements contre le racisme et les violences policières après la mort de l’Afro-Américain George Floyd. Leur porte-parole n’a cependant pas dévoilé leur nombre exact. Ailleurs, dans l’Etat du Nebraska (Etats-Unis), ce sont deux membres de la Garde nationale qui ont été testés positifs. Mais difficile de savoir si les manifestations, qui agrègent un grand nombre de personnes (100 000 à 200 000 à Washington D.C. le 6 juin, selon Politico), ont entraîné ces infections.

    En France, pour faire face à l’épidémie de Covid-19 aujourd’hui en recul, le gouvernement continue de proscrire sur la voie publique les rassemblements, réunions et activités qui regroupent plus de dix personnes. Et si l’état d’urgence sanitaire ne sera pas prolongé au-delà du 10 juillet, les manifestations, elles, pourraient encore être interdites jusqu’au 10 novembre.

  • Pas de quoi empêcher pour autant les rassemblements contre le racisme et les violences policières de se tenir. A l’initiative du comité Vérité et Justice pour Adama Traoré, jeune homme noir de 24 ans mort en 2016 après son interpellation, une mobilisation nationale est même annoncée pour le samedi 13 juin, alors que les manifestations se multiplient dans le pays. Faut-il craindre une propagation du virus ? L’équipe du #VraiOuFake de franceinfo a mené l’enquête.

    Des moments propices à la transmission du virus
    « Les rassemblements, c’est un vrai problème », reconnaît Yazdan Yazdanpanah. Le chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Bichat, à Paris, voit dans la multiplication des manifestations antiracistes « un facteur de risque important pour la transmission du coronavirus ». Pour rappel, la maladie se transmet par les gouttelettes, ces sécrétions invisibles projetées lors d’une discussion, d’éternuements ou d’une toux, d’autant plus lors d’un contact étroit, comme l’indique le ministère des Solidarités et de la Santé.

  • Cette proximité, c’est justement ce qui accroît le risque d’infection. « Il suffit que quelqu’un parmi les manifestants soit malade et qu’il soit en contact rapproché avec d’autres personnes, d’autant plus sans masque », pour que l’infection ait lieu. « Des gouttelettes peuvent arriver sur les mains, expose Yazdan Yazdanpanah, et la personne peut se frotter les yeux, se toucher la bouche ». Des réflexes anodins qui font courir le risque d’une infection. « Mais si les gens ont des masques et ne s’amusent pas à se cracher dessus, le risque reste faible », nuance l’épidémiologiste et biostatisticienne Catherine Hill.

    Autre danger durant les manifestations : l’utilisation du gaz lacrymogène. « Dans la mesure où ils font tousser, cela augmente le risque de dispersion des postillons », note Antoine Flahault, épidémiologiste à l’Institut de santé globale de Genève (Suisse). « Ils ne sont donc certainement pas appropriés durant cette période. » Et parce qu’ils entraînent des irritations, notamment de la gorge, le New York Times note que le risque de contracter des maladies respiratoires est plus élevé dans les jours qui suivent l’exposition aux gaz. Mais, malgré ces risques, les forces de l’ordre continuent de recourir aux gaz lacrymogènes en France, comme en témoignent ces images de la manifestation parisienne du 2 juin contre les violences policières.

  • Un impact difficilement estimable
    Face aux risques posés par les manifestations, a-t-on une idée exacte et chiffrée de leur impact ? Sur ce point, la communauté des chercheurs est partagée.

    Une étude allemande (PDF en anglais) portée par l’université de Bonn s’est penchée sur le cas de Gangelt (Allemagne). Cette commune de moins de 13 000 habitants a célébré le carnaval en février, juste avant la mise en place de la distanciation physique. Un évènement potentiellement « superpropagateur », titre l’équipe allemande. Dans ce qui reste une prépublication (c’est-à-dire un article scientifique n’ayant pas encore reçu le feu vert d’un comité de relecture), les chercheurs constatent que la participation aux festivités a doublé le taux d’infection (le nombre d’infections rapporté au total de la population étudiée), de 9,5% à 21,3%. Les symptômes de la maladie étaient également plus nombreux parmi ceux qui s’étaient rendus au rassemblement.

