LIBERTE

« J’Accuse » de nos jours

Temps de lecture : 3 minutes

Le premier article que j’ai écrit en 2004, prenant pleinement la défense de Dreyfus. Le capitaine Alfred Dreyfus, polytechnicien et artilleur, de confession israélite et alsacien d’origine.

Qui est Alfred Dreyfus ? Ce qu’il en reste de nos jours il décède à l’orée de ses 76 ans (1859-1935).

Sans retrouver ce que sa carrière lui aurait permis d’avoir, en revenant de la guerre 1914-1918.

Seize années plus tard et de nombreux zestes de pages noircis me font perdurer dans le sens de mon attache pour Emile Zola.

Particulièrement difficile de dissocier : les pages de la France de l’Europe, sans jumeler à certains moments : 

« Clémenceau, Hugo, Dreyfus, Zola, Picquart, etc. J’Accuse, Clémenceau créa « Le titre »… ! Et l’article rédigé par Émile Zola au cours de l’affaire Dreyfus fut publié dans le journal « L’Aurore » du 13 janvier 1898, n° 87, sous la forme d’une lettre ouverte au président de la République française, Félix Faure. 

Ce qui se passe aux portes de 2020, n’est à mon sens que le pâle reflet de ce qui fut une poignée d’hommes de ce que devrait être la France. 

Il est pratiquement impossible de dissocier Georges Clémenceau et le Traité de Versailles.

Il ne pouvait faire un meilleur choix pour la France.

Le film « J’accuse » vient de sortir, il n’est nullement question de parler de son réalisateur Roman Polanski.

J’ai lu le livre, vu le « film » un véritable chef d’œuvre. « J’accuse », est un excellent film historique sur la plus célèbre affaire judiciaire de l’histoire de France, l’affaire Dreyfus.

Le film ne la raconte pas, il nous permet de voir les réalités à travers le regard de celui sans qui elles n’auraient pas existé, le lieutenant-colonel Picquart, un officier antisémite qui a placé sa conscience au-dessus de sa carrière et de ses préjugés.

Je retiens de cette vision, de ces faits, que l’Affaire Dreyfus a presque réussi à tailler la France en pièces.

Le 5 janvier 1895, le capitaine Alfred Dreyfus est solennellement dégradé dans la cour de l’École Militaire, à Paris. Il a été condamné au bagne à vie pour haute trahison. L’« Affaire » proprement dite commence un an plus tard avec la découverte de faits nouveaux par le lieutenant-colonel Picquart, condamné en même temps que Dreyfus et libéré la même année. « Il se fâchera avec Dreyfus » Elle va troubler la vie politique française pendant plusieurs décennies.

Le rôle des intellectuels

L’affaire Dreyfus, par son retentissement, est considérée comme la pierre fondatrice de l’engagement des intellectuels à l’époque moderne. Elle a pour toile de fond un antiparlementarisme provoqué par des scandales politico-financiers, et un antisémitisme qui traverse la société française.

De nos jours les « Gilets Jaunes » associés aux hôpitaux, au droit au savoir, les portes se ferment sur les droits de presque tout un chacun.

L’agriculture se meurt, les enseignants, les pompiers, l’armée, les forces de l’ordre, l’ensemble des corps soignants, les religions empêchent les humains de cohabiter au réel sens de nos vies.

Le glas va sonner de plus en plus fort, les semaines à venir risquent de faire sombrer le bateau sur lequel nous sommes tous, nous avons beau faire monter, et prouver toutes nos technologies, nous coulons.

Nous avons chacun de nous tous les droits que la démocratie humaine il est temps et même plus de connaitre la signification de ces mots qu’ils deviennent universels.

« Liberté, Egalité, Fraternité » nous permettent de comprendre sans oublier surtout de vouloir les appliquer.

Or nous constatons, jeunes et anciens qu’en cet espace de 120 années, bien peu de choses ont été modifiés.

Le tout étant de tenter et essayer de connaitre le sens de ce que nous vivons, ce qui reste encore le plus grave demeure dans ce que nous laisserons.

Nous avons de quoi écrire de belles pages, sur tous les continents, mais ne pas laisser un analphabétisme plus grand que le tour de la terre.

Un tel kaléidoscope fera un désastre plus grand que pour certains de donner la vie.

Cela ne semblerait pas trop difficile, mais offrir la vie sans savoir aimer et recevoir la tendresse qui va avec n’a pas plus de valeurs que ce que nous subissons. 

Merci au concours de court métrage qui permet de mieux comprendre ce film et ce que nous vivons de nos jours.

Sources l’Affaire Dreyfus – Karambolage – ARTE

53 réflexions sur “« J’Accuse » de nos jours

  • Bonjour,

    Il est plus que difficile de se lancer dans un tel article sans faire traits aux divers événements qui traversent la France depuis que ceux qui ont battis la nation des droits à nos libertés il ne soit pas leur donner la parole.
    Nanti de la liberté d’expression, je vais m’y employer ne voyez là aucun mélanges d’informations.
    Il faut éviter à tous prix que nous devenions dans peu de temps tous les ressortissants de la France des dreyfusards en puissance.
    Le passage des manipulations pas ceux qui possèdent le pouvoir à un certain niveau, lancent leurs machines de guerre à l’encontre des citoyens de base, en nous écrasant sans se rendre compte qu’ils nous écrasent pour les profits de ce que ces nantis tirent de notre travail.

  • Ils étaient près de 300 000, le 17 novembre 2018, à avoir répondu aux appels lancés sur les réseaux sociaux pour dénoncer la hausse des prix du carburant. A la télévision et sur les ronds-points, la France découvrait les « gilets jaunes », ces Français ulcérés par la politique d’Emmanuel Macron. Des mois durant, leurs revendications ont marqué l’opinion et monopolisé l’attention des médias. Se voulant horizontale, sans chef, cette contestation sans précédent n’a pu éviter l’émergence de figures de proue aux opinions variées et très affirmées. Un an plus tard, que sont-elles devenues ?

  • Jean-François Barnaba, encore fonctionnaire sans mission

    Jean-François Barnaba, au Blanc (Indre), le 7 décembre 2018.Jean-François Barnaba, au Blanc (Indre), le 7 décembre 2018. (MAXPPP)
    Comment s’est-il fait connaître ? Dès le début du mouvement, Jean-François Barnaba devient une vedette. Au début du mois de décembre 2018, en quelques jours, il réalise une cinquantaine d’interventions en direct. Ce rythme intensif durera plusieurs semaines.

  • Puis il se retrouve sous le feu des critiques lorsque des médias révèlent qu’il est « fonctionnaire momentanément privé d’emploi » depuis 2008, mais qu’il est toujours rémunéré 2 600 euros par mois. Lors des élections européennes, il fusionne la liste de son mouvement Jaunes et citoyens avec celle du parti Les Patriotes, fondé par l’ancien vice-président du Front national Florian Philippot.

    Que devient-il ? Sa situation professionnelle n’a pas changé. « Je continue mes recherches d’emploi, je réponds à toutes les offres qui correspondent à mes compétences », assure Jean-François Barnaba à franceinfo. Sur le plan personnel, il rapporte avoir été « l’objet de menaces de mort téléphoniques » « au tout début » de sa médiatisation : « On me promettait des balles dans la tête… La porte de l’un de mes enfants a été taguée. C’est très désagréable, mais c’est le lot commun de toute personne qui apparaît subitement dans la sphère publique », relativise-t-il. Pour les élections municipales, il souhaite constituer dans sa commune du Blanc (Indre) « une liste qui n’aura pas d’étiquette politique ». Mais comment le prétendre après s’être rapproché des Patriotes ? « Appliquer l’étiquette d’extrême droite à Florian Philippot est surréaliste », estime Jean-François Barnaba.

    Son regard sur le mouvement, un an après. « Le mouvement des ‘gilets jaunes’ n’existe plus », tranche-t-il.

  • C’est devenu un mouvement zadiste, libertaire, de gauche radicale.
    Jean-François Barnaba
    à franceinfo

    Il explique avoir fondé le mouvement Jaunes et citoyens pour « faire perdurer l’esprit initial du mouvement des ‘gilets jaunes' » car il « a muté dès le mois de janvier » 2019. Mais, selon lui, l' »esprit initial est toujours présent dans la société française ».

    Mathieu Blavier, ancien porte-parole installé en Irlande
    Mathieu Blavier, ancien porte-parole des \ »gilets jaunes\ », sur le plateau de l\’émission \ »C Politique\ », sur France 5, le 2 décembre 2018.Mathieu Blavier, ancien porte-parole des « gilets jaunes », sur le plateau de l’émission « C Politique », sur France 5, le 2 décembre 2018. (FRANCE 5)
    Comment s’est-il fait connaître ? « Je faisais partie du début du mouvement », rappelle auprès de franceinfo Mathieu Blavier, qui a été l’un des éphémères huit porte-parole des « gilets jaunes ». Son visage est moins connu que d’autres, mais il a été présent sur quelques plateaux, dont celui de l’émission « C Politique », sur France 5.

  • Surtout, le 30 novembre 2018, cet étudiant en licence 3 de droit à la faculté d’Aix-en-Provence a été reçu à Matignon par le Premier ministre, Edouard Philippe, et François de Rugy, alors ministre de la Transition écologique, en compagnie de Jason Herbert, un autre porte-parole des « gilets jaunes ». Ce dernier avait quitté la pièce au bout de vingt minutes. Mathieu Blavier, lui, n’avait pas voulu faire face aux caméras, mais était resté discuter deux heures avec les membres du gouvernement.

    Que devient-il ? L’épisode des « gilets jaunes » lui a « vraiment ouvert l’esprit sur plein de sujets ». « Cela a été une bonne expérience », résume le jeune homme de 23 ans. Mais il a tourné la page. « Je me suis vraiment détaché du mouvement », confie-t-il sans regrets, précisant avoir également pris ses distances avec l’Hexagone. « Je ne me ressens plus français. Je me sens plus heureux à l’étranger. » Installé en Irlande depuis le mois de septembre, il travaille désormais pour la société Concentrix, plus particulièrement pour le pôle chargé de la communication de la marque Nike. « Ici, on gagne pas mal d’argent, on est moins taxé et les gens sont sympas », lance-t-il.

  • Son regard sur le mouvement, un an après. « Le mouvement que l’on a créé a mis le feu aux poudres dans tous les pays du monde », se félicite-t-il, mentionnant les soulèvements au Liban, au Chili ou encore à Hong Kong. Toutefois, pour lui, le mouvement français est dans l’impasse. « Ceux qui ont vraiment besoin d’aide ne sont pas forcément ceux qui sont allés dans la rue, estime Mathieu Blavier. Et de trancher : « Tout brûler, tout casser, ça ne rend pas service. » Selon lui, les « gilets jaunes » ont aussi été minés par une « guerre d’ego ». « Beaucoup de personnes ont utilisé ce mouvement pour prendre la lumière et servir leurs intérêts personnels », juge-t-il, estimant que certaines « ont été immatures ».

