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Pouvoir d’achat de toutes les classes, lesté des dépenses « pré-engagées »

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Pouvoir d’achat de toutes les classes, lesté des dépenses « pré-engagées »

Regardons le gouffre qui s’est instauré entre le poids des dépenses « pré-engagées » et le constat au moment du conflit en Ukraine, dont « L’envahisseur Vladimir Poutine » n’est pas proche sur les décennies à venir d’être oublié avec cette envie destructrice. La croissance de l’économie française serait réduite en 2022 d’un demi à 1,1 point par la guerre en Ukraine. Le produit intérieur brut, français progressera de 3,4 % en 2022 si le prix du pétrole s’établit en moyenne sur l’année à 93 dollars, seulement 2,8 % si ce prix atteint 119 dollars

Larmes en Ukraine, sanctions en Russie, bâillements pour le Yémen et armes à profusion chez les Saoudiens.

La tonne s’élevait à 393 euros contre 283 euros au mois de novembre dernier. Une des conséquences de la guerre en Ukraine, le cours du blé continue de grimper à des niveaux affolants, atteignant près de 400 euros la tonne, en mars et de mai

Tout augmente en 2021 – L’indice des prix à la consommation 2022 ?

Trois raisons principales à cela : réouverture rapide de notre économie, l’augmentation des prix de l’énergie, qui pousse l’inflation à la hausse, et un facteur que les statisticiens appellent « effet de base » Janvier 2022, l’indice des prix à la consommation, augmente de 0,3 % sur un mois, +0,2 % en décembre. Les prix rebondissent +2,9 % puis −0,9 % dans le sillage de ceux des produits pétroliers (+4,9 % après −2,2 %)

Les conséquences d’une guerre ?

Leurs conséquences dans les pays touchés sont nombreuses et diverses. Les conflits violents tuent de plusieurs manières : les combats font des victimes parmi les civils, les militaires, les maladies sont plus fréquentes et la criminalité violente s’accroît. Les guerres entraînent des migrations massives. Le prix du baril de pétrole s’envole pour atteindre 120 dollars vendredi 25 mars. Plus haut niveau depuis deux semaines. Plus très loin de son triste record de 2008 à hauteur de 140 dollars le baril. Prix mirobolants qui inquiètent en France. Premiers effets, le prix du litre de Gazole repasse les 2 euros, en moyenne. La hausse pourrait être plus significative sous 8 jours, quand la flambée se sera réellement répercutée à la pompe dans l’Hexagone. La faible importation de pétrole russe en France, le « choc mondial de l’offre pétrolière » dixit : l’Agence internationale de l’énergie peut faire de lourds dégâts chez nous.

Les cartes bleues chauffent au passage à la pompe, les courriers de Français inquiets de la hausse des prix des énergies affluent à l’Elysée chaque jour. On savait que le pouvoir d’achat serait une thématique importante de cette campagne, la guerre en Ukraine soutient la hausse des prix, qui dépasserait les 4 %. Le trou dans le portefeuille pèse alors un peu plus encore sur le moral des électeurs. Qui sera le candidat du plein d’essence ? Qui propose de sortir le carnet de chèques, d’augmenter le smic ou le blocage des prix ? Emmanuel Macron a présenté ses mesures. Les prix du carburant en France étant fortement indexés sur le cours du baril de pétrole, il y a fort à parier que la hausse se répercute sur le prix au litre dans les stations françaises dans les semaines à venir. 8 à 10 jours environ s’écoulent entre la hausse du prix du baril, et l’effet réel à la pompe. De facto, on peut espérer une hausse significative des prix du carburant en France. Pour éviter tout couac d’approvisionnement, l’AIE a prévu de libérer plus de 60 millions. L’organisme suggère de réduire la consommation en privilégiant les transports en commun, réduire de 10km/h la vitesse sur autoroute ou avoir recours massivement au télétravail. Preuve de la gravité de la situation, 30 jours de guerre en Ukraine.

Quelle est l’évolution du prix du baril de pétrole ? Quel est le cours du pétrole en ce moment ?

Début de la semaine, un petit répit, stagnation des cours. Ceux-ci ont repassé la barre sous les 100 dollars en début de semaine avant d’augmenter à nouveau de manière significative. Jean Castex annonce deux aides sur le carburant, mercredi 16 mars, lors de la conférence de presse de présentation du plan de résilience. D’abord, une remise de 15 centimes sur le carburant pour l’ensemble des Français à partir du 1er avril pour 4 mois. Une aide plus importante de 35 centimes par litre de carburant de pêche pour les pêcheurs durement touchés par l’explosion des prix. Une aide valable du 17 avril au 31 juillet.

La guerre en Ukraine doute sur l’approvisionnement et le prix de l’énergie. Mis à part le gaz, une question reste centrale et attise la curiosité, quel est le prix du baril de pétrole dans ce marasme ?  En hausse quasi constante depuis décembre 2021, le prix du baril stable autour de 100 dollars, mesuré exactement à 120 dollars ce 25 mars.

L’impact de la guerre en Ukraine sur votre budget, du prix du baril sur votre plein d’essence en France ?

Sur un plein d’essence, les taxes représentent 60% du plein. Et ces taxes, elles, malgré la guerre en Ukraine, fluctuent assez peu. Surtout la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), qui représente la quatrième recette de l’Etat, puis la TVA, l’impôt sur le revenu, l’impôt sur les sociétés. Le prix du carburant en sortie de raffinerie, correspond à 1/3 du plein d’essence. Influencé par le cours du baril de pétrole sur les marchés internationaux. Les pompistes n’auront d’autre choix que de répercuter la hausse sur le prix au litre. Il existe un temps de latence entre l’augmentation du prix d’achat du baril de pétrole et la répercussion réelle à la pompe. Le délai varie de 8 à 10 jours environ. Pour tenter d’endiguer cela, des aides sont mises en place distribués par le Gouvernement. La prime inflation octroyée à 38 millions de ménages modestes, ainsi que la revalorisation du barème kilométrique pour 2,5 millions de foyers fiscaux.  La menace d’un embargo européen sur le gaz russe peut faire exploser le prix du baril de pétrole à 300 dollars, voire davantage. D’où vient le pétrole importé en France ? Selon l’INSEE, la Russie est le 3ème producteur mondial de pétrole : 10 millions de barils par jour, 2 millions transitent vers l’Europe. La France, importe 9% de son pétrole brut depuis la Russie. Et les pays : Le Nigéria, l’Angola, la Libye, ne remplissent même pas leurs propres objectifs de production. Le Nigéria (9,6% des importations de pétrole en France), l’Algérie (10,3%), et l’Arabie Saoudite (11,8%) des partenaires commerciaux cruciaux pour la France, le gouvernement pourrait se tourner davantage pour alimenter le pays.

Est-ce que la France a du pétrole ? Stocks stratégiques

 

« Nous avons des stocks stratégiques de pétrole importants qui couvrent près de trois mois de consommation et nous permettent de faire face à des perturbations d’approvisionnement. Les Français ne risquent pas de manquer de carburant ou de gaz pour se chauffer dans les prochains mois » déclarait la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili en février. L’Union Européenne pourrait même décider de libérer une partie de ses stocks stratégiques de pétrole pour contrer la hausse des prix du carburant face à cette forte perturbation des marchés. Une décision prise à seulement trois reprise dans l’histoire.

La crise sanitaire n’a pas fait baisser le pouvoir d’achat des Français, voire l’a fait augmenter, celui-ci a tout de même souffert d’une hausse continue des dépenses dites « pré-engagées ». Selon une étude de France Stratégie, elles sont passées de 27% de la dépense totale des ménages en 2001 à 32% en 2017.

Un record qui entraînera des répercussions sur notre porte-monnaie. Le prix du baril de pétrole s’élève à 118,56 dollars ce 3 mars (106,84 euros) une hausse de 4,99% par rapport à la veille. Selon l’agence Reuters, prix le plus élevé depuis février 2013, date à laquelle le tarif du baril était à 116,60 dollars. Le record historique remonte à 2008, juste avant la crise économique, où le prix du baril s’affichait à 140 dollars.

Hausse du niveau de vie record pour les plus riches

Les données montrent aussi que l’expression « président des riches », qui avait émaillé les débuts d’Emmanuel Macron à l’Elysée, n’était pas hors de propos. Les mesures ont nettement enrichi les 670 000 individus du dernier centième, celui qui correspond à un revenu mensuel disponible de 10 500 euros. Ce 1 % le plus aisé a ainsi vu son niveau de vie croître de +2,8 % avec la transformation de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en impôt sur la fortune immobilière (IFI), la suppression de la taxe d’habitation prise en compte dans son intégralité dans l’étude, même si sa disparition s’étale jusqu’à 2023, surtout l’instauration du prélèvement forfaitaire unique (PFU ou flat tax) en 2018. Il prévoit un taux d’imposition forfaitaire de 30 % sur les revenus de capitaux mobiliers, quelle que soit la tranche d’imposition. Plus près cette catégorie, les chercheurs ont remarqué que les gains les plus marqués concernaient le dernier millième, qui a profité d’une hausse du niveau de vie record de 4,1 %, la différence entre les progressions de 3,8 % et de 2,1 % liées au PFU et à la réforme de l’ISF, la baisse de 1,7 % entraînée par la hausse des prélèvements sociaux et de la fusion des deux régimes de retraite complémentaire des salariés Agirc-Arrco.

Le constat s’inscrit en droite ligne avec la politique annoncée par le chef de l’Etat. Le 15 octobre 2017, il créait une polémique déclarant à la télévision : « Pour que notre société aille mieux, il faut des gens qui réussissent ! Je ne crois pas au ruissellement, mais je crois à la cordée. Si l’on commence à jeter des cailloux sur les premiers de cordée, c’est toute la cordée qui dégringole. » Le problème les mesures prises en faveur des « premiers de cordée » ne semblent pas avoir participé au financement de l’économie. Les analyses publiées les unes après les autres peinent à détecter un impact. Le troisième rapport du Comité d’évaluation des réformes de la fiscalité du capital, rendu public par France Stratégie, observe « les réformes de 2018 ont conduit à ramener les taux d’imposition de la France sur les actifs mobiliers à des niveaux proches de la moyenne observée dans les principaux pays développés ». Il ne parvient à identifier aucun effet positif sur l’économie, en particulier sur l’investissement.

Un des thèmes clé de l’élection présidentielle de 2022 : au sortir de la crise sanitaire et alors que la reprise économique devient effective, le pouvoir d’achat est un sujet d’inquiétude majeur pour les tous les Français et bien au-delà de l’hexagone. Les derniers peuvent se rassurer et le gouvernement s’enorgueillir : sur le papier, il est à la hausse au second semestre 2021. D’après les derniers chiffres de l’Insee au 31 août, le revenu disponible brut, rebondit de +0,6 % par rapport au premier semestre. Il est ainsi supérieur de 1,4 % à son niveau d’avant la crise économique note l’Insee. Le 23 août sur BFM Business, le ministre des Comptes publics tablait même sur une augmentation de 1,8 % du pouvoir d’achat des ménages en 2021.

Faut-il prier très fort ou certains serions-nous tentés de crier, le pouvoir d’achat ne devrait pas subir une chute similaire à celle qu’il a connue après la crise de 2008, en 2018, l’OFCE estime à 440 euros par an et par ménage français la baisse du revenu disponible entre 2008 et 2016. La stabilité des revenus des ménages malgré la crise ne doit pas cacher une autre réalité que relève France Stratégie dans l’étude publiée en août 2021 : l’augmentation continue des dépenses pré-engagées représentent plus de 33% des dépenses des ménages. Traduisant de fait un net décalage entre le pouvoir d’achat perçu et le pouvoir d’achat mesuré.

32 % de la dépense totale des Français

Les dépenses pré-engagées, France Stratégie les définit comme « des dépenses engagées par contrat, difficilement renégociables à court terme et faisant souvent l’objet d’un débit automatique ». Regardons de plus proche, quels sont les éléments en cause : les assurances, les abonnements téléphoniques, les remboursements d’emprunts, les complémentaires santé ou encore et surtout, les loyers.

L’organisme placé sous la houlette du Premier ministre estime que leur part dans la dépense totale des Français est passée de 27 % en 2001 à 32 % en 2017. Ce pourcentage atteint même 41 % dans toutes les classes c’est à dire les « pauvres », dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. En 2017, ce dernier était fixé à 1025 euros par mois pour une personne seule. « La hausse concerne avant tout les dépenses liées au logement », explique l’étude : 68 % des dépenses pré-engagées y sont directement associées. 43 % de loyers et charges auxquelles s’ajoutent 25 % de remboursements de prêts immobiliers.

Les chiffres ne risquent pas de baisser : les prix de l’immobilier toujours en hausse. Le baromètre LPI-Se Loger d’août 2021 traduisait une hausse globale du prix au m² de 3,4 % dans l’ancien sur un an, de 2,9 % dans le neuf. « Au total, 23 % de l’ensemble des dépenses des ménages pré-engagées ou non sont consacrés à payer un loyer, rembourser un emprunt immobilier, se chauffer, s’éclairer et assurer son logement », détaille France Stratégie. Le poids des dépenses liées au logement fluctue énormément selon que le ménage est propriétaire, accédant ou locataire, que cela touche au parc social ou privé. Les locataires du parc privé sont ceux qui pâtissent le plus de ces dépenses liées au logement. Elles représentent à elles 40 % de la dépense totale pour les ménages pauvres, 34 % pour les ménages modestes, 29 % pour les classes moyennes, 28 % pour les aisés. Les propriétaires représentent 38 % des ménages français, tombe à 11 % en moyenne pour chaque classe.

Accentuation, aggravation des inégalités sociales

France Stratégie constate l’accentuation des inégalités sociales induite par l’augmentation des dépenses pré-engagées. Le revenu arbitrable est défini par l’étude étant le revenu dont dispose le ménage après déduction de ces dépenses. Il s’agit du pouvoir d’achat effectif : ce qu’il reste pour les frais liés à l’alimentation, le transport, l’habillement « L’écart entre revenu disponible et revenu arbitrable est plus fort pour les ménages pauvres, puisque le poids des dépenses pré-engagées est plus lourd pour ces ménages », explique France Stratégie. Insoutenable pour certaines catégories : le premier décile de niveau de vie, constat, 10 % des ménages les plus pauvres, un niveau de vie inférieur à 925 euros, le revenu arbitrable n’est que de 377 euros. Comparaison, le neuvième décile a un niveau de vie 3,2 fois supérieur, s’élevant à 3 005 euros par mois, mais un revenu arbitrable 6,2 fois supérieur puisque ce dernier ne tombe « qu’à » 2 338 euros après déduction des dépenses pré-engagées.

Lettre ouverte à Vladimir Poutine, à tous les belligérants qui sont souvent inconscients des désastres réels que cause « une guerre, une révolution, etc. » Ces séquelles marquent à divers titres leur vie. Ce témoignage demeure par sa rédaction le fait, d’avoir connu « Une guerre et deux révoltions ». Les circonstances ne justifieront jamais de démontrer que l’on est le plus fort. Les dialogues sont le sens de la raison. Cela s’applique en toutes circonstances conflictuelles dans la mesure ou les sanctions appliquées perpétuent pour les générations à venir d’indestructible chaos, « moraux, vitaux ». Les révoltes sont toujours et demeureront la conséquence de ces « géniteurs » de conflits internes, internationaux, cela s’applique y compris à des pays « pseudos » non en guerre apparente. Comme si la vie était dépendante d’une poignée d’avides de pouvoirs qui sont persuadés de construire, alors que les réalités sont totalement à l’opposé. Démocratie, Liberté ne sont point un négoce, un investissement plutôt désinformations criantes.

Sources diverses, archives du Panda Journal vécu

Le Panda

Patrick Juan

306 réflexions sur “Pouvoir d’achat de toutes les classes, lesté des dépenses « pré-engagées »

  • Bonjour,

    Monsieur le président candidat: Emmanuel Macron.

    A poursuivvre de la sorte à ne pas en douter et ne mettre en doute les sondages en permanence.

    Nous constatons que vous demeurerez le « président des riches »

    Vous serez surement réelu, en fin stratége, vous avez isolé la masse des partis axés sur d’autres visions.

    Nous reviendrons vous livrer d’autres posotions dans la journée.

    La covid vous à bien servie, la guerre en Ukraine aussi?

    Attention qui séme le vent récolte la tempête citation, c’est ce que vous faites.

    Prenez garde au retour de boomenrang.

    Mais qui peut lutter, contre les masses financières qui vous appuient?

    A ne pas en douter n’agresser pas les gens dans leur majorité et lorsque l’on constate que 44% des électeurs sont incapables de dire que cela vienne de vous ou d’autres particpants « 1 seul de engagements » c’est réellement interrogatif.

    Qu’est devenu la nation France, puis le concert de « médiateur » entre la Russie et l’Ukraine vous sert, tel un paravent.

    Prenez conscience, c’est en vos moyens d’éviter de continuer à étrangler le majorité du peuple et des entreprises moyennes en France.

    Le carnet de chèque de la France en ces moments et depuis plus de trois années vous est bien utile, oui tout le monde commet des erreurs.

    Il vous suffit de vous tenter de vous rattrapper, mais est-ce possible? Nous avons de grands doutes.

    Arriver au pouvoir est loin d’être « Une victoire » c’est un affaiblissement pour la France et pour l’élu surtout.

    Le Panda

    Patrick Juan

  • Cher Monsieur Le Panda

    Avec le soutien des donateurs, le CCFD-Terre Solidaire et ses partenaires se mobilisent sans relâche pour un monde qui respecte les Hommes et la nature.

    Dans le nord du Brésil, avec la CPT Araguaia-Tocantins (Commission pastorale de la terre), nous accompagnons au quotidien 1 000 familles paysannes démunies, victimes de conflits fonciers et de violences, pour leur permettre d’accéder à la terre, de vivre dans des conditions dignes, de s’organiser et de se défendre.

    Nous exerçons également une pression continue sur le gouvernement pour combattre le scandale du travail esclave dans les filières agricoles.
     
     
    «
    L’esclavage moderne est un autre fléau qui se cache derrière la déforestation de l’Amazonie. Des personnes sont recrutées pour travailler à des milliers de kilomètres de chez elles et ne savent pas que toutes les dépenses liées à leur voyage leur seront facturées sous forme de dette : leurs outils de travail, l’alimentation, leur abri… Cette dette s’avère très vite impayable.
    Elles ne pourront donc pas quitter leur employeur. »
     
     
    Une mobilisation qui a poussé l’État brésilien à se doter d’une véritable politique nationale pour éradiquer ce fléau. Depuis 1995, près de 55 000 travailleurs esclaves ont pu être libérés grâce à notre action.

    Demain, pour poursuivre et accentuer notre engagement en Amazonie comme dans les 67 pays où nous intervenons, votre soutien nous serait très précieuse.

  • Coignard – L’ultime affront de Nicolas Sarkozy à Valérie Pécres 

    Invité, l’ex-président n’envisage pas d’assister au meeting de la porte de Versailles. Et éteint les derniers espoirs de soutien.

  • « Son bilan est occulté », Pécresse accuse Macron de vouloir « escamoter l’élection »
    Dans une interview accordée ce mardi au quotidien 20 Minutes, Valérie Pécresse a vivement critiqué la campagne du président de la République Emmanuel Macron, « son bilan est occulté », attaque-t-elle.

    « Là, c’est ‘circulez, il n’y a rien à voir’. On ne peut pas parler de la hausse des violences, de l’immigration, de pouvoir d’achat, de souveraineté énergétique… Il veut escamoter l’élection et être élu par tacite reconduction. Il a d’ailleurs donné ordre à ses ministres de refuser tout débat avec moi », assure la candidate.
    Dans la suite de son propos, Valérie Pécresse l’assure, « je suis la vraie droite. » Pour elle, Emmanuel Macron n’est « pas de droite sur l’ordre, il n’est pas de droite sur les baisses d’impôts, il n’est pas de droite sur la valorisation du travail. » Selon elle, sa candidature est synonyme de courage politique.

    « Ça a toujours été la droite parce que c’est la seule famille politique qui a le courage d’aller faire des grandes réformes pour le pays », avant d’une nouvelle fois attaquer le chef d’État. « Je le crois, oui », martèle-t-elle a la question d’un manque de courage qui aurait empêché ce dernier de mettre en place sa réforme des retraites lors de son premier mandat.

  • A Roubaix, Pécresse de retour sur le terrain après le Covid-19
    Après quatre jours à l’isolement, la candidate LR s’est rendue dans un quartier de Roubaix devenu un symbole de la montée de l’islamisme pour y promettre plus de sécurité. « Il était important d’avoir une séquence républicaine », a-t-elle justifié.

    « Dans cette campagne, il faut parler de la République qui est partout chez elle et lutte contre tous les phénomènes, que ce soit les guerres de bandes ou les phénomènes d’islamisme radical », a-t-elle martelé, épaulée par Xavier Bertrand.
    La visite s’est conclue près d’une des librairies citées dans un reportage de M6, qui avait fait grand bruit en révélant la vente de poupées sans visage dans certains commerces. Mais à l’arrivée de la candidate, le rideau métallique achève de se fermer. « L’effet Pécresse-Bertrand », raille-t-elle, avant de déplorer que « rien n’ait été fait depuis le reportage ».

    Quelques heures auparavant, à Marcq-en-Baroeul où elle intervenait devant des entrepreneurs, Valérie Pécresse avait assuré vouloir « reconstruire des quartiers avec de la mixité sociale réelle, de la sécurité et de l’ascenseur social. »

  • Emmanuel Macron lance son « univers » dans le jeu vidéo Minecraft
    Une mairie pour vérifier son inscription sur les listes électorales, un palais des congrès où se tiennent les meetings et même un QG: l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron a inauguré mardi son « univers » dans le jeu vidéo en ligne Minecraft, qu’il veut « civique et politique ».

    La plateforme interactive, propriété du géant Microsoft, revendique 126 millions d’utilisateurs dans le monde dont 24 millions en France. Le jeu permet notamment de construire des villes virtuelles et d’interagir entre joueurs.

    « Le public, ce sont les 15-20 ans, une population à laquelle ne s’intéressent pas forcément les politiques », relève l’équipe de campagne du candidat, qui entend « faire participer au débat civique du moment », tout en affirmant être « très modeste sur cette initiative ».

  • « C’est glissant mais on tient »: Yannick Jadot lance son sprint final en Bretagne
    « C’est glissant mais on tient », s’exclame mardi l’écologiste Yannick Jadot, englué dans la vase sur la plage de Hillion, près de Saint-Brieuc, où il est venu parler du fléau des algues vertes et se projette « en mouvement » vers le premier tour. Dans les sondages aussi, le candidat vert est encalminé, autour des 6% d’intentions de vote, loin de son concurrent à gauche Jean-Luc Mélenchon qui tente de lui soutirer quelques points de vote utile pour rallier, au soir du 10 avril, le second tour de la présidentielle.

    « Attention, il ne faut pas tomber », lance un militant local à l’eurodéputé qui peine à revenir d’un tour dans la vase pour les besoins des caméras.

    « Nous on a les pieds dans la terre, dans les éléments », s’amuse Yannick Jadot. « C’est glissant mais on tient, et on avance », ajoute-t-il, bien conscient de la métaphore pour sa propre campagne.
    Pour la dizaine de jours qui les séparent du premier tour, les écologistes ont prévu des déplacements tous azimuts: « chaque jour, une matinale radio, puis un déplacement », confie son entourage. « Pour fournir des images aux télés qui en ont besoin ».

  • Voici le cri du désespoir pour ne pas dire « Mesure électorale » 

    Malgré la hausse des contaminations, l’exécutif se veut rassurant: « Il n’y a pas de danger à aller voter »
    Un Conseil de défense consacré au Covid-19 a eu lieu ce matin, avec en ligne de mire l’élection présidentielle. Un protocole sanitaire dédié au scrutin doit être dévoilé d’ici la fin de la semaine.

    « Il n’y a pas de danger à aller voter », insiste l’exécutif, malgré la hausse du nombre de contiminations. « Il n’y a pas de hausse des admissions en soins critiques », tempère-t-on au sommet de l’État: « C’est un rebond, pas une vague. »

    La pandémie respecte les « URNES » ?

  • Jadot accuse Mélenchon « d’abandonner les Ukrainiens à la tyrannie de Poutine »
    Yannick Jadot qui est distancé dans les sondages par Jean-Luc Mélenchon attaque le candidat insoumis sur ses proximités supposées avec la Russie.

    « Ce moment de guerre est très révélateur des principes, des valeurs (…) entre ceux qui défendent la démocratie partout (…) et certains qui considèrent que la démocratie c’est important chez soi mais quand c’est les autres ça peut être relativiser » a estimé le représentant d’Europe Ecologie Les Verts ce midi sur LCI.
    Il a également accusé le député de la France insoumise « d’abandonner les Ukrainiens à la tyrannie de Poutine (…) sous couvert de neutralité et de paix ».

  • Que voilà une « idée » merveilleuse, mettez la en application.

    Fabien Roussel propose des colonies de vacances au Fort de Brégançon, la résidence d’été des présidents
    Le candidat communiste a expliqué ce matin vouloir installer des colonies de vacances pour les enfants au Fort de Bregançon, la résidence d’été des présidents.

  • « Macron assassin »: Louis Aliot accuse Eric Zemmour de « mettre le feu aux poudres »
    Louis Aliot est revenu sur la polémique autour des propos tenus lors du meeting d’Eric Zemmour par des sympathisants.

    Pourtant ils ont failli se marier, non ce doit-être une erreur de bancs publics, volée à Brassens? 

  • Recours à McKinsey: « si Macron écoutait, il n’en aurait pas besoin », juge Nathalie Arthaud
    Un rapport du Sénat a mis en cause le recours du gouvernement à McKinsey, un cabinet de conseil anglosaxon. Les sénateurs ont également regretté l’optimisation fiscale qu’utilise le groupe.

    « S’il écoutait les travailleurs à l’école, à l’hôpital, il n’aurait pas besoin de ce cabinet. Il ne veut pas écouter la population. Ce sont nous les experts », a jugé Nathalie Arthaud ce matin sur BFMTV.

  • « Macron assassin »: le président « n’a jamais fait de meeting devant 100.000 personnes », tacle Eric Zemmour qui répète n’avoir « rien entendu »
    Dénonçant une polémique « surdimensionnée » au micro d’Europe 1 dont il est l’invité ce matin, Eric Zemmour a réagi à la controverse née de son meeting dimanche au Trocadéro quand ses partisans ont, pour certains, crié « Macron assassin ».

    « Il n’a jamais fait de meeting devant 100.000 personnes, on n’entend rien », a taclé Eric Zemmour après qu’Emmanuel Macron lui a conseillé hier de porter des prothèses auditives. « Sur le fond, il a beau employer un ton railleur, révélateur de son mépris des Français », a-t-il poursuivi.

    Il est évident que par les jours qui passent, soeur Anne ne voit rien venir et Barbe ou sans BArbe le bleu se confond la neige arrive et la covid augmente.

  • Emmanuel Macron devant les médaillés aux Jeux olympiques
    Emmanuel Macron, qui a enfilé son costume de candidat lundi à Dijon pour son premier vrai déplacement de terrain depuis l’annonce de sa candidature, retrouve, ce mardi, un agenda « présidentiel. »

    Il présidera dans la matinée un Conseil de défense sanitaire, au moment où l’épidémie de Covid connaît un rebond, et doit s’entretenir au téléphone avec le président russe Vladimir Poutine à propos de l’évacuation de civils de Marioupol, en Ukraine.

    Le chef de l’État doit également recevoir à l’Élysée les athlètes français médaillés aux Jeux olympiques et para-olympiques d’hiver.

    Les brosses coûtent combien en ces moments? 

  • Entre Macron et Le Pen, l’écart se resserre dans les sondages
    Selon le dernier rolling Ifop publié ce lundi, l’écart entre le président sortant et la candidate du Rassemblement national se resserre. En effet, Emmanuel Macron serait crédité de 53% des voix en cas d’affrontement au second tour avec Marine Le Pen (47%).

    Début janvier, Emmanuel Macron était donné à 58%, contre 42% pour sa rivale.

    Pour le président de la République, l’écart se réduit également avec Jean-Luc Mélenchon. En cas de second tour, l’insoumis obtiendrait 40,5%, soit six points de plus que son score mesuré le 10 mars.

    Difficle d’avoir 15 ans en ces moments, il faut ressortir les vraies calculettes, merci.

  • Lorsque le « dossier Steele », du nom de son auteur, l’ancien agent du renseignement britannique Christopher Steele, est sorti dans la presse en 2017, il a provoqué de nombreux débats. Sur la véracité des informations qu’il contenait, sur la capacité réelle des Russes à influencer une élection… Mais, aux États-Unis comme en Europe, nous sommes largement passés à côté de ce que signifiait une telle implication du régime de Vladimir Poutine. L’important n’était pas tant de mesurer l’impact réel de ces opérations mais bien de comprendre que nous avions un ennemi. Que nos réactions timorées lors de l’annexion de la Crimée avaient donné à l’État russe un sentiment d’impunité, qui l’incitait à aller toujours plus loin dans ses actions hostiles à notre encontre.

  • Guerre en Ukraine : Ankara et Moscou, partenaires malgré eux.

    Analyse Une nouvelle session de pourparlers entre représentants ukrainiens et russes s’est déroulée mardi 29 mars à Istanbul. La Turquie, qui entretient de bonnes relations avec Kiev comme avec Moscou, caresse l’espoir d’obtenir un accord de paix qui redorerait le blason du président Erdogan sur la scène internationale.

  • De nouvelles tractations ont débuté, ce mardi 29 mars, à Istanbul pour tenter de mettre fin à la guerre qui sévit en Ukraine depuis plus d’un mois. Depuis le début du conflit, Ankara s’est positionné comme un interlocuteur incontournable. « Erdogan rêve de réunir Zelensky et Poutine autour de la signature d’un accord de paix qui conforterait sa position au niveau intérieur et lui donnerait une stature internationale », analyse Jean Marcou, professeur à Sciences Po Grenoble.

  • Dans un entretien accordé mardi au Parisien, Willy Schraen, le patron de la Fédération nationale des chasseurs, a officialisé son soutien au président sortant en vue du premier tour de la présidentielle.
     
    Le président de la Fédération nationale des chasseurs sort du bois. Dans une interview accordé au Parisien et que le quotidien francilien a publié sur son site mardi, Willy Schraen a ainsi annoncé son intention d’apporter son suffrage à Emmanuel Macron lors de la présidentielle. Et ce, dès le premier tour du scrutin.

    Emmanuel Macron « répondra à toutes les demandes » des chasseurs
    Interrogé au sujet de son vote du 10 avril prochain, Willy Schraen n’a ainsi laissé aucun doute sur ses intentions.

    Monsieur le président des chasseurs pensez-vous que vos coups de fusils vous font de la publicité ou bien tue des animaux pour le plaisir d’un sport qui remonte à l’antiquité.

    Merci simplement de vous posez la question.