    L’Américain Trevor Bedford a quant à lui souhaité estimer les conséquences sanitaires des manifestations actuelles. Ce spécialiste de biologie numérique au Centre de recherche contre le cancer Fred Hutchinson de Seattle (Etats-Unis) a fait l’hypothèse qu’avec 600 000 manifestants par jour dans tout le pays et 0,5% d’infectés parmi la population, 3 000 manifestants seraient en moyenne contaminés chaque jour. Ces 3 000 en infecteraient 3 000 autres de retour chez eux, selon lui, de quoi aboutir à plusieurs dizaines de morts supplémentaires par jour.

  • Mais ce calcul est à prendre avec des pincettes, prévient sur Twitter Marc Lipsitch, épidémiologiste à l’université de Harvard (Etats-Unis). Car dès qu’un paramètre du calcul est modifié, on obtient des résultats différents.

    « On peut toujours faire des multiplications », relativise également l’épidémiologiste Catherine Hill, « mais aux Etats-Unis, l’épidémie n’en est pas au même stade, elle est en quelque sorte décalée par rapport à la France. » Avec près de 113 000 décès dus au Covid-19, les Etats-Unis ne sont pas encore parvenus à faire reculer l’épidémie. De ce fait, difficile selon elle de transposer ce calcul à la France.

    Une analyse partagée par le chercheur Antoine Flahault : « Il est très difficile de soutenir un tel chiffre. En France, on n’a pas d’idée chiffrée de l’impact des manifestations et on a très peu de nouvelles infections. Si les manifestations accélèrent la transmission du virus, cela se verra dans la veille sanitaire quelques jours plus tard. »

  • Des rassemblements en intérieur plus dangereux ?
    L’épidémiologiste américain Marc Lipsitch s’interroge aussi sur la pertinence d’un tel calcul : « Les casinos sont en intérieur, bondés, et je parie que la plupart des joueurs n’y portent pas de masques. Combien de transmissions y ont lieu ? »

    Cette question est d’importance : dans quelle mesure les manifestations, qui ont lieu le plus souvent à l’extérieur, sont-elles plus (ou moins) dangereuses que des rassemblements entre quatre murs ? En France, les réunions ne sont d’ailleurs soumises à aucune limitation dans le cadre privé après une décision du Conseil constitutionnel. Une décision visant à protéger le « droit au respect de la vie privée », bien que le gouvernement appelle au « civisme ».

    Six chercheurs chinois se sont intéressés au problème en étudiant les données de 320 municipalités au début de l’année 2020. Le résultat de cette prépublication (en anglais) est sans appel : sur 318 foyers épidémiques, 254 concernent un domicile. Si les causes identifiées se recoupent parfois, 108 foyers ont été reliés aux transports. En ce qui concerne les foyers en extérieur, un seul a pu être recensé. Un seul sur 318.

  • Les contaminations auraient donc majoritairement lieu en intérieur, ce que défend une prépublication japonaise (en anglais). Après l’examen de 110 cas issus de plusieurs clusters, les chercheurs en ont conclu que le risque de transmission du virus dans un lieu clos était 18,7 fois plus important qu’en extérieur. Un résultat qui fait écho à l’apparition de foyers dans des abattoirs, des établissements scolaires ou même au sein d’infrastructures minières, rappelle l’épidémiologiste Antoine Flahault. « Ce sont des endroits assez peu ventilés, assez peu aérés. »

    « Etre en plein air, c’est déjà mieux qu’être dans un endroit confiné. Mais cela ne protège pas du tout, notamment sur les marchés ou sur les terrasses où la distanciation physique n’est pas toujours respectée », alerte Yazdan Yazdanpanah.

    N’importe qui peut devenir un superpropagateur du virus s’il est confiné pendant longtemps dans un endroit. Ce qui compte, c’est l’environnement.
    Yazdan Yazdanpanah

  • En clair, cela dépend du port ou non d’un masque, du respect des distances… « Chanter, rire et parler sans masque à la terrasse d’un café », c’est « probablement prendre autant de risques qu’en manifestant au sein d’une foule un peu dense », souligne également Antoine Flahault.

    Par ailleurs, certains chercheurs questionnent le regard réprobateur posé sur les manifestations pour des raisons sanitaires. Pour Nathan Grubaugh, épidémiologiste à l’université de Yale (Etats-Unis), « les estimations approximatives des décès dus au Covid-19 causés par des manifestants luttant contre le meurtre de citoyens noirs sont choquantes ». « Nous ne devrions pas blâmer ceux qui se battent pour les libertés civiles », écrit-il sur Twitter.