    Christophe Chalençon, « toujours ‘gilet jaune’ de cœur »

    Christophe Chalençon, ancien porte-parole des \ »gilets jaunes\ » du Vaucluse, à Lourmarin (Vaucluse), le 10 mai 2019.Christophe Chalençon, ancien porte-parole des « gilets jaunes » du Vaucluse, à Lourmarin (Vaucluse), le 10 mai 2019. (GERARD JULIEN / AFP)
    Comment s’est-il fait connaître ? Christophe Chalençon devient porte-parole des « gilets jaunes » du Vaucluse au cours du mois de novembre 2018. Le 3 décembre, il fait parler de lui en évoquant le général de Villiers pour prendre la tête d’un gouvernement de transition. Quatre jours plus tard, il rencontre Edouard Philippe en compagnie de cinq autres « gilets jaunes ».

  • Il refait du bruit, en février 2019, en rencontrant Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 étoiles, alors vice-président du Conseil des ministres italien.

    Que devient-il ? Ce forgeron a arrêté son entreprise pour se concentrer « à 300% » sur son « combat » « parce que la cause est noble et qu’elle doit être portée jusqu’au bout ». Pour cela, il est soutenu financièrement par sa famille et ses amis car il se retrouve sans le sou.

    Mon compte est à moins 50 euros.
    Christophe Chalençon
    à franceinfo

    Lors des dernières élections européennes, Christophe Chalençon et sa liste Evolution citoyenne n’ont séduit personne, ou presque (0,01%). « Les gens me disent : ‘Vous êtes des rigolos, vous n’avez presque pas fait de voix.’ Sauf qu’à chaque fois, j’apparais dans le combat », se défend-il, évoquant son travail de fond, de martèlement. Les thèmes qu’il défend ? « La ruralité, les TPE, les PME, les artisans, les commerçants, la véritable paysannerie avec les circuits courts », énumère celui qui se considère comme un « résistant ». Il affirme qu’il se présentera à toutes les prochaines élections, mais ne figurera sur aucune liste lors des élections municipales. « J’ai d’autres combats à porter au niveau national et je ne peux pas me permettre des guéguerres de village. »

  • Son regard sur le mouvement, un an après. Il a raccroché son gilet de l’organisation vauclusienne car « le mouvement, partout en France, a été infiltré par l’extrême gauche jusqu’à la colonne vertébrale ». Toutefois, il l’assure : « Je suis toujours ‘gilet jaune’ de cœur, d’esprit et d’âme. »

    Eric Drouet, le révolutionnaire

    Eric Drouet lors du 21e samedi de mobilisation des \ »gilets jaunes\ », le 6 avril 2019.Eric Drouet lors du 21e samedi de mobilisation des « gilets jaunes », le 6 avril 2019. (MAXPPP)
    Comment s’est-il fait connaître ? Eric Drouet est l’initiateur de la première manifestation de « gilets jaunes » contre l’augmentation du prix du carburant, le 17 novembre 2018. Il est également le créateur du groupe Facebook La France en colère !!!, qui compte aujourd’hui près de 300 000 membres. Reçu par François de Rugy le 28 novembre 2018, il filme l’entretien à son insu pour le diffuser en direct sur son groupe Facebook. Ses prises de position radicales suscitent l’inquiétude des responsables politiques et la « fascination » de Jean-Luc Mélenchon. « Monsieur Drouet est tout à fait extraordinaire. Il pèse sur lui une pression terrifiante et il fait preuve d’un sang-froid total », explique le leader de La France insoumise.

  • Que devient-il ? Si ce chauffeur routier a été de tous les combats des « gilets jaunes », il a annoncé en avril 2019 vouloir se mettre en retrait du mouvement. Force est de constater aujourd’hui qu’il n’est pas resté longtemps loin des radars. Le 29 mars, il a été condamné à 2 000 euros d’amende pour deux manifestations non déclarées, les 2 janvier et 29 mars à Paris. Le 4 septembre, il a également été condamné à 500 euros d’amende avec sursis pour « port d’arme prohibé » – un simple « bout de bois » selon lui, une « matraque » selon l’accusation.

    Son regard sur le mouvement, un an après. Eric Drouet milite toujours aux côtés des « gilets jaunes » et prépare les futures mobilisations en prônant la « convergence » des luttes, dans une vidéo diffusée mi-octobre. Il y invite les « pompiers, urgentistes, ouvriers, agriculteurs, chômeurs » à manifester à Paris, sans gilet. « Mettez les gilets jaunes de côté, c’est les citoyens qui seront dans la rue », exhorte-t-il.

  • Ingrid Levavasseur, restée « digne »
    Ingrid Levavasseur, tête de liste du \ »Ralliement d\’initiative citoyenne\ » (RIC) aux élections européennes.Ingrid Levavasseur, tête de liste du « Ralliement d’initiative citoyenne » (RIC) aux élections européennes. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
    Comment s’est-elle fait connaître ? Après avoir participé au mouvement sur les ronds-points, dès les premiers jours, Ingrid Levavasseur a rapidement émergé comme l’une des principales figures de la contestation. Très courtisée par les médias, elle a aussi dû faire face à la violence de ses pairs. Lorsqu’on l’annonce comme future chroniqueuse de BFMTV, de nombreux manifestants n’hésitent pas à lui témoigner leur ressentiment devant ce qu’ils estiment être une trahison. Elle renoncera finalement à rejoindre la chaîne. La jeune femme tente ensuite de mener une liste aux européennes. Là encore, elle abandonne.

    Que devient-elle ? L’aide-soignante a déclaré en juin dernier son intention de se présenter aux élections municipales dans la ville où elle a grandi, Louviers, dans l’Eure. Plus tôt dans l’année, elle a également fondé une association d’aide aux familles monoparentales, Racines positives, et cofondé un parti politique, Eclosion démocratique, qu’elle veut voir participer « à chaque échéance électorale à partir des municipales de 2020 », expliquait-elle à l’AFP en avril dernier. En septembre, elle publie chez Flammarion Rester digne, un livre où elle revient sur son histoire et sur la mobilisation des « gilets jaunes ».

  • Son regard sur le mouvement, un an après. Dans cet ouvrage, Ingrid Levavasseur n’épargne pas ses anciens compagnons de route. Elle raconte notamment la manifestation du 17 février et la violence des manifestants qui la prennent à partie. « J’étouffe. Si l’un [des manifestants] me plante un couteau, je ne peux rien faire. On me tire les cheveux. On me pousse. On veut m’arracher le gilet. Je vais peut-être mourir. » Elle revient également sur le machisme de certains hommes dans les cortèges. « J’ai mesuré combien le fait d’être une femme médiatisée aiguise l’agressivité de certains mâles », écrit-elle.

  • Priscillia Ludosky, la force tranquille

    L\’une des figures des \ »gilets jaunes\ », Priscillia Ludosky, interviewée lors d\’une manifestation à Paris, le 20 janvier 2019.L’une des figures des « gilets jaunes », Priscillia Ludosky, interviewée lors d’une manifestation à Paris, le 20 janvier 2019. (LAURE BOYER / HANS LUCAS / AFP)
    Comment s’est-elle fait connaître ? « C’est moi qui suis allée dans tous les groupes Facebook pour partager ma pétition contre l’augmentation des prix du carburant. Sur les sites des médias, je remplissais tous les formulaires de contact », raconte Priscillia Ludosky à franceinfo. Cette auto-entrepreneure de 33 ans réunit alors les signatures de plus d’un million de personnes. Lorsque la contestation enfle et que le gouvernement cherche à négocier, elle est l’une des porte-parole qui se rendent au ministère de la Transition écologique, le 28 décembre.

    Que devient-elle ? « J’ai dû me mettre à 300% dans le mouvement, au détriment de ma vie professionnelle », raconte la jeune femme. Aux côtés d’autres « gilets jaunes », Priscillia Ludosky a demandé un rendez-vous à Emmanuel Macron pour lui présenter les propositions recueillies dans son « vrai débat », une plateforme collaborative qui vise à réunir les revendications des manifestants.

  • Son regard sur le mouvement, un an après. « Je pense qu’il faut marquer le coup pour les un an du mouvement », explique-t-elle à franceinfo. « C’est aussi pour ça qu’on a demandé un rendez-vous à Emmanuel Macron. Pour l’instant, il n’a pas répondu. » Priscillia Ludosky a récemment lancé une plateforme, « gilets citoyens », pour « avoir une structure qui permette de continuer à se mobiliser sans s’épuiser dans des actions incessantes ».

  • Jacline Mouraud, « ruinée » par les « gilets jaunes »

    Jacline Mouraud, à Bohal (Morbihan), le 7 octobre 2019.Jacline Mouraud, à Bohal (Morbihan), le 7 octobre 2019. (DAMIEN MEYER / AFP)
    Comment s’est-elle fait connaître ? Jacline Mouraud s’est fait connaître du grand public avec la publication, le 18 octobre 2018, d’une vidéo sur Facebook. Rapidement, celle-ci enregistre quelque 5 millions de vues. L’hypnothérapeute bretonne y dénonce « la traque aux conducteurs », le « nouveau contrôle technique », la « hausse du prix du carburant », la « chasse aux véhicules diesel » ou encore l' »augmentation du nombre de radars ». Et s’insurge : « Mais qu’est-ce que vous faites du pognon des Français ? » Avant même le premier samedi de mobilisation, elle devient une figure des « gilets jaunes », notamment en réclamant le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF).

  • Un second vote sur l’amendement qui accorde un avantage fiscal à l’huile de palme organisé à l’Assemblée

    Ils étaient près de 300 000, le 17 novembre 2018, à avoir répondu aux appels lancés sur les réseaux sociaux pour dénoncer la hausse des prix du carburant. A la télévision et sur les ronds-points, la France découvrait les « gilets jaunes », ces Français ulcérés par la politique d’Emmanuel Macron. Des mois durant, leurs revendications ont marqué l’opinion et monopolisé l’attention des médias. Se voulant horizontale, sans chef, cette contestation sans précédent n’a pu éviter l’émergence de figures de proue aux opinions variées et très affirmées. Un an plus tard, que sont-elles devenues ?

    Jean-François Barnaba, encore fonctionnaire sans mission

    Jean-François Barnaba, au Blanc (Indre), le 7 décembre 2018.Jean-François Barnaba, au Blanc (Indre), le 7 décembre 2018. (MAXPPP)
    Comment s’est-il fait connaître ? Dès le début du mouvement, Jean-François Barnaba devient une vedette. Au début du mois de décembre 2018, en quelques jours, il réalise une cinquantaine d’interventions en direct. Ce rythme intensif durera plusieurs semaines.

    Puis il se retrouve sous le feu des critiques lorsque des médias révèlent qu’il est « fonctionnaire momentanément privé d’emploi » depuis 2008, mais qu’il est toujours rémunéré 2 600 euros par mois. Lors des élections européennes, il fusionne la liste de son mouvement Jaunes et citoyens avec celle du parti Les Patriotes, fondé par l’ancien vice-président du Front national Florian Philippot.

    Que devient-il ? Sa situation professionnelle n’a pas changé. « Je continue mes recherches d’emploi, je réponds à toutes les offres qui correspondent à mes compétences », assure Jean-François Barnaba à franceinfo. Sur le plan personnel, il rapporte avoir été « l’objet de menaces de mort téléphoniques » « au tout début » de sa médiatisation : « On me promettait des balles dans la tête… La porte de l’un de mes enfants a été taguée. C’est très désagréable, mais c’est le lot commun de toute personne qui apparaît subitement dans la sphère publique », relativise-t-il. Pour les élections municipales, il souhaite constituer dans sa commune du Blanc (Indre) « une liste qui n’aura pas d’étiquette politique ». Mais comment le prétendre après s’être rapproché des Patriotes ? « Appliquer l’étiquette d’extrême droite à Florian Philippot est surréaliste », estime Jean-François Barnaba.