  • Le candidat écologiste a critiqué ce mercredi l’appel du président de la Fédération nationale des chasseurs à voter Emmanuel Macron dans le Parisien
     
    « Je voterai Macron dès le premier tour ». Cette phrase de Willy Schraen, président de la Fédération des chasseurs dans les colonnes du Parisien ce mercredi matin n’a pas manqué de faire réagir. En premier lieu le candidat écologiste Yannick Jadot. Ce dernier s’est d’abord offusqué dans un tweet posté dans la nuit de mardi à mercredi:

    « Fin du faux suspens: le patron des chasseurs appelle à voter pour Emmanuel Macron. Le Président laisse les cabinets d’études remplacer l’État et brade la République aux lobbys. Les écologistes rendront le pouvoir au peuple grâce à une Loi de séparation des lobbys et de l’État. »
     

  • « Il va annoncer dans les prochaines heures sa vision de la chasse à travers une lettre aux présidents départementaux de chasse, a-t-il révélé.
    « Il devrait s’engager sur l’indemnisation des dégâts de gibier, une police rurale de proximité, les chasses traditionnelles… Il mettra toute son énergie pour répondre à nos demandes. J’ai sa parole. Il ne m’a pas déçu. Aucune loi ou amendement pouvant abîmer la chasse n’a été adopté dans ce quinquennat », a conclu Willy Schraen.

    Le mandat d’Emmanuel Macron a été marqué par plusieurs gestes en faveur des chasseurs. Dès 2017, le chef de l’État se déclarait favorable au rétablissement des « chasses présidentielles », officiellement supprimées sous Jacques Chirac.

    Un soutien qui ne passe pas
    Le candidat écologiste est revenu sur ce point ce mercredi matin chez nos confrères de CNEWS, jugeant « incroyable » la révélation par le lobbyiste des intentions du candidat-président en matière de chasse.

    « Vous avez un patron de fédération qui, au fond, considère qu’il peut parler à la place du président de la République », a-t-il insisté.
    « Depuis cinq ans, Emmanuel Macron n’a cessé d’autoriser des chasses qui ont été immédiatement interdites par les tribunaux parce que ce sont des espèces protégées. Les écologistes rendront le pouvoir au peuple grâce à une Loi de séparation des lobbys et de l’État », a poursuivi Yanick Jadot.

  • Un sujet apparu tôt dans la campagne
    La chasse, sujet ô combien clivant de la campagne présidentielle. En octobre dernier, le leader des écologistes en parlait le premier. A plusieurs reprises, le candidat a déclaré que s’il gagnait l’élection présidentielle, il interdirait la chasse pendant les week-ends et vacances scolaires, ainsi que la pratique de la chasse à courre et toutes les chasses dites cruelles.

  • Une prise de position qui lui a notamment valu de ne pas être convié au congrès des chasseurs le mardi 22 mars dernier. A cette occasion, il déclarait au micro de France Inter:

    « Ils préfèrent inviter Éric Zemmour et Marine Le Pen qu’un écologiste, ça en dit long sur la perspective ».
    Les chasseurs représentent une manne électorale forte. Ils sont près de 4 millions en France, dont un million de pratiquants actifs avec un permis validé en 2021.

  • Violences d’État
    Crimes de guerre, crimes contre l’humanité
    L’Histoire universelle et les textes anciens dont la Bible abondent en récits d’exterminations et massacres de masse. Mais les Européens, à l’apogée de leur puissance, au XIXe siècle, avait nourri l’espoir d’y échapper enfin.

    Dans son ouvrage posthume De la guerre (1832), Clausewitz réduit la guerre à « la continuation de la politique par d’autres moyens ». Cette célèbre formule s’applique assez bien aux Temps modernes, de la fin du XVIe siècle au début du XIXe, quand les États européens en venaient à s’affronter, armée contre armée, après avoir épuisé tous les recours de la diplomatie.

    Le XXe siècle a changé la donne avec l’émergence de la guerre totale, de la guerre d’extermination et de la guerre asymétrique. Dans Le siècle des génocides (Armand Colin, 2004), Bernard Bruneteau définit même ce siècle comme celui qui a vu se multiplier en Europe et dans le reste du monde un crime d’une dimension sans pareille, le génocide. Il se garde cependant de mettre dans le même sac génocides, crimes contre l’humanité, massacres de masse, atrocités des guerres coloniales, crimes de guerre… Appliquons-nous à bien définir ces concepts.

  • Ukraine : la dernière guerre façon Clausewitz
    Après un siècle de guerres d’extermination et guerres asymétriques, la guerre d’Ukraine, qui a vu la Russie attaquer sa voisine le 24 février 2022, nous ramène à la guerre selon Clausewitz.
    Cette guerre, dont nous n’avons pas fini de subir les conséquences, est l’aboutissement d’une tension croissante entre deux puissances impérialistes, les États-Unis et la Russie, l’une désireuse de placer toute l’Europe sous sa protection, l’autre animée par une conception extensive de sa sécurité. Il s’en est suivi un affrontement plutôt conventionnel entre une armée russe de 150000 hommes et une armée ukrainienne de 250 000 hommes équipés et formés par l’OTAN, le bras armé des États-Unis. 
    Au terme d’un mois de conflit et alors que s’amorçent à Istanbul les négociations de paix entre les belligérants, les pertes seraient similaires des deux côtés, de l’ordre de quelques milliers de soldats. Les civils victimes des bombardements seraient quant à eux au nombre de 1100 selon une estimation de l’ONU très certainement inférieure à la réalité. Le fait majeur est le grand nombre de réfugiés de guerre, essentiellement des femmes et des enfants qui ont gagné les pays limitrophes en cultivant l’espoir de retrouver un jour prochain leurs foyers.  

  • Aux origines de la violence du XXe siècle
    Jusqu’à la Grande Guerre (1914-1918), l’Europe avait connu de nombreuses guerres entre États, réduites pour l’essentiel à des affrontements entre militaires. Il s’agissait à chaque fois pour les belligérants de prendre des gages avant de s’asseoir à la table des négociations. Un changement s’amorce avec la Première Guerre mondiale, plus meurtrière que toutes les précédentes : l’Allemagne vaincue se voit sommée de signer un traité de paix à la rédaction duquel elle n’a pas participé (on mesure le chemin parcouru en un siècle quand on songe à la manière dont la France, après la chute de Napoléon, a participé au congrès de Vienne). 

    Ce conflit, en atteignant un seuil de violence sans précédent en Europe, a également contribué à chambouler les consciences. « Lieu de l’hécatombe et de la terreur la plus insupportable, la bataille des années 1914-1918 a rendu banale la disparition de millions d’hommes, faisant accepter par exemple que la moitié des morts de la guerre n’aient pas de sépulture. Le consentement à la mort de masse est indissociable de la désacralisation subite de la vie humaine », note Bernard Bruneteau.

    C’est ainsi que l’on arrive à la Seconde Guerre mondiale avec des victimes civiles plus nombreuses que les victimes militaires, une caractéristique que l’on retrouve dans les guerres civiles ou religieuses, certaines guerres coloniales ou encore les conquêtes mongoles. En 1945, sitôt après la destruction du IIIe Reich, les vainqueurs se montrèrent déterminés à juger les représentants du IIIe Reich, coupables d’avoir déclenché le plus épouvantable conflit qui soit, du moins en Europe. C’est une première dans l’histoire des relations internationales car, jusque-là, il était habituel que toute guerre se termine par des négociations de paix.

  • Le crime contre l’humanité
    L’accord de Londres du 8 août 1945 établit donc les statuts du Tribunal militaire international de Nuremberg, qui doit juger les criminels nazis. Il invoque à leur propos trois chefs d’inculpation conventionnels et quelque peu arbitraires : complot (quels gouvernants n’ont jamais comploté d’une manière ou d’une autre ?), crime contre la paix (toute guerre est en soi un crime contre la paix), crimes de guerre (aucun belligérant n’y échappe à vrai dire : exécutions sommaires, viols, bombardements de villes, etc.).

    Mais les juristes de Londres ajoutent à ces chefs d’inculpation  le « crime contre l’humanité ». C’est la première utilisation de ce concept. Son invention revient à… Robespierre qui avait déclaré le 3 décembre 1792 au procès de Louis XVI ! « Je demande que la Convention nationale le déclare [le roi] dès ce moment traître à la nation française, criminel envers l’humanité… ». L’accord de Londres définit le crime contre l’humanité de façon très extensive comme « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation et tout autre acte inhumain commis contre toutes les populations civiles, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux » (article 4).

    La conséquence juridique fondamentale et exclusive du crime contre l’humanité est d’être imprescriptible : ses auteurs peuvent être poursuivis jusqu’au dernier jour de leur vie. Il s’agit d’une entorse à un principe juridique immémorial, la prescription : au-delà d’un certain délai, la justice s’interdit de poursuivre un délinquant ou un criminel. L’imprescriptibilité se doit d’être maniée avec précaution  pour ne pas jeter les coupables dans le désespoir absolu. C’est pourquoi la définition du crime contre l’humanité a été d’abord restreinte au cadre de la Seconde Guerre mondiale et de ses origines. 

  •  
    Bonjour,

    Aujourd’hui le scénario que nous redoutions tous s’est produit : en quelques heures ce jeudi 24 février, l’Ukraine a basculé dans l’horreur et la vie de 7,5 millions d’enfants innocents est désormais menacée. Sur le terrain, la situation évolue rapidement et se détériore chaque jour : les bombardements ont déjà endommagé des infrastructures d’approvisionnement en eau et en électricité, des habitations et des écoles. Si les combats continuent, des dizaines de milliers de familles pourraient être déplacées de force, ce qui augmenterait considérablement les besoins humanitaires.

    La situation exige donc que l’UNICEF mobilise ses moyens d’urgence en grande quantité.

    Nos équipes doivent poursuivre, coûte que coûte, l’approvisionnement en médicaments, citernes d’eau, biscuits énergétiques, vitamines, tablettes de purification d’eau, vêtements chauds, et bien d’autres produits d’hygiène et de première nécessité. Des enfants, brisés par les horreurs du conflit, peuvent grâce à vous retrouver l’espoir, et c’est pour cela que nous avons besoin de vous pour envoyer des kits de survie.

  • Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire

    Albert Einstein
    Ils devaient veiller au respect de la Constitution, en être les gardiens attitrés, vigilants, rigoureux et incorruptibles. Ils avaient solennellement prêté serment devant le Président de la République de bien et fidèlement remplir leurs fonctions et de les exercer en toute impartialité dans le respect de la Constitution. Or voilà qu’au cours de l’été 2019 on s’est aperçu que depuis le 1er janvier 2001 et jusqu’en ces premiers mois de 2022, le Conseil constitutionnel a concentré et – semble-t-il – concentre toujours dans ses murs, dans ses silences et dans ses secrets, dans les personnes de ses présidents et de celles de tous ses membres successifs, l’immense majorité des violations constitutionnelles commises en France au cours de ces vingt dernières années.
    En effet, au fil du temps, la plupart des présidents et des membres du Conseil constitutionnel sont devenus de trop fins juristes, des constitutionnalistes trop avertis pour ne pas s’apercevoir que le marché fort attractif que vient de leur proposer Madame Florence Parly (alors secrétaire d’État au Budget auprès de Laurent Fabius, ministre des Finances, de l’Économie et de l’Industrie) en ce début de l’année 2001 est hautement suspect. Il s’agit rien moins que de troquer l’ancien abattement fiscal de 50% dont ils bénéficiaient illicitement depuis 1960 contre une augmentation substantielle et immédiate de leurs rémunérations (+ 57% quand même). Au-delà de l’appât du gain, cette brusque revalorisation pose en effet quelques questions tant au regard de la déontologie du juge, que de son éthique personnelle, alors même qu’aucune contrepartie explicite ne vient gager (« causer » diraient les juristes) cette aguichante proposition. C’est d’ailleurs pour apaiser les derniers scrupules des Sages que, probablement en relation avec son ministre de Rattachement, la jeune Secrétaire d’État avait choisi le 16 mars 2001 le canal discret d’une simple lettre ministérielle non publiée, qui notifiait les augmentations allouées, sans toutefois rien dévoiler à quiconque de leurs éventuelles contreparties. En dépit de toutes ces précautions, les rallonges proposées n’en demeuraient pas moins incompatibles avec l’article 63 de la Constitution qui réserve à un texte organique le soin de fixer la rémunération du président et des membres du Conseil. Ces derniers ne pouvaient donc ignorer le caractère doublement illégal de la situation,  puisqu’en la forme l’augmentation allouée n’avait pas emprunté la voie obligatoire d’une loi  organique  et au fond elle bafouait l’article 6 de l’ordonnance du 7 novembre 1958 à valeur organique qui plafonnait la rémunération du président au traitement du vice-président du Conseil d’État (lettre G) et celle des autres membres au traitement d’un président de section au Conseil d’État (lettre F) et donc à des sommes nettement inférieures à la notification Parly. Le calcul ci-dessous ne laisse aucune place au doute.

  • Un calcul simple et accessible
    Point n’est besoin d’être inspecteur des Finances, conseiller-maître à la Cour des comptes ou plus modestement expert-comptable pour le comprendre. Il s’agit le plus simplement du monde de rapprocher deux sources, puis de vérifier leur concordance pour s’assurer que les limites fixées par la Constitution sont bien respectées :

    le montant annuel – tel que fixé par la Constitution – du traitement du président et de celui des membres du Conseil constitutionnel,
    les documents budgétaires préparés par le Conseil constitutionnel à l’intention du  Gouvernement et votés ensuite par le Parlement au titre des lois de finances initiales et de  règlement :

  • Pour la Constitution
    L’article 6 de l’ordonnance du 7 novembre 1958 prise en application de l’article 63 de la Constitution prévoit que : le président et les membres du Conseil constitutionnel reçoivent respectivement une indemnité égale aux traitements afférents aux deux catégories supérieures des emplois de l’État classés hors échelle. Ces deux traitements correspondent en réalité :

    pour le Président du Conseil constitutionnel à celui du vice-président du Conseil d’État, soit l’échelle-lettre G qui, au 1er janvier 2022, indique un montant brut annuel de 84 911 € ;
    pour les membres du Conseil à celui d’un vice-président de section au Conseil d’État, soit l’échelle-   lettre F, qui indique un montant brut annuel de 77 488 €.
    On observe donc un écart de (84 911 /77 488 – 1,00) = 9,58% entre les deux niveaux hiérarchiques. Il est important de préciser dès maintenant que l’ordonnance précitée prévoit expressément que l’indemnité en cause est égale aux traitements considérés.

  • Pour les documents budgétaires
    On se cantonnera au document le plus récent : le projet de loi de finances initiale pour 2022, tel qu’arrêté et voté par le Parlement à la fin du mois de décembre 2021. C’est dans l’annexe du projet, consacrée aux pouvoirs publics, que se trouve consigné le montant total des rémunérations du Président et des membres du Conseil constitutionnel. Cette annexe mentionne 1 637 300 € au titre de la rémunération brute et hors charges de l’ensemble des Sages (étant précisé qu’en l’absence de tout ancien Président de la République, ils ne sont plus que 9). On a vu plus haut qu’en fonction des échelles indiciaires, on peut estimer à 9,58% la majoration dont jouit le président du Conseil, par rapport à ses collègues. On obtient ainsi aisément le montant moyen de la rémunération brute annuelle d’un conseiller en opérant la division : 1 637 300 € /9,0958 € = 180 006 € arrondi par défaut et par commodité de calcul à 180 000 €, montant porté à (180 000* 1,0958) pour le président soit197 244 € . Il est à noter que ce montant annuel de 180 000 €, qui correspond peu ou prou à celui que perçoit le Président de la République, lui-même, rejoint très précisément la déclaration de Madame Belloubet à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique, lorsqu’en juin 2017 elle a quitté le Conseil constitutionnel pour accéder au poste de Garde des Sceaux.

  • Le défaut patent de concordance
    La confrontation des deux sources est sans appel puisque pour 2022 le Président du Conseil constitutionnel perçoit une somme annuelle brute de 197 244 €, alors que les textes constitutionnels plafonnent cette rémunération à 84 911 €, soit une « surprime » illégale de 112 333 €, correspondant à une majoration indue de… 132% de la rémunération autorisée.

    En répliquant le même calcul pour les autres membres du Conseil constitutionnel, on obtient face à une rémunération annuelle brute budgétaire de 180 000 € une rémunération constitutionnellement autorisée de 77 488 €, soit une « surprime » de 180 000 – 77 488 = 102 512 €, majorant indument du même pourcentage de 132% le plafond légal.

    L’argument selon lequel les rémunérations actuellement versées aux Sages correspondraient à celles respectivement perçues par le vice-président du Conseil d’état et un président de section de ladite juridiction est absolument sans valeur, parce que les textes constitutionnels se référent expressément au seuls « traitements » des fonctionnaires concernés, à l’exclusion de tout accessoire de rémunération (primes, suppléments et indemnités notamment) venant en sus.

    Le lecteur peut ainsi se rendre aisément compte par lui-même de la simplicité relative du calcul présenté ci-dessus qui, tenant  en guère plus d’une page, limité à quelques opérations des plus simples et ne comportant  aucune équation de quelque degré que ce soit, a victorieusement rebuté pendant plus de 20 ans la fine fleur de notre haute fonction publique, a tenu vaillamment en échec ses corps de contrôle les plus prestigieux avant de défier victorieusement la perspicacité des plus aguerris de nos Parlementaires, visiblement guère à l’aise avec les mathématiques les plus rudimentaires. À quand donc un classement Pisa des Gouvernements, des corps de contrôle publics et des Parlements en place ?

  • Les acteurs
    Le Conseil constitutionnel
    Quoi qu’il en soit, en acceptant la proposition Parly (dont on peine à croire qu’elle n’ait pas été sollicitée), le président et les membres du Conseil constitutionnel de 2001 savaient qu’ils avaient mis le doigt dans un engrenage sulfureux, puisque les sommes perçues en surplus des traitements visés par l’ordonnance précitée encouraient le double grief de dissimuler des enrichissements personnels illicites et de constituer autant de violations de la Constitution. Et le secret a été si bien gardé par la suite qu’on a beaucoup de mal à imaginer que les consignes adéquates de discrétion aient pu ne pas être transmises aux nouveaux présidents et aux nouveaux membres du Conseil, au fur et à mesure du renouvellement du Conseil. C’était en effet la condition indispensable pour que le secret de l’affaire – un véritable secret d’État – ne « fuite » pas et il a été si bien protégé qu’aujourd’hui encore, le Conseil continue à s’abstenir de toute communication sur le sujet et que c’est bien malgré lui que le scandale est finalement tombé dans le domaine public. Il n’en reste pas moins qu’en maintenant obstinément cette position quoi qu’il en coûte (surtout au Trésor public), le Conseil constitutionnel a accumulé un nombre sidérant de violations constitutionnelles, puisque chaque versement individuel emportait et emporte encore, on vient de le voir, une infraction constitutionnelle. Dès lors, en excluant pour ne pas encombrer inutilement notre propos le cas particulier des anciens Présidents de la République, les choses sont simples : pendant 21 ans, 9 présidents ou conseillers ont chaque mois perçu des sommes importantes en violation de la Constitution; Ce qui détermine en bloquant le compteur au 31 décembre 2021 un total sidérant de :

    21ans * 12 mois * 9 parties prenantes = 2 268 manquements à la Constitution.

  • Il faut y ajouter en sus et pour chacune des 21 années précitées deux manquements supplémentaires, cette fois au niveau de l’institution, caractérisés par la présentation d’un budget insincère, puis d’un compte de règlement   intégrant en pleine connaissance de cause les violations précédentes, soit :

    21ans * 2 manquements = 42 violations supplémentaires

    et donc un total hallucinant de 2 268 + 42 = 2 310 violations des textes constitutionnels commises en quelque 21 années (soit 110 violations par an = 2310/21  pour l’ensemble du Conseil, se déclinant pour chaque mandat complet  en 126 violations, soit  9 (12+2) = 126, par président et 108 ,soit 9*12 = 108,  violations par  membre  par ceux-là mêmes qui auraient dû être les gardiens du temple.

    Rappelons en outre que l’extrême diversité des bénéficiaires: Présidents de la République, Premiers Ministres, Ministres de Finances, Garde des Sceaux, autres ministres d’État, parlementaires, Présidents de l’Assemblée Nationale, diplomates, inspecteurs des finances, hauts magistrats tant dans l’ordre judicaire que dans l’ordre administratif, universitaires de haut rang, avocats et bien d’autres encore, montre que le mal a été profond et que cela fait déjà un certain temps que les valeurs de la République battent piteusement de l’aile.

  • Il sera d’ailleurs intéressant de voir si les trois nouveaux juges qui viennent d’être nommés (non sans force polémiques…) vont se glisser sans mot dire dans le très profitable système de rémunération perpétué par leurs collègues ou si leur éthique personnelle  va les obliger à dénoncer publiquement un système qui les compromettrait irréversiblement: rendez-vous au plus tard lors de  la prochaine loi de finances pour 2023 à l’annexe 31 qui permettra de savoir à quelle catégorie de conseillers on a à faire.

    Par ailleurs, dans la perspective des prochaines élections présidentielles, il y a plus qu’un paradoxe à confier le soin d’approuver, de réformer ou de rejeter les comptes de campagne des candidats,  à un Conseil constitutionnel , dont chacun des juges se trouve (ou pour les nouveaux, risque de se trouver) à raison d’enrichissements personnels indus perçus avec l’accord implicite et subversif  d’un seul des candidats,  en délicatesse tant avec la Constitution, qu’avec rien moins que le droit budgétaire, la déontologie constitutionnelle  et enfin la probité républicaine. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi, dans un domaine aussi grave, personne ne doit pouvoir soupçonner ni le juge, ni l’auditeur, mais dans notre République faisandée cela ne gêne personne, fors quelques juristes grincheux qui s’obstinent à s’accrocher  encore au droit qu’on leur a appris. Et pourtant, il est peu probable à regarder le passé qu’un seul de ces magistrats ait le réflexe de se récuser, car la récusation n’a jusqu’ici visiblement pas fait partie des pratiques de la maison.

  • Le Gouvernement
    Mais, ce qu’on peut appeler pudiquement ces « malversations » n’aurait pas été possible sans la complicité active de deux autres institutions au cœur des pouvoirs publics : le Gouvernement d’abord et le Parlement ensuite. Le Gouvernement :

    en tant qu’auteur chaque année à la fois du projet de budget pour l’année suivante et du projet de loi de règlement pour l’année précédente ;
    comme détenteur officiel d’une copie au moins de la lettre Parly par son ministre en charge du Budget,
    ne pouvait évidemment ignorer que les chiffres inscrits au titre des pouvoirs publics dans les projets de budget et dans les projets de loi de règlement du Conseil constitutionnel au titre des traitements des membres de ce Conseil étaient intrinsèquement faux, qu’ils l’étaient de beaucoup et que, circonstance aggravante, ils violaient ouvertement la Constitution. D’ailleurs les services auraient-ils perdu la trace de la lettre Parly, que – comme on l’a vu – un simple rapprochement entre les chiffres inscrits dans les documents budgétaires et les traitements fixés par la Constitution révélait immédiatement un énorme écart, qui aboutit à ce qu’aujourd’hui les rémunérations budgétées font plus que doubler les montants constitutionnellement autorisés. S’y ajoute bien entendu toute la machinerie budgétaire pour faire taire les réticences des comptables publics les plus avisés.

  • En outre, l’indemnité prétendument complémentaire versée, alors que financièrement elle constitue la rémunération principale des Sages, pose trois autres redoutables problèmes :

    celui d’une gestion de fait pour l’Exécutif, puisque l’argent versé clandestinement et frauduleusement versé échappe au circuit budgétaire légal ;
    celui d’un emploi clandestin pour les Sages, puisque cette indemnité est complètement étrangère aux conditions d’exercice du mandat de juge constitutionnel, dont elle vient heurter les exigences d’impartialité, d’exclusivité et d’indépendance et qu’elle se rattache donc à une fonction innommée et distincte de celle prévue par la loi ;
    et enfin celui qui risque fort de s’apparenter à une tentative de corruption en l’absence de cause légitime et avouable au profit d’un juge encaissant de douteuses « épices » en provenance du défendeur qu’est l’État, sans que le requérant en soit informé, ni qu’il puisse faire de même pour tenter de restaurer un semblant d’équilibre dans un procès devenu rien moins qu’équitable ;
    qui devraient normalement alimenter une chronique juridictionnelle fournie, pour peu que cesse la loi du silence actuellement en vigueur.

  • Le Parlement
    Bien sûr le même grief de défaut de vigilance existe à l’encontre du Parlement qui, sans connaitre l’existence de la lettre Parly, avait lui aussi dès l’origine les moyens, en confrontant le total des rémunérations budgétées au total des rémunérations autorisées par la Constitution, de détecter tout de suite l’existence d’une grave anomalie. Comme on l’a vu, le rapprochement était l’affaire d’un quart d’heure, d’une demi-heure tout au plus. Mais qu’importe, à l’Assemblée nationale, en répudiant leur devoir de contrôle, les majorités successives ont comme à l’habitude voté l’ensemble de ces lois de finances à l’unisson, sans se poser la moindre question et évitant servilement toutes celles qui fâchent. C’est d’ailleurs sans doute pourquoi les alertes expresses que nous avons personnellement adressées au début de l’été 2021 aux divers présidents de groupe, ainsi qu’à Madame Le Pen sont restées vaines et n’ont eu aucune incidence sur le vote en fin d’année de la loi de finances pour 2022 reconduisant intégralement et en parfaite connaissance de cause les dévoiements signalés.  On ne peut pas dire non plus que le Sénat, pourtant armé de la même faculté de calcul et de bon sens, ait joué à cette occasion son rôle de contre-pouvoir, bien qu’il eût été intéressant de voir comment aurait réagi le Conseil constitutionnel à des injonctions imposant sur le champ un strict retour à la Constitution. Nous en terminons ainsi avec les principaux acteurs directement ou indirectement impliqués dans la fraude intervenue. Reste à considérer la longue liste de ceux qui, alors qu’ils étaient payés pour « empêcher » ces dérives ou y mettre fin diligemment, les ont regardé filer au grand dam du Trésor public et de tous ceux qui le financent.

  • Les « observateurs »
    On n’insistera pas sur le caractère volontiers frondeur de cette appellation. Elle couvre pourtant des institutions très sérieuses, dont la clairvoyance et la vigilance n’ont assurément pas été les vertus premières. On commencera par la Cour des comptes, on continuera par la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie publique et on n’aura garde d’oublier l’Inspection des Finances, la Cour de cassation et le Conseil d’État ou encore l’Université, dont plusieurs membres ont, par le passé, fait eux-mêmes partie de ces Sages « voraces », cependant que les autres se sont astreints sans ciller à une discrétion de connivence. Impossible enfin d’écarter le Président de la République, chargé pourtant de veiller à l’exacte application de la Constitution et au fonctionnement régulier des pouvoirs publics. On en arrivera enfin à envisager, suite à toutes les défections enregistrées, le signalement au Parquet National Financier.

  • La Cour des comptes
    Nous avons en son temps directement saisi Monsieur le Premier Président de la Cour des comptes, qui a eu l’obligeance de nous répondre et en plus avec diligence. Mais notre déception a été à la mesure de nos attentes : le Conseil constitutionnel échappe à la compétence de la Cour, les sommes en cause n’atteignent pas le seuil d’importance exigé pour que la Cour s’en préoccupe et de toute manière elle s’interdit tout contrôle d’opportunité sur les rémunérations des Sages. On reste quelque peu ébahi lorsqu’on confronte cette triple fin de non-recevoir à la devise officielle de la Cour qui prétend : s’assurer du bon emploi de l’argent public, en informer les citoyens., tout en oubliant de mentionner la restriction importante du Conseil constitutionnel, puisque la rue Montpensier n’ouvre pas sa porte à sa voisine, la rue Cambon.

  • Le Président de la République
    L’article 5 de la Constitution ne lui laisse aucune marge de manœuvre, puisqu’il édicte : Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics. Mais cette obligation expresse ne semble pas jusqu’à présent l’émouvoir outre mesure dans notre affaire, puisqu’à ce jour et quatre mois après la réception de l’avis attestant de l’enregistrement de ma lettre opérant signalement auprès des services de l’Élysée, je n’ai toujours pas reçu la moindre réponse ou le moindre élément de réponse, sans avoir davantage  connaissance d’éventuelles  mesures d’urgence qui auraient été prises pour mettre un terme à la situation actuelle. Ce contretemps m’a d’ailleurs obligé à interroger la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie publique sur sa propre compétence face à une telle affaire. Sa réponse négative contraint à poser ces prochains jours la même question au Parquet National Financier (déjà saisi d’une plainte en concussion par Maître Delsol, président de l’IREF) dont la remarquable célérité lors de l’affaire Fillon laisse espérer que ce dossier, qui pose des questions infiniment plus graves pour la République avec des enjeux financiers nettement plus coûteux pour le Trésor, bénéficiera des priorités et des diligences qu’il mérite.

  • Quelques autres encore
    On a fourni plus haut une première liste des personnes, dont on a du mal à justifier le silence, alors même qu’elles n’étaient nullement ignorantes de ce qui se passait. On doit y ajouter le secrétaire général du Conseil constitutionnel, sans nul doute douloureusement écartelé dans un redoutable conflit personnel de loyauté entre la défense de l’intérêt de l’institution et celle des intérêts pécuniaires de ses juges. Ce qui veut dire au final que nombre de membres éminents de la haute fonction publique française ont personnellement bénéficié ou ont pu avoir connaissance des abus rapportés plus haut et qu’aucun desdits membres n’a eu le réflexe de s’en désengager ou d’opérer le signalement nécessaire pour stopper au plus tôt l’hémorragie financière en cours.

    Au terme de cette étude, la liste des acteurs directement ou indirectement impliqués dans les versements effectués ou les encaissements perçus, comme celle des institutions et des personnes qui semblent avoir failli dans leur devoir de contrôle, de surveillance, d’alerte ou tout simplement de loyauté républicaine, est proprement hallucinante. On est assurément à cent lieues de la République exemplaire que nous avait promis un jeune Président au soir de son élection. Parce qu’ils en ont vu d’autres, les Français avaient évidemment reçu cette promesse avec quelque circonspection, mais ils ne se doutaient pas que quelques années plus tard, on découvrirait un tel scandale au cœur même d’une des institutions les plus puissantes et les plus importantes de la République. Certes, cela fait déjà un certain temps -notamment depuis l’affaire Cahuzac, suivie de quelques autres- que les Français ne se font plus guère d’illusions sur l’intégrité absolue revendiquée par notre République. Mais maintenant qu’ils considèrent la désinvolture, pour ne pas dire plus, des uns et des autres, ils s’interrogent ouvertement sur le degré exact de décomposition de ses institutions, sur le niveau réel de corruption qui y règne et sur les responsabilités personnelles des élites qui les dirigent en regardant passivement se déliter l’État de droit, au lieu de s’honorer à le servir et à le faire respecter.