  • Quelques conseils pour manifester en sécurité
    Alors, pour manifester de manière plus sûre, plusieurs solutions existent. Tout d’abord, mettre un masque. « Porter un masque, c’est un geste altruiste », martèle l’épidémiologiste Catherine Hill. « Il y a beaucoup de personnes asymptomatiques qui ignorent qu’elles sont contaminantes. C’est pour cela que tout le monde doit porter un masque. »

    Autre moyen de prévention : une distanciation d’au moins un mètre entre les participants. Mais Yazdan Yazdanpanah le constate : face aux images de foules denses de manifestants, cette mesure ne semble « pas être toujours suivie » en France. Exemple frappant avec le rassemblement du 9 juin sur la place de la République, à Paris.

  • Autre solution : délaisser les slogans et les chants – qui véhiculent de grandes quantités de gouttelettes. « Les pancartes, c’est bien », note Catherine Hill. Et contre les éventuelles gouttelettes tombées sur les mains, Antoine Flahault recommande de « se laver les mains fréquemment », par exemple avec une solution hydroalcoolique, d’autant plus en rentrant chez soi. Il est également déconseillé d’emprunter les transports publics, potentiellement bondés.

    Mais « l’autre point extrêmement important, poursuit Yazdan Yazdanpanah, c’est qu’en cas de symptômes, il faut se faire tester. » Le médecin épidémiologiste les rappelle : « Cela peut être une sensation de fièvre, des maux de tête, des courbatures et, éventuellement, des signes respiratoires. »

  • Coronavirus : 500 000 emplois supprimés en France au premier trimestre, principalement dans l’intérim
    L’emploi intérimaire s’effondre de 40,4 % par rapport à fin 2019, une baisse historique, selon l’Insee.

  • Plus d’un demi-million d’emplois ont été supprimés au premier trimestre 2020 en raison de la crise du coronavirus, selon l’estimation définitive de l’Insee publiée jeudi 11 juin. Cette période a vu plus exactement la destruction de 502 400 emplois salariés, soit une baisse de 2% provoquée par un effondrement de 40% de l’intérim, une baisse historique, sous l’effet du confinement, précise l’institut de la statistique.

    Par comparaison, lors de la crise économique de 2008-2009, l’emploi intérimaire avait baissé de 13,9% au quatrième trimestre 2008 puis de 13% au premier trimestre 2009. La baisse concerne tous les secteurs, mais elle est plus forte dans la construction (- 60,5%) et l’industrie (- 40,7%) que dans le tertiaire (- 31%).

    Hors intérim, les services marchands se replient tout de même fortement : – 1,3% soit -150 300 emplois. L’emploi salarié se replie fortement dans l’hébergement-restauration (-4,4% soit -50 600 emplois) et les « services aux ménages » (-2,8% soit -37 400). Son recul est moins accentué dans les transports (-0,9% soit -12 200) et le commerce (-0,7% soit -22 400 emplois).

  • Le secteur privé presque exclusivement concerné
    L’emploi salarié retrouve ainsi son plus bas niveau depuis le quatrième trimestre 2017. La baisse concerne presque exclusivement le secteur privé, avec 497 400 destructions nettes (soit – 2,5 %), tandis que la fonction publique perd 4 900 emplois (soit – 0,1 %).

    Comme le précise l’Insee, le concept d’emploi se réfère aux critères du bureau international du travail (BIT). « Sont comprises dans l’emploi à la fois les personnes ayant travaillé au moins une heure rémunérée pendant une période donnée, mais également les personnes n’ayant pas travaillé pour certaines raisons (congés rémunérés, arrêts-maladie, chômage partiel, etc. – dans certains cas sous conditions de durée) », souligne l’institut.

  • Coignard – Quand Édouard Philippe se démarque de Christophe Castaner
    CHRONIQUE. Au Sénat, le Premier ministre met en garde ceux qui font de la politique sous le coup de l’émotion. « Le basculement de la République […] n’est pas si loin. »

  • C’est une prise de distance savamment calculée, pas tout à fait un désaveu, mais presque, de Christophe Castaner qu’a entreprise le Premier ministre ce mercredi, au Sénat, lors des questions au gouvernement. Interrogé par la présidente du groupe communiste sur « les réponses structurelles à apporter aux pratiques racistes et violentes au sein de la police », un intitulé qui ne brille pas par son objectivité, Édouard Philippe prend son élan. Et il espère bien que sa réponse ne restera pas confidentielle puisqu’il envisage qu’elle soit « entendue en dehors de l’enceinte ».