    Son regard sur le mouvement, un an après. « Le mouvement des ‘gilets jaunes’ n’existe plus », tranche-t-il.

    Il explique avoir fondé le mouvement Jaunes et citoyens pour « faire perdurer l’esprit initial du mouvement des ‘gilets jaunes' » car il « a muté dès le mois de janvier » 2019. Mais, selon lui, l' »esprit initial est toujours présent dans la société française ».

    Mathieu Blavier, ancien porte-parole installé en Irlande
    Mathieu Blavier, ancien porte-parole des \ »gilets jaunes\ », sur le plateau de l\’émission \ »C Politique\ », sur France 5, le 2 décembre 2018.Mathieu Blavier, ancien porte-parole des « gilets jaunes », sur le plateau de l’émission « C Politique », sur France 5, le 2 décembre 2018. (FRANCE 5)
    Comment s’est-il fait connaître ? « Je faisais partie du début du mouvement », rappelle auprès de franceinfo Mathieu Blavier, qui a été l’un des éphémères huit porte-parole des « gilets jaunes ». Son visage est moins connu que d’autres, mais il a été présent sur quelques plateaux, dont celui de l’émission « C Politique »

    Que devient-il ? L’épisode des « gilets jaunes » lui a « vraiment ouvert l’esprit sur plein de sujets ». « Cela a été une bonne expérience », résume le jeune homme de 23 ans. Mais il a tourné la page. « Je me suis vraiment détaché du mouvement », confie-t-il sans regrets, précisant avoir également pris ses distances avec l’Hexagone. « Je ne me ressens plus français. Je me sens plus heureux à l’étranger. » Installé en Irlande depuis le mois de septembre, il travaille désormais pour la société Concentrix, plus particulièrement pour le pôle chargé de la communication de la marque Nike. « Ici, on gagne pas mal d’argent, on est moins taxé et les gens sont sympas », lance-t-il.

    Son regard sur le mouvement, un an après. « Le mouvement que l’on a créé a mis le feu aux poudres dans tous les pays du monde », se félicite-t-il, mentionnant les soulèvements au Liban, au Chili ou encore à Hong Kong. Toutefois, pour lui, le mouvement français est dans l’impasse. « Ceux qui ont vraiment besoin d’aide ne sont pas forcément ceux qui sont allés dans la rue, estime Mathieu Blavier. Et de trancher : « Tout brûler, tout casser, ça ne rend pas service. » Selon lui, les « gilets jaunes » ont aussi été minés par une « guerre d’ego ». « Beaucoup de personnes ont utilisé ce mouvement pour prendre la lumière et servir leurs intérêts personnels », juge-t-il, estimant que certaines « ont été immatures ».

    Christophe Chalençon, « toujours ‘gilet jaune’ de cœur »
    Comment s’est-il fait connaître ? Christophe Chalençon devient porte-parole des « gilets jaunes » du Vaucluse au cours du mois de novembre 2018. Le 3 décembre, il fait parler de lui en évoquant le général de Villiers pour prendre la tête d’un gouvernement de transition. Quatre jours plus tard, il rencontre Edouard Philippe en compagnie de cinq autres « gilets jaunes ».

    Il refait du bruit, en février 2019, en rencontrant Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 étoiles, alors vice-président du Conseil des ministres italien.

    Lors des dernières élections européennes, Christophe Chalençon et sa liste Evolution citoyenne n’ont séduit personne, ou presque (0,01%). « Les gens me disent : ‘Vous êtes des rigolos, vous n’avez presque pas fait de voix.’ Sauf qu’à chaque fois, j’apparais dans le combat », se défend-il, évoquant son travail de fond, de martèlement. Les thèmes qu’il défend ? « La ruralité, les TPE, les PME, les artisans, les commerçants, la véritable paysannerie avec les circuits courts », énumère celui qui se considère comme un « résistant ». Il affirme qu’il se présentera à toutes les prochaines élections, mais ne figurera sur aucune liste lors des élections municipales. « J’ai d’autres combats à porter au niveau national et je ne peux pas me permettre des guéguerres de village. »

    Son regard sur le mouvement, un an après.

    Eric Drouet lors du 21e samedi de mobilisation des \ »gilets jaunes\ », le 6 avril 2019.Eric Drouet lors du 21e samedi de mobilisation des « gilets jaunes », le 6 avril 2019.
    Comment s’est-il fait connaître ? Eric Drouet est l’initiateur de la première manifestation de « gilets jaunes » contre l’augmentation du prix du carburant, le 17 novembre 2018. Il est également le créateur du groupe Facebook La France en colère !!!, qui compte aujourd’hui près de 300 000 membres. Reçu par François de Rugy le 28 novembre 2018, il filme l’entretien à son insu pour le diffuser en direct sur son groupe Facebook. Ses prises de position radicales suscitent l’inquiétude des responsables politiques et la « fascination » de Jean-Luc Mélenchon. « Monsieur Drouet est tout à fait extraordinaire. Il pèse sur lui une pression terrifiante et il fait preuve d’un sang-froid total », explique le leader de La France insoumise.

    Que devient-il ? Si ce chauffeur routier a été de tous les combats des « gilets jaunes », il a annoncé en avril 2019 vouloir se mettre en retrait du mouvement. Force est de constater aujourd’hui qu’il n’est pas resté longtemps loin des radars. Le 29 mars, il a été condamné à 2 000 euros d’amende pour deux manifestations non déclarées, les 2 janvier et 29 mars à Paris. Le 4 septembre, il a également été condamné à 500 euros d’amende avec sursis pour « port d’arme prohibé » – un simple « bout de bois » selon lui, une « matraque » selon l’accusation.

    Son regard sur le mouvement, un an après. Eric Drouet milite toujours aux côtés des « gilets jaunes » et prépare les futures mobilisations en prônant la « convergence » des luttes, dans une vidéo diffusée mi-octobre. Il y invite les « pompiers, urgentistes, ouvriers, agriculteurs, chômeurs » à manifester à Paris, sans gilet. « Mettez les gilets jaunes de côté, c’est les citoyens qui seront dans la rue », exhorte-t-il.
    Comment s’est-elle fait connaître ? Après avoir participé au mouvement sur les ronds-points, dès les premiers jours, Ingrid Levavasseur a rapidement émergé comme l’une des principales figures de la contestation. Très courtisée par les médias, elle a aussi dû faire face à la violence de ses pairs. Lorsqu’on l’annonce comme future chroniqueuse de BFMTV, de nombreux manifestants n’hésitent pas à lui témoigner leur ressentiment devant ce qu’ils estiment être une trahison. Elle renoncera finalement à rejoindre la chaîne. La jeune femme tente ensuite de mener une liste aux européennes. Là encore, elle abandonne.

    Que devient-elle ? L’aide-soignante a déclaré en juin dernier son intention de se présenter aux élections municipales dans la ville où elle a grandi, Louviers, dans l’Eure. Plus tôt dans l’année, elle a également fondé une association d’aide aux familles monoparentales, Racines positives, et cofondé un parti politique, Eclosion démocratique, qu’elle veut voir participer « à chaque échéance électorale à partir des municipales de 2020 », expliquait-elle à l’AFP en avril dernier. En septembre, elle publie chez Flammarion Rester digne, un livre où elle revient sur son histoire et sur la mobilisation des « gilets jaunes ».

    Charles Baudry
    @CharlesBaudry
    En réponse à @CharlesBaudry
    Ingrid Levavasseur (@IngridLevavass1) violemment prise à partie par des Gilets Jaunes à Paris.#GiletsJaunes #Acte14.
    Son regard sur le mouvement, un an après. Dans cet ouvrage, Ingrid Levavasseur n’épargne pas ses anciens compagnons de route. Elle raconte notamment la manifestation du 17 février et la violence des manifestants qui la prennent à partie. « J’étouffe. Si l’un [des manifestants] me plante un couteau, je ne peux rien faire. On me tire les cheveux. On me pousse. On veut m’arracher le gilet. Je vais peut-être mourir. » Elle revient également sur le machisme de certains hommes dans les cortèges. « J’ai mesuré combien le fait d’être une femme médiatisée aiguise l’agressivité de certains mâles », écrit-elle.

    Priscillia Ludosky, la force tranquille.
    Comment s’est-elle fait connaître ? « C’est moi qui suis allée dans tous les groupes Facebook pour partager ma pétition contre l’augmentation des prix du carburant. Sur les sites des médias, je remplissais tous les formulaires de contact », raconte Priscillia Ludosky à franceinfo. Cette auto-entrepreneure de 33 ans réunit alors les signatures de plus d’un million de personnes. Lorsque la contestation enfle et que le gouvernement cherche à négocier, elle est l’une des porte-parole qui se rendent au ministère de la Transition écologique, le 28 décembre.

    Que devient-elle ? « J’ai dû me mettre à 300% dans le mouvement, au détriment de ma vie professionnelle », raconte la jeune femme. Aux côtés d’autres « gilets jaunes », Priscillia Ludosky a demandé un rendez-vous à Emmanuel Macron pour lui présenter les propositions recueillies dans son « vrai débat », une plateforme collaborative qui vise à réunir les revendications des manifestants.

    Son regard sur le mouvement, un an après. « Je pense qu’il faut marquer le coup pour les un an du mouvement », explique-t-elle à franceinfo. « C’est aussi pour ça qu’on a demandé un rendez-vous à Emmanuel Macron. Pour l’instant, il n’a pas répondu. » Priscillia Ludosky a récemment lancé une plateforme, « gilets citoyens », pour « avoir une structure qui permette de continuer à se mobiliser sans s’épuiser dans des actions incessantes ».