  • Quoi qu’il en soit, il est probable que, maintenant, la plupart de nos concitoyens attendent de pied ferme que le Trésor exige sans état d’âme le remboursement des enrichissements personnels indus, en réagissant vigoureusement contre toute attitude qui consisterait à laisser pourrir la créance publique ou, pire, à l’éteindre par une amnistie aussi ravageuse que scélérate. Viendra ensuite la question de l’avènement d’un nouveau Conseil constitutionnel, suffisamment renouvelé, suffisamment réformé pour que les Français puissent à nouveau et progressivement réinvestir leur confiance dans un nouveau Juge suprême, désormais affranchi de tout conflit d’intérêts et préservé d’influences politiques par trop directes ou par trop voyantes. Un juge vraiment indépendant, à la hauteur des enjeux, à la fois plus respectueux de la Constitution et plus attentif à tous ceux, dont il se doit de garantir efficacement les droits, notamment en matière d’égalité, de sécurité, de liberté et de propriété. Il faut qu’en cessant d’ajouter ou de retrancher arbitrairement à la loi, le juge constitutionnel retourne aux principes de clarté, de logique, d’équité et de lisibilité, hors desquels le citoyen le ressent comme un instrument supplémentaire d’oppression du pouvoir, au lieu d’y voir le défenseur avisé et vigilant de ses droits.

  • Interview
    Pierre Rosanvallon: «Emmanuel Macron est devenu la figure centrale de la droite française»

    Election Présidentielle 2022dossier
     
    Pour l’historien et sociologue, les forces politiques à la présidentielle sont à bout de souffle et regardent en arrière. Notamment le président sortant, qui dépouille les idées de la droite conventionnelle pour redessiner le centre de gravité politique de son quinquennat à venir.

  • Aidé par la guerre en Ukraine et des intentions de vote très favorables, le chef de l’Etat se sera offert le luxe d’une campagne a minima. Candidat de la «disruption» en 2017, Emmanuel Macron est devenu un «politicien traditionnel», estime Pierre Rosanvallon, professeur et titulaire de la chaire d’histoire moderne et contemporaine du politique au Collège de France. Chez le promoteur de la start-up nation, la tactique a remplacé les convictions de modernisation de la société française. «Emmanuel Macron a une philosophie du pouvoir mais n’a pas de philosophie sociale», analyse l’intellectuel organique de la «deuxième gauche» et auteur de nombreux ouvrages sur la question sociale, la démocratie ou les populismes.

  • Que vous inspire la campagne électorale ?

     
    Cette élection a un côté crépusculaire. On a le sentiment d’une répétition fatiguée du passé. Ce n’est d’ailleurs pas une exception française. C’est partout et depuis des années que se fait ressentir cette usure démocratique. Elle n’a semblé pouvoir être conjurée que lorsque des figures inattendues ou improbables sont venues troubler le jeu. C’est l’effet dont avait bénéficié Macron en 2017. Mais force est de constater que ce sont souvent d’inquiétants personnages qui se sont imposés sur ce mode. Comme Trump, grand prêtre du conspirationnisme, redonnant un visage au suprématisme blanc, ou un Zemmour faisant bouillir la marmite des remugles d’un siècle d’extrêmes droites. Les figures positives d’un Volodymyr Zelensky ou d’un Gabriel Boric au Chili, elles aussi surgies de nulle part, restent hélas des exceptions dans cette récente histoire des apparitions surprises en démocratie.

  • La guerre en Ukraine précipite-t-elle ce moment crépusculaire ?

    Elle conduit surtout à traiter les questions les plus vitales en termes de souveraineté et de construction européenne. Comme la pandémie avait obligé à reconsidérer les modalités d’exercice de la solidarité nationale et la légitimité de certaines contraintes imposées au citoyen. La superposition de ces deux séquences invite à raffermir l’idéal démocratique et à retrouver le sens des priorités vitales. Mais on est en train de voir qu’il y a loin des principes affichés aux politiques menées. Le débat autour des sanctions économiques, de l’avenir énergétique de l’Europe et son rapport au nucléaire est emblématique de la relation contradictoire entre des valeurs promues et des décisions à prendre en accord avec ces valeurs. La démocratie impose pourtant de déterminer le prix que l’on est prêt à payer pour la faire vivre.

    Pour Emmanuel Macron, les Français ont des idées archaïques dans la tête. Il faudrait donc les prendre par la main, leur «expliquer» les choses et leur taper sur les doigts de temps à autre.

    —  Pierre Rosanvallon, historien et sociologue

  • La position d’Emmanuel Macron, qui n’a pas souhaité de débat avant le premier tour, ne risque-t-elle pas de frustrer davantage les Français et de renforcer ce sentiment de mépris démocratique et social que vous avez théorisé dans les Epreuves de la vie (Seuil, 2021) ?

    Il est certain que ce moment démocratique majeur en France que doit être l’élection présidentielle est actuellement télescopé. Cela tient en partie au comportement de Macron. C’est en effet un être hybride, un libéral autoritaire qui se considère en rupture avec le «vieux monde» de ses compétiteurs. Cette vision dédaigneuse se mêle chez lui à une culture technocratique à l’ancienne typiquement française, qui le conduit à juger que les Français ne comprennent pas les réalités. Pour Emmanuel Macron, les Français ont des idées archaïques dans la tête. Il faudrait donc les prendre par la main, leur «expliquer» les choses et leur taper sur les doigts de temps à autre. Il a une vision démopédique de la démocratie. De par sa personnalité et son positionnement vertical, il contribue ainsi à entretenir ce caractère crépusculaire. Le sentiment de dépossession démocratique chez les citoyens pourrait s’en retrouver d’autant plus renforcé que l’entrée du président sortant dans la campagne était censée ouvrir un réel débat qui n’a pas eu lieu.

  • Le candidat Macron de 2022 est-il le même que celui de 2017 ?

    Non. Ce sont deux profils extrêmement différents. En 2017, son positionnement social-libéral était idéologiquement assez convenu mais sa jeunesse et son style lui avaient permis d’apparaître en rupture avec le système. Cinq ans plus tard, le moment de la disruption est passé et il devient une espèce de nouveau Giscard d’Estaing. Le projet de Giscard d’Estaing était d’unifier la droite en la modernisant tout en sortant du gaullisme ; mais il avait échoué. L’habileté du macronisme est d’être un giscardisme mâtiné de chevènementisme. Il assume totalement son libéralisme et s’adapte en même temps au contexte qui voit en ce moment l’idéologie souverainiste devenir ascendante quand celle de la transformation sociale est stagnante. Libéralisme et souverainisme est son nouveau «en même temps». Les convictions ont en outre été de plus en plus supplantées par des objectifs tactiques chez lui. Le «disruptif» est devenu un politicien traditionnel.

  • S’il est réélu, Macron promet la retraite à 65 ans, le conditionnement du RSA à une activité, la suppression de la redevance TV ou encore l’allègement des droits de succession. Est-il le véritable candidat de la droite ?

    C’est effectivement le cas. Sa vision modernisatrice est devenue d’ordre étroitement économique. Il n’affiche d’ailleurs plus d’ambition de transformation sociale, sociétale ou démocratique. Même s’il est dans cet ordre sociétal moins conservateur que la grande majorité des Républicains, il est de fait devenu la figure centrale de la droite française. Il ne fait d’ailleurs même plus l’effort de chercher à séduire les électeurs de gauche. Sa force tient en outre au fait que cette posture se greffe sur la position du candidat sortant qui a montré sa capacité à gérer les deux crises majeures de la pandémie et de la guerre en Ukraine.

  • Les Républicains parlent de «pillage» programmatique. Même sur le volet «immigration», Emmanuel Macron a durci son discours.

    Cela montre sa détermination à barrer la route du second tour à la droite existante pour se faciliter la tâche en rejouant le match avec Marine Le Pen. Emmanuel Macron a choisi de laminer la candidature de Valérie Pécresse de façon que l’électeur LR de base ne soit plus en mesure de reconnaître à sa candidate naturelle une quelconque spécificité. Avec son programme, Macron asphyxie Pécresse. Il y a à la fois chez lui le projet électoraliste de repousser la candidate des Républicains dans un coin et, à plus long terme, de redessiner le centre de gravité politique de son quinquennat à venir. Celui-ci était défini autour de l’annonce d’un dépassement du clivage droite-gauche. Dorénavant, Macron se pose en champion d’une droite en reconstruction, projet auquel nombre de ralliements donnent consistance.

  • Que vous inspirent les autres candidatures ?

    Les candidats les plus importants nous ramènent tous au passé, Emmanuel Macron, avec son repositionnement en nouvelle figure tutélaire de la droite, donc. Eric Zemmour qui récite de longues interventions de Barrès et de Maurras. II semble aussi ne pas se lasser de reprendre les formules du pamphlet Contre les étrangers que le premier avait publié au moment des élections de 1893. Il ne propose qu’un retour à tout ce qu’il y a de plus rassis et ancré dans une histoire glauque de la pensée et de la politique française. Jean-Luc Mélenchon opère lui aussi un retour en arrière. Il y a cinq ans, il s’érigeait en candidat populiste, regardait du côté de Podemos et des expériences latino-américaines et s’inspirait philosophiquement de Chantal Mouffe et Ernesto Laclau. On pouvait bien sûr critiquer cette démarche. Toujours est-il qu’il y avait dans sa campagne de 2017 une volonté de renouvellement de la culture politique de gauche, bien qu’il eût écarté le terme même de «gauche» de ses discours. Alors que le Mélenchon d’aujourd’hui retrouve presque des accents et une posture mitterrandienne. Il s’est donné un air républicain de «père de la patrie» aux accents hugoliens qui font oublier ses positions géopolitiques les plus discutables.

  • Ce moment crépusculaire que vous décrivez signifie-t-il la fin d’un cycle politique ?

    Les institutions comme les principales forces politiques actuellement engagées sont à bout de souffle. Il est fort probable que cette campagne soit la dernière pour Jean-Luc Mélenchon. De même pour Marine Le Pen, qui en est à sa troisième tentative. La huitième au total pour la famille Le Pen. Pour la social-démocratie, incarnée par un Parti socialiste donné à 2% ou 3%, la page est définitivement tournée. Le mouvement écologiste se révèle quant à lui toujours incapable de défendre une vision de la société qui concerne une majorité de citoyens. Quant au moment communiste, il a vécu depuis longtemps en France, malgré un dernier soubresaut à travers la figure sympathique de Fabien Roussel. Il y a donc bien une nouvelle page qui va s’ouvrir après les élections. Mais cette fin de cycle du point de vue des protagonistes et de forces organisées ne produira en elle-même aucun effet de renouvellement. Si la gauche, dans ses différentes composantes, est cornérisée, à l’exception des insoumis, c’est aussi parce qu’elle n’a plus rien à dire.

  • Pourquoi un tel marasme alors que les marqueurs de la gauche, la demande de justice sociale ou la question du pouvoir d’achat, sont plébiscités dans l’opinion publique ?

    Tous les thèmes structurant de la gauche sont, d’une certaine façon, plébiscités dans l’opinion : l’augmentation du pouvoir d’achat, la réduction des inégalités, la plus grande justice fiscale, la transition écologique, le renouvellement démocratique… Mais tout cela reste des thèmes à la fois évidents et d’une grande généralité. De telle sorte qu’ils ne sont pas, de fait, vraiment discriminants tant qu’ils ne sont exprimés que de façon globale. La mobilisation implique de donner un visage concret à ces thèmes. On ne peut par exemple se contenter d’évoquer un recours accru aux référendums ou à une démocratie plus participative et plus représentative. Il faut être plus spécifique et lier une philosophie de la démocratie à la description d’une nouvelle ingénierie démocratique. Les conditions de la mise en place et l’échec final de la Convention citoyenne sont ainsi lourds d’enseignements. C’est aussi le langage politique qu’il s’agit de transformer pour qu’il soit porteur d’une vision plus sensible. Je suis ainsi surpris, pour ne prendre qu’un exemple significatif, que les termes de respect ou de dignité n’aient pas occupé davantage de place. C’est dans cette direction que je ne fais qu’esquisser qu’il faudrait aller pour reformuler une vision émancipatrice qui soit sensiblement perçue par le plus grand nombre.

  • Le 1er mars, après une semaine d’horreur en Ukraine, des rapports ont dévoilé que le bureau de la censure avait menacé de bloquer le Wikipédia russe. Un homme de 32 ans, que nous appellerons Alexander, a alors décidé de télécharger au plus vite une copie du Wikipédia dans sa langue afin de l’avoir à disposition avec lui, dans l’est du pays.

    «Je l’ai fait juste au cas où», m’a-t-il expliqué par le biais d’Instagram Messenger avant de me confier que lui et sa femme étaient «en train d’essayer de partir pour un autre pays» avec leurs deux chiens, Prime et Shaggy. Instagram est bloqué en Russie mais beaucoup continuent d’y avoir accès grâce à un VPN. Le lundi 21 mars, le gouvernement russe a officiellement déclaré que Facebook et Instagram étaient des «organisations extrémistes».

  • Alexander n’est ni un éditeur régulier de Wikipédia ni un enthousiaste à tous crins, mais il veut pouvoir disposer d’informations basées sur des sources fiables, neutres et indépendantes du Kremlin. Il aime lire Wikipédia pour apprendre des choses sur tout un tas de sujets –du plus frivole (Mozart et la scatologie) au plus complexe (géopolitique)– et il considère que Wikipédia est plus fiable que les médias russes. Après s’être plaint que sa vie s’effondrait et de la désillusion à laquelle son pays l’obligeait à se confronter, il n’a pas tardé à partager sa sympathie pour l’Ukraine: «J’ai presque honte de parler des problèmes qu’on a en Russie en ce moment.»

  • La Russie bille en tête
    Alexander n’a pas été le seul citoyen russe à faire une copie locale de Wikipédia. Les données laissent entendre qu’après les menaces de censure, les Russes se sont mis à télécharger Wikipédia à la pelle. En ce moment, la Russie est le pays où Wikipédia est le plus téléchargé –et de très très loin. Avant l’invasion de l’Ukraine elle faisait rarement partie du top 10, mais depuis le 24 février elle reste bien ancrée en tête de peloton.

    Le fichier de 29 gigaoctets contenant Wikipédia en russe a été téléchargé rien moins que 105.889 fois au cours des quinze premiers jours de mars, ce qui représente une augmentation de plus de 4.000% par rapport à la première quinzaine de janvier. Selon Stephane Coillet-Matillon, qui dirige Kiwix, la structure qui permet de réaliser cette opération, les téléchargements russes constituent désormais 42% de tout le trafic sur les serveurs de Kiwix, contre à peine 2% en 2021. «Nous avons assisté au même genre de phénomène en 2017 lorsque la Turquie a bloqué Wikipédia», dit-il, «mais là, c’est une tout autre dimension».

  • Il sait exactement ce qu’il dira si les autorité l’interroge, plaisante-t-il: «Je peux tout expliquer! Absolument tout!»
    Wikipédia est une encyclopédie gratuite téléchargeable par n’importe qui. C’est ce qui se rapproche le plus de la plus grosse somme des connaissances humaines qui ait jamais existé, et ça tient dans une toute petite clé USB à glisser dans la poche ou à ranger dans un tiroir. Les informations du Wikipédia en russe, qui occuperaient à peu près 667 volumes d’encyclopédie, pèsent 30 grammes, tiennent dans le creux de la main et vous garantissent que quelles que soient les restrictions sur internet ou les blocages de VPN mis en place par le Kremlin, vous aurez toujours accès à cette information libre et gratuite.

    Malgré les menaces, la Russie n’a pas encore bloqué Wikipédia (l’agence de censure du Kremlin, le Roskomnadzor, a spécifiquement averti qu’elle pourrait interdire Wikipédia parce que l’article russophone sur la récente invasion de l’Ukraine ne s’alignait pas avec la version du Kremlin). Mais certains craignent que cela finisse par arriver.

  • Le président Vladimir Poutine a promulgué une loi draconienne qui prévoit quinze années de prison pour tout journaliste dont les propos ne seraient pas en accord avec ceux du Kremlin, incitant CNN, la BBC et d’autres médias à suspendre leurs diffusions. Microsoft, Apple et Google ont interrompu leurs services dans un geste de protestation politique, et la Russie a interdit Facebook et Instagram. L’hostilité du pays à l’égard des médias va plus loin que ses récents avertissements: ces dernières semaines, un éditeur très actif de Wikipédia a été arrêté pour diffusion de «contenu faux et antirusse».

  • Sachant tout cela, Alexander est conscient que si la situation s’aggrave, le simple fait de télécharger Wikipédia lui vaudra des problèmes, mais il sait exactement ce qu’il dira si les autorité l’interroge, plaisante-t-il: «Je peux tout expliquer! Absolument tout!»

    Hors ligne
    La Russie a censuré Wikipédia en 2015 à cause d’articles qu’elle considérait comme inappropriés, comme «Fumer du Cannabis» et «Tcharas», une sorte de haschisch. Le Roskomnadzor a envoyé un courrier pour demander que l’article «Tcharas» soit retiré, ce que Wikimedia Russia a refusé. En réaction, le Roskomnadzor a bloqué tout le site pendant presque une journée. Le Kremlin semble même éditer Wikipédia lui-même, comme le montre sur Twitter le bot @RuGovEdits qui suit depuis longtemps les corrections faites à partir des ordinateurs du gouvernement russe.

    La Wikimedia Foundation s’est montrée très ouverte ces dernières semaines sur son soutien à l’Ukraine et à la liberté des informations, en commençant par diffuser une déclaration appelant à mettre un terme pacifiquement au conflit en Ukraine, puis une autre concernant la demande de retrait envoyée par le gouvernement russe.

  • Depuis ses tout débuts, l’encyclopédie en ligne tâche d’être aussi une encyclopédie hors ligne.

    Wikipédia peut vous expliquer les symptômes de l’intoxication au monoxyde de carbone et vous détailler chacun des 124 vers de fiction notables. Mais malgré toute sa tentaculaire magnificence, il ne sert à peu près à rien aux 4 milliards de personnes qui n’ont pas accès à internet. «Wikipédia ne peut s’épanouir et s’améliorer que s’il est accessible au maximum de gens possible», m’a expliqué par mail Jorge Vargas, directeur des partenariats régionaux à la Wikimedia Foundation.

    Dans ce but, Wikipédia fait systématiquement un dump de ses bases de données, accessible publiquement, que Kiwix compresse en une archive afin de le rendre plus facile à partager. L’intégralité du Wikipédia en anglais, de la «Liste des dinosaures baptisés de façon non-officielle» à «Putois domestiques» en passant par «Plancher» et tout ce qu’il y a dans l’intervalle, représente 87 gigaoctets avec les images, ou 47 gigaoctets sans. Le Wikipédia en russe est encore plus petit, puisqu’il contient 1,8 million d’articles contre 6,4 millions pour la version anglaise.

  • Depuis ses tout débuts, l’encyclopédie en ligne tâche d’être aussi une encyclopédie hors ligne. Il y a eu Wikipédia en DVD en 2006, une liseuse «WikiReader» lancée en 2009, des livres imprimés à la demande en 2008, une version imprimée de Wikipédia sous forme d’installation artistique en 2015 et différentes applications au fil des années.

    Ça fait à peu près quinze ans que Kiwix fonctionne. Lors d’un échange vidéo, Stephane Coillet-Matillon m’a dit soupçonner que le récent pic de téléchargements depuis la Russie soit encore plus intense que ce que laissent entendre les données. «En Russie, des tas de gens utilisent un VPN ou un navigateur Tor, qui empêchent de les localiser», explique-t-il.

    Cela leur permet de contourner certains blocages d’internet par le gouvernement, mais cela signifie également que Kiwix ne peut obtenir de statistiques précises sur le nombre de fois où Wikipédia a été téléchargé en Russie. Pour compliquer les choses, il existe quelques quelques autres moyens de télécharger le contenu de Wikipédia en dehors de Kiwix.

  • Par-delà internet
    Coillet-Matillon m’a expliqué avoir vu le même type de pics de téléchargements après des censures de Wikipédia par des gouvernements –en Turquie en 2017, au Venezuela en 2019 et en Chine à différentes reprises– depuis que Kiwix a commencé à collecter des données en 2012. «Quand on vit dans un lieu où internet n’est pas fiable, télécharger Wikipédia est le meilleur moyen de s’assurer d’y avoir accès», commente-t-il. On peut avoir recours à un VPN pour contourner les restrictions gouvernementales, mais pas si un gouvernement bloque tous les accès aux adresses IP étrangères.

    Si le Wikipédia en anglais est le téléchargement le plus populaire de Kiwix, le service dispose de toutes sortes d’autres fichiers comme des conférences TED, des simulations scientifiques PhET, des contenus de la Khan Academy et plus encore. Ces dernières semaines, il a œuvré à développer des ressources sur les soins médicaux de guerre en ukrainien, qu’il espère diffuser afin de fournir des informations vitales sur les champs de bataille.

  • «Atteindre des lecteurs dans les régions du monde où l’accès à internet est limité est une priorité stratégique pour la Wikimedia Foundation et le mouvement Wikimedia», explique Vargas. Une des manières d’y parvenir pour la fondation consiste à soutenir financièrement Kiwix, dont environ 80% des lecteurs sont dans l’hémisphère sud. «En comparaison, 75 à 80% des lecteurs de Wikipédia sont dans l’hémisphère nord, donc on se complète bien», conclut Coillet-Matillon. Les autres revenus de Kiwix proviennent de donateurs et de la vente de hotspots.

  • «Quand nous avons commencé, nous visions des écoles dans des zones rurales d’Afrique. Mais aujourd’hui, notre travail arrive dans des camps de réfugiés, en Antarctique et dans des prisons.»
    Stephane Coillet-Matillon, dirigeant de Kiwix
    Kiwix est un organisme à but non lucratif et sans publicité dont les principaux services sont mis à disposition gratuitement, mais il y en a un qu’il fait payer, et il est très apprécié par ceux que l’on appelle les «preppers», ces personnes qui se préparent à la fin du monde. À l’aide d’un ordinateur Raspberry Pi, les clients peuvent alimenter un réseau wifi local capable de diffuser du contenu à plusieurs appareils.

  • Donc en cas de fin du monde, vous disposez d’une mine d’informations pour vous aider à rebâtir une société post-apocalyptique. Vous pouvez soit tout configurer vous-mêmes gratuitement, soit pour 15 dollars [environ 13 euros 70, ndlr] acheter toute la formule, prête à l’emploi, à Kiwix. L’accès à l’intégralité des données de Kiwix, avec les vidéos TED, la bibliothèque Gutenberg et Stack Exchange, coûte 29 dollars. (Coillet-Matillon trouve que la préparation à la fin du monde, c’est «très américain».)

  • C’est une petite structure: Kiwix compte quatre employés et une douzaine de bénévoles actifs. «Quand nous avons commencé, nous visions des écoles dans des zones rurales d’Afrique. Mais aujourd’hui, notre travail arrive dans des camps de réfugiés, en Antarctique et dans des prisons. Nous allons aller partout –vraiment partout», dit Coillet-Matillon.

    Kiwix a introduit Wikipédia dans de minuscules villages des Andes équatoriennes, dans des expéditions de VTT, dans des salles de classe d’Afrique de l’Ouest, dans des missions sous-marines tout au fond des mers, et dans 200 pays –jusqu’en Corée du Nord. Une organisation appelée Flash Drives for Freedom collecte des clés USB et des cartes SD, y stocke le Wikipédia en coréen et d’autres éléments culturels, et les fait passer clandestinement en Corée du Nord pour qu’elles soient distribuées par le biais d’un système douteusement qualifié de «marché noir sain». Un astronaute a édité Wikipédia depuis l’espace et des chercheurs ont apporté avec eux l’encyclopédie en ligne jusqu’aux tréfonds de la planète, où la connexion internet est encore plus mauvaise que là-haut.

  • L’omniscience sans connexion
    Joshua Montgomery, cosmologue et théoricien, a passé plusieurs étés et une période de onze mois au Pôle Sud dans le cadre de ses recherches. «La base antarctique n’a que quelques heures d’internet par jour, et les bandes passantes sont assez pourries», m’a-t-il révélé dans un mail. Après son premier été au Pôle Sud sans Wikipédia, il a compris qu’il allait falloir faire quelque chose.

  • Lorsqu’il y est retourné en 2018, il a configuré un serveur Kiwix sur un Raspberry Pi pour permettre au groupe de l’utiliser à la fois comme une inestimable ressource scientifique et comme un moyen de régler les inévitables discussions qui faisaient rage pendant les heures où internet était en berne. Surnommé «Wiki on Ice», il est encore opérationnel aujourd’hui.

    Une après-midi il n’y a pas très longtemps, j’ai décidé de télécharger Wikipédia pour mon propre compte. J’ai commencé par télécharger le navigateur hors-ligne Kiwix puis cliqué sur le fichier de 46 gigaoctets contenant l’intégralité du Wikipédia anglais, à l’exception des images.

    Au bout d’une heure et demie, lorsque ce monumental téléchargement a été terminé, j’ai ouvert le navigateur Kiwix et me suis retrouvé avec une interface Wikipédia toute propre contenant les 6 millions d’articles du Wikipédia anglophone. J’ai commencé à me balader de lien en lien et après avoir appris comment on fabrique le fromage blanc, je suis allé faire un tour sur Mozart et la scatologie, l’article qui décrit le penchant du compositeur pour les blagues pipi-caca, et j’ai pensé à Alexander.

  • Dans les supermarchés, les Russes s’arrachent des paquets de sucre

    Plusieurs vidéos montrent ces scènes, qui illustrent les retombées économiques de la guerre en Ukraine.

  • Sur les réseaux sociaux, des vidéos où l’on voit des Russes en train de se disputer du sucre dans des supermarchés sont devenues virales, illustrant les retombées économiques de la guerre en Ukraine.

    Sur ces images provenant de villes et de villages des quatre coins du pays, des foules de gens crient, se bousculent et grimpent les uns sur les autres pour attraper les derniers sacs de sucre disponibles. Les pénuries de sucre ont été l’une des premières conséquences matérielles de l’invasion russe. Certaines chaînes de magasins ont par dû imposer des rations de 10 kilos par client.

  • À Severodvinsk, dans le nord-est du pays, un homme qui faisait ses courses a eu la main lourde et s’est emparé de cinq paquets de sucre. Un autre acheteur, particulièrement énervé, l’a frappé à coups de poing au visage. «C’est une maison de fous, a déclaré la semaine dernière un consommateur du sud de la Russie à un média local. Les vendeurs disent que le sucre est réapprovisionné de temps en temps, mais le stock est immédiatement épuisé –les gens font le guet pour tout acheter.»

  • La raison de ces pénuries réside dans un cocktail de facteurs tels que la tentative de régulation des prix par le gouvernement, la montée de la demande et le krach de la valeur du rouble. En raison de la chute de la monnaie russe, les entreprises étrangères ne sont plus disposées à signer de nouveaux contrats d’approvisionnement.

  • La politique de l’autruche
    Les responsables russes nient en bloc l’existence de telles pénuries. Cette crise serait, selon eux, artificielle. Ils rejettent la responsabilité sur les achats compulsifs des consommateurs et les entreprises qui se servent du contexte pour faire monter les prix. La semaine dernière, le gouvernement a tout de même imposé une interdiction temporaire d’exportation de sucre.

    «Bien sûr, tout le monde ne peut pas faire face à ses émotions, mais si vous connaissez les informations réelles, alors vous comprenez qu’il n’est absolument pas nécessaire de courir dans les magasins pour acheter du papier toilette, du sarrasin, du sucre, etc.» déclarait ce vendredi Dmitri Peskov, porte-parole du président Vladimir Poutine.

  • Depuis, les forces de l’ordre ont averti qu’une enquête sur les entreprises des régions souffrant de ce déficit avait été ouverte. Le sucre est devenu une denrée rare et particulièrement chère en Russie: la semaine dernière, son prix a augmenté de 31%. En combinant l’exode des entreprises étrangères et les sanctions mises en place par l’Occident, d’autres pénuries et augmentations des prix devraient vite voir le jour, notamment concernant les voitures, les téléviseurs et les produits ménagers.

  • En pensant imiter Staline, Poutine a commis une grave erreur
    Gérard Grunberg et Telos — Édité par Hélène Pagesy — 13 mars 2022 à 11h05

    La défaite russe en Ukraine, probable à plus ou moins long terme, provoquera à coup sûr la seconde mort de l’Union soviétique.

  • Vladimir Poutine, converti au nationalisme russe, a renié depuis longtemps une Union soviétique coupable à ses yeux d’avoir mené, en premier lieu avec Lénine, une politique des nationalités qui a conduit à la situation actuelle de l’autonomie de l’Ukraine. Certains observateurs estiment qu’il entend reconstituer l’Empire des Romanov. Si tel est son but, c’est néanmoins en héritier du totalitarisme stalinien qu’il compte l’atteindre.

    La vision du monde de Poutine, ancien lieutenant-colonel du KGB, s’est construite à l’intérieur du monde soviétique et il a très mal vécu la fin de l’URSS, dont il affirmait en 2005, six ans après son arrivée au pouvoir, que c’était «la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle». Cette même année est fondé en avril un mouvement de jeunesses poutinistes dont le nom, «Nachi» («les nôtres», écrit Наши en russe) donne le ton de ce qui va suivre.

  • Car après une période de flottement dans son premier mandat, la Révolution orange de 2004 en Ukraine semble lui avoir fait redouter qu’une autre révolution démocratique se produise et fasse exploser la Russie comme hier l’Union soviétique. Il semble se convaincre alors que, pour bloquer cette évolution, il lui faut établir une dictature personnelle, estimant que la chute de l’URSS a été due d’abord à la faiblesse du pouvoir, avant comme après cette chute. Il s’agit, pour lui, après la politique de décentralisation lancée par Boris Eltsine, de recentraliser fortement le pouvoir.

    C’est dans ces années-là qu’apparaissent dans la phraséologie officielle des formules comme «verticale du pouvoir», «dictature de la loi», «démocratie souveraine», «capitalisme administré». Le pouvoir central se renforce alors face aux oligarques et aux gouverneurs des régions; l’opposition s’affaiblit. Après l’alternance en trompe l’œil de 2008, le retour de Poutine à la présidence en 2012 est marqué par des contestations qui occasionnent un nouveau tour de vis. Il ne va plus cesser de renforcer son pouvoir jusqu’à devenir un véritable autocrate.

  • Réécriture révisionniste de l’histoire
    Dès le milieu des années 2000 il entreprend parallèlement une réhabilitation de Staline, modèle à ses yeux du véritable dirigeant; une entreprise clairement révisionniste. En 2008, de nouveaux manuels scolaires, commandés par l’administration présidentielle, réhabilitent l’ancien maître du Kremlin. Ils abordent notamment la question des purges, affirmant qu’il y avait beaucoup coupables parmi les personnes poursuivies et que ces purges avaient permis de gagner la guerre en se débarrassant de la cinquième colonne.