  • « On nous a demandé de mentir » : comment des entreprises ont fait pression sur leurs salariés pour enfreindre les règles du chômage partiel
    Plus d’un million d’entreprises ont eu recours à l’activité partielle depuis le mois de mars. Parmi elles, certaines ont exigé de leurs salariés qu’ils poursuivent leur travail en sous-main. Une pratique illégale.

  • « Si j’avais su que j’étais en chômage partiel, je n’aurais jamais travaillé sept heures par jour. » A l’autre bout du fil, Chloé*, salariée d’une agence immobilière dans la métropole lyonnaise, ne décolère pas : après avoir télétravaillé pendant deux mois en raison de l’épidémie de Covid-19, elle a découvert, en récupérant ses fiches de paie à la fin du confinement, que ses collègues et elle avaient en réalité été placés au chômage partiel. Pourtant, « compte tenu de la baisse d’activité de l’agence », Chloé s’était enquise auprès de sa hiérarchie d’une telle éventualité, comme en témoigne un e-mail daté de fin mars, consulté par franceinfo. « Mais on ne m’a jamais répondu », regrette la jeune femme. « Quand on les a confrontés, les responsables de l’agence ont assuré qu’ils avaient juste oublié de nous prévenir. » Ecœurés par cette « fraude », Chloé et ses collègues ont contacté l’inspection du travail.

  • Chloé est un cas loin d’être isolé. Depuis le début de l’épidémie de Covid-19 en France, plus d’un million d’entreprises ont déposé une demande d’activité partielle pour un peu plus de 13 millions de salariés, indique la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) dans son point hebdomadaire daté du 9 juin. Ce dispositif, préexistant à la crise sanitaire, a été élargi mi-mars pour limiter les effets de la crise du coronavirus sur l’emploi. Les entreprises faisant face à une baisse d’activité ont ainsi pu interrompre, partiellement ou totalement, l’activité de leurs salariés. En échange, elles ont versé à ces derniers une indemnité à hauteur de 70% de leur salaire brut, ensuite remboursée à 100% (85% depuis le 1er juin) par l’Etat et l’Unedic, dans la limite de 4,5 smics. Les employeurs ont également eu le choix de compléter cette indemnité pour maintenir la rémunération du salarié à son niveau habituel. Parmi le million d’entreprises concernées, un peu plus de 900 000 ont déjà déposé une demande d’indemnisation pour le mois d’avril.

  • Mais comme dans l’entreprise de Chloé, une partie de ceux qui ont bénéficié de l’aide de l’Etat n’ont pas joué le jeu. Près d’un tiers (31%) des personnes interrogées « ont dû continuer à travailler malgré le chômage partiel total ou l’arrêt maladie », rapporte une enquête (en pdf) de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT (Ugict) réalisée auprès de 34 000 personnes. Une étude du cabinet Technologia (en pdf) conduite auprès de 2 600 représentants de salariés, assure de son côté que « 24% des employés en chômage partiel total auraient été amenés à poursuivre leur activité à la demande de l’employeur ». Or, travailler alors qu’on est déclaré en activité partielle s’apparente à du travail illégal, une pratique passible de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende pour l’employeur. A cela s’ajoutent le remboursement des sommes versées à l’entreprise et l’exclusion du bénéfice des aides publiques durant cinq ans. En revanche, le salarié « ne risque rien légalement, puisqu’il est dans un lien de subordination avec son employeur », indique à franceinfo Blandine Sibenaler, avocate au barreau de Paris et spécialiste en droit du travail.