    Jacline Mouraud, « ruinée » par les « gilets jaunes »
    Comment s’est-elle fait connaître ? Jacline Mouraud s’est fait connaître du grand public avec la publication, le 18 octobre 2018, d’une vidéo sur Facebook. Rapidement, celle-ci enregistre quelque 5 millions de vues. L’hypnothérapeute bretonne y dénonce « la traque aux conducteurs », le « nouveau contrôle technique », la « hausse du prix du carburant », la « chasse aux véhicules diesel » ou encore l' »augmentation du nombre de radars ». Et s’insurge : « Mais qu’est-ce que vous faites du pognon des Français ? » Avant même le premier samedi de mobilisation, elle devient une figure des « gilets jaunes », notamment en réclamant le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune.
    Que devient-elle ? « Au quotidien, le mouvement a radicalement changé ma vie, répond-elle à franceinfo. Je vis perpétuellement avec des menaces de mort. J’en ai encore reçu cet été. A Paris, je ne sors jamais seule. » Elle a été contrainte de mettre fin à son activité d’hypnothérapeute à domicile. « Quand je prends rendez-vous, je ne sais pas si je vais me rendre dans un nid de ‘gilets jaunes’ qui va me décapiter, parce que j’ai déjà eu ce genre de menaces, explique-t-elle. Professionnellement, je n’arrive pas à m’en sortir. Je poursuis mes activités musicales, je donne des cours de piano, je fais des thés dansants. Mais cela ne suffit pas. Je vis avec largement moins de 500 euros par mois. » Et de conclure : « Le mouvement des ‘gilets jaunes’ m’a ruinée. »

    Ces déboires ne l’empêchent pas de se mobiliser. Elle est devenue porte-parole du comité Bastille, un groupe qui prône la fin de l’impôt sur le revenu et la taxation des actionnaires. Jacline Mouraud a également fondé, en janvier 2019, le parti Les Emergents, mais elle ne compte pas se présenter aux municipales. « Pour se lancer dans une élection, il faut s’investir à 100%. Et là, je n’ai pas le temps. »

  • Maxime Nicolle, alias « Fly Rider », journaliste et « gilet jaune »
    Maxime Nicolle, alias \ »Fly Rider\ », l\’une des figures des \ »gilets jaunes\ ».Maxime Nicolle, alias « Fly Rider », l’une des figures des « gilets jaunes ». (ALAIN JOCARD / AFP)
    Comment s’est-il fait connaître ? Lorsqu’il publie, mi-octobre 2018, une vidéo sur Facebook dans laquelle il critique la politique d’Emmanuel Macron, Maxime Nicolle, alias « Fly Rider », ne s’attend pas à être vu par des centaines de milliers de personnes. « J’ai eu tellement de demandes d’amis que j’ai dû créer un groupe », raconte-t-il à franceinfo. Suivent des dizaines de vidéos en direct, l' »acte I » des « gilets jaunes » sur les Champs-Elysées et un passage dans l’émission de Cyril Hanouna, qui achèvent de faire de ce trentenaire costarmoricain l’une des figures les plus connues du mouvement. « A partir de là, j’ai eu des dizaines de milliers de personnes qui se sont abonnées », se rappelle-t-il. Aujourd’hui, 165 000 personnes sont membres de son groupe sur Facebook.

    Certains me jugent responsable de toutes les misères du monde parce qu’on a mis en avant certains problèmes et qu’on a pointé du doigt les responsables.
    Maxime Nicolle
    à franceinfo

    Que devient-il ? Comme beaucoup de « gilets jaunes », il lui a été difficile de reprendre une activité professionnelle normale. « Aujourd’hui, je travaille pour Quartier général, un média indépendant lancé par Aude Lancelin. Je crée des reportages, des émissions… explique celui qui espère, un jour, être titulaire de la carte de presse. Une chose est sûre : je n’ai pas envie de me monter la tête, je veux rester comme tout le monde. La seule chose qui me différencie, c’est que les médias ont mis leur grappin sur moi. »

    Son regard sur le mouvement, un an après. Malgré ses nouvelles activités de journaliste indépendant, Maxime Nicolle reste plus que jamais mobilisé. « Un sondage sorti récemment indique que 76% des gens pensent que le mouvement peut renaître. Le deuxième souffle sera peut-être beaucoup plus puissant ! » prévient-il. Maxime Nicolle assure qu’il continuera de se mobiliser « jusqu’à ce qu’ils [l]’enferment dans un quartier ultrasécurisé » et malgré « la « répression policière » dont sont victimes les manifestants.

  • Jérôme Rodrigues, « martyr » qui œuvre à la structuration du mouvement

    Le \ »gilet jaune\ » Jérôme Rodrigues lors d\’une manifestation à Nantes (Loire-Atlantique) réclamant justice pour Steve Maia Caniço, le 20 juillet 2019.Le « gilet jaune » Jérôme Rodrigues lors d’une manifestation à Nantes (Loire-Atlantique) réclamant justice pour Steve Maia Caniço, le 20 juillet 2019.
    Comment s’est-il fait connaître ? Jérôme Rodrigues a été érigé au rang de « martyr » par nombre de « gilets jaunes » après avoir perdu un œil, le 26 janvier. A l’origine du drame, un tir de LBD lors d’une manifestation, place de la Bastille, à Paris. Depuis, il est en première ligne dans les cortèges et multiplie les interventions sur les plateaux.

    Que devient-il ? « Le 26 janvier a eu un impact sur ma vie », lance-t-il à franceinfo. Il le livre sans détour : « Ma vie est un immense chantier à tous les niveaux : personnel, professionnel… » Après avoir travaillé dans la vente pendant vingt ans, Jérôme Rodrigues se réorientait vers la plomberie. Mais, avec un œil en moins, son projet tombe à l’eau. « Je suis en pleine réflexion sur mon avenir professionnel », confie-t-il.

    Comment retrouver un travail en étant la plus grande gueule de France ?
    Jérôme Rodrigues
    En attendant, il boucle les mois comme il peut : « J’arrive à vivre avec la Sécu et mon arrêt de travail. » Et ne montre pas d’inquiétude particulière. « Il m’est arrivé pire dans la vie, de repartir avec trois sacs sous le bras et de rebondir. »

    Son regard sur le mouvement, un an après. Le quadragénaire ne regrette pas ce que le mouvement est devenu depuis la première mobilisation, mais déplore sa « perte de vitesse ». Pour lui, l’heure est à l’organisation et à la dédiabolisation. « Il faut construire, structurer, pouvoir être crédibles auprès du grand public, montrer que nous ne sommes pas que des gueulards », énumère-t-il. C’est dans cette optique qu’avec trois autres « gilets jaunes », dont Priscillia Ludosky, il a réclamé le 28 octobre une rencontre avec Emmanuel Macron. Une initiative qui survient après l’annonce, en juin, d’une ébauche de « socle commun » pour un « puissant organe de contestation collectif ». Pour lui, le mouvement a de l’avenir car « on est tous quelque part ‘gilet jaune’ : ce n’est pas une idéologie, c’est une métaphore ». Et de rappeler l’origine de la mobilisation : « Des gens qui veulent vivre décemment de leur salaire. »

  • Ce ne sont pas les admirateurs de «Poupou» qui diront le contraire. «Pédaler en appuyant sur le frein, c’est compliqué, souffle un conseiller gouvernemental. On est contraint à cet exercice, car on ne peut pas arrêter de pédaler, sinon le pays tombe, et on ne peut pas non plus foncer à cause de la crispation sociale.» L’exécutif décélère donc, en voyant s’accumuler les nuages sur le front social: hôpitaux, étudiants, pompiers, policiers, agents du fisc et, bien sûr, opposants à la réforme des retraites. D’où la crainte, exprimée par un ministre, d’une «convergence dingue: des black blocs, de l’extrême gauche, de l’ultra-jaune (sic!) radicalisée et les modules classiques de la SNCF et de la RATP, plus des secteurs en colère comme la police». Un conseiller du premier ministre modère: «La coagulation des colères, on l’annonce depuis deux ans, sans qu’elle n’arrive. Les travailleurs vont-ils défiler pour défendre les régimes spéciaux de la RATP? Ça reste à voir…»

  • A l’occasion d’une prise de parole lors d’une visite à Épernay, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé un «plan d’urgence» pour la transformation de l’hôpital public, actuellement en crise.

    Crise des hôpitaux: le public peine à attirer et fidéliser les médecins
    Alors qu’une manifestation des professionnels de santé avait lieu ce jeudi dans les rues de Paris, Emmanuel Macron a annoncé avoir entendu leur colère et leur indignation. « Cette situation n’a pas commencé il y a un mois, six mois ou un an. Nous en héritons et elle est le résultat d’années de mise sous tension de l’hôpital et de désorganisations collectives», a déclaré le président de la République, qui a également constaté que les soignants se sont «éloignés de leur métier, épuisés, n’y trouvant plus de sens».

  • Le chef de l’État a d’abord défendu les décisions de l’exécutif concernant la santé depuis son élection en 2017. «Nous avons interrompu la spirale déflationniste des tarifs hospitaliers, nous avons mis fin au numerus clausus, et nous avons misé sur de nouveaux métiers» a-t-il argumenté.

    Un budget «sur plusieurs années »

    Mais estimant que le plan, intitulé Ma Santé 2022, «ne va pas assez vite», Emmanuel Macron a annoncé de nouvelles mesures ainsi que des financements supplémentaires. «Ce ne sont pas des dépenses courantes, c’est investir dans la santé de nos concitoyens». Le plan d’urgence «complètera ce qui a été annoncé» pour une «transformation accélérée» du système médical public français. Les investissements «sur plusieurs années» toucheront les moyens matériels et les questions liées au personnel (emploi, rémunération), même si une «révolution» est nécessaire, car «plus de moyen sur un système qui ne marche plus, cela ne sert à rien; on colmate». «Il faudra regrouper certains services, réorganiser» a prévenu Emmanuel Macron, ajoutant «assumer les restructurations quand elles sont nécessaires».

    Emmanuel Macron: «Les bonnes décisions ont été prises, mais il faut du temps pour les mettre en œuvre»

  • «La soumission de l’hôpital aux logiques technocratiques est une trahison»
    Aucun montant, aucune décision concrète n’ont cependant été annoncées : les détails du plan, «les montants, l’ampleur, les modalités techniques et le calendrier»; doivent être dévoilés par Edouard Philippe, après le prochain conseil des ministres, qui aura lieu mercredi prochain 20 novembre.

  • Après ses dix ans d’études de médecine, le jeune Dr Dubois * s’est retrouvé chef de clinique en neuroradiologie interventionnelle à l’hôpital public. «J’adorais ce que je faisais, j’avais acquis une expertise sur des gestes très précis, sur une technique de pointe. Mais j’ai quitté l’hôpital public à regret, pour le privé. Car, à 30 ans passés, je fondais une famille, il fallait bien commencer à gagner ma vie, et le privé était beaucoup plus attractif», raconte-t-il. Au-delà des salaires, les conditions de vie étaient aussi plus attirantes. «On travaille beaucoup dans le privé, mais c’est plus souple, plus flexible, il n’y a pas les lourdeurs administratives, le carcan des statuts», précise-t-il.

  • L’affaire est surprenante. Fin 2017, un salarié de La Redoute du site logistique de Wattrelos avait été mis à pied un jour pour avoir mangé une clémentine en dehors de son temps de pause. Il avait alors perdu 70 euros de salaire brut avant de contester la décision devant le conseil des prud’hommes. Son argument de défense : sa pause avait été prise lors d’un arrêt de la chaîne de production, une micro-panne et il avait «diligemment» déposé ses épluchures sur son bureau. La direction avait alors jugé qu’il risquait de détériorer son outil de travail.
    Mis à pied par La Redoute, le salarié juge la décision «scandaleuse »

  • Sous une intense pluie de pavés, un camion des forces de l’ordre puis deux font demi-tour sur la Via Laietana, ce soir du samedi 26 octobre à Barcelone (Espagne). Les policiers stationnés à quelques pas de là, seulement protégés par quelques boucliers de plexiglas, sont eux aussi rapidement contraints de battre en retraite face aux dizaines d’indépendantistes catalans encapuchonnés et visiblement violents qui s’avancent dans leur direction.

    Dans les commentaires de la vidéo de la scène publiée sur Facebook, Nadine applaudit : « Grand soutien du [département] 57 ! Ils ne lâchent pas, nous non plus on ne lâche rien. Ahou Ahou, ‘gilets jaunes’ ! » « Faut les prendre de chaque côté, bravo ! » renchérit Roselyne. « Bravo aux Catalans ! Eux au moins ne reculent pas devant les boucliers, et vous noterez qu’ils n’ont pas tous un portable à la main pour filmer comme en France ! Chapeau ! » ajoute Claudine.