  • La réécriture révisionniste de l’histoire trouve son aboutissement quand en décembre 2020, il fait dissoudre l’ONG Mémorial, fondée en 1989 dans le but d’archiver les exactions de la période stalinienne et, plus largement, les violations des Droits de l’Homme jusqu’à aujourd’hui. Dans un esprit qui évoque furieusement les procès des années 1930, le procureur qui traite l’affaire estime que le simple fait d’évoquer les purges est une justification du nazisme.

  • La fausse alternance de 2008 s’était déroulée dans le respect de la lettre des institutions, et sans toucher à la constitution. Mais le 10 mars 2020, la Douma vote un amendement du projet de révision constitutionnelle qui permettra à Vladimir Poutine de briguer deux nouveaux mandats consécutifs après 2024, ouvrant ainsi la voie à la possibilité du maintien au pouvoir du président russe jusqu’en 2036. Le 22 décembre, il fait adopter une loi donnant l’immunité judiciaire à vie aux anciens présidents ainsi qu’à leurs proches. Ce nouveau texte dispose qu’un ex-président russe «ne peut être poursuivi pénalement ou administrativement»; il ne peut pas, par ailleurs, être arrêté par la police, subir un interrogatoire ou être perquisitionné.

  • Royaume de la propagande
    Poutine, dès lors seul maître à bord, se met à traiter ses collaborateurs comme Staline traitait les siens, leur assassinat en moins il est vrai. Il suffisait pour s’en convaincre d’observer son patron du renseignement extérieur, au cours d’un conseil de sécurité convoqué en février sur la question ukrainienne, trembler et bégayer debout devant lui, pressé de donner clairement son avis sur la déclaration d’indépendance des deux républiques autoproclamées de l’est du pays.

    Staline était considéré par certains spécialistes comme un pervers narcissique. Poutine, lui, pourrait être atteint d’un délire paranoïaque, isolé dans sa tour d’ivoire, peu curieux des avis de ses collaborateurs mais exigeant d’eux une obéissance et une loyauté absolues. Cette folie se communique à l’espace public. Comme sous Staline puis ses successeurs, la Russie poutinienne est le royaume de la propagande la plus grossière et de la pure désinformation, ce qu’Antoine Cigila notait dans son ouvrage publié en 1938, Dix ans au pays du mensonge déconcertant.

  • Cet art du mensonge est une seconde nature de ces régimes totalitaires où le pouvoir considère que toute personne qui s’écarte du discours officiel est à la fois un ennemi à abattre et un personnage sans valeur qu’il faut traiter par l’injure et le mépris. Rappelons le temps où Alexandre Fadeïev, au Congrès mondial des intellectuels pour la paix, en 1948, avait qualifié Jean-Paul Sartre, absent de la cérémonie, de «chacal muni d’un stylo» et de «hyène dactylographe».

    Aujourd’hui les «ennemis de l’intérieur» ne sont pas beaucoup mieux traités qu’hier, même si les procès de Moscou ne sont pas réapparus: assassinats de journalistes, empoisonnement d’opposants tel qu’Alexeï Navalny condamné à une lourde peine de prison, rafles par milliers de manifestants contre la guerre. «L’opération spéciale» en Ukraine s’accompagne à l’intérieur du recours à des mesures totalitaires pour contrôler la population russe.

  • Ainsi, les parents d’élèves ont reçu des avertissements des écoles leur enjoignant de surveiller l’utilisation par leurs enfants des réseaux sociaux. Dans les écoles, les élèves assistent à des sessions spéciales destinées à leur inculquer la ligne officielle. La censure d’internet se fait de plus en plus complète. Il s’agit de déconnecter la population russe du monde extérieur. On assiste ainsi à une résurgence du cauchemar stalinien. Le mot totalitarisme ne doit pas être prononcé à la légère, mais il s’impose ici pour décrire l’évolution de la société russe.

  • L’ennemi extérieur
    L’ennemi extérieur doit être traité comme l’ennemi intérieur. Ici encore le vocabulaire rappelle le temps de Staline. Ainsi le gouvernement ukrainien n’est pour Poutine qu’une bande de nazis et de drogués qu’il faut liquider. Quant à la population ukrainienne, il faut l’écraser sous les bombes et obtenir une reddition sans conditions. Il n’existe pour ces deux hommes ni droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ni prix de la vie humaine. Les destructions et meurtres de masse sont les seules réponses adéquates aux demandes de liberté.

  • Il faut relire l’ouvrage de Robert Conquest, Sanglantes moissons, qui a décrit le martyre du peuple ukrainien à l’époque de la politique de la collectivisation forcée des terres par Staline au cours de l’hiver 1932-1933, qui entraîna une famine généralisée et cinq millions de morts. Les répressions, les persécutions et les purges y furent menées plus largement encore qu’ailleurs. Il faut dire que Staline, comme plus tard Poutine, détestait toute forme de pensée nationale s’écartant du modèle «grand-russe».

    C’est cette politique d’une extrême brutalité qui fut menée par Poutine en Tchétchénie, avec la destruction de Grozny, puis en Syrie, et qui semble prendre la même direction aujourd’hui en Ukraine. L’entrée des chars russes dans les grandes villes renvoie à leur entrée hier à Budapest, en 1956, et à Prague, en 1968: la loi de la force et la politique de la terreur.

  • Comme pour Staline, l’ennemi est pour Poutine l’Occident et ses régimes démocratiques dont il faut se protéger de la possible et dangereuse expansion. D’où l’abaissement d’un nouveau «rideau de fer» qui isole les habitants de l’empire russe. L’OTAN est le bras armé de cet ennemi, jugé seul responsable des réponses «purement défensives» adoptées par le pays. Après quelques années d’hésitation, Poutine est ainsi revenu à la vision stalinienne de la guerre froide.

    Dans ce monde deux camps s’opposent irréductiblement sur la planète. Les États-Unis et la Russie en sont les deux puissances dominantes. Face à l’ennemi occidental, Poutine tente de renouer avec la «mobilisation patriotique» du temps stalinien. Faute de fournir au peuple russe la modernisation économique promise, cette mobilisation, qui s’était avérée particulièrement efficace au temps de la «grande guerre patriotique» (il est vrai activée par les commissaires politiques), connaît une adaptation au temps présent. Car, si l’Ouest est considéré comme étant en guerre contre la Russie, celle-ci ne fait en revanche que «se défendre», son invasion de l’Ukraine n’étant qu’une «opération spéciale» et non une guerre, une sorte d’opération de maintien de l’ordre. Comme Staline, Poutine se présente comme le seul capable de protéger le peuple russe contre les agressions extérieures.

  • Stalinisme et hitlérisme
    Un élément capital distingue cependant la Russie poutinienne de la Russie stalinienne. Staline, plus rusé et prudent que Poutine, n’avait mené de guerre offensive en 1939 que contre la petite Finlande, guerre qu’il avait fini par remporter malgré de sévères et nombreux revers (c’est pendant la guerre d’hiver que les Finlandais inventèrent le cocktail Molotov utilisé par les Ukrainiens aujourd’hui contre les chars), et contre la Pologne, guerre qu’il ne risquait pas de perdre puisque Hitler attaquait ce pays de son côté. En revanche, c’est une guerre défensive contre l’Allemagne nazie qu’il avait victorieusement menée. Poutine, moins prudent et plus mégalomaniaque, a nettement sous-estimé le rapport de forces en Ukraine.

  • C’est en réalité à l’offensive d’Hitler contre la Russie que l’on serait alors tenté de comparer le blitzkrieg raté de Poutine. Il faut d’ailleurs se rappeler que la dernière fois que Kyiv et d’autres villes ukrainiennes ont subi une telle brutalité militaire, ce fut aux premières heures du 22 juin 1941. Il s’agissait alors du lancement par Hitler de l’opération Barbarossa contre l’Union soviétique. Deux jours avant l’invasion de l’Ukraine par Poutine, est paru sur RIA Novosti un éditorial annonçant prématurément la conquête du pays, où l’auteur qualifiait «l’opération spéciale» de «solution de la question ukrainienne»…

  • Si Staline n’a pas perdu de guerre, en revanche, ses successeurs en ont perdu une, en Afghanistan. Une défaite qui a joué un rôle notable dans l’écroulement de l’Union soviétique. Une défaite de Poutine en Ukraine, probable à plus ou moins long terme, provoquera à coup sûr, mais après quelle catastrophe humanitaire et quelles destructions, la fin de Poutine et de la Russie poutinienne, la seconde mort de l’Union soviétique en quelque sorte.

  • La crise ukrainienne ne se passe pas comme Poutine l’avait prévu

    Le président russe souhaitait diviser les États membres de l’OTAN. C’est tout le contraire qui s’est passé.

  • Pour l’instant, on ne peut pas dire que la crise ukrainienne se passe bien pour Vladimir Poutine.

    Le président russe a déployé près 100.000 soldats à la frontière ukrainienne (soit assez pour organiser une véritable invasion, si c’est ce qu’il a l’intention de faire), mais son attitude menaçante envers l’Ukraine n’est pour lui qu’un moyen de parvenir à ses principaux objectifs, à savoir a) établir une «sphère d’influence» qui recréerait autant que possible l’ancien empire russe (ou soviétique), b) approfondir les fissures politico-économiques de l’Union européenne et c) créer un fossé entre les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN.

  • Or, c’est tout le contraire qu’il a accompli avec sa manœuvre militaire. La menace ouverte qui pèse sur l’Ukraine a rassemblé les pays européens autour d’une cause commune, a redonné vie à la mission originelle de l’OTAN, qui consistait à décourager et limiter l’expansionnisme russe, et a, par conséquent, resserré les liens entre les alliés européens et les États-Unis (le principal garant de leur sécurité) plus fermement que jamais depuis la fin de la guerre froide.

  • Poutine avait des raisons de croire que les choses tourneraient autrement. En voyant Joe Biden faire l’apologie du Quad –la nouvelle alliance des États-Unis, du Japon, de l’Inde et de l’Australie, destinée à unir les alliés de l’Asie et du Pacifique contre l’essor de la Chine– il a pu se dire que l’OTAN avait perdu de son importance. Il a aussi vu de quelle manière les États-Unis se sont retirés de l’Afghanistan, et s’il a pu comprendre cette décision (son Union soviétique bien aimée fait partie des empires qui ont été enterrés ici), il n’aura pas manqué de remarquer l’incompétence de ce départ précipité et l’inquiétude, pour ne pas dire la panique, que cela a pu susciter chez les alliés des États-Unis.

  • Pendant ce temps, le Royaume-Uni s’est retrouvé isolé à la suite du Brexit, Angela Merkel a pris sa retraite de chancelière, laissant le plus grand et le plus riche pays de l’OTAN dans un moment de flottement, tandis que, de son côté, Emmanuel Macron cherchait à profiter de l’aubaine pour lui prendre sa place de leader de l’Europe continentale avec une envie d’«autonomie stratégique» de l’Europe par rapport à Washington.

  • Maintenant ou jamais
    Impossible de savoir si c’est vraiment ce qu’avait Poutine en tête, mais, objectivement, le moment a dû lui sembler propice pour agir –d’autant plus que cet enquiquineur de Volodymyr Zelensky (le président ukrainien) était en train de se rapprocher de plus en plus de l’Occident avec le renouvellement de sa demande d’intégrer l’OTAN. Une demande que les responsables américains semblaient voir d’un œil bienveillant, puisqu’ils affirmaient qu’ils finiraient sans doute par l’inviter un jour ou l’autre à rejoindre le club. Ajoutons à cela que les États-Unis ont fourni l’armée ukrainienne en armes et en formateurs, sans parler des membres des forces spéciales et de la CIA, sans doute envoyés sur place, aux yeux du président russe, pour commettre on ne sait quel méfait.

  • Du point de vue de Poutine, cette conjonction entre menace et opportunité ne pouvait que paraître encourageante. En 2014, il avait déjà annexé la Crimée et monté des incursions armées dans l’est de l’Ukraine, ce qui avait certes entraîné quelques conséquences (sanctions économiques, expulsion du G8 et d’autres désagréments), mais rien de bien terrible. Pourquoi en serait-il autrement cette fois-ci?

  • Poutine s’attendait peut-être à ce que la résistance s’effondre avant même de se manifester.
    C’est pourquoi dès novembre (voire avant), il a fait déplacer des dizaines de bataillons de chars, des missiles, des véhicules d’infanterie et des dizaines de milliers de soldats vers la frontière ukrainienne. Nous ignorons toutefois s’il a réellement prévu une invasion ou s’il souhaite seulement en utiliser la menace pour forcer ses adversaires à faire des concessions au sujet de ses exigences –c’est-à-dire que l’OTAN cesse de s’agrandir vers l’est et que l’armée américaine diminue sa présence dans les régions autrefois détenues par l’Union soviétique.

  • Poutine s’est peut-être dit que, même si Biden réagissait, les Européens resteraient divisés. Certains d’entre eux, notamment les Allemands, allaient sans doute craindre de se brouiller avec Moscou, de peur que les approvisionnements en gaz et en pétrole ne soient coupés en plein hiver, pile au moment où les températures chutent. Qui irait s’imposer de telles difficultés pour le seul bien de l’Ukraine, pays que personne en Europe, ou presque, ne souhaite réellement voir rejoindre l’OTAN? D’autant plus que tout le monde a bien conscience que c’est un pays qui revêt une importance particulière pour la Russie.

  • En d’autres termes, Poutine s’attendait peut-être à ce que la résistance s’effondre avant même de se manifester, ce qui aurait forcé Zelensky à se soumettre aux pressions de Moscou sans que les Russes n’aient à tirer un seul coup de feu.

  • Un obstacle nommé Biden
    Mais les choses ne se sont pas passées de cette façon. Les manœuvres de Poutine étaient trop grossières et ses démentis d’activité inhabituelle trop flagrants. Puis, autre rebondissement, Biden et ses diplomates, qui s’étaient montrés maladroits dans d’autres domaines, sont tout à coup devenus super compétents. Biden est très à l’aise avec les affaires transatlantiques: l’OTAN était la pièce centrale de la politique extérieure américaine durant les décennies où il était en poste à la commission des affaires étrangères du Sénat américain, ainsi que lorsqu’il était vice-président.

  • Le secrétaire d’État Antony Blinken avait aussi été à ses côtés durant nombre de ces années. Enfin, la secrétaire d’État adjointe, Wendy Sherman, avait obtenu de bons résultats aux tables de négociation les plus difficiles. Leurs efforts ont réussi à maintenir l’union des trente pays de l’OTAN pour s’opposer aux manœuvres de Moscou et menacer d’actions fermes en cas de toute nouvelle invasion du territoire ukrainien.

  • Quoi que Poutine finisse par faire, son plan visant à diviser les membres de l’OTAN et à réduire la présence américaine près des frontières russes a échoué. En tout, Washington a placé plus de 8.500 soldats supplémentaires en alerte pour un déploiement en Pologne et en Estonie, afin de renforcer les flancs orientaux de l’OTAN. La Pologne et la Grande-Bretagne ont annoncé un «pacte de sécurité trilatéral» avec l’Ukraine et, bien que personne ne sache vraiment ce que cela signifie, les deux pays ont redoublé dans le même temps leurs récents envois d’armements vers Kiev. La Suède et la Finlande, les voisins les plus occidentaux de la Russie, restés jusqu’ici militairement neutres depuis des décennies, réfléchissent désormais à la possibilité de rejoindre l’OTAN.

  • S’il décidait d’envahir l’Ukraine, il s’agirait de la plus grande bataille en Europe –mais aussi de l’opération militaire la plus complexe entreprise par la Russie– depuis la Seconde Guerre mondiale.
    Que va donc faire Poutine maintenant? Les soldats et les chars postés à la frontière seraient en théorie capables de battre l’armée ukrainienne, qui, bien que s’étant considérablement perfectionnée ces dernières années, serait largement dépassée. Cependant, il faut préciser que l’armée russe n’a jamais été très douée pour maintenir des lignes d’approvisionnement. Cela lui poserait donc un problème si elle devait occuper une partie du territoire ukrainien, notamment dans les villes.

  • En outre, les Russes ne s’opposeraient pas qu’à l’armée régulière, mais aussi aux combattants de la résistance civile, à qui les États-Unis et l’OTAN apporteraient –comme l’ont prévenu les responsables– leur aide sous forme d’armes, de support logistique et de renseignements.

  • La prudence selon Poutine
    Durant les vingt-deux années qu’il a passées à la tête de la Russie, que ce soit en tant que président ou Premier ministre, Vladimir Poutine s’est toujours montré très prudent dans ses actions militaires. L’annexion de la Crimée s’est faite sans effusion de sang ni coup de feu tiré (la plupart des habitants se considéraient, de toute façon, comme russes). De même, son incursion dans l’est de l’Ukraine était principalement destinée à assister les séparatistes russes.

    Les responsables du Kremlin continuent à nier que des soldats de l’armée russe ont pu traverser la frontière, même si l’on estime que 500 d’eux environ (et plus de 14.000 Ukrainiens) sont morts dans cette guerre de huit ans. Son invasion de la Géorgie a pris moins d’une semaine. Et la seule fois où il a envoyé des forces terrestres en Syrie, elles ont été repoussées lors d’une confrontation armée avec les Américains, à la suite de quoi il n’a plus aidé le régime de Bachar el-Assad qu’avec son armée de l’air ou presque.

  • S’il décidait d’envahir l’Ukraine, il s’agirait de la plus grande bataille en Europe –mais aussi de l’opération militaire la plus complexe entreprise par la Russie– depuis la Seconde Guerre mondiale. En outre, les soldats russes qui reviendraient chez eux dans des sacs mortuaires seraient morts, cette fois-ci, non pas pour défendre leur mère-patrie (comme ils le firent contre les nazis), mais pour tenter de conquérir un pays voisin.

  • Enfin, si les États-Unis finissaient par imposer à la Russie les lourdes sanctions envisagées par Biden –parmi lesquelles l’interdiction pour les grandes banques et les oligarques d’effectuer des transactions en dollars, ainsi que la suspension des importations de composants provenant des États-Unis (ce qui dévasterait le secteur high-tech russe)– la population et les élites du pays pourraient commencer à se plaindre des projets erratiques de Poutine. C’est ce qu’avaient fait les commissaires du Kremlin lorsqu’ils avaient reproché à Khrouchtchev la crise des missiles à Cuba, qui s’était finie par une défaite pour la Russie et avait incité les États-Unis à augmenter de façon spectaculaire leur arsenal nucléaire.

  • L’OTAN pas sereine
    Toutefois, si les chars russes traversaient la frontière, l’unité tant vantée de l’OTAN pourrait bien être mise à mal. Si Poutine répondait aux sanctions en coupant les approvisionnements en gaz et en pétrole de l’Europe, l’Allemagne, qui est particulièrement dépendante de l’énergie russe, pourrait céder: elle a déjà empêché l’Estonie de revendre des armes allemandes à l’Ukraine et a interdit aux avions britanniques de transporter des armes à destination de l’Ukraine en passant par l’espace aérien allemand. De nombreux oligarques russes ont investi beaucoup d’argent dans l’immobilier à Londres; s’ils ne pouvaient plus payer leurs hypothèques ou leurs taxes foncières, les entreprises britanniques et Boris Johnson –ou quiconque lui succède– pourraient aussi perdre patience.

  • Une solution diplomatique est toujours possible.
    Biden sait bien que les grandes expressions d’amitié ont tendance à vaciller dès que le sang commence à couler et que les finances s’assèchent. C’est sans doute pourquoi, avec les autres pays occidentaux, il préfèrerait que la situation se règle de manière diplomatique le plus tôt possible. Personne ne sait quel va être le choix de Poutine. S’il cherche à trouver une sortie au milieu de cette autoroute vers le désastre, la question va être de savoir comment l’amener à la prendre tout en lui permettant de garder un moyen de sauver la face. Le pousser dans ses retranchements risquerait de l’inciter à être deux fois plus agressif.

  • Lors de sa conférence de presse du mardi 1er février avec le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, Vladimir Poutine –qui, jusque-là, n’avait pas prononcé un mot en public au sujet de l’Ukraine depuis décembre– a laissé entrevoir une issue possible. Pour être franc, il a surtout pris une pose pessimiste, se plaignant que Washington ait ignoré sa demande principale, qui était d’interdire de façon permanente à l’Ukraine d’entrer dans l’OTAN. Orban l’a aidé en prenant ouvertement son parti et en devenant ainsi –ce qui était hautement prévisible– le premier membre de l’OTAN à sauter en marche du train de l’alliance.

  • Un nouvel espoir
    Néanmoins, le président russe a également fait deux remarques qui pourraient –je dis bien pourraient– jeter une lueur d’espoir sur ce paysage morose. Tout d’abord, il a déclaré n’avoir pas encore répondu à la lettre que Joe Biden avait écrite la semaine précédente en réponse à ses demandes. Pour le dire autrement, une solution diplomatique est toujours possible.

    Ensuite, il a fait référence (sans les citer) à plusieurs accords Est-Ouest signés au fil des ans –les accords d’Helsinki de 1975, la Charte de Paris pour une Nouvelle Europe de 1990 et la déclaration d’Istanbul de 1999– auxquels les autorités américaines ont également fait référence. Les Américains ont fait remarquer que ces accords permettent à tous les pays de choisir leurs propres alliances de défense, ce qui signifie que la Russie n’a pas le droit de dicter si l’Ukraine peut devenir membre de l’OTAN ou non.

  • Poutine a quant à lui noté que ces mêmes accords stipulent également qu’aucun pays ne peut accroître sa sécurité tout en menaçant celle des autres. Le président russe considère qu’un agrandissement de l’OTAN, qui inclurait l’Ukraine, serait une menace pour la sécurité de son pays.

  • On pourrait imaginer que Biden reconnaisse l’argument de Poutine et appelle à l’ouverture de négociations sur l’élaboration de la sécurité européenne du XXIe siècle de manière à protéger les intérêts de toutes les parties, y compris ceux de la Russie. Dans un premier temps, Biden pourrait proposer à la Russie de retirer au moins une partie de ses soldats et de ses chars de la frontière ukrainienne. En échange, les États-Unis pourraient suspendre leurs activités miliaires en Ukraine et, pour le moment, dans le reste de l’Europe de l’Est.

  • Les exercices navals dans la mer Noire pourraient également être interrompus au moins durant le temps des négociations. Les inspecteurs internationaux pourraient surveiller tous les mouvements et les suspensions d’armes. Les Russes pourraient inspecter les sites de défense antimissile de l’Europe de l’Est, afin de vérifier qu’ils ne peuvent pas être utilisés en soutien des missiles offensifs, comme les Russes disent le croire.

  • Pas de guerre à court terme
    L’essentiel –du moins le maximum que l’on puisse faire pour le moment– serait de désamorcer les tensions, de rendre toutes les activités militaires plus transparentes et de réduire les risques d’erreurs de calcul pouvant mener à la guerre. À un moment donné, Biden devra trouver un moyen d’assurer à Poutine –une fois que les milliers de tourelles de char ne seront plus dirigées vers les Ukrainiens– que ce ne sera pas de sitôt que l’Ukraine rejoindra l’OTAN. Cette éventualité ne devant pas se produire dans un avenir proche, elle ne devrait pas être un motif de guerre.

    En parallèle Poutine se rend à Pékin pour les Jeux olympiques d’hiver. Il ne va sans doute pas vouloir détourner l’attention du grand spectacle organisé par le président chinois Xi Jinping –qui est devenu il y a peu, d’un point de vue géopolitique, son nouveau meilleur ami– en envahissant l’Ukraine. Aussi, il est très improbable qu’une guerre éclate durant les deux prochaines semaines.

  • Biden et l’OTAN devraient profiter de l’occasion pour continuer à montrer leur union et faire retomber la pression –inciter calmement Poutine à modifier légèrement ses intentions en lui permettant de trouver une solution diplomatique. Pour l’instant, la situation ne semble pas réussir à Poutine, mais si elle s’aggravait, cela pourrait tourner au désastre pour tout le monde.

  • À Madagascar aussi la France coloniale a sévi, mais qui s’en souvient?

    Il y a un mystère lié au récit et à la mémoire des événements de 1947, qui firent pourtant près de 90.000 morts: les premiers à se taire sont les premiers concernés.

  • À deux années de distance, Sétif (Algérie) en 1945 et Madagascar en 1947 furent deux des pages les plus sombres de l’histoire coloniale française. Or si tout le monde se souvient du drame algérien, ce qu’il s’est passé sur l’«île Rouge» est plus rarement évoqué. Sétif et Madagascar comportent pourtant bien des points communs.

    Ce furent, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, deux insurrections réprimées de façon sanglante, la première annonçant même la seconde, avec plusieurs dizaines de milliers de morts. Toutes deux ont ouvert une époque nouvelle: celle de la revendication pour l’indépendance nationale; et conduit une dizaine d’années plus tard à celle-ci, pour les Algériens au terme d’une longue guerre de libération (1954-1962), et sans trop de heurts, en 1960, pour les Malgaches.

  • L’échec de l’insurrection
    C’est en pleine nuit, le 29 mars 1947, que des centaines de rebelles attaquent le camp militaire de Moramanga. Puis l’insurrection s’étend, pille et incendie des garnisons militaires, des postes de gendarmerie, des bâtiments administratifs et des dépôts d’armes ainsi que des concessions. Des routes et voies ferrées sont coupées. 35.000 Français vivent alors sur l’île, environ 150 Européens sont tués.

    Les conjurés visaient à rétablir l’indépendance immédiate et intégrale de Madagascar. Mais le mouvement insurrectionnel échoue à s’étendre aux grandes villes. Il est pour l’essentiel contenu à la partie orientale de l’île. Des milliers d’insurgés se cachent dans les forêts encore quelques semaines, jusqu’à épuisement.

  • La réaction est terrible. L’armée et la police françaises inaugurent de «nouvelles méthodes»: rebelles jetés vivant d’un avion militaire ou enfermés dans des wagons jusqu’à ce que mort s’ensuive. Le chef de l’état-major français évoquera un bilan de 89.000 victimes, directes ou indirectes, de la répression.

  • L’administration coloniale fait porter la responsabilité au Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM), un parti nationaliste, modéré et légaliste, dont de nombreux responsables sont arrêtés et torturés. Or l’insurrection avait été déclenchée par deux sociétés secrètes dont les membres auraient certes appartenu au MDRM, quoique celui-ci semble avoir été dépassé. Jugés de façon expéditive, deux dirigeants de l’insurrection sont exécutés en 1948, privant l’histoire de leur témoignage. Six autres accusés –dont trois députés– sont condamnés à mort mais leur peine est commuée avant qu’ils ne soient amnistiés, des années plus tard.

  • Les faits ont pour l’essentiel été établis par les historiens français Jacques Tronchon, le pionnier, et Jean Fremigacci. À la fin des années 1990, le service culturel de l’ambassade de France à Tananarive a d’ailleurs financé un gros travail de recherche sur l’insurrection de 1947 et la décolonisation à Madagascar, dirigé par une équipe franco-malgache dont l’universitaire Lucile Rabearimanana. Les archives ont cependant encore beaucoup de secrets à révéler. De jeunes chercheurs s’y attèlent.

  • Le silence des Franco-Malgaches
    En visite sur l’île Rouge en 2005, Jacques Chirac avait dénoncé le «caractère inacceptable des répressions engendrées par les dérives du système colonial» sans plus de détail. Il avait appelé «Malgaches et Français à poursuivre un travail de mémoire qui retrace les faits et puisse apaiser les cœurs». Son homologue, Marc Ravalomanana, né deux ans après l’insurrection, n’avait pas vraiment pris la balle au vol. «Concentrons-nous sur l’avenir», avait-il répondu.

    Quels qu’aient été ses motifs, l’attitude du président malgache illustre la retenue voire le malaise, assez répandus quand il s’agit de parler de ces événements. Car il y a un mystère lié au récit et à la mémoire de 1947: les premiers à se taire sont les premiers concernés. En effet, à la différence des Algériens et des Franco-Algériens, une majorité de Malgaches et de Franco-Malgaches (environ 115.000 en France continentale) semblent ne pas trop vouloir remuer ce passé.

  • «Même s’il a eu une importance dans la construction nationale, en particulier à partir des années 1975-80, le mouvement a profondément divisé les Malgaches, relate l’historienne Faranirina Rajaonah. Et la répression fut si violente que cela reste une page très douloureuse à rouvrir.»

    «On a cependant vu le soulèvement étudiant de 1972 s’approprier le récit de l’insurrection de 1947», ajoute Marie Ranjanoro, dont le premier roman consacré à cette période devrait paraître en 2022.

  • Une communauté invisible
    «Rares sont les familles qui n’ont eu soit un grand-père torturé, emprisonné, exécuté ou envoyé dans un camp de travail, soit un grand-père ayant “collaboré” à la répression; tous n’ont pas été des héros; ce sont à chaque fois des histoires traumatiques dont on préfère ne pas parler», selon la réalisatrice Marie-Clémence Andriamonta-Paes dont le documentaire Fahavalo, Madagascar 1947[1] sorti en 2018 donne la parole aux derniers survivants de la rébellion.

  • De plus, 1947 a pu nourrir un sentiment de défaite politique et militaire voire «d’humiliation», précise Marie Ranjanoro. Les Malgaches «jugent même, parfois, que les rebelles ont été stupides de prendre les armes alors que des négociations pour l’autonomie étaient en cours. Des familles se sont déchirées à ce propos», raconte Marie-Clémence Andramonta-Paes.

    En France, ce silence sur 1947 s’explique aussi par le fait que «les Malgaches aiment à se voir en une communauté invisible, synonyme d’intégration», suggère Faranirina Rajaonah. «Une culture de l’effacement, en quelque sorte», selon Marie Ranjanoro. «Sans doute éprouve-t-on ici le sentiment que l’on n’est pas au tanindrazana [terre des ancêtres], pas à Madagascar, pas chez soi, qu’il convient donc de s’adapter», nuance Faranirina Rajaonah.

  • «D’où l’importance de transmettre cette histoire avec des films, des livres pour que le sujet s’immisce dans les conversations familiales, et que les jeunes générations puissent questionner la mémoire de 1947, souligne Marie-Clémence Andriamonta-Paes. Découvrir que la décolonisation concerne aussi Madagascar et pas seulement l’Algérie ou le Cameroun.»

  • Pour ce qui concerne 1947, un écrivain a tout de suite établi un parallèle entre les méthodes parfois utilisées par les Français envers les Malgaches et les Algériens. Ne pas s’en révolter, écrit-il, c’est vivre «de manière inconsciente, sur la certitude que nous sommes supérieurs en quelque manière à ces peuples et que le choix des moyens propres à illustrer cette supériorité importe peu». Cet écrivain se nomme Albert Camus. Il publie ces lignes dans la revue Combat en date du 10 mai 1947. L’insurrection est en cours d’écrasement sur l’île Rouge.

  • Pourquoi l’Espagne a-t-elle tant de mal à faire face à son passé franquiste?