  • On m’a répondu que je n’étais pas solidaire »
    Fin mai, franceinfo vous a proposé, dans un appel à témoignages, de partager vos expériences de travail cumulé avec ce dispositif de chômage partiel. Parmi les dizaines de réponses reçues, la plupart évoquent des incitations plus ou moins explicites, le plus souvent orales, à poursuivre le travail, par solidarité avec une PME en difficulté économique. C’est le cas de Constantin, salarié d’un distributeur automobile placé en activité partielle à 100% dès le 17 mars, à qui il a été demandé de continuer à s’occuper de ses clients. Après une dizaine de jours « à 50% ou 60% de [s]a charge habituelle de travail », Constantin a fait part de sa gêne à accepter une nouvelle tâche que voulait lui confier l’un de ses responsables. Dans cette conversation téléphonique, que franceinfo a pu écouter, l’un de ses directeurs de service lui a alors détaillé le fonctionnement de l’entreprise durant le confinement :

    Les vendeurs continuent à traiter les appels, les mails, etc. Donc on peut appeler ça du télétravail. Mais si on déclare ça en télétravail, c’est [l’entreprise] qui paie. Si on les déclare en chômage partiel, c’est l’Etat qui paie.
    Un responsable d’un distributeur auto, à l’un de ses salariés
    par téléphone

  • Catherine, salariée d’un groupement d’intérêt financier regroupant 80 agences d’intérim en France, a vécu une expérience similaire. Placée en chômage partiel le 22 mars, à la suite de la fermeture de son agence, elle a néanmoins poursuivi son activité « pour que l’entreprise ne coule pas ». Mais à la fin du mois d’avril, elle a remarqué que, sur son bulletin de salaire, ses heures de travail déclarées, qu’elle avait déjà « sous-estimées par rapport à la réalité », avaient encore été réduites. Une différence également constatée par franceinfo.

    Dans le cadre du chômage partiel, l’employeur est tenu d’indiquer sur la fiche de paie du salarié le nombre d’heures travaillées, qui sont payées par l’entreprise, et le nombre d’heures chômées, indemnisées par l’Etat. Si l’activité n’est pas totalement interrompue, comme dans le cas de Catherine – qui a indiqué avoir travaillé neuf demi-journées en avril –, son employeur lui verse le salaire correspondant. Ce qui signifie que plus le temps travaillé est important, plus l’entreprise paye, au détriment de la part prise en charge par l’Etat. Ce qui pousse certains patrons à rogner sur ces heures de travail déclarées. « Mon patron m’a expliqué que les heures de réunion, ou passées à faire des tâches administratives, n’étaient pas rémunérées car elles n’étaient pas considérées comme productives », assure ainsi Catherine.

  • Quand je me suis plainte, on m’a répondu que je n’étais pas solidaire dans un moment de crise, que les agences qui s’en sortiraient seraient celles qui auraient joué le jeu (…) et que de toute façon, on n’avait pas de quoi nous payer.
    Une salariée d’une agence d’intérim

  • Florence, assistante de direction dans un centre de formation en province, relate elle aussi une histoire semblable. Dès le 16 mars, une note de service l’a informée qu’elle ne devait plus travailler qu’une heure et demie par jour depuis chez elle, au titre du passage au chômage partiel. Une consigne étonnante, puisque les formations assurées par l’entreprise ont toutes été maintenues grâce à l’enseignement à distance. « Le temps de formation est même allongé, afin de s’assurer que les étudiants ne solliciteraient pas de remboursement », explique Florence. Résultat : « On a tous travaillé comme des fous, du lundi au dimanche ». Quand elle a informé son directeur de service il lui a dit « de ne pas s’inquiéter, qu’on faisait la même chose qu’habituellement, mais que c’était l’Etat qui payait. Et qu’il saurait récompenser les investissements des uns et des autres ».

  • « L’entreprise saura s’en souvenir »
    Pour les salariés, pris entre deux loyautés, les demandes de leur hiérarchie donnent lieu à d’interminables dilemmes. « On comprend que l’entreprise soit en difficulté, on est prêts à faire beaucoup pour que la boîte tourne, mais c’est le fait qu’on nous demande de mentir, de frauder… J’aurais été plus à l’aise avec ma conscience si j’avais assuré le travail de plusieurs personnes plutôt que menti », témoigne Lison, salariée d’une PME française spécialisée dans la fabrication de câbles.

    Début avril, compte tenu de la baisse d’activité subie par le groupe, elle et plusieurs de ses collègues sont passés du télétravail au chômage partiel. Officiellement, Lison a donc dû réduire ses heures travaillées de moitié. Mais dans les faits, son temps de travail n’a pas évolué. « Le chiffre d’affaires est nettement affecté par la situation sanitaire, mais la charge de travail n’est pas réduite pour autant », souligne-t-elle. Surtout que sa direction « en profite pour relancer des dossiers de fond ».

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