Complots des Retraites ?
Complots des Retraites ?
Crimes-Châtiments : Doit-on déduire que M. Macron n’aime pas la France mais l’Europe ? La mobilisation sur la réforme des retraites : un succès. Les rassemblements à Paris, dans les grandes villes dans des communes de bien plus petite taille signent le rejet massif que le projet de réforme suscite chez les Français. Le temps presse pour pousser le gouvernement au recul ?
« Qui aurait pu prévoir que » cette journée de grèves de manifestations serait succès ? Même M. Macron, il était écrit que les huit organisations syndicales qui ont appelé les Français contre le projet de réforme des retraites du gouvernement seraient entendues. 4 cent mille manifestants à Paris, les Français sont descendus dans la rue partout. Une belle « perf », portés par les gros cortèges parisiens, marseillais et des autres grandes villes françaises. Notable de constater de nombreux cortèges dans les petites villes ont fait le plein, le sentiment «de ne pas avoir vu ça depuis longtemps ». Le report de l’âge légal à 64 ans sur toutes les lèvres, le contexte de tensions économiques, la question des salaires, de l’inflation, étaient dans beaucoup de têtes.
1995, les deux millions de manifestants avaient fini par faire reculer : Chirac-Juppé, déjà sur les retraites, après plusieurs semaines de mobilisation. Les syndicats ont le même objectif qu’il y a vingt-huit ans : que le pouvoir renonce à sa loi. M. Macron redit sa détermination à aller de l’avant. Le calendrier gouvernemental ? Présentation du texte en conseil des ministres le 23, en commission à l’Assemblée une semaine plus tard et dès le 6 février en séance. Donc les syndicats appellent à journée d’action le 31 janvier. Tempo particulièrement serré ? Difficile à prédire. Il y a un moment que M. Macron a renoncé à se présenter en maître des horloges.
Emmanuel Macron
Macron, ancien haut fonctionnaire et ministre de l’Économie, investi le 14 mai 2017, devenant le plus jeune président de la République Française. Quinquennat qui se veut réformateur, marqué des crises : sociale, le mouvement des Gilets jaunes, politique, l’affaire Benalla , sanitaire, le Covid-19 en 2021 et internationale avec le conflit entre l’Ukraine et la Russie. Candidat à sa réélection, réélu lors d’un second duel face à la leader du RN, Marine Le Pen.
Réforme des retraites : déni et mépris, le cocktail Macron est explosif
La légitimité des urnes contre celle de la rue. Spécieuse, la dualité n’est pas nouvelle. Ne pas opposer ces deux valeurs, chercher à les faire cohabiter. Oui, il l’a rappelé, M. Macron en tête du 1er tour de la dernière présidentielle. Oui, les forces politiques qui le soutiennent ont ensuite obtenu une majorité, relative à l’Assemblée nationale. Il est tout aussi vrai, et le chef de l’Etat ne l’a singulièrement pas évoqué, il a remporté le scrutin au deuxième tour dans un contexte de barrage face à l’extrême droite. Si la gauche à voter pour lui, pour éviter au pays une victoire de Mme Le Pen, non parce qu’elle s’est finalement laissé convaincre par ses propositions.
Vague promesse de « dialogue »
En matière économique, le parti Les Républicains avait, crié au plagiat, ce qui dit quelque chose de la droitisation du président sortant. M. Macron avait promis de ne pas zapper ces circonstances, d’en tenir compte. Les premiers mois du second quinquennat ne l’ont pas montré. Autres faits : les Français très majoritairement hostiles à la réforme des retraites portée, plus d’un million ont manifesté partout en France, pour marquer leur opposition derrière un front syndical uni. Cela ne se balaye pas d’un revers de main avec une vague promesse de « dialogue ».
Cette toile posée, on aimerait que M. Macron ne s’enferme pas dans une forme de déni dont le pays, quel que soit le résultat du vote à l’Assemblée où LR s’apprête à voler au secours de la majorité macroniste, pas besoin. Il ne suffira pas d’une adoption du texte au Palais-Bourbon puis au Sénat pour éteindre le rejet, la colère et la rancœur à l’égard d’une réforme considérée par les Français injuste, puis par une proportion à peine plus faible, comme pas utile. A trop affirmer que sa « détermination » est totale quelle que soit la force de la rue, c’est un sentiment de mépris que M. Macron vient alimenter. Déni plus mépris, le cocktail est explosif. La balle apparaît clairement dans le camp du« président de tous les Français ».