    Plus de 40 ans après la mort de Franco, son héritage continue de diviser l’Espagne, tiraillée entre des familles de victimes en quête de reconnaissance et des nostalgiques du régime.

  • Le 2 novembre dernier, le projet initié par la maire de Madrid de renommer 52 rues rendant hommage au franquisme dans la capitale était suspendu juridiquement, suite à une plainte déposée par la Fondation Francisco Franco.

    Cet évènement, qui peut sembler à bien des égards surréaliste, renseigne sur deux aspects essentiels du conflit mémoriel espagnol: le fait qu’il existe dans le pays une fondation chargée de veiller au souvenir du dictateur, mais aussi que près de 42 ans jour pour jour après la mort de ce dernier, les symboles franquistes persistent dans l’espace urbain et le quotidien des Espagnols.

  • Fin de non-recevoir pour les familles des victimes
    Ainsi, en Espagne, plus d’un millier de rues affichent encore les noms des haut-gradés et «héros du franquisme», tandis que plus de 300 plaques et monuments continuent d’honorer directement Franco et le fondateur du mouvement fasciste espagnol de la Phalange, José Antonio Primo de Rivera. Fait non moins choquant, il existe encore plus de 80 établissements scolaires nommés d’après des personnalités liées au franquisme, anciens ministres et hauts responsables.

  • Une toponymie figée dans un passé particulièrement sulfureux, qui ne représente que la face visible d’un travail de mémoire laissé au point mort. L’Espagne, qui détient ainsi le triste record mondial du plus grand nombre de disparitions forcées après le Cambodge, n’a en effet toujours pas entrepris de travail effectif de mémoire et de réparation auprès des victimes du franquisme: plus de 120.000 personnes jetées dans des fosses communes durant la guerre civile, pour lesquelles des associations de familles de victimes militent afin d’obtenir réparation, en vain.

    Une même fin de non-recevoir est opposée à la cause des «bébés volés», ces enfants enlevés pour être donnés ou vendus à des familles adhérant aux valeurs du national-catholicisme de Franco. Une pratique vieille comme le régime, maintenue jusque sous la démocratie, et qui aurait pu toucher, selon les associations de familles concernées, près de 300.000 enfants entre 1939 et la fin des années 1980.

  • Alors que certains pays comme l’Allemagne ont depuis longtemps réalisé leur devoir de mémoire, et à l’heure où les États-Unis commencent petit à petit à remettre en question leur passé esclavagiste, l’Espagne en est ainsi à son troisième avertissement du Haut commissaire des droit de l’homme des Nations Unies, qui l’intime à mettre en place un plan de réparation pour les victimes du franquisme.

    Pourquoi le pays a-t-il tellement de mal à faire face à cet épisode de son passé récent?

  • Amnésie et amnistie
    Pour mieux cerner cette exception mémorielle espagnole, il est nécessaire de revenir à l’étape de la transition démocratique. Cette période, qui s’ouvre à la mort de Franco, va jeter les bases d’un changement politique issu d’une négociation complexe entre les secteurs réformistes du franquisme et les forces modérées de l’opposition démocratique.

    En 1977, les élites franquistes acceptent ainsi l’ouverture vers la démocratie en échange d’une amnistie politique, ainsi que le rappelle Ariel Dulitsky, membre du groupe de travail des Nations Unies ayant participé à la rédaction du premier rapport rappelant l’Espagne à l’ordre sur son manque de politique mémorielle: «L’Espagne s’est transformée en un État démocratique, et cette transformation s’est en partie opérée sur la base de ne pas avoir réalisé de travail de mémoire, de justice, ni de réparation adéquate pour les victimes de la dictature franquiste.»

  • Une particularité ibérique que l’anthropologue José Mansilla analyse de la sorte: «Quand meurt le dictateur, s’opère une transition qui ne comprend aucun mouvement de négociation. Ce qui laisse beaucoup de choses en suspens. L’une d’entre elles est justement la mémoire positive de ce que fut le passé franquiste.»

    De fait, aucune condamnation, ni aucun procès du franquisme n’aura lieu. Au contraire, pour asseoir le processus de transition, les élites politiques vont alors concevoir un outil législatif qui, s’il est censé garantir la paix sociale, entrave par la réciproque tout travail de mémoire.

  • Dans un de ses articles sur les dynamiques de transmission du passé, Paloma Aguilar, professeure de sciences politiques et de sociologie à l’UNED, en explique les contours: «La première loi adoptée par le nouveau parlement démocratique fut une loi d’amnistie. Tout en libérant les quelques prisonniers politiques restant de l’ère franquiste, et en fournissant des pensions à certaines des victimes du franquisme, elle a également gracié les violations commises par les officiers de la dictature», écrit la chercheuse, spécialiste des conflits mémoriels espagnols.

    Votée en 1977, cette loi d’amnistie est toujours en vigueur en Espagne. Elle constitue actuellement le principal obstacle sur lequel viennent buter les familles des victimes, désormais contraintes d’aller chercher justice en Argentine, où reste actuellement ouvert l’unique processus judiciaire contre les crimes franquistes.

  • C’est par ailleurs le recours à ce même texte qui a permis à la Fondation Francisco Franco de suspendre judiciairement le changement des noms de rues madrilènes.

  • Puissant traumatisme générationnel
    Le pardon des bourreaux, inscrit dans la loi, a ainsi précédé et annihilé tout acte de contrition. Mais ce refus de toucher au passé franquiste n’est pas uniquement le fait des politiques. À la mort de Franco, la société espagnole craint également de se lancer dans ce nécessaire devoir de mémoire.

  • Des motivations sociologiques que décrypte Paloma Aguilar: «La décision des élites politiques de l’époque de n’appliquer aucune mesure pour rétablir la vérité, la justice ou la réparation symbolique, fut néanmoins largement soutenue par la société espagnole, qui, à cette époque, craignait fortement la recrudescence d’un conflit comme la guerre civile.»

    Un traumatisme encore profond de la part des générations ayant connu la guerre et qui se serait en partie transmis à la génération suivante. Y compris aux plus politisés, comme Neus, 60 ans, militante catalane depuis les années 1980 pour le droit à la mémoire en Espagne: «Je me souviens très bien être allée voter la Constitution espagnole en 1978 avec mes parents, la peur au ventre. On a voté oui, sans broncher. Nous avions trop peur que le franquisme revienne.»

  • Durant la transition, les traumatismes éclipsent ainsi les désirs de mémoire. D’autre part, la chape de plomb et le silence imposé enterrent, pour un temps du moins, les revendications des victimes. Paloma Aguilar poursuit: «La répression extrême subie par le camp défait pendant la dictature et la stigmatisation sociale associée au fait d’être considéré comme un “perdant” de la guerre, expliquent pourquoi de nombreuses familles espagnoles ont choisi de garder le silence après la guerre sur le passé.»

    D’autres, traumatisés par la violence et la disparition de proches, garderont le doute que la répression ait réellement existé. Un traumatisme que racontent certains militants pour le droit à la mémoire comme Maïté, petite-fille d’un républicain fusillé: «Lorsque ma mère a vu le nom de son père sur le monument que nous avons fait ériger dans notre village, elle m’a avoué n’avoir réalisé que ce dernier n’avait réellement existé que ce jour-là. Auparavant, il était resté un fantôme pour elle».

  • De multiples niveaux de conflits sont ainsi à l’œuvre dans les processus mémoriels en Espagne. Une première fracture oppose les Espagnols exigeant un devoir de mémoire et une partie de leur concitoyens qui, en l’absence de consensus politique sur les aspects néfastes du régime, continuent de percevoir les symboles franquistes comme un élément neutre, voire positif de leur histoire passée. À cette profonde fracture mémorielle s’ajoute un deuxième niveau de conflit, à l’oeuvre au sein même du groupe en attente d’un devoir de mémoire de l’État.

  • «La deuxième génération interprète parfois les initiatives audacieuses de la troisième génération comme une attaque à sa propre inaction et considère que sa progéniture –qui est beaucoup plus critique face au processus de démocratisation– ne reconnaît pas leur contribution cruciale à la stabilisation de la démocratie espagnole», note Paloma Aguilar.

  • Une loi de mémoire historique trop faible
    Ces traumatismes complexes suffisent-ils à expliquer qu’entre 1977 et 2017, aucune réelle politique n’ait réussi à émerger? Dans le cas des symboles franquistes, le travail de mémoire s’est heurté en outre à la faiblesse d’un autre outil législatif: la loi de mémoire historique, votée en 2007 sous le mandat du socialiste José Luis Zapatero.

    Si cette loi fixe le retrait «des écus, insignes, plaques et autres objets ou mentions commémoratives exaltant le soulèvement militaire, la guerre civile ou la répression de la dictature» des édifices publics, elle ne prévoit son application que lorsque ce retrait n’entre pas en «opposition avec des raisons artistiques, architecturales ou artistico-religieuses» des monuments.

  • Des limitations que n’ont jamais cessé d’exploiter les plus fervents défenseurs du passé franquiste de l’Espagne. De fait, la loi de mémoire historique de 2007 –qui prévoit également la dépolitisation du Valle de los Caídos, monument démesuré à la gloire du franquisme où est encore enterré le dictateur– n’est pas appliquée dans environ 150 municipalités espagnoles.

    Eduardo Ranz, avocat madrilène qui se dédie depuis 2015 à attaquer judiciairement les mairies ne débaptisant pas leurs rues et monuments franquistes, revient sur les limites du texte: «La loi-même ne prévoit pas de sanction ni de délais précis d’application pour le changement de nom des rues. Certains maires et évêques qui ne sont pas d’accord avec son contenu ont donc tout simplement décidé de ne pas la respecter.»

  • Pour Ranz, qui fait partie d’un groupe de travail pour une réforme du projet de loi de mémoire historique auquel se sont récemment joints les socialistes espagnols, l’absence de politique mémorielle en Espagne est avant tout un problème politique. «Pour que la volonté politique soit réelle, il faut une bonne régularisation juridique et une ligne budgétaire. En Espagne, aucune de ces deux choses n’existe.»

     

  • Depuis 2011 et l’arrivée au pouvoir du Parti populaire de Mariano Rajoy, les faibles budgets accordés à la mémoire historique dans le cadre de la loi de 2007 ont en effet été drastiquement réduits, puis totalement supprimés.

  • Terrain politique miné
    En réalité, la question du devoir de mémoire est depuis toujours un terrain miné pour les deux acteurs historiques du bipartisme espagnol: le PSOE (socialistes espagnols) et le Parti populaire. Ce dernier, héritier d’Alliance Populaire, formation fondée par des anciens ministres de Franco, entretient toujours des liens biographiques avec l’ancien appareil franquiste et n’a donc aucun intérêt à agiter un passé sulfureux. Les socialistes, après un silence complice durant la transition, portent désormais le stigmate d’une politique mémorielle trop faible, non appliquée et non dotée financièrement.

  • Face aux acteurs historiques, les deux nouveaux partis censés marquer la régénération démocratique espagnole semblent jouer une variation de cette incapacité à se saisir de la problématique du passé franquiste. À gauche, Podemos ne dispose pas d’appui suffisant pour imposer un agenda pourtant audacieux sur les questions de mémoire. Ciudadanos, nouveau centre libéral en voie d’extrême-droitisation express –comme l’explicite son constant recours à l’argument du nationalisme espagnol durant la crise catalane (au point de faire réagir y compris la droite du Parti populaire dans des régions comme le Pays basque)–, s’inscrit dans le discours sacralisé durant la transition de «ne pas rouvrir les blessures du passé».

  • Dans cette inertie politique vis-à-vis des questions mémorielles, les derniers épisodes des violences policières en Catalogne ont eu tôt fait de réactiver l’argument d’un franquisme immortel, plus que jamais incarné en son héritier naturel, le Parti populaire.

    Pour l’écrivain Isaac Rosa, auteur d’un roman sur le tabou mémoriel ayant touché la génération née sous la transition, l’impossibilité à construire des politiques de mémoire doit cependant dépasser cette lecture: «En Espagne, il n’y a plus de franquisme, ce qui reste est une démocratie insuffisante. Il faut désormais exiger d’une ou deux générations de dirigeants, qui n’ont jamais participé au régime de Franco et dont toute la carrière politique s’est déroulée après le franquisme, de prendre leurs responsabilités.»

  • Une posture de revendication délicate pour la société espagnole qui, en l’absence de consensus clair sur la période franquiste, continue d’être divisée sur le sujet. Une étude menée en 2008 sur la perception de la loi de mémoire historique mettait ainsi particulièrement en relief ces divergences d’opinion. Ainsi, sur l’ensemble des participants, seuls 18% des répondants entre 18 et 24 ans avait une image négative de la loi «parce qu’elle raviverait de vieilles rancunes». Les répondants âgés de plus de 65 ans étaient quant à eux 43% à adhérer à cette idée. Une génération encore attachée au mythe de la «transition démocratique idéale» qui s’est largement exportée à l’étranger et explique en partie la surprise qu’ont généré les soubresauts de violence et la politique autoritaire face à la récente rébellion catalane.

  • Redéfinir ou détruire
    Reste que certaines décisions, même symboliques, semblent amorcer un changement à venir. Comme le vote par les députés, en mai dernier au Congrès, d’un texte demandant au gouvernement l’exhumation du corps de Franco de son mausolée franquiste.

    Adopté à l’écrasante majorité, en dépit de l’abstention attendue du Parti populaire, ce texte, bien que sans aucune obligation contraignante, a été perçu comme «affichant une charge morale très importante» par certains observateurs, tels qu’Eduardo Ranz.

  • Mais une fois de plus, et à travers cet exemple paradigmatique du conflit mémoriel espagnol, s’expriment encore de nombreuses hésitations. Que faire en effet d’un vestige aussi complexe que le tombeau d’un dictateur non condamné, ni de son vivant, ni après sa mort? Là encore, la question soulève un conflit interne, y compris dans les rangs de ceux qui défendent le devoir de mémoire envers les victimes du franquisme.

    «C’est un lieu qui n’aurait jamais dû exister mais il faut désormais le redéfinir, expliquer qui l’a construit, comme cela a été fait à Auschwitz ou à Mauthausen», défend Eduardo Ranz.

  • Un travail de mise en perspective historique qui apparaît difficile aux yeux de l’anthropologue et spécialiste des conflits urbains, José Mansilla: «Redéfinir un lieu avec une racine symbolique si puissante reste très difficile. En le faisant, nous ferions ce que nous avons toujours fait avec le franquisme: réactiver cet accord qui consiste à dire que tout ne fut pas complètement mauvais.»

    De fait, nombreux sont ceux qui prennent ainsi position pour l’éradication pure et simple de ce symbole suprême du franquisme, comme l’auteur Isaac Rosa: «Convertir le plus grand monument franquiste en monument démocratique serait une victoire posthume pour le dictateur. Cela peut paraître drastique, mais je suis pour sa destruction. Sa valeur historique possible est trop contaminée par sa signification: ce sera toujours un monument fasciste, quel que soit le nombre de panneaux explicatifs qui y seront placés.»

  • Un débat qui incarne à la perfection la relation complexe que continue d’entretenir l’Espagne envers son passé. Et qui tant qu’elle ne l’aura pas résolu, peinera à construire des références démocratiques reconnues par tous dans son futur.

  • L’Espagne est-elle réellement en train de rejouer le scénario de la guerre de 1936?

    Barcelone et Madrid multiplient les références plus ou moins déguisées au franquisme. Un rapprochement dangereux, sans réel fondement historique.

  • La crise entre Barcelone et Madrid connaît chaque semaine une montée en tension supplémentaire.

    Derniers épisodes en date, le vote en faveur de l’indépendance par le Parlement catalan, suivi, moins d’une heure plus tard, par le vote par le Sénat espagnol de l’application de l’article 155 de la Constitution permettant la mise sous tutelle de la région. C’est à dire une sévère prise de contrôle de la région par l’État central: destitution du président catalan et de tout son exécutif, contrôle des finances, de la police et des médias catalans… Une mise en pratique particulièrement «hard» de l’article 155, aussitôt qualifiée par le président catalan de «pire attaque contre les institutions et le peuple de Catalogne depuis les décrets du dictateur militaire Francisco Franco».

  • Puissante analogie
    Le choix des mots de Carles Puigdemont ne doit rien au hasard. Depuis les violentes images des agressions policières le jour du référendum interdit, en passant par la mise en détention provisoire des présidents des deux principales associations indépendantistes, l’idée que l’Espagne vivrait une crise semblable aux prémisses de la guerre civile de 1936 a commencé à se répandre.

    L’activation de l’option juridique la plus offensive possible ainsi que la performance surréaliste du ministre des affaires étrangères espagnol, soutenant à des journalistes anglais médusés que certaines images des agressions de la police lors de la journée du référendum étaient fausses, n’a en rien désactivé cette puissante analogie avec un régime autoritaire et enfermé dans la propre légitimation de sa suprématie.

  • Au point de faire craindre le déclenchement d’une nouvelle guerre civile dans le pays. Dans un article du Huffington Post, la sociologue et chercheuse en politologie Olivia Muñoz-Rojas Oscarsson, dresse ainsi un parallèle, parfois hasardeux, entre 1936 et 2017. Selon cette dernière, il existerait «des phénomènes et des schémas similaires à ceux qui se sont produits à l’aube de la dernière guerre civile espagnole».

    Même son de cloche sur France Inter, lorsque Daniel Cohn-Bendit s’émeut du pic de tension atteint ces dernières semaines: «Rajoy est fou, les indépendantistes sont fous. Je ne veux pas d’une nouvelle guerre d’Espagne».

    Mais l’histoire est-elle réellement en train de se répéter?

  • Liens satellitaires
    Dans cette nouvelle version du conflit espagnol, la répartition des rôles semble avoir été définie par les dernières décisions autoritaires du gouvernement de Mariano Rajoy, réactivant un certain archétype franquiste.

    Un lien entre la dictature et le gouvernement du Parti Populaire (PP) que n’a pas hésité à réactiver la sphère indépendantiste. Ainsi, si la première réaction de Carles Puigdemont à la mise en route de l’article 155 se limite à définir l’action du gouvernement espagnol comme un «coup», l’élément de langage se transforme rapidement en «coup d’état» dans les déclarations de la présidente du Parlement catalan, Carme Forcadell.

  • Pour le journaliste Juan Miguel Baquero, spécialiste de la mémoire historique espagnole:

    «Le parti conservateur qui gouverne l’Espagne n’est pas capable de se débarrasser des dernières traces du franquisme dont il a émergé. Alliance Populaire, devenue aujourd’hui l’actuel Parti Populaire dirigé par Mariano Rajoy, a été fondée par sept ministres du dictateur. Bien qu’il soit difficile de dire qu’il s’agit d’une formation fasciste, il est certain qu’elle n’a jamais condamné de façon officielle le franquisme.»
    Le parti de Rajoy continue en effet d’entretenir des lien ambigus avec ce passé sombre du pays: «Ce sont des relations qui ne sont jamais directes mais se font de manière satellitaire, via des institutions, des associations» analyse l’anthropologue Jean-François Macé.

  • Ce spécialiste des conflits de mémoire rappelle ainsi que la fondation Francisco Franco, organisation privée centralisant plus de 30.000 archives historiques sur le dictateur, a été la seconde association la plus financée par le gouvernement de José Maria Aznar.

    Sous les mandats de ce prédécesseur de Rajoy à la tête du PP, plus de 150.000 euros de budget avait ainsi été alloués à cette institution phare du culte post-mortem du dictateur. Un soutien financier suspendu sous le mandat du socialiste Zapatero, qui n’aura pas été repris avec le retour au pouvoir du Parti Populaire.

  • Schizophrénie mémorielle
    Toutefois, le parti de Rajoy a de nouveau agité des références à l’histoire franquiste dans le récent conflit territorial.

    Ainsi, le 9 octobre dernier, Pablo Casado, porte-parole du Parti Populaire et successeur potentiel de Rajoy à la tête du PP, a utilisé la figure de l’ancien président catalan, Lluis Companys, fusillé par le régime de Franco, pour adresser un avertissement douteux à Carles Puigdemont : «Celui qui déclarera l’indépendance finira peut-être comme celui qui l’a déclarée il y a 83 ans».

    Une référence glissante dont Casado tentera de se dédouaner en expliquant faire référence à l’emprisonnement de Companys quelques années auparavant, et non à son exécution. Le message est toutefois suffisamment vague pour réactiver une mémoire du franquisme encore omniprésente.

  • «Le Parti Populaire nie toujours sa filiation à l’errance franquiste, mais c’est évident qu’il joue la-dessus. Il y a une espèce de schizophrénie mémorielle qui est utilisée. C’est une stratégie qui existe depuis longtemps: on active de vieilles luttes passées sans jamais les évoquer» rappelle Jean-François Macé.
    Un usage du trouble mémoriel qu’utilise également le côté catalan. «Depuis le début du conflit, les indépendantistes n’ont eu de cesse de réactiver les références à la République» poursuit l’anthropologue. Dans les manifestations, il n’est en effet pas rare de voir des drapeaux républicains dressés aux côtés des Esteladas catalanes.

    De même, le fait que le projet indépendantiste ait opté en faveur de la construction d’un «État sous forme de République», selon les termes exacts de la question posée sur le bulletin du référendum du 1er octobre, semble positionner le projet catalan du côté républicain.

  • Une analogie séduisante, mais qui tend à faire oublier qu’à l’inverse des républicains espagnols, le mouvement indépendantiste catalan n’est pas aussi profondément ancré à gauche.

    La présence dans le bloc soutenant l’indépendance de l’extrême gauche anticapitaliste de la CUP, qui a considérablement accéléré le tempo du processus séparatiste en exigeant le départ de l’ancien président Artur Mas au profit de Carles Puigdemont, n’est pas suffisante pour définir la cause indépendantiste catalane comme un mouvement de gauche révolutionnaire.

  • Ainsi, Junts Pel Si, principale coalition indépendantiste ayant remporté les élections régionales de 2015, est très plurielle. Dans ses files se côtoient des personnalités comme Oriols Junqueras, numéro 2 de la Région issu de la gauche catalane indépendantiste traditionnelle (ERC), ainsi que le fameux Artur Mas, du parti de centre droit libéral CiU devenu PDeCAT.

    «Le mouvement indépendantiste ou autonomiste sous la République était une question de gauche, alors que dans l’actualité, il se déploie également depuis la bourgeoisie catalane. Il y a des éléments incompatibles», rappelle Juan Miguel Baquero.

  • Réactivation des luttes passées
    Autre dissemblance: la sphère indépendantiste, ultra organisée, n’a rien à voir avec des troupes républicaines dont le manque de préparation et les moyens de défense limités auront gravé dans l’inconscient collectif l’image romantique du révolutionnaire n’ayant que sa foi en la liberté pour se défendre.

    «Le processus indépendantiste constitue un grand mouvement de contestation du système qui se base sur une désaffection envers la politique traditionnelle et l’État, et sur une volonté de raccourcir la distance entre les politiques et les votants. Cela a généré une très puissante auto-organisation mise en œuvre depuis 5 ans», décrypte l’historien Xavier Casals.

  • Un potentiel qui s’incarne dans les actions menées par les principales associations indépendantistes, Omnium et ANC, capables de convoquer en quelques heures des manifestations monstres.

    En dépit de ses nombreuses différences, le gouvernement central comme régional n’a cependant de cesse de provoquer directement ou indirectement des analogies avec les protagonistes impliqués dans la guerre civile espagnole. Dans quel but?

     

  • «Il s’agit d’une mobilisation des codes culturels. On réactive des luttes passées dans le présent avec des perspectives politiques et territoriales future», analyse l’anthropologue Jean-François Macé.
    Est-ce suffisant pour rapprocher 1936 de 2017?

    Selon l’écrivain Isaac Rosa, auteur d’un roman sur les mémoires du franquisme, aucune comparaison n’est possible entre la guerre civile espagnole et le conflit territorial actuel:

  • «Je vois cette analogie comme un recours bon marché de l’indépendantisme pour chercher des complicités, en particulier en Europe, où la mémoire de la guerre civile a peut-être toujours des effets mobilisateurs.»
    Pour l’historien Xavier Casals, le rapprochement reste également à nuancer:

    «Il faut réussir à distinguer le jeu discursif de la réalité politique. Bien-sûr qu’une partie du bloc indépendantiste va arguer que Franco n’est pas mort. Et le gouvernement va rétorquer que les indépendantistes sont hors-la-loi car ils violent la constitution. Ce sont des chocs que l’on peut traduire par légitimité contre illégitimité.»

  • La grande braderie de la résistance
    Reste qu’en marge de ce dialogue de sourds, la réactivation des vieux clivages pourrait directement avoir des effets pervers dans un pays qui n’a toujours pas réalisé de véritable travail de mémoire historique.

    Car l’Espagne, qui détient le record du monde de disparitions forcées après le Cambodge, n’a en effet jamais entrepris de politique de réparation auprès des victimes du franquisme, et ce malgré trois avertissements de l’ONU.

  • Une politique qui, comme le rappelle le journaliste Juan Miguel Baquero, «empêche à la fois de rendre justice pour des crimes contre l’humanité commis lors du coup d’État, pendant la guerre civile et la répression brutale de la dictature, mais aussi la recherche des victimes de la terreur de Franco». Au moins 114.226 personnes assassinées, dont les familles cherchent encore à récupérer les corps.

    Dans ce contexte mémoriel sensible, superposer les archétypes du conflit territorial actuel sur ceux de la guerre civile et de l’Espagne franquiste n’est pas sans conséquence:

    «La comparaison avec 1936 est une façon de brader le souvenir de la résistance au fascisme, et même une offense à ceux qui ont été assassinés, emprisonnés ou exilés. Je ne crois pas que cela aide les revendication légitimes de ceux qui demandent la vérité, la justice et la réparation pour les victimes du franquisme» estime Isaac Rosa.
    Juan Miguel Baquero, fait en partie le même constat:

    «Ce sont des victimes oubliées, la plupart d’entre elles jetées dans des fosses communes pour des crimes commis il y a 81 ans et qui restent toujours impunis. La situation restera la même, et dans de nombreux cas ce sera la société civile qui fera éclater la vérité, la justice et la réparation».
    Épuisement du modèle d’État
    Le recours aux clichés de 1936 ne faciliterait ainsi en aucun cas le travail de mémoire en Espagne. Pas plus qu’il ne présage d’un réel «remake» de la guerre civile.

    «Ce qui se passe actuellement n’a rien à voir avec l’Espagne de 1936, mais plutôt avec celle du franquisme tardif et de la transition, période où le rapport de forces a fait émerger une solution constitutionnelle qui est aujourd’hui épuisée» décrypte Isaac Rosa.
    Cette théorie d’un conflit catalan révélateur de l’épuisement du modèle d’État construit pendant la transition démocratique fait de plus en plus consensus.

    «Après quatre décennies, le système politique tel qu’il a été configuré nécessite d’être réactualisé. Le problème, c’est comment? et au bénéfice de qui?» interroge Xavier Casals.
    Même inquiétude du côté de l’écrivain Isaac Rosa:

    «Les derniers événements et le manque d’initiative de la gauche espagnole vont dans le sens d’une relation de force favorable à la droite la plus réactionnaire. Une réforme constitutionnelle pourrait aggraver la situation en réduisant les droits et en recentralisant l’État.»
    En effet, l’avertissement lancé par le Parti Populaire d’appliquer également l’article 155 à d’autres régions comme la Navarre, la Castille-la Manche et le Pays basque laisse peu de doutes sur le niveau de souplesse envisagé dans la recomposition des relations avec l’État central.

    De même que le projet de réforme de la constitution, obtenu par le Parti Socialiste en échange de son appui au vote de la suspension de l’autonomie catalane, interroge quant à l’ampleur du consensus qu’il pourrait obtenir:

    «Si on laisse en marge les 5 millions de votants que représentent Podemos, quel est le sens de mettre en marche une réforme institutionnelle? Pour actualiser un système politique, l’idée c’est de chercher le plus d’appuis possible», s’indigne Xavier Casals.

    Autant de questions sur un modèle de société qui définissent, au fil d’épisodes de plus en plus tendus, les véritables contours du conflit actuel: celui d’un bloc constitutionnaliste et monarchique face à une sphère qui se considère républicaine et en marge du système. Dans cette nouvelle configuration, il demeure évident que ce n’est pas 1936 qui se rejoue, mais bien la dernière étape du post franquisme en Espagne: celle de l’achèvement de sa transition démocratique.

     
     

  • Pour se passer des gazoducs russes, l’Europe doit faire venir du gaz liquéfié par tanker. Mais son acheminement nécessite des infrastructures particulières.
     
    L’acheminement du gaz est le nouveau casse-tête des Européens qui tentent de se passer des importations russes. Problème, faire venir le gaz liquéfié (GNL) des Etats-Unis ou du Qatar est autrement plus compliqué.

    • Quelle différence entre le gaz et le GNL?
    Concrètement, le gaz naturel (principalement composé de méthane) et le gaz naturel liquéfié sont le même hydrocarbure. Seulement, leur état n’est pas le même: le premier est gazeux et circule par gazoduc tandis que le second a été mis à l’état liquide. Pour cela, il faut le porter à une température inférieure à -160°C.

  • L’avantage, c’est que le GNL peut alors être transporté par bateau dans des cuves avec un volume 600 fois moins important que le gaz naturel. Il ne doit pas être confondu avec le GPL (gaz de pétrole liquéfié) qui est un mélange raffiné de gaz naturel et de pétrole.

    • D’où vient le GNL?
    Le GNL peut venir de n’importe quel pays producteur de gaz équipé pour liquéfier le gaz mais les plus gros producteurs sont le Qatar, les Etats-Unis ou encore l’Australie. C’est l’avantage du GNL, il peut venir de l’autre bout du monde, à condition évidemment de payer le transport.

    • Tout le monde peut-il recevoir du GNL?
    Non car il n’est pas utilisable à l’état liquide, il faut le regazéifier. Pour cela, il faut disposer d’un port méthanier qui accueille les navires, reçoit le GNL, le transforme en gaz puis l’injecte dans le réseau. D’emblée, cela écarte les pays qui n’ont pas accès à la mer, comme l’Autriche qui dépend énormément du gaz russe.

    L’Allemagne n’a pas non plus de terminal méthanier mais vient d’approuver la construction d’un port à l’embouchure de l’Elbe. Il sera opérationnel d’ici 2 à 3 ans.

  • En attendant, il existe une alternative plus rapide, ce sont des terminaux flottants, sorte de grands navires qui reçoivent et transforment le GNL. L’avantage, c’est qu’ils peuvent être construits (ou reconvertis) en peu de temps même si le volume de gaz est moins élevé que pour les terminaux en dur. De la même façon, ils peuvent aussi changer de port si besoin. Un des deux méthaniers flottants français pourrait d’ailleurs revenir vers la métropole.

    Pour amarrer un terminal méthanier de regazéification flottant, il faut disposer d’un port avec des eaux profondes, d’un jetée suffisamment longue et solide et évidemment d’un gazoduc pas trop éloigné pour réinjecter dans le réseau.