    Ces trois réflexions sont loin d’être isolées. Alors que le mouvement des « gilets jaunes » s’apprête à fêter sa première année d’existence, de nombreux sympathisants observent quotidiennement, sur des pages et des groupes Facebook, les récentes scènes de révolte à Hong Kong, au Liban, en Catalogne ou au Chili. Et n’hésitent pas à les commenter avec admiration, nostalgie, voire convoitise.

  • Inspiration d’initiatives étrangères et débats
    « Les événements en cours à l’étranger intéressent beaucoup nos lecteurs », confirme Nathalie, membre du collectif marqué à gauche Cerveaux non disponibles, dont la popularité de la page Facebook a explosé avec l’émergence du mouvement des « gilets jaunes » (près de 117 000 abonnés). La militante dit avoir réalisé l’engouement de son audience pour les mouvements sociaux à l’étranger après avoir diffusé en direct sur sa page une manifestation étudiante lors d’un séjour à Athènes, en Grèce, en juillet. « Ce live a complètement dépassé nos espérances : plusieurs dizaines de milliers de personnes l’ont suivi, laissaient des messages d’encouragement… On s’est dit qu’il se passait vraiment quelque chose », se souvient Nathalie.

    Les réactions des sympathisants du mouvement des « gilets jaunes » aux publications qui concernent les manifestations en dehors des frontières françaises sont souvent de même nature. Outre le soutien aux revendications locales exprimées, ou le parti pris pour les opposants qui affrontent la police, certains « gilets » invitent parfois leurs camarades à s’inspirer d’initiatives étrangères… avant que d’autres ne leur répondent de ne pas se faire d’illusions sur la capacité du mouvement à provoquer à nouveau des mobilisations massives.

  • Le parquet de Paris a ouvert, le mardi 5 novembre dernier, une information judiciaire contre X « pour soustraction de documents ou objets concernant un crime ou un délit en vue de faire obstacle à la manifestation de la vérité », afin de faire la lumière dans l’un des principaux angles morts de l’affaire Benalla: la disparition de son coffre-fort, a appris franceinfo auprès du parquet de Paris jeudi. Cela signifie que l’enquête est désormais confiée à un juge d’instruction.

    Le 15 février dernier, le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire pour « entrave à la manifestation de la vérité ».

  • Un coffre-fort contenant des armes
    Les investigations portent notamment sur le mystérieux coffre-fort que l’ex-chargé de mission à l’Élysée possédait à son domicile pour stocker ses armes. Des propos d’Alexandre Benalla en garde à vue cet été puis de récents articles de presse, notamment de Libération, ont laissé entendre qu’il avait sollicité un tiers pour le faire disparaître de chez lui.

    Quelques jours après le début de l’affaire des violences commises le 1er mai, le parquet avait d’abord refusé d’élargir le champ des investigations pour rechercher ce coffre-fort, comme le lui demandait un avocat de partie civile.

    A l’époque, le ministère public avait estimé qu’il n’y avait pas lieu d’étendre l’enquête puisqu’aucune infraction en lien avec des armes n’était reprochée à l’ancien homme fort du dispositif sécuritaire autour d’Emmanuel Macron.

    Au total, cinq procédures judiciaires ont été ouvertes dans la tentaculaire affaire Benalla. Ce dernier a été mis en examen à ce stade dans deux volets, portant sur des violences commises en marge du défilé du 1er-Mai 2018 et sur son usage abusif de ses passeports

  • Faut-il continuer de prescrire de la kinésithérapie respiratoire pour soigner la bronchiolite ? Dans de nouvelles recommandations présentées jeudi 14 novembre, la Haute Autorité de santé (HAS) écarte cette pratique, pourtant largement prescrite en France pour soulager les nourrissons.

    La bronchiolite est une affection respiratoire fréquente, qui touche 30% des bébés de moins de 2 ans chaque hiver, soit 480 000 cas par an, selon les estimations officielles. Causée par un virus, elle est très contagieuse, mais le plus souvent bénigne.

    >> Pas de kiné respiratoire, lavage de nez… Les nouvelles recommandations pour soigner la bronchiolite des bébés

    Selon ces directives, qui concernent uniquement les bébés de moins de 12 mois, la kiné respiratoire n’est pas recommandée, voire est contre-indiquée. En effet, la HAS souligne que les études n’ont pas apporté de preuve scientifique de l’efficacité de cette pratique contre la bronchiolite.

  • « Le kiné, c’est l’interlocuteur de premier recours »
    Le débat sur la kiné respiratoire n’est pas nouveau. En 2012, la revue Prescrire avait jugé qu’elle n’était pas efficace contre la bronchiolite, ce qui avait provoqué les protestations des kinés. Contactés par franceinfo, des représentants de kinésithérapeutes défendent leurs pratiques. « Le rapport ne dit pas qu’il ne faut pas prescrire de soins de kiné. Le kiné, c’est l’interlocuteur de premier recours, celui qui va pouvoir voir l’enfant tous les jours, l’évaluer en permanence et éventuellement orienter vers les urgences », affirme Pascale Mathieu, présidente de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes.

    Elle rappelle que la kinésithérapie respiratoire ne se limite pas au désencombrement bronchique – non recommandé – et assure que les techniques contre-indiquées – le clapping et la vibration – ne sont plus pratiquées depuis des années. « Il ne faut pas cantonner la kiné respiratoire à des manœuvres de drainage bronchique, il y a le mouchage, l’auscultation, la surveillance et l’éducation des parents », appuie-t-elle.

    Président de la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs, Sébastien Guérard pointe le manque d’études sur le sujet. « Le mal dont souffre la kinésithérapie aujourd’hui, c’est l’absence d’études étayées », estime-t-il. Selon lui, la « plupart des études » sur lesquelles s’est appuyée la HAS concernent des nourrissons hospitalisés, en « phase hyper aiguë », et n’ont donc « rien à voir avec ce qui se pratique en cabinet ». « On ne parle pas de la même maladie », assure-t-il. Lui constate au quotidien l’efficacité de ses soins : « L’enfant est soulagé, il respire mieux après la séance et se porte mieux. Ce n’est pas une technique agressive. »

  • « Les données sont insuffisantes »
    De fait, dans l’argumentaire scientifique qui accompagne ses recommandations, la HAS cite 12 études, dont deux seulement effectuées en milieu libéral. Si elle note « une tendance à l’amélioration du score clinique », elle estime que « les données sont insuffisantes pour cibler avec exactitude cette sous-population ». Elle souligne donc « la nécessité de poursuivre la recherche et de mener des études permettant de mesurer l’impact de cette technique [appelée « augmentation du flux expiratoire »], en particulier sur le recours aux hospitalisations ».

    Le pédiatre Christophe Marguet, qui a participé au groupe de travail de la HAS, reconnaît au micro de franceinfo qu' »il nous manque des études en ambulatoire, pour les personnes qui ne viennent pas à l’hôpital et qui peuvent garder leur bébé à la maison. Dans la mesure où l’on n’a pas de données, on ne peut pas recommander la kinésithérapie respiratoire. »

    Les deux kinésithérapeutes que nous avons interrogés insistent enfin sur le rôle de leur profession pour éviter l’engorgement des urgences. « La kiné respiratoire est régulièrement mise à mal, mais elle évite un nombre conséquent de passages aux urgences », estime Sébastien Guérard. Pour Pascale Mathieu, « si on arrêtait cette prise en charge, il y aurait un recours massif aux urgences de parents très inquiets ».

  • Les figures médiatiques du mouvement ont en tout cas bien compris l’intérêt de leurs abonnés pour ces sujets. Sur sa page « La France en colère !!! », qui réunit près de 289 000 « gilets jaunes », Eric Drouet a récemment réagi au remaniement gouvernemental annoncé par Sebastian Piñera au Chili. De son côté, Maxime Nicolle a lancé, dès le début de l’année, un groupe baptisé « Fly Rider Yellow Jacket International News ». D’abord destiné à partager des vidéos de manifestants se revendiquant des « gilets jaunes » à l’étranger, le groupe sert désormais surtout de plateforme de discussion autour des différents mouvements sociaux internationaux.

    Gabin Formont est allé encore plus loin. Agacé par la « désinformation des médias » à propos des « gilets jaunes », le jeune homme avait lancé en décembre 2018 la page « Vécu », pour couvrir en direct les rassemblements du samedi. Mais au fil des mois, son « média du ‘gilet jaune' » a réorienté son activité pour devenir un « média citoyen à vocation internationale », qui « tente d’accompagner les luttes sociales qui se propagent à travers le monde ».

  • « Facebook est propice à l’opinion brute »
    Gabin Formont n’hésite ainsi pas à se rendre à Barcelone pour couvrir les rassemblements des militants catalans pro-indépendance, et un membre de son équipe se trouve même à Hong Kong, où il diffuse régulièrement en direct des images des défilés anti-Pékin. Là encore, ces directs vidéos sont commentés par des « gilets jaunes » qui louent souvent les mérites des manifestants face aux forces de l’ordre. Après avoir, dans un premier temps, accepté d’évoquer son activité, Gabin Formont a finalement refusé de répondre aux questions de franceinfo, invoquant son souhait de « rester en dehors de la stratégie des médias mainstream ».

  • Des « gilets jaunes » défilent en solidarité avec les manifestants chiliens, le 26 octobre 2019 à Paris.
    Un second vote sur l’amendement qui accorde un avantage fiscal à l’huile de palme organisé à l’Assemblée

    Sous une intense pluie de pavés, un camion des forces de l’ordre puis deux font demi-tour sur la Via Laietana, ce soir du samedi 26 octobre à Barcelone (Espagne). Les policiers stationnés à quelques pas de là, seulement protégés par quelques boucliers de plexiglas, sont eux aussi rapidement contraints de battre en retraite face aux dizaines d’indépendantistes catalans encapuchonnés et visiblement violents qui s’avancent dans leur direction.

    Dans les commentaires de la vidéo de la scène publiée sur Facebook, Nadine applaudit : « Grand soutien du [département] 57 ! Ils ne lâchent pas, nous non plus on ne lâche rien. Ahou Ahou, ‘gilets jaunes’ ! » « Faut les prendre de chaque côté, bravo ! » renchérit Roselyne. « Bravo aux Catalans ! Eux au moins ne reculent pas devant les boucliers, et vous noterez qu’ils n’ont pas tous un portable à la main pour filmer comme en France ! Chapeau ! » ajoute Claudine.

    Ces trois réflexions sont loin d’être isolées. Alors que le mouvement des « gilets jaunes » s’apprête à fêter sa première année d’existence, de nombreux sympathisants observent quotidiennement, sur des pages et des groupes Facebook, les récentes scènes de révolte à Hong Kong, au Liban, en Catalogne ou au Chili. Et n’hésitent pas à les commenter avec admiration, nostalgie, voire convoitise.

    Inspiration d’initiatives étrangères et débats
    « Les événements en cours à l’étranger intéressent beaucoup nos lecteurs », confirme Nathalie, membre du collectif marqué à gauche Cerveaux non disponibles, dont la popularité de la page Facebook a explosé avec l’émergence du mouvement des « gilets jaunes » (près de 117 000 abonnés). La militante dit avoir réalisé l’engouement de son audience pour les mouvements sociaux à l’étranger après avoir diffusé en direct sur sa page une manifestation étudiante lors d’un séjour à Athènes, en Grèce, en juillet. « Ce live a complètement dépassé nos espérances : plusieurs dizaines de milliers de personnes l’ont suivi, laissaient des messages d’encouragement… On s’est dit qu’il se passait vraiment quelque chose », se souvient Nathalie.