  • • Le GNL peut-il alors remplacer le gaz russe?
    La plupart des observateurs sont d’accord pour dire que les volumes seront trop bas pour remplacer en totalité le gaz russe à l’échelle de l’Europe. La France, qui dispose de 4 ports méthaniers (deux à la Fos-sur-Mer, un en Bretagne et le dernier à Dunkerque) pourrait probablement s’en passer, d’autant que le gaz russe ne représente que 17% de ses importations.

    Mais pour les pays de l’est ou pour l’Allemagne, cette solution serait beaucoup trop longue à mettre en place et trop coûteuse. L’Europe doit donc réfléchir à d’autres sources d’approvisionnement, tout en investissant dans des énergies alternatives: le biométhane, les énergies renouvelables ou encore le nucléaire.

  • GUERRE EN UKRAINE: QUELLES CONSÉQUENCES POUR L’ÉCONOMIE MONDIALE?
    Hausse du prix du gaz, du pétrole, des matières premières agricoles… L’invasion de l’Ukraine par la Russie risque de destabiliser l’économie mondiale encore en remission du covid. Quelles seront les conséquences?

  • Guerre en Ukraine : le grand flou des négociations 

    Des avancées « significatives » ont été annoncées lors des pourparlers de paix entre l’Ukraine et la Russie mardi 29 mars à Istanbul. Mais de nombreux points laissent à penser qu’il n’en est rien.

  • « Pour l’instant, nous ne pouvons pas faire état de quoi que ce soit de très prometteur ou d’une percée quelconque. Il y a beaucoup de travail à accomplir », a déclaré ce mercredi à la presse le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov. Il a néanmoins qualifié de « positif » le fait que la partie ukrainienne ait « enfin commencé à formuler de façon concrète ses propositions et à les mettre par écrit ».

    Ces déclarations tranchent avec celles, beaucoup plus positives, des responsables russes ayant pris part aux discussions qui se sont déroulées ce mardi à Istanbul.

  • De leur côté, les autorités ukrainiennes ont accusé ce mercredi la Russie d’avoir bombardé toute la nuit la ville de Tcherniguiv dans le nord du pays, malgré l’annonce la veille par Moscou d’une « réduction » de son activité militaire, promesse accueillie avec scepticisme par Kiev et ses alliés occidentaux.

     
    Retrouvez ci-dessous le déroulé de ce 35e jour de guerre en Ukraine

  • Le point sur la situation à 20h30 :
    – Rien de « prometteur » dans les pourparlers 
    Semblant revenir sur des annonces faites par Moscou à l’issue de discussions entre les belligérants ce mardi à Istanbul, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a dit ne pas pouvoir « faire état de quoi que ce soit de très prometteur ou d’une percée quelconque ».

    « Pour l’heure, nous ne pouvons pas parler de progrès et nous n’allons pas le faire », a-t-il insisté ce mercredi, précisant qu’il n’y avait « pas d’avancées » non plus dans l’organisation d’une éventuelle rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

  • Les Tatars exigent la restitution de la Crimée
    Les représentants des Tatars de Crimée ont exigé mercredi que la restitution à l’Ukraine de cette péninsule annexée par la Russie en 2014 soit une des conditions posées par Kiev dans les négociations avec Moscou pour mettre fin au conflit armé.

    – Entretien Biden-Zelensky –
    Le président des Etats-Unis Joe Biden a discuté ce mercredi avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky des capacités militaires « supplémentaires » nécessaires pour aider l’armée ukrainienne à « défendre son pays », a déclaré la Maison Blanche.

    – Sur le terrain militaire
    La ville de Tcherniguiv (nord) a été bombardée « toute la nuit », a annoncé le gouverneur de la région, malgré l’annonce faite la veille par Moscou d’une réduction de son activité militaire autour de Kyiv et de cette ville. 

     

  • A Irpin qui est désormais « à 100% contrôlée par l’armée ukrainienne », au moins 200 personnes sont mortes depuis le début du conflit, selon son maire.

    Dans l’Est, l’armée ukrainienne a repris le contrôle d’une autoroute stratégique reliant Kharkiv à Tchougouïv, et les forces russes ont quitté, après un mois d’occupation, la ville de Trostyanets (nord-est).

    A Marioupol (sud), les forces russes ont « délibérément bombardé un bâtiment du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) », a affirmé ce mercredi une responsable ukrainienne, sans pouvoir donner de bilan. La mairie a de son côté dénoncé l’évacuation forcée vers la Russie d’une maternité de la ville.

  •  Plus de 4 millions de réfugiés selon le HCR
    En cinq semaines, plus de 4 millions d’Ukrainiens ont fui leur pays, un flot de réfugiés inédit depuis la seconde guerre mondiale, selon le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR).

    Plus de 10 millions de personnes, soit plus d’un quart de la population, ont dû quitter leur foyer vers un autre pays ou trouver refuge ailleurs en Ukraine.

    – « Crimes de guerre » en Ukraine 
    La haute commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Michelle Bachelet, a évoqué mercredi « des crimes de guerre » commis en Ukraine dans un long réquisitoire contre les actions menées pour l’essentiel par l’armée russe.

    L’ancienne présidente du Chili n’a laissé aucun doute sur le fait qu’elle estime que la Russie est la principale fautive même si elle n’a pas totalement dédouané les forces ukrainiennes.

    Un peu plus tôt, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU avait chargé Erik Mose, un juge norvégien ayant siégé dans plusieurs tribunaux internationaux, de diriger l’enquête sur les violations commises par la Russie en Ukraine.

  •  Johnson appelle à « intensifier les sanctions » 
    Le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé mercredi à « continuer d’intensifier les sanctions » contre la Russie jusqu’au retrait de tous les soldats russes en Ukraine.

    « On ne peut pas attendre du G7 de lever les sanctions juste parce qu’il y a un cessez-le-feu », a-t-il déclaré devant une commission parlementaire, « nous devrions continuer d’intensifier les sanctions (…) jusqu’à ce que chacun » des soldats russes soit « hors d’Ukraine ».

    – Poutine mal informé ? 
    Vladimir Poutine est mal informé du déroulement de la guerre en Ukraine, parce que ses conseillers ont peur de lui révéler les pertes militaires et économiques subies par la Russie, a affirmé ce mercredi un haut responsable américain.

  • Le gouvernement allemand a indiqué que le président russe Vladimir Poutine avait assuré ce mercredi au chancelier Olaf Scholz que l’Europe pouvait continuer à payer le gaz russe en euros et non en roubles comme ordonné récemment par Moscou.

    Le Kremlin avait auparavant publié son propre compte rendu de la conversation, indiquant que M. Poutine avait dit à M. Scholz que la demande de Moscou pour que l’Europe passe au paiement du gaz en roubles ne devait pas « conduire à une détérioration des conditions contractuelles pour les sociétés importatrices européennes ».

    Le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Hebestreit a indiqué que M. Poutine avait assuré à M. Scholz que les paiements de l’Europe le mois prochain « continueraient à être en euros et transférés comme d’habitude sur la Gazprom Bank, qui n’est pas frappée de sanctions », et qu’elle se chargerait de la conversion en roubles.

    M. Hebestreit a ajouté que le président Poutine avait souligné que « rien ne changerait pour les partenaires contractuels européens » lorsque le nouveau système de paiement réclamé par Moscou entrera en vigueur le 1er avril.

    « Le chancelier Scholz n’a pas accepté cette procédure mais a demandé des informations par écrit pour mieux la comprendre », a souligné Hebestreit.

    « Ce que le G7 a convenu demeure : les livraisons d’énergie seront exclusivement payées en euros ou en dollars, comme c’est indiqué dans les contrats », a-t-il assuré.

  • La Première ministre suédoise a affirmé ce mercredi « ne pas exclure » une candidature d’adhésion à l’Otan en conséquence de l’invasion russe de l’Ukraine, après avoir exprimé jusqu’ici la préférence de voir la Suède rester hors des alliances militaires.

    « Je n’exclus en aucune façon l’adhésion à l’Otan », a affirmé Magdalena Andersson dans une interview à la télévision publique SVT.

    « Je veux que nous fassions une analyse approfondie des possibilités que nous avons dans cette situation, les menaces et les risques associés, pour prendre la meilleure décision pour la Suède », a déclaré la dirigeante social-démocrate.

    La Suède n’est pas membre de l’Otan et est officiellement non alignée militairement, même si elle est partenaire de l’alliance atlantique et qu’elle a abandonné sa ligne de neutralité stricte après la fin de la guerre froide.

  • La France ne voit « pas de percée » dans les négociations russo-ukrainiennes ni de « nouveauté » dans la situation en Ukraine après les annonces russes de réduction de leur activité militaire dans les environs de Kiev et dans le nord de l’Ukraine, a déclaré mercredi soir le chef de la diplomatie française.

    « La guerre continue. Pour l’instant il n’y a à ma connaissance ni percée ni nouveauté », a souligné Jean-Yves Le Drian sur la chaîne d’information en continu France 24.

  • Le président des Etats-Unis Joe Biden a discuté ce mercredi avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky des capacités militaires « supplémentaires » nécessaires pour aider l’armée ukrainienne à « défendre son pays », a déclaré la Maison Blanche.

    « Les dirigeants ont évoqué la manière dont les Etats-Unis travaillent jour et nuit pour répondre aux principales demandes faites par l’Ukraine en matière d’aide sécuritaire » ainsi que « les efforts persistants fournis par les Etats-Unis avec leurs alliés et partenaires pour identifier les capacités supplémentaires pour aider l’armée ukrainienne à défendre son pays », a affirmé l’exécutif américain dans un communiqué après un appel entre les deux présidents.

    La présidence américaine a ajouté qu’ils avaient souligné l’impact « déterminant » des armes fournies par les Américains sur le cours du conflit.

    « En outre, le président Biden a informé le président Zelensky que les Etats-Unis entendaient apporter au gouvernement ukrainien 500 millions de dollars d’aide budgétaire directe », a précisé la Maison Blanche.

  • De son côté, le président ukrainien a lui indiqué sur Twitter qu’il avait partagé avec Joe Biden  « son analyse de la situation sur le champ de bataille et à la table des négociations », ajoutant que durant cet entretien d’une heure ont été évoqués » un soutien défensif spécifique, d’un nouveau paquet de sanctions renforcées et des aides macro-financières et humanitaires ».

  • Le président russe Vladimir Poutine a affirmé ce mercredi au chancelier allemand Olaf Scholz que le paiement en roubles des exportations de gaz russe, désormais exigé par Moscou, ne devait pas désavantager les clients européens.

    « Cette décision ne doit pas mener à une détérioration des conditions des contrats des entreprises européennes qui importent du gaz russe », a estimé Vladimir Poutine, selon un communiqué du Kremlin résumant un échange téléphonique avec Olaf Scholz, dont le pays est un grand consommateur d’hydrocarbures russes.

    Le 23 mars, Vladimir Poutine a annoncé que la Russie n’accepterait plus de paiements en dollars ou en euros pour les livraisons de gaz à l’UE, en riposte aux sanctions occidentales prises contre Moscou pour son offensive en Ukraine. 

    « Ce changement dans la procédure des règlements a lieu parce que les membres de l’UE ont gelé les réserves de devise de la Banque de Russie, en violation du droit international », a indiqué le maître du Kremlin au chancelier allemand.

    Jeudi, la Banque centrale et le gouvernement russes, ainsi que l’entreprise Gazprom, doivent présenter un nouveau système de paiement en roubles.

    Se voulant rassurant, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a lui affirmé que ce passage à un paiement en devise russe se ferait progressivement.

  • La haute commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Michelle Bachelet, a évoqué ce mercredi « des crimes de guerre » commis en Ukraine dans un long réquisitoire contre les actions menées pour l’essentiel par l’armée russe depuis l’invasion du 24 février. 

    Les attaques menées par les forcées armées russes « pourraient être des crimes de guerre », a lancé Mme Bachelet devant le Conseil des droits de l’Homme. 

    Elle a usé du conditionnel par convention, les crimes de guerre devant être prouvés devant un tribunal. L’ancienne présidente du Chili n’a laissé aucun doute sur le fait qu’elle estime que la Russie est la principale fautive même si elle n’a pas totalement dédouané les forces ukrainiennes.

  • Après l’Irlande, les Pays-Bas et la Belgique hier, c’est au tour de la Slovaquie d’annoncer l’expulsion de diplomates russes.

    Bratislava a ainsi décide de « réduire de 35 personnes le personnel de l’ambassade de la Fédération de Russie », selon le porte-parole de la diplomatie slovaque Juraj Tomaga.

  • Le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé ce mercredi  à « intensifier les sanctions » contre Moscou jusqu’au retrait de tous les soldats russes. 

    « On ne peut pas attendre du G7 de lever les sanctions juste parce qu’il y a un cessez-le-feu », a-t-il déclaré devant une commission parlementaire.

    « Nous devrions continuer d’intensifier les sanctions (…) jusqu’à ce que chacun » des soldats russes soit « hors d’Ukraine », a-t-il ajouté.

    Lors de cette audition devant les responsables des commissions parlementaires, le chef du gouvernement britannique a répété qu’un changement de régime à Moscou n’était « pas l’objectif du gouvernement britannique », ajoutant que Londres cherche à « aider à protéger » les Ukrainiens contre la violence « barbare » des forces russes. 

  • Ce mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a également abordé le statut, du point de vue russe, de la Crimée. 

    « La Crimée fait partie de la Fédération de Russie. Et selon notre constitution, nous ne pouvons discuter avec personne du sort du territoire de la Fédération de Russie, du sort des régions russes, c’est hors de question. C’est écrit dans notre constitution »

    Cette déclaration fait écho à la proposition de la délégation ukrainienne, hier à Istanbul,  de « quinze ans » de pourparlers russo-ukrainiens pour résoudre spécifiquement la question de la péninsule annexée par la Russie en 2014.

  • « Les occupants ont bombardé délibérément un bâtiment du CICR à Marioupol », a écrit sur Facebook Lioudmyla Denissova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien. « Pour l’instant, nous n’avons pas d’informations concernant les victimes », a-t-elle ajouté, sans préciser combien de personnes auraient pu se trouver dans le bâtiment au moment des tirs.

    Cette information n’a pas été confirmée ou infirmée par le Comité international de la Croix-Rouge. 

  • Le chef de l’AIEA visite une centrale nucléaire dans le sud de l’Ukraine
    Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a visité mercredi la centrale nucléaire de Konstantinovka, dans le sud de l’Ukraine, dans le but de mettre en place une « assistance technique » sur fond de craintes d’un accident.

    « Je me trouve dans la centrale d’Ukraine du Sud pour rencontrer des responsables gouvernementaux et le personnel ukrainien », a écrit Rafael Grossi dans un tweet accompagné de photos le montrant serrant la main d’employés du site dont il a salué « l’endurance ».

    « Il est vital d’être sur le terrain pour fournir un soutien efficace en cette période extrêmement difficile », a-t-il ajouté.

  • Rien de « prometteur » ni de « percée » dans les pourparlers russo-ukrainiens (Kremlin)
    Des pourparlers entre des délégations russe et ukrainienne à Istanbul mardi n’ont donné lieu à rien de « très prometteur » ni à aucune « percée », a déclaré mercredi le Kremlin, douchant les espoirs de progrès décisifs dans les négociations.

    « Pour l’instant, nous ne pouvons pas faire état de quoi que ce soit de très prometteur ou d’une percée quelconque. Il y a beaucoup de travail à accomplir », a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov.

  • Le bilan s’élève à 14 morts à Mykolaïv 

    L’agence d’État ukrainienne chargée des situations d’urgence indique que le bilan des victimes de l’attaque russe contre le bâtiment de l’administration régionale de la ville de Mykolaïv, dans le sud du pays, s’élève à 14 morts.

  • L’armée ukrainienne reprend le contrôle d’une autoroute stratégique dans l’Est
    « La route était sous le feu des forces russes qui y ont tué des civils. Nous les avons repoussées à une dizaine de kilomètres plus au nord », a affirmé sur place à l’AFP un commandant de la 92e brigade de l’armée ukrainienne.

    Cette autoroute stratégique reprise mardi relie Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine, à Tchougouïv, une ville de 30 000 habitants située à 50 kilomètres au sud-est.

    Les deux villes ont été intensément bombardées par l’armée russe depuis plus d’un mois, sans pour autant tomber aux mains des forces de Moscou.

  • La Pologne prévoit de réduire ses importations de pétrole russe d’ici la fin de l’année
    Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a déclaré lors d’une conférence de presse que la Pologne lançait « le plan le plus radical parmi les nations européennes pour se sevrer des sources d’énergie russes ».

    Le dirigeant a ainsi déclaré que la Pologne interdisait les importations de charbon russe. Mateusz Morawiecki a ajouté qu’il s’attendait à ce que les importations de gaz soient réduites en mai, et a appelé les autres pays européens à faire de même.

    Il a par ailleurs appelé l’Union européenne à introduire une taxe sur les importations de gaz, de pétrole et de charbon russes. « Je vais pousser fortement pour cette idée dans l’Union Européenne, pour que la situation soit équitable du point de vue des principes de la concurrence sur le marché », a-t-il déclaré.

  • Tcherniguiv « bombardée toute la nuit », malgré les promesses russes 
    Le gouverneur de la région de Tcherniguiv, dans le nord de l’Ukraine, affirme que les attaques russes se sont poursuivies toute la nuit, bien que Moscou ait déclaré vouloir réduire son activité militaire dans la région.

    « Tcherniguiv a été bombardée toute la nuit » avec de l’artillerie et des avions, a annoncé sur Telegram le gouverneur Viatcheslav Tchaous, précisant que des infrastructures civiles avaient été détruites et que la ville se trouvait toujours sans eau ni électricité.

    Le gouverneur n’a pas précisé si des personnes avaient été tuées ou blessées. Cette localité qui comptait 280.000 habitants avant la guerre se trouve également « sans communications et on ne peut plus les réparer », a-t-il ajouté, évoquant également des frappes sur Nijyne, dans la même région.

  • Une maternité de Marioupol évacuée de force vers la Russie, selon la mairie
    La mairie de Marioupol a dénoncé mercredi l’évacuation forcée vers la Russie d’une maternité de cette ville assiégée dans le Sud-Est de l’Ukraine où une autre maternité avait été bombardée par les Russes le 9 mars. 

    « Plus de 70 personnes, des femmes et du personnel médical ont été emmenées de force par les occupants de la maternité N°2 du district de la rive gauche », a affirmé la mairie sur Telegram. 

    Au total, plus de 20 000 habitants de Marioupol ont été évacués « contre leur gré » en Russie, selon la municipalité, qui affirme que les Russes leur ont confisqué leurs papiers et les ont redirigés « vers des villes russes éloignées ».

  • L’Allemagne active son plan d’urgence pour garantir l’approvisionnement en gaz, alors que la Russie continue à exiger d’être payée en roubles.

    Comme l’a expliqué le ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck, il s’agit du premier de trois niveaux d’alerte. Cela implique la mise en place d’une équipe de crise au sein de son ministère, qui renforcera la surveillance de la situation de l’approvisionnement en gaz.

    Selon le ministre, les stocks de gaz allemands sont actuellement remplis à environ 25 % de leur capacité.

  • L’ambassadeur ukrainien aux Nations Unies, Sergiy Kyslytsya, a déclaré mardi au Conseil de sécurité de l’ONU que les occupants russes avaient perdu plus de 17 000 militaires, plus de 1 700 véhicules blindés et près de 600 chars depuis le début de l’invasion.

    Selon lui, la Russie a également perdu 300 systèmes d’artillerie, 127 avions et 129 hélicoptères, près de 100 systèmes de lance-roquettes, 54 systèmes de défense aérienne et sept navires. 

    Kyslytsya a déclaré qu’il s’agissait d’un « coup sans précédent pour Moscou, où les chiffres des pertes soviétiques en Afghanistan font pâle figure en comparaison. »

  • Selon la dernière mise à jour des renseignements du ministère britannique de la défense, les unités russes en Ukraine « subissent de lourdes pertes » et sont « contraintes de retourner au Bélarus et en Russie pour se réorganiser et se réapprovisionner ». 

    Selon le ministère, cette stratégie montre les difficultés rencontrées par les Russes pour organiser la logistique sur les lignes de front. 

  • Le point à 7 heures : 

    – Les conditions pour une première rencontre entre le président ukrainien et son homologue russe depuis le début de l’invasion russe sont désormais possibles, ont indiqué Kiev et Moscou après plusieurs heures de pourparlers mardi à Istanbul. L’Ukraine acceptera d’être neutre si elle obtient un « accord international » pour garantir sa sécurité, a détaillé le négociateur en chef ukrainien à Istanbul, David Arakhamia.

    – Les dirigeants américain, français, britannique, allemand et italien se sont montrés circonspects après l’annonce de ces avancées dans les discussions russo-ukrainiennes. « On verra s’ils tiennent parole », a dit mardi le président américain Joe Biden à des journalistes, peu après s’être entretenu avec les dirigeants français, britannique, allemand et italien. « Il semble y avoir un consensus sur le fait qu’il faut voir ce qu’ils ont à offrir », a-t-il ajouté.

    – Vladimir Poutine a exigé mardi que les « nationalistes » ukrainiens à Marioupol « déposent les armes » afin qu’on puisse « trouver une solution à la situation humanitaire » dans ce port stratégique, selon un communiqué du Kremlin publié après un échange avec Emmanuel Macron. Volodymyr Zelensky a qualifié les attaques russes contre Marioupol de « crime contre l’humanité, qui se déroule en direct sous les yeux de la planète ». 

    – Douze personnes ont été tuées et au moins 33 autres blessées mardi dans une frappe russe ayant partiellement détruit le bâtiment de l’administration régionale de Mykolaïv, dans le sud de l’Ukraine, selon un nouveau bilan donné par les secours ukrainiens.

  •  Le nombre de réfugiés ayant fui l’Ukraine depuis l’invasion ordonnée par Vladimir Poutine se rapproche de la barre symbolique des 4 millions qui pourrait être franchie dans les tout prochains jours, selon l’ONU, estimant à presque 6,5 millions le nombre de déplacés à l’intérieur du pays.
    – Les citoyens américains en Russie risquent d’être arbitrairement arrêtés par les autorités, a averti mardi le département d’Etat des Etats-Unis, qui a renouvelé son appel à ne pas se rendre dans le pays ou à le quitter immédiatement.

  • Devant le Conseil de sécurité de l’ONU, la Russie a été accusée mardi d’avoir provoqué une « crise alimentaire mondiale » voire de faire courir un risque de « famine » en ayant déclenché une guerre contre l’Ukraine, le « grenier à blé de l’Europe ».

    Le président russe « Vladimir Poutine a commencé cette guerre. Il a créé cette crise alimentaire mondiale. Et il est celui qui peut l’arrêter », a martelé la numéro deux de la diplomatie américaine Wendy Sherman lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation humanitaire en Ukraine.

    Pour la secrétaire d’Etat adjointe, « la Russie et le président Poutine portent, seuls, la responsabilité d’avoir fait la guerre à l’Ukraine et des conséquences de cette guerre sur la sécurité alimentaire mondiale ».

  • Cinq consonnes et trois voyelles: c’est l’affaire de la présidentielle. Depuis plusieurs jours et la publication, mi-mars, d’un rapport sénatorial accablant sur le rôle des conseils privés dans les décisions de l’Etat, le cabinet américain McKinsey est au cœur de l’actualité Une affaire qui pèse sur la campagne d’Emmanuel Macron et que Le HuffPost vous résume en moins de 3 minutes comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article. 

    Selon les sénateurs, le cabinet de conseil aurait joué un rôle prépondérant au fil du quinquennat et dans la gestion de la crise sanitaire aux côtés du gouvernement, avec des résultats pas forcément remarqués. Pire encore, la firme n’aurait pas payé ses impôts en France au cours des dix dernières années grâce à “un exemple caricatural d’optimisation fiscale”, selon les mots de la commission d’enquête, contrairement à ce que laissait entendre le patron de McKinsey, sous serment, en janvier.

  • Plus globalement, les élus du Palais Bourbon estiment à un milliard d’euros l’enveloppe allouée par le gouvernement à ces conseils en tous genres (pas uniquement McKinsey.) Un chiffre en hausse, selon eux. A tel point que les journalistes de l’Obs Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre évoquent un “putsch progressif, presque rampant, sans effusion de sang” mais qui “a changé la France” dans un livre-enquête publié en février dernier.

  • Affaire McKinsey: Macron défie ses opposants d’aller en justice
    « Qu’ils aillent au pénal », a défié le chef de l’État, alors que le gouvernement est accusé d’avoir multiplié les recours très coûteux à des cabinets de conseil privés.

  • Ses détracteurs l’avaient sommé de “rendre des comptes”, il leur renvoie la balle. Ce dimanche 27 mars, le président de la République Emmanuel Macron a répondu vertement à ceux qui lui reprochent les nombreux contrats passés par l’État avec des cabinets de consultants, en particulier McKinsey: “S’y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal!” 

    “On a l’impression qu’il y a des combines, c’est faux”, a-t-il poursuivi avec agacement sur France 3. “Aucun contrat n’est passé dans la République sans qu’il respecte la règle des marchés publics”, “que quiconque a la preuve qu’il y a manipulation mette le contrat en cause au pénal”, a-t-il répété.

  • “Je ne suis pas persuadé que sous ce quinquennat il y ait eu moins de contrats que sous certains autres, y compris de ceux qui nous attaquent aujourd’hui”, s’est-il défendu (et voulant visiblement dire “plus de contrats” plutôt que moins).

     
     
     À entendre le chef de l’État, lorsque des ministères sont “jour et nuit au travail”, “qu’ils demandent des prestataires extérieurs pour les aider ne me choque pas”. Alors que McKinsey est en outre mis en cause par le Sénat pour ne pas avoir payé d’impôt sur les sociétés en France depuis des années, le président candidat a estimé que cela s’expliquait par les règles fiscales en vigueur.

  • Un sujet potentiellement explosif
    Or “je me suis battu” pour instaurer un impôt minimal sur les grandes entreprises, a-t-il dit, “et dans quelques mois ces cas pourront être bannis”.

    Le Sénat a révélé le 17 mars que les contrats de l’État avec ces cabinets avaient “plus que doublé” entre 2018 et 2021, atteignant un record de plus d’un milliard d’euros en 2021. En outre les sénateurs ont saisi vendredi la justice pour “suspicion de faux témoignage” contre un dirigeant de McKinsey qui a affirmé que son cabinet payait bien l’impôt sur les sociétés en France.

     
     
    Le sujet est politiquement sensible pour l’exécutif, accusé depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron de multiplier les contrats avec ces groupes privés de conseil, avec des contrats le plus souvent non divulgués au public.

    Les Insoumis se sont ainsi saisis de l’affaire, dénonçant “un scandale d’État”.

  • Les sénateurs ont cité des contrats comme celui de “près de 4 millions d’euros à McKinsey pour la réforme des APL”, la création du “baromètre de l’action publique” pour laquelle Capgemini a perçu 3,12 millions d’euros ou le recours au cabinet EY, pour 2,4 millions d’euros, pour la création de l’Agence nationale de la cohésion des territoires. McKinsey a aussi obtenu 496.800 euros en 2020 pour ”éclairer les évolutions du métier d’enseignant” et réalisé une étude sur leur rémunération au mérite.

  • Le cabinet McKinsey « paiera ce qu’il doit à l’État français », assure Bruno Le Maire
    Le cabinet privé McKinsey est accusé d’optimisation fiscale par une commission d’enquête du Sénat.

  • Le cabinet McKinsey, accusé d’optimisation fiscale par une commission d’enquête du Sénat, “paiera ce qu’il doit aux contribuables et à l’État français”, a affirmé ce dimanche 20 mars le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire.

    “Nous allons nous assurer que McKinsey paie les impôts qu’il doit à la France, comme toutes les entreprises”, a-t-il déclaré au “Grand Jury” RTL/Le Figaro/LCI.

    “Toutes les procédures sont déjà engagées par la direction générale des Finances publiques, McKinsey paiera”, a ajouté le ministre.

  • Dans un document diffusé jeudi, la commission d’enquête du Sénat sur l’influence des cabinets de conseil sur les politiques publiques a accusé les entités françaises du cabinet McKinsey de n’avoir versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020.

     
     
    Réagissant à ces accusations, McKinsey a assuré respecter “l’ensemble des règles fiscales et sociales françaises applicables” et dit avoir payé l’impôt sur les sociétés “les années où le cabinet a réalisé des bénéfices en France”.

    Macron avait jugé “légitime” le recours aux cabinets privés
    Trois jours après la publication du rapport final de la commission d’enquête du Sénat, qui qualifiait le recours aux cabinets de conseil de “phénomène tentaculaire” au sein de l’État, Bruno Le Maire a jugé “légitime” de faire appel à ces derniers pour des “missions ponctuelles”.

    “Pour certaines prestations, par exemple de l’aide informatique, il est plus judicieux de faire appel à un prestataire extérieur plutôt que d’avoir des fonctionnaires qui s’occupent pendant des années de la mise à jour de telle ou telle procédure informatique”, a estimé le ministre.

  • “Un État qui fonctionne bien, c’est un État recentré sur ses missions essentielles. Qu’on fasse appel à des spécialistes sur certains sujets, ça me paraît aussi un principe de bonne gestion”, a-t-il poursuivi.

    Mais “s’il y a des dérives, qu’on estime que ces prestations vont trop loin, que le recours aux cabinets de conseil est excessif, nous recentrerons ces activités”, a concédé Bruno Le Maire.

    Jeudi, le président Emmanuel Macron avait déjà jugé “légitime” le recours aux cabinets privés, tout en insistant sur le contrôle et sur la transparence des appels d’offre.

  • Selon le rapport du Sénat, les dépenses de conseil des ministères ont bondi de 379,1 millions d’euros en 2018 à 893,9 millions d’euros en 2021.

  • Pour la présidentielle 2022, pas de masque obligatoire pour voter
    Les personnes positives devraient aussi pouvoir voter au premier et second tour, mais avec un masque, avance une source gouvernementale.

  • COVID – Après plus de deux ans de Covid, l’épidémie est de nouveau au menu des discussions pour l’organisation d’élections. Cette fois, un Conseil de défense sanitaire présidé par Emmanuel Macron s’est penché sur la présidentielle à venir, selon franceinfo et RTL.

    Le but? Voir quelles mesures sanitaires devront être mises en place pour que les Français puissent voter malgré la pandémie. Si le port du masque obligatoire semble avoir été écarté, le gouvernement devrait par contre inciter les personnes âgées et à risques à en porter un.

    Des stocks de masques devraient être dédiés à chaque bureau de vote et leurs organisateurs qui verront, à leur marnière, comment ”éviter la cohue” au mieux pour les premier et second tours.

     
     
    Alors que les cas positifs au Covid-19 repartent à la hausse depuis début mars, la question des personnes malades a aussi été évoquée. “Le bon sens, c’est qu’ils puissent aller voter avec un masque”, a indiqué une source gouvernementale.