    Les réactions des sympathisants du mouvement des « gilets jaunes » aux publications qui concernent les manifestations en dehors des frontières françaises sont souvent de même nature. Outre le soutien aux revendications locales exprimées, ou le parti pris pour les opposants qui affrontent la police, certains « gilets » invitent parfois leurs camarades à s’inspirer d’initiatives étrangères… avant que d’autres ne leur répondent de ne pas se faire d’illusions sur la capacité du mouvement à provoquer à nouveau des mobilisations massives.

    Les figures médiatiques du mouvement ont en tout cas bien compris l’intérêt de leurs abonnés pour ces sujets. Sur sa page « La France en colère !!! », qui réunit près de 289 000 « gilets jaunes », Eric Drouet a récemment réagi au remaniement gouvernemental annoncé par Sebastian Piñera au Chili. De son côté, Maxime Nicolle a lancé, dès le début de l’année, un groupe baptisé « Fly Rider Yellow Jacket International News ». D’abord destiné à partager des vidéos de manifestants se revendiquant des « gilets jaunes » à l’étranger, le groupe sert désormais surtout de plateforme de discussion autour des différents mouvements sociaux internationaux.

    Gabin Formont est allé encore plus loin. Agacé par la « désinformation des médias » à propos des « gilets jaunes », le jeune homme avait lancé en décembre 2018 la page « Vécu », pour couvrir en direct les rassemblements du samedi. Mais au fil des mois, son « média du ‘gilet jaune' » a réorienté son activité pour devenir un « média citoyen à vocation internationale », qui « tente d’accompagner les luttes sociales qui se propagent à travers le monde ».

    « Facebook est propice à l’opinion brute »
    Gabin Formont n’hésite ainsi pas à se rendre à Barcelone pour couvrir les rassemblements des militants catalans pro-indépendance, et un membre de son équipe se trouve même à Hong Kong, où il diffuse régulièrement en direct des images des défilés anti-Pékin. Là encore, ces directs vidéos sont commentés par des « gilets jaunes » qui louent souvent les mérites des manifestants face aux forces de l’ordre. Après avoir, dans un premier temps, accepté d’évoquer son activité, Gabin Formont a finalement refusé de répondre aux questions de franceinfo, invoquant son souhait de « rester en dehors de la stratégie des médias mainstream ».

    « On arrive bientôt au premier anniversaire du mouvement, et on constate que dans le monde, les peuples se révoltent soit face à la corruption de leurs élites, soit face au capitalisme. Forcément, on y voit des similitudes avec ce qu’il se passe en France », indique à franceinfo Maxime Nicolle pour expliquer l’engouement des « gilets jaunes » pour ces sujets. « Ce qui revient souvent chez les ‘gilets jaunes’ que j’interroge à ce sujet est que ces mobilisations leur donnent de l’espoir », abonde Nathalie, du collectif Cerveaux non disponibles.

    Au-delà des différences entre les mobilisations, les gens sont sensibles à la répression judiciaire et policière. Ils sont choqués de constater que partout dans le monde, on peut subir des violences pour avoir voulu exprimer ses idées.
    Nathalie, du collectif Cerveaux non disponibles
    à franceinfo

  • Docteure en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lille, Coralie Le Caroff explique, de son côté, la célébration de la violence envers les forces de l’ordre, que l’on peut souvent retrouver dans les commentaires de certaines vidéos partagées par les « gilets jaunes », par la nature du réseau social. « Facebook est un espace propice à l’opinion brute, à la réaction. Le format vidéo, et particulièrement le direct, autorise un commentaire plutôt court qui ne nécessite pas d’expertise particulière pour être considéré comme valable. On va donc observer beaucoup de messages d’encouragements, qui révèlent une certaine stimulation dans la lutte », analyse celle qui a par ailleurs consacré une thèse à la question de la participation autour de l’actualité sur Facebook.

  • Des « gilets jaunes » défilent en solidarité avec les manifestants chiliens, le 26 octobre 2019 à Paris.
    Un second vote sur l’amendement qui accorde un avantage fiscal à l’huile de palme organisé à l’Assemblée

    Sous une intense pluie de pavés, un camion des forces de l’ordre puis deux font demi-tour sur la Via Laietana, ce soir du samedi 26 octobre à Barcelone (Espagne). Les policiers stationnés à quelques pas de là, seulement protégés par quelques boucliers de plexiglas, sont eux aussi rapidement contraints de battre en retraite face aux dizaines d’indépendantistes catalans encapuchonnés et visiblement violents qui s’avancent dans leur direction.

    Dans les commentaires de la vidéo de la scène publiée sur Facebook, Nadine applaudit : « Grand soutien du [département] 57 ! Ils ne lâchent pas, nous non plus on ne lâche rien. Ahou Ahou, ‘gilets jaunes’ ! » « Faut les prendre de chaque côté, bravo ! » renchérit Roselyne. « Bravo aux Catalans ! Eux au moins ne reculent pas devant les boucliers, et vous noterez qu’ils n’ont pas tous un portable à la main pour filmer comme en France ! Chapeau ! » ajoute Claudine.

    Ces trois réflexions sont loin d’être isolées. Alors que le mouvement des « gilets jaunes » s’apprête à fêter sa première année d’existence, de nombreux sympathisants observent quotidiennement, sur des pages et des groupes Facebook, les récentes scènes de révolte à Hong Kong, au Liban, en Catalogne ou au Chili. Et n’hésitent pas à les commenter avec admiration, nostalgie, voire convoitise.

    Inspiration d’initiatives étrangères et débats
    « Les événements en cours à l’étranger intéressent beaucoup nos lecteurs », confirme Nathalie, membre du collectif marqué à gauche Cerveaux non disponibles, dont la popularité de la page Facebook a explosé avec l’émergence du mouvement des « gilets jaunes » (près de 117 000 abonnés). La militante dit avoir réalisé l’engouement de son audience pour les mouvements sociaux à l’étranger après avoir diffusé en direct sur sa page une manifestation étudiante lors d’un séjour à Athènes, en Grèce, en juillet. « Ce live a complètement dépassé nos espérances : plusieurs dizaines de milliers de personnes l’ont suivi, laissaient des messages d’encouragement… On s’est dit qu’il se passait vraiment quelque chose », se souvient Nathalie.

    Les réactions des sympathisants du mouvement des « gilets jaunes » aux publications qui concernent les manifestations en dehors des frontières françaises sont souvent de même nature. Outre le soutien aux revendications locales exprimées, ou le parti pris pour les opposants qui affrontent la police, certains « gilets » invitent parfois leurs camarades à s’inspirer d’initiatives étrangères… avant que d’autres ne leur répondent de ne pas se faire d’illusions sur la capacité du mouvement à provoquer à nouveau des mobilisations massives.

    Les figures médiatiques du mouvement ont en tout cas bien compris l’intérêt de leurs abonnés pour ces sujets. Sur sa page « La France en colère !!! », qui réunit près de 289 000 « gilets jaunes », Eric Drouet a récemment réagi au remaniement gouvernemental annoncé par Sebastian Piñera au Chili. De son côté, Maxime Nicolle a lancé, dès le début de l’année, un groupe baptisé « Fly Rider Yellow Jacket International News ». D’abord destiné à partager des vidéos de manifestants se revendiquant des « gilets jaunes » à l’étranger, le groupe sert désormais surtout de plateforme de discussion autour des différents mouvements sociaux internationaux.

    Gabin Formont est allé encore plus loin. Agacé par la « désinformation des médias » à propos des « gilets jaunes », le jeune homme avait lancé en décembre 2018 la page « Vécu », pour couvrir en direct les rassemblements du samedi. Mais au fil des mois, son « média du ‘gilet jaune' » a réorienté son activité pour devenir un « média citoyen à vocation internationale », qui « tente d’accompagner les luttes sociales qui se propagent à travers le monde ».

    « Facebook est propice à l’opinion brute »
    Gabin Formont n’hésite ainsi pas à se rendre à Barcelone pour couvrir les rassemblements des militants catalans pro-indépendance, et un membre de son équipe se trouve même à Hong Kong, où il diffuse régulièrement en direct des images des défilés anti-Pékin. Là encore, ces directs vidéos sont commentés par des « gilets jaunes » qui louent souvent les mérites des manifestants face aux forces de l’ordre. Après avoir, dans un premier temps, accepté d’évoquer son activité, Gabin Formont a finalement refusé de répondre aux questions de franceinfo, invoquant son souhait de « rester en dehors de la stratégie des médias mainstream ».

    « On arrive bientôt au premier anniversaire du mouvement, et on constate que dans le monde, les peuples se révoltent soit face à la corruption de leurs élites, soit face au capitalisme. Forcément, on y voit des similitudes avec ce qu’il se passe en France », indique à franceinfo Maxime Nicolle pour expliquer l’engouement des « gilets jaunes » pour ces sujets. « Ce qui revient souvent chez les ‘gilets jaunes’ que j’interroge à ce sujet est que ces mobilisations leur donnent de l’espoir », abonde Nathalie, du collectif Cerveaux non disponibles.

    Au-delà des différences entre les mobilisations, les gens sont sensibles à la répression judiciaire et policière. Ils sont choqués de constater que partout dans le monde, on peut subir des violences pour avoir voulu exprimer ses idées.
    Nathalie, du collectif Cerveaux non disponibles
    à franceinfo

    Docteure en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lille, Coralie Le Caroff explique, de son côté, la célébration de la violence envers les forces de l’ordre, que l’on peut souvent retrouver dans les commentaires de certaines vidéos partagées par les « gilets jaunes », par la nature du réseau social. « Facebook est un espace propice à l’opinion brute, à la réaction. Le format vidéo, et particulièrement le direct, autorise un commentaire plutôt court qui ne nécessite pas d’expertise particulière pour être considéré comme valable. On va donc observer beaucoup de messages d’encouragements, qui révèlent une certaine stimulation dans la lutte », analyse celle qui a par ailleurs consacré une thèse à la question de la participation autour de l’actualité sur Facebook.

    « Faire le lien entre les ronds-points et les manifestations monstres à l’international »
    L’intérêt des « gilets jaunes » pour les révoltes internationales « est dû au durcissement du conflit en France, qui entre en résonance directe avec la conflictualité qui explose aux quatre coins du globe », ajoute Laurent Thiong-Kay doctorant en sciences humaines et sociales à l’université Toulouse-3 et coauteur d’un rapport sur la structuration en ligne du mouvement des « gilets jaunes ». « Cette résonance est également due à un répertoire d’actions visant à réinvestir l’espace public : les internautes font le lien entre les ronds-points et les manifestations monstres que l’on voit à l’international », précise le chercheur.

    Pas étonnant donc de voir cette solidarité envers des mobilisations pourtant géographiquement lointaines, et aux motifs disparates, se retrouver également sur le terrain. Samedi 27 octobre, certains « gilets jaunes » ont profité de la manifestation organisée à Paris pour apporter leur soutien au mouvement de révolte au Chili.

  • Une manière de s’inscrire dans ce que l’historienne Mathilde Larrère, spécialiste des mouvements révolutionnaires au XIXe siècle, décrit comme la « citation révolutionnaire ». « On fait référence aux autres pays en lutte. Apprendre à Beyrouth que le peuple se soulève au Chili, puis au Chili qu’il se lève en Equateur rend aussi la contestation légitime. Et on se dit qu’elle est possible puisque d’autres le font », expliquait-elle dans un récent entretien à franceinfo.

    Comme Laurent Thiong-Kay, la docteure en sciences de l’information Coralie Le Caroff note toutefois que la question internationale n’est pas devenue « la préoccupation centrale » des « gilets jaunes » sur Facebook. De fait, lorsqu’on l’interroge sur l’engouement des sympathisants du mouvement sur les révoltes étrangères, Maxime Nicolle ne met que quelques secondes pour revenir sur la situation française. Et de promettre une « fin d’année compliquée pour Emmanuel Macron », en faisant référence au mouvement de grève contre la réforme des retraites du 5 décembre auquel des « gilets jaunes » ont d’ores et déjà promis de se joindre.

  • Ce 7 avril 2018, une grosse berline allemande dépose Ségolène Royal à Selles-sur-Cher (Loir-et-Cher) où l’attendent le préfet, un sénateur, un député, quelques élus locaux et une foule de badauds. Le temps de couper le ruban d’une inauguration de chaufferie, la voici repartie, suivie par deux collaborateurs pour une visite du zoo de Beauval, avant d’aller passer la nuit dans une suite du château de Selles-sur Cher.

    La nouvelle vie de Ségolène Royal ressemble parfois à s’y méprendre à l’ancienne, celle qu’elle menait quand elle était encore ministre de l’Environnement. L’ancienne candidate PS à la présidentielle de 2007 continue de multiplier les déplacements en province, les séances de dédicace de ses ouvrages et les opérations de promotion de sa fondation, Désirs d’avenir pour la planète, créée en février 2018. Pourtant, la seule fonction officielle qu’on lui connaisse est celle d’ambassadrice chargée de la négociation internationale sur les pôles Arctique et Antarctique. Un poste sur lequel elle été nommée par Emmanuel Macron en juillet 2017, prenant ainsi la succession de Michel Rocard, décédé un an plus tôt.

  • Une ex-ministre qui continue d’inaugurer « ses » réalisations en province
    Pour continuer à être présente sur le terrain, Ségolène Royal a une méthode : elle inaugure des réalisations qu’elle a lancées du temps où elle était ministre de l’Environnement dans le cadre des TEPCV (territoires à énergie positive pour la croissance verte). Ce dispositif permettait aux collectivités d’obtenir une aide de l’État pour des projets très variés, allant de la rénovation de bâtiments à la création de ruches dans les écoles. Plus de 200 communes en ont bénéficié, devenant autant de possibilités d’invitations pour Ségolène Royal. Outre Selles-sur-Cher, on l’a ainsi vue ces derniers mois inaugurer une aire de covoiturage à Confrançon, dans l’Ain, ou couper le ruban de la nouvelle mairie de Gerde, dans les Hautes-Pyrénées.

  • Ces déplacements n’ont pas échappé à l’époque au cabinet de son successeur, Nicolas Hulot, qui les regardait d’un œil un brin agacé. « Les TEPCV, c’était bien sur le principe, se souvient un ancien membre de l’équipe Hulot, mais quand on est arrivés, on s’est rendu compte qu’il manquait les deux tiers de l’argent. C’étaient des projets lancés en fin de quinquennat, pas financés. Ils avaient signé des chèques en blanc, et nous, il fallait qu’on les honore ! Pendant qu’elle coupait les rubans et posait pour la photo, nous on se battait avec Bercy pour récupérer les crédits. Forcément, ça nous a un peu agacés. » Ségolène Royal, de son côté, a assuré que les crédits existaient bel et bien, dans une lettre ouverte qu’elle concluait en expliquant aux élus locaux qu’elle serait « toujours heureuse de venir voir la réalisation de [leurs] projets pour [les] encourager et [les] féliciter ».

  • Des membres de son cabinet sur les déplacements en province et les dédicaces de son livre
    Sur la plupart de ces déplacements, Ségolène Royal est rarement seule. Elle est presque toujours accompagnée de son assistante personnelle, qui la suit depuis l’époque où elle était députée, ou de son conseiller en communication. Ces deux salariés à plein temps font partie des moyens que Ségolène Royal a obtenus lors de sa nomination comme ambassadrice. Elle peut également régulièrement compter sur un troisième collaborateur, chargé de mission, embauché pour des missions en CDD de six mois. Si tous sont contractuels du ministère des Affaires étrangères, tous ont été vus ces 18 derniers mois accompagnant Ségolène Royal sur des événements sans rapport apparent avec sa mission d’ambassadrice. On retrouve ainsi son assistante personnelle le 4 juin 2018 pour une visite d’usine et une inauguration d’hôpital en Poitou-Charentes. Son conseiller en communication était quant à lui présent dans l’Ain, à Confrançon, pour l’inauguration d’une aire de covoiturage, ou pour celle du salon Cosmetic 360 à Paris en octobre 2019. Mais ce ne sont pas là leurs seules tâches qui interrogent.

  • L’un comme l’autre se sont impliqués dans la promotion du dernier livre de Ségolène Royal Ce que je peux enfin vous dire (Fayard, 2019). D’après les informations de la cellule investigation de Radio France, sa collaboratrice du Quai d’Orsay était ainsi à Montpellier et à Poitiers, les 7 et 18 décembre 2018, pour des conférences suivies de séances de dédicaces, puis à Brest le 30 avril 2019. Son conseiller était lui présent à Bruxelles le 11 décembre 2018 et à Canteleu, près de Rouen, le 15 mars 2019 dans le cadre de la tournée littéraire de l’ancienne ministre.

    La nature de ces missions ne semble pas avoir interrogé les collaborateurs de Ségolène Royal : une ancienne chargée de mission, qui a travaillé six mois à ses côtés au ministère des Affaires étrangères, indique ainsi dans le CV qu’elle a mis en ligne qu’elle a participé à l’organisation d’autres conférences de promotion du livre de l’ancienne ministre. Un ancien collaborateur à qui la présence de ses ex-collègues sur ces déplacements n’a pas échappé nous confie, sous couvert d’anonymat : « À sa décharge, elle a toujours été habituée à avoir un staff autour d’elle. Et puis statutairement, ce n’est pas une diplomate lambda, ça paraît compliqué de la voir prendre le métro toute seule pour aller à ses rendez-vous. Mais bon, malgré tout, une ambassadrice ne devrait pas faire ça. »

  • Un collaborateur de l’ambassadrice des pôles en mission… au Sénégal
    Le cabinet de Ségolène Royal a également été mis à contribution pour une autre composante de son activité personnelle : la fondation Désirs d’avenir pour la planète. Créée en février 2018, elle promeut notamment des projets de création de « maternités solaires » en Afrique. Là encore, d’après nos informations, le conseiller communication de Ségolène Royal s’est impliqué personnellement. Un document de l’ambassade France au Sénégal (voir ci-dessous) explique qu’il a effectué un voyage de deux jours pour constater l’avancée des projets en Casamance.

    Document de l’ambassade de France au Sénégal sur les projets en Casamance de la fondation de Ségolène Royal.Document de l’ambassade de France au Sénégal sur les projets en Casamance de la fondation de Ségolène Royal. (TOUS DROITS RÉSERVÉS)
    Deux témoins – qui ont souhaité garder l’anonymat – nous ont par ailleurs confirmé que ce même collaborateur du ministère était leur interlocuteur sur l’appel à projet « Cinéma et climat » lancé par la fondation de Ségolène Royal. Enfin, ce contractuel du Quai d’Orsay est intervenu sur un partenariat noué entre Désirs d’avenir pour la planète et la société Lunéale. Il était d’ailleurs présent sur un événement public organisé à Paris en compagnie d’une chargée de mission de l’ambassadrice des pôles, tous deux présentés comme « l’équipe de Ségolène Royal », par l’association organisatrice.

  • Ségolène Royal, ambassadrice chargée de la négociation internationale sur les pôles arctique et antarctique, inaugure un pôle multimodal à Confrançon (Ain), le 19 octobre 2019.
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    Inondations à Venise : « C’est lié au changement climatique » et « ça doit nous réveiller »

    Ce 7 avril 2018, une grosse berline allemande dépose Ségolène Royal à Selles-sur-Cher (Loir-et-Cher) où l’attendent le préfet, un sénateur, un député, quelques élus locaux et une foule de badauds. Le temps de couper le ruban d’une inauguration de chaufferie, la voici repartie, suivie par deux collaborateurs pour une visite du zoo de Beauval, avant d’aller passer la nuit dans une suite du château de Selles-sur Cher.

    La nouvelle vie de Ségolène Royal ressemble parfois à s’y méprendre à l’ancienne, celle qu’elle menait quand elle était encore ministre de l’Environnement. L’ancienne candidate PS à la présidentielle de 2007 continue de multiplier les déplacements en province, les séances de dédicace de ses ouvrages et les opérations de promotion de sa fondation, Désirs d’avenir pour la planète, créée en février 2018. Pourtant, la seule fonction officielle qu’on lui connaisse est celle d’ambassadrice chargée de la négociation internationale sur les pôles Arctique et Antarctique. Un poste sur lequel elle été nommée par Emmanuel Macron en juillet 2017, prenant ainsi la succession de Michel Rocard, décédé un an plus tôt.

    Mais Ségolène Royal n’a pas lâché le combat politique. Au point de ne jamais totalement évacuer la possibilité d’une nouvelle candidature à la présidentielle (comme dans cette interview sur Radio Canada, aux alentours de 10’45 »), quitte pour cela à n’exercer, semble-t-il, ses fonctions au Quai d’Orsay qu’à temps partiel. Et à utiliser les moyens mis à sa disposition par le ministère des Affaires étrangères à des fins a priori éloignées de leur objet initial. Ce 7 avril 2018 dans le Loir-et-Cher, les deux collaborateurs qui l’accompagnaient étaient en effet son assistante personnelle et son conseiller en communication attachés à son cabinet d’ambassadrice.

    Une ex-ministre qui continue d’inaugurer « ses » réalisations en province
    Pour continuer à être présente sur le terrain, Ségolène Royal a une méthode : elle inaugure des réalisations qu’elle a lancées du temps où elle était ministre de l’Environnement dans le cadre des TEPCV (territoires à énergie positive pour la croissance verte). Ce dispositif permettait aux collectivités d’obtenir une aide de l’État pour des projets très variés, allant de la rénovation de bâtiments à la création de ruches dans les écoles. Plus de 200 communes en ont bénéficié, devenant autant de possibilités d’invitations pour Ségolène Royal. Outre Selles-sur-Cher, on l’a ainsi vue ces derniers mois inaugurer une aire de covoiturage à Confrançon, dans l’Ain, ou couper le ruban de la nouvelle mairie de Gerde, dans les Hautes-Pyrénées.

    Ces déplacements n’ont pas échappé à l’époque au cabinet de son successeur, Nicolas Hulot, qui les regardait d’un œil un brin agacé. « Les TEPCV, c’était bien sur le principe, se souvient un ancien membre de l’équipe Hulot, mais quand on est arrivés, on s’est rendu compte qu’il manquait les deux tiers de l’argent. C’étaient des projets lancés en fin de quinquennat, pas financés. Ils avaient signé des chèques en blanc, et nous, il fallait qu’on les honore ! Pendant qu’elle coupait les rubans et posait pour la photo, nous on se battait avec Bercy pour récupérer les crédits. Forcément, ça nous a un peu agacés. » Ségolène Royal, de son côté, a assuré que les crédits existaient bel et bien, dans une lettre ouverte qu’elle concluait en expliquant aux élus locaux qu’elle serait « toujours heureuse de venir voir la réalisation de [leurs] projets pour [les] encourager et [les] féliciter ».