  • Ukraine: une opération humanitaire à Marioupol pas possible « à ce stade », annonce Macron
    « Pour trouver une solution à la situation humanitaire difficile » de Marioupol, « les combattants nationalistes ukrainiens devaient arrêter de résister et déposer les armes”, a expliqué Poutine.

  • Les conditions pour lancer dans les prochains jours une opération humanitaire au secours des habitants de la ville ukrainienne de Marioupol, assiégée par l’armée russe, ne “sont pas réunies à ce stade”, a annoncé l’Élysée après un entretien entre les présidents Emmanuel Macron et Vladimir Poutine.

    Le chef de l’État français a présenté cette opération d’évacuation -proposée en fin de semaine dernière par la France, la Turquie et la Grèce- à son homologue russe qui a dit “qu’il allait y réfléchir” avant de donner une réponse, a ajouté la présidence. 

    D’ici là, “il est hors de question de relâcher les efforts” car la situation est “dramatique” et “catastrophique” à Marioupol pour les quelque 170.000 habitants qui y restent, selon elle.

  • “Pour l’instant, la guerre continue”
    Le Kremlin a affirmé de son côté que Vladimir Poutine avait expliqué à son interlocuteur que, “pour trouver une solution à la situation humanitaire difficile dans cette ville, les combattants nationalistes ukrainiens devaient arrêter de résister et déposer les armes”.

    Par ailleurs, l’Élysée n’a pas voulu commenter les résultats des pourparlers entre la Russie et l’Ukraine à Istanbul, qualifiées de “substantiels” par les négociateurs des deux camps. “Notre souhait est d’abord de nous coordonner avec les Ukrainiens”, a précisé la présidence, en annonçant un prochain entretien entre Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky. “Pour l’instant, la guerre continue” et “nos exigences restent les mêmes”, dont celle d’un cessez-le-feu, a-t-elle ajouté.

    Au cours de l’entretien qui a duré environ une heure, Vladimir Poutine a en outre réaffirmé sa demande que les livraisons de gaz russe soient payées en roubles et non plus en euros ou en dollars. Il a affirmé qu’elle était “conforme aux accords” de fourniture, une affirmation contestée par Emmanuel Macron, comme le G7, qui avait dénoncé vendredi une exigence ni “possible” ni “contractuelle”. 

  • Premiers signaux positifs après les pourparlers 
    La Russie a promis ce mardi 29 mars de “radicalement” réduire son activité militaire en direction de Kiev et Tcherniguiv en Ukraine, après des pourparlers russo-ukrainiens “substantiels” à Istanbul.

    “Les négociations sur un accord sur la neutralité et le statut non-nucléaire de l’Ukraine entrant dans une dimension pratique (…), il a été décidé, pour accroître la confiance, de réduire radicalement l’activité militaire en direction de Kiev et Tcherniguiv”, a déclaré à Istanbul le vice-ministre russe de la Défense, Alexandre Fomine, à l’issue des discussions. 

    Les conditions pour une première rencontre entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue russe Vladimir Poutine depuis le début de l’invasion russe le 24 février, sont désormais “suffisantes” après une nouvelle session de pourparlers russo-ukrainiens mardi en Turquie, a affirmé le négociateur en chef ukrainien.

  • Joe Biden a déclaré ce mardi que les Occidentaux attendaient de voir si la Russie “tenait parole” sur la réduction de son activité militaire en direction des deux villes. “On verra s’ils tiennent parole. Il semble y avoir un consensus sur le fait qu’il faut voir ce qu’ils ont à offrir.”, a-t-il déclaré à des journalistes, peu après s’être entretenu avec les dirigeants français, britannique, allemand et italien.

  • Joe Biden ne retire pas ses propos sur le départ de Vladimir Poutine
    “Les actes de cet homme, c’est juste de la brutalité”, a-t-il martelé, mais “personne ne croit” que “je parlais de renverser Poutine”.

  • ÉTATS-UNIS – Joe Biden a affirmé ce lundi 28 mars qu’il ne retirait pas ses propos controversés suggérant qu’il souhaitait le départ de son homologue russe Vladimir Poutine du pouvoir, car ils exprimaient son “indignation” personnelle et pas une “politique” en faveur d’un changement de régime.

    “Je ne les retire pas” et “je ne m’excuse pas”, a dit le président américain devant la presse. “J’exprimais simplement mon indignation: il ne devrait pas rester au pouvoir, de la même manière que les méchants ne devraient pas continuer à faire de mauvaises choses”, “mais cela ne signifie pas que nous ayons un changement de politique fondamental”, a-t-il ajouté.

  • Il a évoqué son “indignation morale au sujet de la manière dont Poutine agit”. “Les actes de cet homme, c’est juste de la brutalité”, a-t-il martelé, mais “personne ne croit” que “je parlais de renverser Poutine”.

    Le président Biden a semé le trouble en lançant samedi à Varsovie, au sujet de Vladimir Poutine: “Pour l’amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir!”. Cette petite phrase qui ne figurait pas dans le texte écrit du discours a contraint la Maison Blanche à tenter immédiatement de minimiser sa portée pour garantir qu’il ne s’agissait pas de suggérer un renversement du maître du Kremlin.

  • Plusieurs experts et dirigeants de pays alliés des États-Unis ont estimé que cette déclaration allait à l’encontre des efforts des Occidentaux pour ne pas justifier une escalade russe dans la guerre menée par Moscou en Ukraine. Joe Biden a répondu ne pas penser “du tout” que ses propos puissent provoquer une telle escalade.

     
     
    Interrogé sur ce que le président russe risquait de penser, il a répondu: “je me moque de ce qu’il pense”. “Il va faire ce qu’il pense devoir faire, point final. Il n’est influencé par personne.” Le président américain n’a pour autant pas exclu un futur sommet avec son homologue russe. “Cela dépend de ce dont il veut parler!”, a-t-il lancé.

  • Guerre en Ukraine : « Seule la Chine a les capacités de modérer Poutine » 
    Entretien Ancien directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) de 2013-2017, Bernard Bajolet revient sur le rôle du renseignement dans la guerre en Ukraine et évoque les pistes de sortie de crise.

  • La quasi-totalité des observateurs ont été surpris par l’ampleur de la guerre lancée par Vladimir Poutine en Ukraine.

    Les signes avant-coureurs pouvant suggérer une telle opération ont-ils été sous-estimés ?

    Bernard Bajolet : Quand on relit les déclarations de Poutine de ces dernières années ou les analyses de proches du Kremlin, on a le sentiment d’être passé à côté de quelque chose. Dans les mois et les semaines qui ont précédé l’offensive russe, Poutine a œuvré à brouiller les pistes, sans hésiter à mentir effrontément, comme il l’a fait en assurant à Emmanuel Macron qu’il allait retirer ses troupes déployées en Biélorussie pour des exercices militaires. En fait, nous sommes beaucoup à nous être trompés sur la personnalité et les intentions de Vladimir Poutine et à avoir cru aux vertus du dialogue, en une voie autre.

  • Au moment où nous nous apprêtons à sortir notre nouveau numéro d’Échos du monde, la guerre frappe au plein cœur de l’Europe. Toutes les tentatives de règlement diplomatique du conflit se sont heurtées au délire d’un dictateur qu’aucune règle éthique ne semble pouvoir arrêter dans son rêve de reconquête.

    Le peuple ukrainien en subit les frais, et voit son quotidien basculer dans un cauchemar qui plonge des milliers de personnes sur les routes de l’exil. Paralysée dans un premier temps face au risque d’une escalade en conflit généralisé, l’Union européenne a décidé des sanctions massives contre la Russie.

    Au même moment, la France vit une campagne électorale pour le moins atone, qui va pourtant aboutir à la désignation de celle ou celui qui sera chargé de conduire nos choix de politique intérieure, mais aussi européenne et internationale.

    Saurons-nous dans ce contexte analyser ce qui nous arrive et prendre nos responsabilités citoyennes ?

  • Aujourd’hui, nous mesurons le danger que constitue un régime autoritaire pour les démocraties et pour l’avenir du monde. Cela peut servir de boussole pour décrypter certains discours et projets teintés de souverainisme et de mythe nostalgique d’un retour aux grandeurs du nationalisme. La France n’est pas à l’abri de basculer dans ce type de dérive. À l’aune de ce qui se déroule à nos frontières, nous prenons conscience qu’aucun gouvernement ne peut garantir le plein exercice démocratique sans règles de régulation, de contrôle et sans contre-pouvoir. La paix et le « vivre-ensemble » reposent aussi sur la vigilance quotidienne des peuples, la recherche de dialogue dans un respect profond de nos altérités.

    La diversité des cultures, qui a tissé l’identité de la France reste une formidable ressource pour l’avenir, c’est un atout et non un risque. Elle pourra nous aider à reconsidérer nos positions sur l’accueil des migrantes et des migrants qui vont continuer de frapper à nos portes, victimes du chaos des conflits comme de la crise climatique.

  • La guerre en Ukraine a déjà comme effet collatéral d’accentuer le dérèglement économique international, et va plonger davantage de personnes dans la misère et la faim. Nous constatons et constaterons ces effets dans notre pays. Car il s’agit bien d’une crise mondiale, et l’urgence est de protéger les plus vulnérables. Dès maintenant, il nous faut trouver des solutions alternatives, structurelles pour inventer une économie respectueuse des populations et de la planète, reposant sur des principes d’équité.

    Forts de notre expérience avec les sociétés civiles du monde entier, les bénévoles du CCFD-Terre Solidaire mobilisent localement les citoyens pour qu’ensemble, nous nous saisissions de ces enjeux à l’occasion des élections, présidentielle et législatives. Avec des organisations chrétiennes, catholiques, protestantes et orthodoxes, nous avons choisi de porter ces défis dans une parole commune diffusée dans les médias. Nous devons nous saisir de ce temps électoral comme d’une opportunité pour construire notre destin commun.

  • CET ENJEU NE DÉPEND PAS UNIQUEMENT DES POLITIQUES. IL REPOSE ÉGALEMENT SUR NOTRE CAPACITÉ À DÉFENDRE AU QUOTIDIEN NOTRE VIE DÉMOCRATIQUE ET À EXERCER NOTRE RESPONSABILITÉ DANS LA MARCHE DU MONDE.
     

    La situation mondiale a de quoi nous faire peur. Elle peut être aussi un formidable électrochoc pour nous mobiliser afin d’incarner enfin notre désir d’un monde de paix, d’un monde juste et solidaire.

  • Pris pour cible, Mykolaïv pleure ses morts et résiste

    «Verrou» de la ville d’Odessa, la cité portuaire continuait mercredi de chercher des survivants dans les décombres du bâtiment administratif frappé par un missile qui a fait au moins 14 morts la veille.

  • L’essentiel
    Guerre en Ukraine: les Russes commencent à se retirer de la centrale de Tchernobyl, selon le Pentagone
    Guerre entre l’Ukraine et la Russiedossier
     
    Au 35e jour de l’invasion russe et au lendemain de pourparlers de paix en Turquie à l’issue encourageante, l’intensité de l’offensive russe a été scrutée de près. Si les Russes ont commencé à se retirer de Tchernobyl ce mercredi soir, les discussions diplomatique ont semblé piétiner.

  • Rien de «prometteur» ni de «percée» dans les pourparlers selon le Kremlin, mercredi. Des propos qui tranchent avec les «signaux positifs» sortis des pourparlers de paix mardi à Istanbul.

    – Joe Biden a discuté mercredi avec Volodymyr Zelensky de moyens supplémentaire pour aider l’armée ukrainienne à «défendre son pays».

    – Dans un long réquisitoire, la haute commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, a dénoncé les exactions menées pour l’essentiel par l’armée russe depuis l’invasion du 24 février.

  • Les Russes seraient en train de se retirer de la centrale de Tchernobyl. Les Russes avaient pris le contrôle du site dès le premier jour de l’invasion, il y a plus d’un mois. D’après un haut responsable du Pentagone, l’armée russe a commencé à se retirer de l’aéroport d’Hostomel, au nord-ouest de Kyiv, et «Tchernobyl est une autre zone où ils commencent à se repositionner, [la] quittant pour aller au Bélarus», a-t-il déclaré à la presse, sous couvert d’anonymat.

  • La moitié du territoire ukrainien «pollué» par les tirs russes, affirme Kyiv. Les autorités ukrainiennes affirment mercredi qu’environ la moitié du pays avait d’ores et déjà été «polluée» par les munitions utilisées par les forces russes depuis le 24 février. «La superficie totale des zones polluées par les engins explosifs dans le cadre de l’agression russe s’élève à 300 000 kilomètres carrés», a précisé un haut responsable du ministère ukrainien de l’Intérieur. Le chiffre qu’il a donné est impossible à vérifier de source indépendante. «En outre, les démineurs ukrainiens ont désactivé plus de 300 engins explosifs» depuis le début de la guerre, a-t-il ajouté.

  • Rien de «prometteur» ni de «percée» dans les pourparlers selon le Kremlin. «Pour l’instant, nous ne pouvons pas faire état de quoi que ce soit de très prometteur ou d’une percée quelconque. Il y a beaucoup de travail à accomplir», a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Il a néanmoins qualifié de «positif» le fait que la partie ukrainienne ait «enfin commencé à formuler de façon concrète ses propositions et à les mettre par écrit». «Nous évitons soigneusement de faire des déclarations publiques sur le fond» des sujets faisant l’objet des pourparlers, car «nous croyons que les négociations doivent se dérouler» discrètement, a ajouté Peskov. Ces déclarations tranchent avec celles, beaucoup plus positives, des responsables russes ayant pris part aux discussions qui se sont déroulées mardi à Istanbul.

  • La France ne voit «pas de percée» dans les négociations de paix. Rien de neuf dans les pourparlers et «pas de nouveauté» dans la situation en Ukraine après les annonces russes de réduction de leur activité militaire dans les environs de Kiev et dans le nord de l’Ukraine, selon le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian. «La guerre continue. Pour l’instant il n’y a à ma connaissance ni percée ni nouveauté», souligne-t-il sur France 24.

  • Biden évoque avec Zelensky des capacités militaires «supplémentaires». Le président des Etats-Unis a discuté mercredi avec son homologue ukrainien de moyens en plus pour aider l’armée ukrainienne à «défendre son pays», déclare la Maison Blanche. «Les dirigeants ont évoqué la manière dont les Etats-Unis travaillent jour et nuit pour répondre aux principales demandes faites par l’Ukraine en matière d’aide sécuritaire» ainsi que «les efforts persistants fournis par les Etats-Unis avec leurs alliés et partenaires pour identifier les capacités supplémentaires pour aider l’armée ukrainienne à défendre son pays», affirme l’exécutif américain dans un communiqué.

  • Est-il vrai que les autorités ukrainiennes interdisent aux journalistes la diffusion d’images ? Des lecteurs ont interrogé notre service CheckNews sur plusieurs témoignages de journalistes faisant état de restrictions imposées par les autorités dans la couverture de la guerre en Ukraine. Samedi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ratifié une loi restreignant la diffusion d’informations militaires pendant l’état d’urgence ou la loi martiale en cours. Le même jour, les chaînes d’informations anglo-saxonnes CNN et BBC ont été accusées sur les réseaux sociaux par de nombreux Ukrainiens de servir de «correcteurs» de frappes pour l’armée russe et ainsi «d’aider l’artillerie russe à ajuster leurs tirs sur les cibles en Ukraine», après que ces chaînes ont diffusé en direct les dégâts causés par le bombardement d’un dépôt de carburant à Lviv.

  • La Slovaquie expulse 35 diplomates russes. La Slovaquie a décidé d’expulser 35 diplomates russes, a annoncé mercredi le ministère des Affaires étrangères, invoquant des informations fournies par les services de renseignement. Cette mesure s’inscrit dans une longue série d’expulsions de diplomates russes par plusieurs Etats membres de l’Union européenne et par les Etats-Unis. L’ambassadeur de la Fédération de Russie a été convoqué au ministère des Affaires étrangères et s’est vu remettre une note annonçant que la Slovaquie «a décidé de réduire le personnel de l’ambassade russe à Bratislava de 35 personnes, indiqué le porte-parole de la diplomatie slovaque Juraj Tomaga. Nous regrettons qu’après les expulsions précédentes de diplomates russes au cours des deux dernières années, la mission diplomatique russe n’a montré aucune intention d’opérer correctement en Slovaquie.»

  • La réaction de la Société générale aux accusations de RT France. Le média russe a dénoncé ce mercredi le blocage les comptes bancaires de certains employés russes en France. En réaction à ces accusations, la banque a souligné ne pas bloquer «les comptes de ses clients sur le seul critère de nationalité» mais qu’elle se doit d’effectuer des vérifications concernant certains d’entre eux du fait des sanctions. La Société générale «met en œuvre avec diligence les mesures nécessaires afin d’appliquer strictement, dès leur publication, les sanctions internationales», avance-t-elle. Sur TikTok, une Russe qui se présente comme étudiante à Paris, dénonce le blocage de son compte par la Société générale, une manœuvre «xénophobe» selon elle.

  • Johnson appelle à «intensifier les sanctions» jusqu’à un retrait total. «On ne peut pas attendre du G7 de lever les sanctions juste parce qu’il y a un cessez-le-feu», a déclaré devant une commission parlementaire le Premier ministre britannique, Boris Johnson. Nous devrions continuer d’intensifier les sanctions […] jusqu’à ce que chacun [des soldats russes] soit hors d’Ukraine.» Lors de cette audition devant les responsables des commissions parlementaires, le chef du gouvernement britannique a répété qu’un changement de régime à Moscou n’était «pas l’objectif du gouvernement britannique», ajoutant que Londres cherche à «aider à protéger» les Ukrainiens contre la violence «barbare» des forces russes.

  • Michelle Bachelet évoque «des crimes de guerre» et pointe du doigt la Russie. Dans un long réquisitoire, la haute commissaire aux droits de l’homme de l’ONU a dénoncé les exactions menées pour l’essentiel par l’armée russe depuis l’invasion du 24 février. Les attaques indiscriminées et à grande échelle par l’armée russe «pourraient être des crimes de guerre», a lancé Michelle Bachelet devant le Conseil des droits de l’homme, usant du conditionnel par convention, les crimes de guerre devant être prouvés devant un tribunal mais ne faisant guère de doute.

  • Au moins 200 morts à Irpin depuis le début du conflit. La ville, située dans la banlieue nord-ouest de Kyiv, est le théâtre de féroces combats. «Au moment le plus fort des hostilités, quand il y avait des bombardements toute la journée, les gens ont simplement été enterrés dans les jardins ou encore dans les parcs. Je pense qu’environ 200 ou 300 personnes sont mortes malheureusement», annonce le maire de la ville, Oleksandre Markouchine au cours d’une conférence de presse. Les forces ukrainiennes ont annoncé lundi avoir repris le contrôle de cette localité, aux mains des Russes depuis fin février.

  • La «neutralité» ukrainienne, le nerf de la paix ? A l’entame du cinquième tour de négociations russo-ukrainiennes, chaque camp avait laissé filtrer quelques signaux d’ouverture. Le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, parlait de «libération» du Donbass et non plus de «dénazification». Le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba, glissait que les conditions d’un «cessez-le-feu stable» pourraient être trouvées. C’est finalement la proposition d’une «neutralité» de l’Ukraine qui a été mise sur la table, comme l’avait déjà suggéré ce week-end le président Volodymyr Zelensky. Une proposition qui oscille, selon les points de vue, entre compromis et compromission. Notre décryptage.

  • Le chef de l’AIEA en visite dans une centrale nucléaire. Cette visite à Konstantinovka, dans le sud de l’Ukraine, a été effectuée dans le but de mettre en place une «assistance technique» sur fond de craintes d’un accident. 

    «Il est vital d’être sur le terrain pour fournir un soutien efficace en cette période extrêmement difficile», a tweeté Rafael Grossi, le responsable du gendarme onusien du nucléaire.

    L’AIEA espère désormais pouvoir rapidement envoyer des experts sur place et livrer les équipements nécessaires pour garantir la sécurité des installations. Depuis le début de l’offensive militaire russe il y a plus d’un mois, Rafael Grossi ne cesse de mettre en garde contre les dangers de cette guerre, la première à se dérouler dans un pays doté d’un vaste parc nucléaire, soit 15 réacteurs dans quatre centrales en activités, ainsi que plusieurs dépôts de déchets nucléaires.

  • A Marioupol, «Moscou nous punit de ne pas vouloir être Russes». Elle est l’une des villes martyres de la guerre en Ukraine. Depuis le début de l’invasion, l’armée russe ne laisse aucun répit à Marioupol, cité portuaire du sud-est du pays, assiégée et bombardée continuellement par Moscou. Depuis Zaporijia, où les autorités locales ont délocalisé leurs activités, Petro Andriushchenko, conseiller du maire de Marioupol, décrit la situation quasi apocalyptique dans laquelle se trouve sa ville où au moins 5000 personnes ont déjà perdu la vie.

  • Volodymyr Zelensky appelle la Norvège à fournir davantage d’énergie à l’Ukraine et l’UE. Le président ukrainien appelle ce mercredi la Norvège, deuxième fournisseur de gaz naturel de l’Union européenne, derrière la Russie, à fournir davantage d’énergie à son pays et à l’UE. Lors d’un discours par visioconférence devant le Storting, le

    Parlement monocaméral norvégien, Zelensky a aussi estimé que les navires russes «ne devraient pas avoir le droit d’utiliser les ports du monde libre».

  • RT France dit que des comptes bancaires d’employés russes ont été bloqués. La patronne de la chaîne d’information russe RT France a accusé ce mercredi la Société générale d’avoir bloqué les comptes bancaires de certains employés russes en France. 

    «La banque a bloqué les comptes privés [sur lesquels sont versés] les salaires de plusieurs de nos collaborateurs russes en France», a accusé Xenia Fedorova, sur sa chaîne Telegram en russe. 

    «C’est une véritable discrimination sur la base de la nationalité, la France touche de nouveau le fond», a-t-elle encore estimé. Accusés d’être des instruments de «désinformation» de Moscou, les médias d’Etat russes RT et Sputnik ont été bannis de l’Union européenne après le début de l’offensive russe contre l’Ukraine. L’interdiction de diffusion à la télévision et sur Internet est entrée en vigueur le 2 mars.

  • Sanctions contre la Russie : près de 100 millions d’euros d’avoirs bancaires gelés en Allemagne. 

    L’Allemagne a gelé près de 100 millions d’euros d’avoirs bancaires d’oligarques russes sur son territoire depuis le début de la guerre en Ukraine, fait savoir ce mercredi le ministère fédéral des Finances.

    Berlin applique en l’espèce les sanctions contre les oligarques russes et d’autres personnes associées au président russe Vladimir Poutine décidées par l’Union européenne depuis fin février. Depuis l’annonce des différents volets de sanctions visant la Russie en lien avec l’invasion de l’Ukraine, l’Allemagne s’est montrée particulièrement discrète jusqu’ici quant aux actions engagées.

    Berlin n’a ainsi fait publiquement état d’aucune saisie de biens – propriétés ou bateaux par exemple – à la différence d’autres pays de l’UE.

  • Un bâtiment de la Croix-Rouge bombardé à Marioupol. 

    Un édifice de l’association d’aide humanitaire a été la cible de bombardements russes à Marioupol, port stratégique assiégé du sud-est de l’Ukraine, affirme ce mercredi une responsable ukrainienne. «Pour l’instant, nous n’avons pas d’informations concernant les victimes», indique Lioudmyla Denissova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien, sans préciser combien de personnes auraient pu se trouver dans le bâtiment au moment des tirs.

  • Un juge norvégien chargé d’enquêter sur les violations russes en Ukraine. 

    Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a demandé à Erik Mose, un ancien juge à la Cour suprême de Norvège, de diriger une enquête sur les violations commises par la Russie depuis le début de l’invasion ukrainienne.

    L’ONU avait approuvé le 4 mars une résolution en faveur d’une commission d’enquête internationale sur les violations des droits humains et du droit humanitaire en Ukraine.

  • Rien de «très prometteur» ni de «percée» dans les négociations russo-ukrainiennes, selon le Kremlin. 

    Les pourparlers qui ont eu lieu mardi à Istanbul entre des délégations russe et ukrainienne n’ont donné lieu à rien de «très prometteur» ni à aucune «percée».

    C’est ce qu’a déclaré mercredi midi le Kremlin, dissipant encore un peu plus les espoirs d’avancée dans les négociations. Il y a encore «beaucoup de travail à accomplir», assure le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov.

    Il relève néanmoins un point «positif» : la partie ukrainienne a «enfin commencé à formuler de façon concrète ses propositions et à les mettre par écrit».

  • Les choix de Marion Maréchal
    Deux mois après son retour, Marion Maréchal fait campagne sans relâche pour Eric Zemmour. Si elle croit encore une surprise possible malgré des sondages en berne, la nièce de Marine Le Pen ne regrette pas son départ du Rassemblement national, un parti, selon elle, sans avenir.

    Elle est heureuse de refaire campagne. De retour d’un déplacement à Belfort la veille, Marion Maréchal, enceinte de cinq mois, enchaîne les déplacements sans montrer de signe de fatigue et apprécie l’ambiance des réunions avec les supporters d’Eric Zemmour. Deux mois après avoir décidé de revenir en politique pour soutenir la candidature du fondateur de «Reconquête!», la nièce de Marine Le Pen ne regrette rien. «Je n’ai eu aucun contact avec la direction du Rassemblement national depuis des mois», dit celle qui n’a pas revu sa tante depuis la trahison. Celle qui fut député du Vaucluse entre 2012 et 2017 avant de fonder un institut de sciences sociales, économiques et politiques revient pour rester en politique, prévient-elle. Le décor est planté, il faudra compter avec elle dans les années à venir.

    Sans le dire et alors qu’elle a quitté le giron du RN, Marion Maréchal veut écrire son histoire. Une histoire qui recommence par un soutien sans faille à Eric Zemmour. L’ex-députée (32 ans) avoue être impressionnée par le parcours de l’ancien journaliste du Figaro (63 ans). «Il est parti de rien. Il a créé son propre parti, mené une campagne de grande ampleur et s’est imposé», énumère-t-elle admirative. Malgré les sondages à la baisse (10,5% dans le rolling Ifop/Paris Match du jour), elle croit toujours à une surprise et fait remarquer que le score de Marine Le Pen est toujours surestimé, de deux à trois points, par les sondeurs. La campagne de sa tante, plus solitaire que jamais, manquerait à entendre Marion Maréchal de souffle et d’enthousiasme. Elle bénéficierait, selon elle, de sa notoriété (supérieure à celle de Zemmour), de son expérience et de la guerre en Ukraine qui aurait fauché la campagne du candidat de «Reconquête!». «Il a pris la foudre pour les autres», regrette-t-elle.

  • C’est la troisième fois que Marine Le Pen se livre au détail du chiffrage de son programme, ce passage obligé de la campagne présidentielle. Et c’est la troisième fois que la candidate du Rassemblement national (RN) transforme cet exercice en étape de sa normalisation. Cette année, assure-t-elle, son programme est «crédible» et «financièrement» équilibré avec 68,3 milliards d’euros de dépenses ou de recettes en moins compensées, ainsi que 100 autres milliards de supposées «mesures sans conséquence budgétaire».

    Pour preuve de son sérieux, elle aurait abandonné la sortie de la France de l’Union européenne et de la zone euro. Du moins dans son discours, car plusieurs mesures pourraient aboutir au même résultat : la baisse de 5 milliards d’euros de la contribution de la France au budget européen et la primauté du droit national sur le droit européen. «Un Etat ne peut pas décider unilatéralement de baisser sa contribution au budget européen. Cela n’est jamais arrivé, cela déclencherait une procédure d’infraction. Ces mesures sont à même de remettre en cause l’appartenance de la France à l’Union européenne», remarque Eulalia Rubio, chercheuse senior à l’institut Jacques-Delors. Son rétropédalage sur les retraites est aussi censé attester d’un nouvel équilibre entre mesures sociales et sérieux budgétaire : alors qu’elle défendait il y a cinq ans un retour à l’âge légal de 60 ans, Marine Le Pen propose désormais une version hybride dans laquelle seules les personnes ayant commencé à travailler avant 20 ans et accumulé 40 annuités pourraient partir en retraite à cet âge.

  • Politique violemment antisociale
    Marine Le Pen a une formule : elle veut «une politique sociale alternative, notamment en faveur des familles françaises». Pour la mettre en œuvre, la lutte contre la «submersion migratoire» figure toujours au cœur du programme de la candidate d’extrême droite. Elle aligne ainsi pour 80 milliards d’euros d’économies sur l’immigration, un chiffrage «a minima» sur l’ensemble du quinquennat précise-t-elle, fait de mesures xénophobes consistant à restreindre considérablement l’accès au RSA pour les étrangers, à supprimer les prestations familiales pour les étrangers à moins qu’ils ne vivent avec un Français, à mettre fin à l’accueil des mineurs non accompagnés, ou encore à supprimer l’aide médicale d’Etat (AME).

    Tandis que les étrangers resteraient des contribuables comme les autres, cette politique violemment antisociale aggraverait encore les inégalités. Car les prestations dont certains bénéficient ne permettent déjà pas de corriger l’écart de niveau de vie séparant les immigrés des non-immigrés (26 %, selon l’Insee). Loin de contester l’ampleur du choc, le directeur de cabinet de la candidate, Renaud Labaye, l’assume : «Ceux qui pourront subvenir à leurs besoins sans ces aides pourront rester», les autres «repartiront dans leur pays» où «ils seront sans doute très riches» (sic).

  • «Potentiellement assez injuste»
    Parallèlement, Marine Le Pen s’autoproclame «candidate du pouvoir d’achat» depuis des mois. Elle a été l’une des premières à réagir au retour de l’inflation – qui serait en mars de 4 % sur un an selon l’Insee. Dès septembre, le RN a en effet proposé d’abaisser la TVA de 20 % à 5,5 % sur les carburants, puis sur tous les produits énergétiques, pour un coût évalué à 12 milliards d’euros pour les finances publiques. Mais cette mesure onéreuse, outre qu’elle éloigne des objectifs de la réduction des émissions de CO2, ne permettrait pas de cibler ceux à qui l’inflation pose de réelles difficultés.

    Ce n’est pas une exception. Dans les 12 milliards de dispositions d’urgence pour le pouvoir d’achat, le RN prévoit de suspendre les dernières hausses de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques pendant un mois quand le baril dépasse les 100 dollars pendant une semaine – soit 8,5 milliards par an –, ou de supprimer la TVA pour un panier de 100 produits (pour un coût évalué à 3,5 à 4 milliards) quand l’inflation dépasse d’un point la croissance. Mais le parti n’a «pas fait la liste des produits», seulement «une règle de trois avec le panier moyen des Français composé par familles rurales et les recettes de TVA». Les baisses de TVA ont rarement été répercutées aux consommateurs – quand un taux réduit à 5,5 % a été instauré dans la restauration en 2009, les clients ont récupéré moins de 10 % des gains, selon l’Institut des politiques publiques (IPP).

  • En réalité, sous le ripolinage social affiché par la candidate, plusieurs de ses mesures ne seraient d’aucune aide aux plus pauvres. Comme celles concernant l’immobilier et la fiscalité des successions avec la suppression des droits sur les biens immobiliers jusqu’à 300 000 euros. Laurent Bach, professeur à l’Essec et chercheur à l’IPP constate que cela renforcerait un système qui a «déjà une préférence pour l’immobilier» : «C’est potentiellement assez injuste, puisque de nombreux propriétaires se sont enrichis ces vingt dernières années avec l’envol des prix de l’immobilier.» La suppression de l’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans ne changera rien non plus à la vie des nombreux jeunes smicards (qui, par ailleurs, ne verront pas le smic revalorisé). Quant aux 2 milliards que coûterait cette suppression, Renaud Labaye admet que ce montant «n’a rien de scientifique», car Bercy ne donne pas «accès aux bases de données». Et que, de toute façon, ce «chiffrage n’est pas un projet de loi de finances».

  • Doxa de la droite
    Dans le domaine des salaires aussi, Marine Le Pen se montre fidèle à la doxa de la droite en recourant à une bonne vieille carotte fiscale censée inciter les employeurs à augmenter les rémunérations. Ainsi, seraient exonérées de cotisations patronales les hausses de 10 % des salaires inférieurs à trois smic. Un plafond très élevé, que la candidate a choisi «pour inclure les classes moyennes», a-t-elle expliqué au cours d’un «grand oral» organisé par le Medef en février, l’occasion pour elle de cajoler le patronat en lui promettant que l’Etat le soutiendrait. Mais à trois fois le smic, soit 4 800 euros brut par mois, on gagne plus d’argent que près de 90 % de la population. Et cette mesure entraînerait un manque à gagner pour la solidarité nationale estimé à 10 milliards d’euros par an par l’Institut Montaigne, un think tank patronal.

    Le financement de tout le programme est sujet à caution. Outre l’absence de cadrage, outre des dépenses calculées de manière hasardeuse, plusieurs des recettes sont hypothétiques. Marine Le Pen veut, par exemple, récupérer 15 milliards sur la fraude sociale, fiscale ou aux importations, en s’appuyant notamment sur un montant avancé par le député UDI Pascal Brindeau, mais qui n’a jamais été étayé. Ou supprimer l’impôt sur la fortune immobilière (143 000 foyers assujettis avec 1,56 milliard d’euros collectés en 2020), et créer l’IFF, un impôt sur la fortune financière qui rapporterait 2,5 milliards. «Le capital financier peut être plus facilement déplacé que le capital immobilier et le risque d’optimisation est accru», remarque Laurent Bach. Le chercheur est tout aussi circonspect sur la pénalité de 33 % sur les rachats d’actions – chiffrée à 8 milliards – imaginée pour financer la majorité des mesures d’urgence sur le pouvoir d’achat : «Avec une taxation à 33 % de ces rachats d’actions, les entreprises arrêteraient aussitôt ces programmes pour verser davantage de dividendes et la base taxable disparaîtrait instantanément. Si c’était rétroactif, cela aurait très peu de chances d’être constitutionnel.»

    Le sérieux budgétaire que Marine Le Pen revendique ne repose sur rien d’autre que sa parole. Les tableaux de chiffrage proposés par le RN sont parfois confus et il y manque des éléments essentiels. Ni la trajectoire des finances publiques, ni les hypothèses macroéconomiques ne sont mentionnées. A entendre la candidate, ses calculs n’ont pu être validés par un cabinet indépendant car ils auraient tous décliné l’exercice. Interrogé, Renaud Labaye se refuse à donner les noms des entreprises. Mais Rexecode et Asterès, deux des rares cabinets privés à même d’évaluer de telles mesures, disent ne jamais avoir été sollicités.

  • Dans les faubourgs de Kyiv et de Tchernihiv, le bruit des frappes et des sirènes a résonné toute la nuit. Dans la capitale ukrainienne, les bombardements et tirs d’artillerie se sont concentrés, comme souvent, sur les abords nord-ouest, où plus de 30 frappes ont été recensées en vingt-quatre heures. Dans la grande ville du nord, ils ont frappé à l’aveugle, là aussi comme à leur habitude. Le marché, une bibliothèque et des immeubles d’habitation ont été touchés. Mardi, pourtant, lors des négociations à Istanbul, le secrétaire d’Etat russe à la Défense avait annoncé «une réduction drastique de l’activité militaire en direction de Kyiv et Tchernihiv», censée accroître la «confiance mutuelle» pour créer les conditions d’un cessez-le-feu.

  • Dans le langage des positions avancées et des tranchées, en Ukraine, on appelle un arrêt des opérations militaires le «régime du silence». Mais dans les heures qui ont suivi l’annonce par la délégation russe à Istanbul, le centre de Kyiv a connu un concert ininterrompu de tirs d’artillerie, d’abord une grande partie de la nuit, avant de reprendre de plus belle mercredi après-midi. «On a connu quasiment la pire nuit de bombardements [autour de] Kyiv, je n’ai pas dormi. Voilà ce qui se passe lorsque les Russes affirment retirer leurs troupes», a ainsi tweeté la députée réformiste Kira Rudyk, du parti Holos.

  • En réalité, la défense antiaérienne ukrainienne a été mise à rude épreuve, devant intercepter plusieurs missiles projetés sur l’agglomération, a indiqué mercredi matin Vadim Denisenko, conseiller du ministre de l’Intérieur. Selon des sources de Libération, les artilleurs ukrainiens ont fait feu de tout bois sur les positions les plus extérieures de la ville, afin de desserrer plus encore l’étau russe. Néanmoins, l’armée russe ne s’est guère astreinte à l’inactivité puisque, mardi vers 18 heures, elle a détruit à Brovary un entrepôt de nourriture et de produits chimiques ménagers, qui a brûlé durant plusieurs heures, selon le Service ukrainien des situations d’urgence.

  • Irpin repris
    L’annonce du secrétaire d’Etat russe à la Défense était loin d’être synonyme de retrait total, mais elle pouvait laisser espérer quelques jours de calme relatif, qui n’auraient pas coûté grand-chose à Moscou. Autour de ces deux villes, l’offensive russe est bloquée depuis des semaines. Tchernihiv et le nord-ouest de Kyiv ont été atteints par les combats dès le premier jour de la guerre. Depuis, l’attaque s’est enlisée et l’armée ukrainienne a même réussi à regagner du terrain dernièrement autour de la capitale. A l’est, l’offensive est au point mort, perturbée par le harcèlement de ses lignes logistiques par les Ukrainiens.

  • A l’ouest de la capitale, Irpin a été repris en fin de semaine dernière, même si la situation reste trop instable pour permettre le retour des habitants. «La ville est encore bombardée par l’ennemi [depuis les villes limitrophes de Boutcha et Vorzel], il y a beaucoup de mines et d’obus non explosés», expliquait le maire mercredi matin, qui confirme toutefois «à 100%» qu’Irpin a été libéré par les forces armées ukrainiennes. Oleksandr Markushyn a estimé que dans le mois à venir un retour à la normale ne sera pas possible, «pas avant que Boutcha et Vorzel soient libérés». Selon lui, «entre 200 et 300 [civils] sont morts» dans la bataille d’Irpin, et 50 soldats ukrainiens ont péri dans les combats. De nombreux corps sont probablement encore ensevelis dans les décombres de la ville, détruite à 50%. «Au moment le plus fort des hostilités, les gens ont simplement été enterrés dans les jardins ou encore dans les parcs», dit-il, craignant un bilan plus lourd.

  • «Unités affaiblies»
    «Le commandement russe a probablement conclu qu’il ne pouvait pas prendre Kyiv et qu’il ne pourrait rapprocher son artillerie du centre de la ville. Il se peut qu’il ait décidé d’arrêter de forcer des unités affaiblies par des pertes dévastatrices à poursuivre des offensives sans espoir», note l’Institute for the Study of War, qui précise aussi que les forces russes continuent de se battre pour tenir leurs positions retranchées. Selon l’état-major ukrainien, des «mouvements de troupes partiels» ont lieu, probablement annonciateurs d’une rotation plus que d’un retrait. «L’ennemi a retiré les unités qui ont subi les plus grosses pertes afin de les reconstituer», estime son porte-parole.

  • La situation est plus compliquée à Tchernihiv, à 140 kilomètres au nord de Kyiv. La ville est cernée au nord et à l’ouest par les forces russes, mais reste protégée en partie à l’est par la rivière Desna, difficile à franchir. Comme autour de la capitale, les Russes adoptent désormais une posture plus défensive, après avoir détruit ces derniers jours de nombreux ponts pour empêcher les raids ukrainiens de cibler les convois logistiques qui les ravitaillent depuis le Bélarus. Mais contrairement à Kyiv, les frappes touchent tous les quartiers, et elles n’ont pas cessé mercredi. «La nuit s’est déroulée comme nous l’attendions, avec de sérieux bombardements», a expliqué le maire, en parlant d’une «attaque colossale, qui a envoyé plus de 25 civils à l’hôpital. Toutes les promesses russes sont un mensonge, du début à la fin». Moscou l’a d’ailleurs admis à demi-mot mercredi, en affirmant par la voix du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, que les pourparlers de la veille n’avaient donné lieu à rien de «très prometteur» ni à aucune «percée».

  • Stade et obus
    Avec ces bombardements, l’armée russe maintient une pression psychologique sur les habitants, en particulier à Tchernihiv, où la situation humanitaire est tendue. La ville a des problèmes de chauffage, d’électricité et surtout d’eau. Des distributions sont organisées par la mairie et les quantités limitées à dix litres par personne. Les frappes indiscriminées obligent les habitants à se terrer chez eux. Le cinéma a été touché, il n’en reste plus que la façade. Un obus est tombé au milieu du stade et un centre commercial a été complètement rasé. Le 23 mars, un pont avait été bombardé, fermant la seule route qui menait encore à Kyiv.

    Plus au nord, les soldats russes continuent à se rassembler. Selon l’armée ukrainienne, des troupes seraient massées dans la zone d’exclusion de Tchernobyl. Au Bélarus, de l’artillerie et des missiles russes, y compris des systèmes balistiques Iskander à moyenne portée, ont été repérés ces derniers jours sur les routes qui descendent vers Kyiv et Tchernihiv.

  • Il y a le feu dans le jardin présidentiel. Et il était apparemment urgent, ce mercredi soir, de tenter de l’éteindre avant qu’il n’envahisse la maison-mère du candidat. Mais après avoir écouté les deux ministres-pompiers dépêchés à Bercy par Emmanuel Macron – Amélie de Montchalin (Transformation et Fonction publiques) et Olivier Dussopt (Comptes publics) – on se demande si ce n’est pas l’inverse qui risque de se produire. Envoyer au front deux ministres techniques, très précis dans les chiffres, suffisamment politiques pour taper sur la droite sans nommer sa candidate, Valérie Pécresse, faire une annonce – la réduction de 15% du recours aux cabinets de conseil en 2022 – et ayant le grand talent d’endormir tout le monde avec leur langage techno aurait été sûrement une bonne solution pour étouffer, en période normale, une «affaire» qui n’a, pour l’heure, aucune suite judiciaire. Mais à dix jours du premier tour, dans une campagne où aucun sujet n’a vraiment pris, voilà que le camp Macron valide «McKinsey» comme thème principal de cette dernière ligne droite présidentielle.

  • «Manipulations grossières»
    «Marine Le Pen veut ressusciter le président des riches avec ça et en faire un élément de débat de deuxième tour, expliquait avant cette conférence de presse un conseiller de l’exécutif. Plus tu laisses de temps plus les bêtises prospèrent. Il n’y a pas de raison de traîner sur le sujet.» Sauf que, justement, les deux ministres ont fait, ce mercredi soir, de McKinsey un vrai «sujet» qui va s’inviter sur tous les plateaux télés, ouvrir les matinales des prochains jours et doper les ardeurs des adversaires d’Emmanuel Macron.

  • Le rapport du Sénat «sur l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques» à l’origine de ce que les bandeaux des chaînes infos appellent maintenant «l’affaire McKinsey» est pourtant resté longtemps dans l’ombre. Il a été publié le 17 mars. Totalement éclipsé par Emmanuel Macron et les quatre heures de présentation de programme suivis de questions-réponses organisé par le candidat-président ce jour-là, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Le sujet a donc surtout prospéré sur certains réseaux sociaux – avec des «manipulations grossières» comme l’a dénoncé Dussopt mercredi – et était présent dans quelques questions d’interviews politiques. Macron s’agaçant, par exemple, dimanche sur France 3 – «S’il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal. […] On a l’impression qu’il y a des combines, c’est faux» – ou lors de son déplacement de lundi à Dijon. Mais voilà, et c’est tout à son honneur, qu’en se lançant dans une telle opération transparence, le camp Macron ouvre un champ qu’il n’est pas tout à fait sûr de maîtriser.

  • Champ de bataille politique
    A plusieurs reprises, Montchalin et Dussopt ont insisté sur le fait que le gouvernement n’avait «rien à cacher» ou que «tout [était] sur la table». Vraiment ? Alors, pourquoi les ministères concernés n’ont toujours pas mis en ligne les fameux «livrables» de McKinsey, ces documents si «utiles» au gouvernement pour prendre leurs décisions ? Dussopt et Montchalin ont raison quand ils disent avoir transmis tous les documents aux membres de la commission d’enquête sénatoriale. A vrai dire, ils n’avaient pas le choix : le droit les oblige.

  • La défense de l’exécutif ressemble ainsi à celle des sarkozystes lorsqu’un autre rapport, de la Cour des comptes cette fois-ci, était venu enquiquiner l’Elysée, à l’été 2009, avec ses dépenses volumineuses, et sans appels d’offres pour certaines, en matière de sondages. Les ministres et l’entourage du président de l’époque avaient alors aussi répété que «tout avait été transmis à la Cour» et que si les journalistes pouvaient sortir des infos et faire des articles sur le sujet, c’est que le chef de l’Etat, désormais, n’avait «rien à cacher»… La fin de l’histoire ? Des condamnations en première instance – les prévenus ont fait appel – pour «favoritisme», «recel de favoritisme» et «détournement de fonds publics par négligence» à l’encontre d’ex-proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy qui avaient, notamment, beaucoup critiqué les enquêtes de Libération sur le sujet.

  • Ce mercredi soir, Emmanuel Macron a sans doute voulu boucler le dossier McKinsey. Il s’est surtout mis au centre d’un champ de bataille politique, l’un des seuls où il est – c’est rare – en position de faiblesse et déjà sur la défensive. Dangereux pour lui, alors qu’il baisse dans les sondages, que le sujet Ukraine n’est plus aussi présent dans les médias et laisse de la place à d’autres débats politiques et que ses poursuivants, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, sont, eux, en dynamique. La candidate d’extrême droite étant même, pour certains sondages, dans la marge d’erreur des enquêtes de second tour.

  • Le gouvernement a précisé mercredi soir les mesures sanitaires mises en place pour l’élection présidentielle. Les électeurs positifs au Covid-19 « pourront aller voter », a notamment indiqué le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.

  • Comme pour les élections municipales de 2020 et les régionales de l’été dernier, le Covid-19 va s’inviter dans les bureaux de vote de la présidentielle les 10 et 24 avril prochains. Près de 48 millions d’électeurs sont invités à se rendre aux urnes alors que le nombre de contaminations est reparti à la hausse en France. Le gouvernement a donc précisé certains points mercredi concernant l’organisation des bureaux de vote, et appelé « à la responsabilité individuelle ».

    Les personnes positives au Covid-19 pourront voter
    Avec plus de 130.000 cas par jour en moyenne en France et l’obligation de s’isoler au minimum cinq jours, ce sont environ 500.000 personnes qui auraient dû, en théorie, rester chez elles le jour du scrutin.

  • Mais favorisant l’isoloir à l’isolement, le gouvernement a annoncé que les électeurs positifs au Covid-19 pourront tout de même aller voter. Lors de sa conférence de presse, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a rappelé que « voter est un droit constitutionnel ». « Il ne peut pas y avoir d’entrave au fait de participer aux élections », a-t-il insisté. Le gouvernement recommande aux personnes testées positives (jusqu’à sept jours après leur sortie d’isolement) de porter un masque lorsqu’elles iront voter. « C’est un appel à la responsabilité individuelle », a ajouté Gabriel Attal. Le port du masque est également recommandé pour les cas contact et les personnes symptomatiques.

    Pas d’obligation du port du masque obligatoire mais une recommandation
    Dans son communiqué publié mercredi soir, le gouvernement recommande « fortement » aux personnes âgées, immunodéprimées, malades chroniques ou fragiles de porter le masque pour aller voter. Cette recommandation vaut aussi pour leurs aidants.

  • Pour les électeurs et les personnes participant à la tenue des bureaux de vote et au déroulement du scrutin (scrutateurs, assesseurs, etc), des masques chirurgicaux seront mis à disposition dans tous les bureaux de vote mais ils ne seront pas obligatoires. Le masque pourra être brièvement retiré pour vérifier l’identité de l’électeur.

    Les personnes mobilisées pour l’organisation du scrutin auront également accès à des autotests.

    Pas de pass vaccinal ni sanitaire
    Gabriel Attal a également rappelé qu' »il n’y aura pas de pass sanitaire, de pass vaccinal, ou de test exigé pour aller voter, à l’entrée des bureaux de vote ».

    Aération des bureaux de vote
    Les stylos, urnes et isoloirs seront fréquemment nettoyés et les bureaux de vote devront être aérés pendant 10 minutes toutes les heures. Un point de lavage des mains ou du gel hydroalcoolique seront également mis à disposition.

  • Pas de jauge
    Le gouvernement n’impose pas de limitation du nombre d’électeurs présents au même moment dans le bureau de vote. Toutefois, « l’accès au bureau de vote peut être régulé et l’entrée et la sortie doivent être séparées pour éviter les situations de grande promiscuité », précise le communiqué.

    Par ailleurs, les personnes fragiles pourront « demander un accès prioritaire depuis l’extérieur du bureau de vote ».

  • En 2017, Emmanuel Macron annonçait sa volonté de trouver une solution pour les sans-toits d’ici la fin de son mandat. Vœu pieux et demi-promesse non tenue. La gare du Nord, à Paris, abrite des victimes de la grande pauvreté. En huit épisodes, «Libération» raconte des vies brisées, et parfois réparées.

  • Ahmed s’est autorisé un plaisir avec son RSA fraîchement tombé : il a pris une chambre dans un hôtel. Il est à la rue et erre autour des gares. La nuit fut blanche, malgré l’épuisement. Entre les coussins, le quinquagénaire, féru de bijoux, s’est calé pour regarder la télévision. Les reportages lui manquent dehors. Il en a enquillé à la chaîne. En la racontant, Odile Girardière, agente SNCF, s’amuse de l’étonnement que cette anecdote provoque – on imaginait le bonhomme roupillant d’une traite jusqu’au matin. Elle en a d’autres comme ça, par dizaines, pour illustrer à quel point la rue paraît illogique quand on ne la vit pas ou qu’on ne l’approche pas de près. Après quatre ans et demi à son poste, cette fine femme de 54 ans, sac à dos collé aux épaules avec carnet, pansements et cigarettes, a appris à ne plus trop la questionner.

     

  • Odile Girardière fait équipe avec Badiaa et Manu (1), deux policiers en civil. Ils s’occupent d’une mission à tentacules épaisses. Des gares parisiennes sont des refuges pour des sans-abri, qui traînent parfois des problèmes solidement entremêlés (toxicomanie, rupture familiale, maladie mentale). Deux à trois fois par semaine, le trio va à leur rencontre. La gare du Nord, la plus fréquentée d’Europe, est l’un des cœurs de leur travail : 700 000 voyageurs quotidiens et dans ce nuage anonyme, une masse de pauvres invisibles, dont la vie se trouve désormais là. Une fois les prénoms échangés, la méfiance surmontée et la discussion possible, le trio aiguille au cas par cas, sans rien brusquer, en fonction des histoires personnelles, souvent récoltées par fragments ; la précarité extrême ne rend pas bavard.

  • Depuis un an, nous suivons Odile, Badiaa et Manu dans leurs maraudes, qui se prolongent aux gares de l’Est et de Saint-Lazare. A la longue, ils ont appris à repérer ceux qui viennent de tomber et dont la détresse ne se remarque pas encore. «Celui-là est pour nous», glissent-ils en marchant, sur la foi d’un coup d’œil discret et d’un indice a priori dérisoire. La façon de porter ses chaussures, la texture d’un sac, la posture sur une chaise, l’inclinaison du corps.

    Sitôt élu, Emmanuel Macron affichait un optimisme étonnant, promettant à moitié – il s’en défendra – une issue pour les personnes à la rue. Cinq ans après, le serment est dans la même impasse que la pauvreté, rangée dans les placards de la présidentielle. Avec la crise sanitaire, des profils apparaissent plus souvent dans les gares, femmes seules et jeunes retraités en tête de file. Par pudeur, certains d’entre eux feignent d’attendre un train ou de chercher une clé, en déclinant poliment le coup de main.

  • Ils ont pourtant rejoint les autres, sans-abri de longue date, galériens qui disparaissent et reviennent et CV inattendus – un ancien commissaire de police, un gynéco, un ex-cheminot, un prof. En mars, Cyril est arrivé sur le parvis de la gare du Nord. L’homme à béquille, 47 ans, explique ses nuits dehors par un quiproquo de paperasse. Il habitait dans le sud de Paris dans un immeuble social. Sa curatelle n’aurait pas payé son loyer et les propriétaires n’ont rien voulu savoir.

    Odile, Badiaa et Manu sont les mousquetons d’un maillage d’associations, soignants, agents de sécurité, institutions. Tous participent à un travail de suture, sans certitude sur le dénouement. Les déclics pour s’en sortir ne dépendent jamais d’eux. Ils en créent les conditions et tirent le premier fil de la pelote d’ennuis. Chaque détail compte : serrer une main pour humaniser, prendre dans ses bras parfois, dire bonjour dans les yeux, écouter sans poser de questions, filer une cigarette. A notre première rencontre, Manu avait dodeliné de la tête : «Si une femme ou un homme finit par te raconter son histoire aujourd’hui et qu’après-demain, tu retournes le voir et tu ne sais plus, c’est blessant. Tout est une affaire de respect.» En huit chapitres, Libération retrace des trajectoires cassées, qui tournent autour des quais, des voies et des trains.

  • Pétrole : le jeu très politique de l’Arabie saoudite 
    Analyse Alors que la guerre en Ukraine provoque une flambée des prix de l’énergie, l’Arabie saoudite, principal exportateur de pétrole et leader de l’Opep, rechigne à doper la production, comme les Occidentaux le lui demandent. Une façon d’envoyer un message à son partenaire américain, au risque d’accentuer le découplage.

  • VRAI CESSEZ-LE-FEU OU « PIÈGE À LA SYRIENNE »? UKRAINIENS ET OCCIDENTAUX MÉFIANTS À L’HEURE D’ÉVACUER MARIOUPOL

  • Mercredi soir, Moscou a annoncé un cessez-le-feu temporaire et la mise en place d’un corridor humanitaire pour évacuer les civils de Marioupol, assiégée par son armée dans l’est de l’Ukraine. Tandis que ces mesures sont entrées en vigueur ce jeudi à 9h, elles suscitent crainte et scepticisme chez les Ukrainiens et les Occidentaux.
     
    36 jours après le début de l’invasion, au milieu d’exactions – avérées ou présumées – en tous genres commises par son armée, que vaut la parole de la Russie? C’est en substance la question posée par les Ukrainiens, les Occidentaux et de nombreux observateurs du conflit qui ensanglante l’Ukraine après que Moscou a annoncé un cessez-le-feu temporaire et la mise en place d’un couloir humanitaire pour évacuer les civils de Marioupol.

  • C’est le ministère de la Défense russe qui a fait ces promesses mercredi soir, et celles-ci sont entrées en vigueur à compter de ce jeudi matin, à 9 heures. Après un mois de siège, ce port posé contre la mer d’Azov était encore peuplé de 160.000 habitants, comme enfermés dans cette ville-martyre.

     
    « On ne peut pas croire un seul mot des Russes »
    L’annonce est tombée mercredi soir, en provenance du ministère de la Défense russe: il y aurait finalement bien un cessez-le-feu temporaire à Marioupol afin d’évacuer la ville de sa population, via un couloir humanitaire vers la ville ukrainienne de Zaporijia. Dans la matinée, Kiev a affrété 45 bus pour prendre en charge les premiers partants. Mais c’est peu dire que les serments humanitaires de Moscou suscitent pour l’heure doutes et angoisses chez les Ukrainiens, comme parmi leurs partenaires occidentaux.

  • Ce jeudi matin, Lesia Vasylenko, députée d’opposition à la Rada ukrainienne, est intervenue sur BFMTV alors qu’elle se trouve à Paris pour y rencontrer Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes et Gérard Larcher, président du Sénat. Un mot d’ordre: méfiance.

    « On ne peut pas croire un seul mot des Russes! On en a déjà eu plein de preuves pendant les 36 jours de guerre. Les Russes ont du talent pour mentir. La propagande russe est bien connue. On doit d’abord voir ces armées dégager, ces couloirs s’ouvrir pour que les habitants de Marioupol puissent sortir de cette ville qui est maintenant une ruine totale – plus de 90% de la ville ont été détruits », a-t-elle avancé.

  • Dans les premiers instants ayant succédé à la profession de foi russe, l’Elysée prévenait déjà mercredi soir: « Nous sommes très prudents à ce stade car ce n’est pas la première fois que la Russie fait une annonce de ce type: cessez-le-feu local ou ‘régime de silence’ comme ils le formulent ».

    Evacuer les 160.000 civils encore prisonniers de leur ville de Marioupol, c’était déjà le cap fixé par Emmanuel Macron à Bruxelles vendredi soir à l’issue d’un Conseil européen. Objectif qui semblait cependant avoir achoppé lors du coup de fil entre le président français et Vladimir Poutine mardi, Moscou jugeant que les « conditions » d’une telle opération n’étaient « pas réunies ».

  • Des garde-fous
    Ce revirement soulève donc d’autant plus l’inquiétude. Gilles Mentré, ex-diplomate en poste à Moscou, s’est ainsi interrogé à voix haute auprès de BFMTV.

    « Est-ce que tous pourront sortir et que va-t-il advenir de ceux qui resteront? On le sait, car Moscou l’a déjà fait par le passé, une fois qu’un corridor humanitaire a été ouvert, ceux qui restent sont considérés comme des ennemis, des belligérants. On risque là d’avoir des choses insoutenables ». 
    Anticipant ce scepticisme général, Moscou a proposé des garde-fous, demandant à l’ONU et à la Croix-Rouge de l’assister dans l’établissement du corridor humanitaire. Cette même Croix-Rouge dont l’aviation russe aurait bombardé un dépôt local mercredi, d’après les autorités ukrainiennes.

  • Lesia Vasylenko préfère d’ailleurs une autre garantie: « Les militaires ukrainiens ne seront pas loin, au cas où la population ait besoin d’être protégée ». Mais que craint précisément l’élue ukrainienne?

    « J’ai peur qu’on tire sur les gens quand ils commenceront à sortir », a-t-elle répondu frontalement, étayant:
    « En Ukraine, on a déjà eu des exemples de couloirs ‘verts’ devenus des couloirs ‘rouges’ avec le sang des enfants et des femmes qui essayaient de partir. On a eu aussi des expériences de camps de filtration installés par la Russie autour de Marioupol donc j’ai peur que Marioupol devienne un grand camp de filtration, que les Russes cherchent les gens qu’ils laisseront sortir avant de prendre les autres pour des ‘éléments actifs ukrainiens’ comme ils les appellent, les mettre dans des chambres de torture et les tuer ». 

  • L’ombre d’un « piège à la syrienne »
    Et cette peur fait tache d’huile, bien au-delà du cercle des dirigeants et des parlementaires ukrainiens, comme l’a remarqué ce jeudi sur le plateau de notre matinale, notre éditorialiste pour les questions internationales, Patrick Sauce:

    « Un diplomate européen m’a dit ce matin: ‘ça sent le piège à la syrienne’, c’est-à-dire comme à Alep: on fait sortir les populations, on les filtre, on choisit qui va sortir, qui va rester et une fois que les premiers bus sont partis, on finit de raser la ville. C’est la crainte de nombreux Occidentaux ».
    Les heures à venir fixeront les observateurs sur le bienfondé ou non de ces questionnements.

  • GUERRE EN UKRAINE: D’APRÈS LES ÉTATS-UNIS, POUTINE EST MAL INFORMÉ ET EN FROID AVEC SON ÉTAT-MAJOR

  • Selon les renseignements américains, des tensions existeraient entre l’état-major russe et Vladimir Poutine, qui s’estimerait mal conseillé depuis le début du conflit.
     
    Le président russe Vladimir Poutine est mal informé du déroulement de la guerre en Ukraine, et ses relations avec son propre état-major se sont dégradées, a assuré mercredi la Maison Blanche, sur la foi de renseignements américains déclassifiés.

    « Nous avons des informations selon lesquelles Poutine estime que l’armée russe l’a induit en erreur, ce qui a causé une tension persistante entre lui et son état-major », a dit mercredi la directrice de la communication de l’exécutif américain, Kate Bedingfield, lors d’un briefing de routine.

  • « L’un des talons d’Achille des autocraties est que dans ces systèmes, il n’y a plus personne qui dise la vérité au pouvoir en place, ou qui ait la possibilité de le faire. Et je pense que c’est un phénomène que nous voyons maintenant en Russie », a commenté pour sa part le secrétaire d’État américain Antony Blinken, en voyage en Algérie.

  • Des révélations sur fond de tensions
    « Nous pensons que Poutine est mal informé (…) sur les mauvaises performances de l’armée russe et sur la sévérité de l’impact des sanctions sur l’économie russe parce que ses hauts conseillers ont peur de lui dire la vérité », a encore déclaré Kate Bedingfield, confirmant des informations données plus tôt par un haut responsable américain sous couvert d’anonymat.

    « Poutine ne savait même pas que son armée recrutait et perdait des conscrits en Ukraine, ce qui démontre une rupture claire dans le flux d’informations fiables parvenant au président russe », avait indiqué ce responsable.

  • La Maison Blanche diffuse ces informations sur fond d’interrogations sur la relation entre le président russe et son ministre de la Défense Sergueï Choïgou. Ce dernier a fait une apparition publique samedi après deux semaines d’absence, qui avaient donné lieu à toutes sortes de spéculations, y compris sur la santé du ministre. Cette absence médiatique avait d’autant plus surpris que Sergueï Choïgou est d’ordinaire un visage familier des écrans de télévision.

    Il est par ailleurs considéré comme un proche du président russe. Vladimir Poutine et lui se mettent régulièrement en scène dans des séjours dans la taïga sibérienne, au volant de véhicules tout-terrain, buvant le thé ou cueillant des champignons.

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