    Des membres de son cabinet sur les déplacements en province et les dédicaces de son livre
    Sur la plupart de ces déplacements, Ségolène Royal est rarement seule. Elle est presque toujours accompagnée de son assistante personnelle, qui la suit depuis l’époque où elle était députée, ou de son conseiller en communication. Ces deux salariés à plein temps font partie des moyens que Ségolène Royal a obtenus lors de sa nomination comme ambassadrice. Elle peut également régulièrement compter sur un troisième collaborateur, chargé de mission, embauché pour des missions en CDD de six mois. Si tous sont contractuels du ministère des Affaires étrangères, tous ont été vus ces 18 derniers mois accompagnant Ségolène Royal sur des événements sans rapport apparent avec sa mission d’ambassadrice. On retrouve ainsi son assistante personnelle le 4 juin 2018 pour une visite d’usine et une inauguration d’hôpital en Poitou-Charentes. Son conseiller en communication était quant à lui présent dans l’Ain, à Confrançon, pour l’inauguration d’une aire de covoiturage, ou pour celle du salon Cosmetic 360 à Paris en octobre 2019. Mais ce ne sont pas là leurs seules tâches qui interrogent.

    Tweet de Ségolène Royal le 16 décembre 2018 lors d’une dédicace de son livre \ »Ce que je peux enfin vous dire\ », à Rome. Tweet de Ségolène Royal le 16 décembre 2018 lors d’une dédicace de son livre « Ce que je peux enfin vous dire », à Rome. (CAPTURE D’ECRAN TWITTER)
    L’un comme l’autre se sont impliqués dans la promotion du dernier livre de Ségolène Royal Ce que je peux enfin vous dire (Fayard, 2019). D’après les informations de la cellule investigation de Radio France, sa collaboratrice du Quai d’Orsay était ainsi à Montpellier et à Poitiers, les 7 et 18 décembre 2018, pour des conférences suivies de séances de dédicaces, puis à Brest le 30 avril 2019. Son conseiller était lui présent à Bruxelles le 11 décembre 2018 et à Canteleu, près de Rouen, le 15 mars 2019 dans le cadre de la tournée littéraire de l’ancienne ministre.

    La nature de ces missions ne semble pas avoir interrogé les collaborateurs de Ségolène Royal : une ancienne chargée de mission, qui a travaillé six mois à ses côtés au ministère des Affaires étrangères, indique ainsi dans le CV qu’elle a mis en ligne qu’elle a participé à l’organisation d’autres conférences de promotion du livre de l’ancienne ministre. Un ancien collaborateur à qui la présence de ses ex-collègues sur ces déplacements n’a pas échappé nous confie, sous couvert d’anonymat : « À sa décharge, elle a toujours été habituée à avoir un staff autour d’elle. Et puis statutairement, ce n’est pas une diplomate lambda, ça paraît compliqué de la voir prendre le métro toute seule pour aller à ses rendez-vous. Mais bon, malgré tout, une ambassadrice ne devrait pas faire ça. »

    Un collaborateur de l’ambassadrice des pôles en mission… au Sénégal
    Le cabinet de Ségolène Royal a également été mis à contribution pour une autre composante de son activité personnelle : la fondation Désirs d’avenir pour la planète. Créée en février 2018, elle promeut notamment des projets de création de « maternités solaires » en Afrique. Là encore, d’après nos informations, le conseiller communication de Ségolène Royal s’est impliqué personnellement. Un document de l’ambassade France au Sénégal (voir ci-dessous) explique qu’il a effectué un voyage de deux jours pour constater l’avancée des projets en Casamance.

    Document de l’ambassade de France au Sénégal sur les projets en Casamance de la fondation de Ségolène Royal.Document de l’ambassade de France au Sénégal sur les projets en Casamance de la fondation de Ségolène Royal. (TOUS DROITS RÉSERVÉS)
    Deux témoins – qui ont souhaité garder l’anonymat – nous ont par ailleurs confirmé que ce même collaborateur du ministère était leur interlocuteur sur l’appel à projet « Cinéma et climat » lancé par la fondation de Ségolène Royal. Enfin, ce contractuel du Quai d’Orsay est intervenu sur un partenariat noué entre Désirs d’avenir pour la planète et la société Lunéale. Il était d’ailleurs présent sur un événement public organisé à Paris en compagnie d’une chargée de mission de l’ambassadrice des pôles, tous deux présentés comme « l’équipe de Ségolène Royal », par l’association organisatrice.

    Photo de l’évènement “Mon corps, ma planète !”, organisé le 4 mars 2019 à Paris. Les deux personnes à gauche sont des collaborateurs de l’ambassadrice des pôles. Photo de l’évènement “Mon corps, ma planète !”, organisé le 4 mars 2019 à Paris. Les deux personnes à gauche sont des collaborateurs de l’ambassadrice des pôles. (CAPTURE D’ECRAN FACEBOOK LUNEALE)
    Des anciens collaborateurs du ministère toujours à son service
    Au quotidien, l’ex-ministre peut également compter sur l’aide d’anciens collaborateurs, toujours fidèles. Durant la promotion de son livre, à la fin de l’année 2018, Maryline Simoné a ainsi assuré ses relations avec la presse. Ségolène Royal avait fait de cette élue de Poitou-Charentes sa directrice de la communication au ministère de l’Environnement. Elle a été nommée, sur proposition de son ancienne patronne, inspectrice générale de l’administration du développement durable. Une nomination qui a avait suscité quelques commentaires sur fond de soupçons de « recasage ». Maryline Simoné reste néanmoins proche de son ancienne patronne. Très proche même, quand elle l’accompagne sur certaines dédicaces de son livre (elle était notamment à celle de Brest précédemment mentionnée), ou lorsqu’elle assure la relecture des interviews données en vue de la sortie du livre, comme nous l’a confirmé une journaliste.

    Lorsqu’elle est invitée sur les plateaux de télévision ou dans les studios de radio, on aperçoit aussi souvent Raphaël Sart en régie. L’ex-conseiller presse du ministère de l’Environnement est aujourd’hui le directeur de la communication du Centre national d’études spatiales (Cnes), mais il conseillerait toujours son ex-patronne. D’après nos informations, il s’est également investi dans la création de sa fondation notamment lors de la tentative avortée d’y associer le spationaute Thomas Pesquet (voir notre enquête sur la fondation Ségolène Royal).

  • Sans actions républicaines ouvertes aux véritables citoyens de France nous sommes des dreyfusards en puissance. Mais cela est valable sur les cinq continents. La puissance du sommet des états possèdent une telle puissance de contraintes que la République France s’écroule, comme toutes les démocraties et les humains avec.
    Nous ne savons pas comment nous serons vidés, une certitude s’avance les machines sont en route et nous dessous littéralement écrasés. La puissance de la France appartient aux citoyens que nous sommes et sur tous les pays. Le nier ou ne pas l’admettre dans un réel débat, les dalles se referment lentement sur nous. La violence que l’on reproche au peuple, nous la subissons de plus en plus.

  • Deux hommes âgés de 30 et 45 ans ont été mis en examen pour association de malfaiteur terroriste, dans le cadre de l’enquête sur le projet d’attentat visant Emmanuel Macron, a appris franceinfo de source judiciaire ce samedi 16 novembre, confirmant une information du Parisien. Placés en détention provisoire, ils projetaient une action contre le président de la République dans le cadre des commémorations du centenaire de la Première guerre mondiale, en novembre 2018.

    Les deux hommes avaient été interpellés en Moselle
    Les deux hommes avaient été interpellés lundi 11 novembre, en Moselle, l’un dans le secteur de Bouzonville, et l’autre près de Sarrebourg. Leurs domiciles ont été perquisitionnés. À l’issue de leur garde à vue, les deux hommes, proches de l’ultra-droite, avaient été présentés à un juge d’instruction en vue de leur mise en examen pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Et le parquet national antiterroriste avait requis leur placement en détention provisoire.

  • Les acteurs du film, Jean Dujardin, Louis Garrel, Emmanuelle Seigner ou Matthieu Amalric, ne seront ainsi pas présents ce vendredi soir.
    La cérémonie des César s’annonce agitée. Après Roman Polanski, l’ensemble de l’équipe de son film « J’accuse », y compris les acteurs Jean Dujardin, Louis Garrel, Emmanuelle Seigner ou Matthieu Amalric, a décidé de ne pas se rendre à la cérémonie des César, a annoncé ce vendredi le producteur du film Alain Goldman. « L’ensemble des nommés pour le film ne sera pas présent à la cérémonie », a-t-il indiqué dans une déclaration, précisant un texte communiqué plus tôt dans l’après-midi, regrettant « une escalade de propos et comportements déplacés et violents ».

    « Il aura fallu 120 ans pour qu’un film français soit consacré à l’Affaire Dreyfus. J’accuse rend hommage à un héros oublié, le colonel Picquart, grâce à qui l’innocence de Dreyfus a pu être révélée. Nous sommes fiers de l’avoir fait », indique Alain Goldman dans une déclaration.

  • Roman Polanski : quarante ans d’accusations

    « Hélas, malgré les 12 nominations du film pour les César 2020, nous avons constaté une escalade de propos et de comportements déplacés et violents. Le ministre de la Culture lui-même, représentant l’autorité de l’Etat, s’est autorisé une déclaration condamnant par avance et sans le connaître le résultat d’un vote professionnel, indépendant et secret », ajoute-t-il.

  • « Nous ne pouvons accepter que le vote démocratique des 4313 membres de l’Académie soit remis en cause par un tribunal d’opinion », dit-il encore, soulignant que « la France est un État de droit ». « Pour toutes ces raisons, nous avons donc décidé de ne pas être présents à la cérémonie des César 2020 », dit-il

  • Déclaration intégrale de Alain #GOLDMAN, producteur de #JAccuse le film de Roman #Polanski (#AFP) #cesars2020

    Voir l’image sur Twitter

  • Jean Dujardin a posté un message sur les réseaux sociaux avec l’image de l’article d’Emile Zola dans le journal L’Aurore. « Je voudrais simplement rappeler que J’accuse est le titre d’un article assez célèbre d’Emile Zola, j’espère que cela ne gêne personne? Bonne soirée! », se contente de commenter l’acteur, qui incarne dans le film le lieutenant-colonel Picquart, chef des services de renseignement qui avait diffusé les preuves permettant d’innocenter le capitaine Dreyfus.

  • Rassemblement de féministes
    Vendredi matin, le ministre de la Culture Franck Riester a estimé sur France Info qu’un César du meilleur réalisateur pour Roman Polanksi serait « un symbole mauvais par rapport à la nécessaire prise de conscience que nous devons tous avoir dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes »..

    « Les César 2020 consacrent l’extraordinaire impunité de Roman Polanski »

    La 45e cérémonie des César se tient vendredi soir sous haute tension, sur fond de réformes attendues – notamment sur la parité – et de vives protestations contre les nominations de « J’accuse » de Roman Polanski.

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