Réforme des retraites : lycéens et collégiens défilent pour ne pas « mourir au travail »
A Paris, quelques 4 cent mille personnes ont manifesté selon la CGT. Parmi eux, lycéens et collégiens voulaient apporter leur soutien au mouvement mais également prendre en main leur avenir. Rencontrer des inconnus qui subissent l’oppression, la douleur politique, même si elle ne touche pas tout le monde de la même manière, pour changer les conditions cognitives, sociales, politiques ou économiques qui la produisent. Inventer, donc, une situation encore inconnue. Agir ensemble, mettre son corps à côté du corps de l’autre, même si nous n’avons jamais rien fait ensemble avant de faire ce que nous faisons maintenant, même si nous ignorons exactement de quoi il s’agit et comment définir ce qui agit à travers nous. Nous ne sommes pas nées au même endroit, nous n’avons pas le même nom de famille. Nous pouvons accomplir ensemble ce que nous n’aurions accompli séparément. Une manifestation forme étrange de coopération dissidente dans laquelle un groupe de corps agissent et partagent les risques et les avantages d’action commune.
Union stratégique de corps vulnérables et non armés, la manifestation est l’une des pratiques de production de pouvoir politique les plus fragiles et néanmoins les plus redoutées de l’histoire. Cependant, cette porosité sensorielle, l’ouverture à l’autre est risquée. Un corps seul est sans défense peut facilement être l’objet de violence. Les philosophies nécropolitiques occidentales, l’Etat est l’ensemble des techniques sociales que nous inventons collectivement pour réduire notre fragilité individuelle – Quelles possibilités d’agir possédons-nous, dans notre « impuissance » individuelle, l’isolement, l’Etat ordonne planifie notre mort, puis prétend le faire légitimement ?
Un fleuve coule. Une voix
Le pouvoir peut être proche de zéro même inférieure, exemple dans le cas des corps apatrides, des sans-papiers, des travailleurs du sexe, des trans, des enfants, des toxicomanes, des endettés, des malades mentaux ou des prisonniers, mais de la multiplication de leur puissance désirante. Un corps est un volume, un espace occupé, un rayonnement de chaleur, une peau, un émetteur récepteur de signes, un fleuve qui coule. Une voix. Les mots sont dits, les mots sont prononcés. Leurs énoncés poétiques ne peuvent être immédiatement traduits en action, directe ou indirecte.
« Nous ne battrons pas en retraite », « Boulot, caveau, asticots, c’est non !», On danse parmi les brumes lacrymogènes, on invective l’ombre, on entonne la complainte aux étoiles. La force politique d’une manifestation se mesure au nombre de corps qui y participent, ou aux mètres d’espace public qu’elle occupe, aux nombres de cris qu’elle libère. La force transformatrice de la manifestation naît de la combinaison de puissances désirantes hétérogènes et irréductibles qui inventent ensemble un désir politique qui dépasse les besoins individuels. Lorsqu’il n’est plus possible d’agir autrement, lorsque l’action individuelle a cessé d’avoir un sens, une multitude de corps, anarchiques mais concertés, inventent un sens qui dépasse l’insignifiance et l’impuissance. L’alliance éphémère et non violente de corps vulnérables transforme ceux qui n’ont pas de pouvoir en une institution mobile sans constitution, une force momentanée capable de renverser un État, d’ébranler le Marché. Avant que les structures du pouvoir ne changent, il y aura déjà moins de solitude : moins : d’inquiétude, de lassitude, d’effroi, de détresse, de vide, il sera inexplicablement plus facile d’être éveillé à la beauté du monde.
Exploser la temporalité du pouvoir
Retraites : étudiantes ou salariées, sans emploi, rêvant d’un autre monde. Corvéables à merci pour une retraite au rabais n’est pas leur idéal.
« Marre de simuler nos retraites, on veut en jouir » les femmes occupaient la rue, mobilisées contre les retraites du président Macron. Elles traînent, des boulets, horaires atypiques, interruptions de carrière, temps partiel, salaires bas. Les Françaises touchent une retraite de 40% inférieure à celle des hommes. La différence tombe à 28% avec les pensions de réversion allouées à la mort du conjoint. Elles se marient moins, divorcent plus. Rallonger la durée de cotisation ou repousser l’âge de la retraite pénalisera ses femmes déjà contraintes. La retraite pour tous à 60 ans ? Un horizon social et égalitaire enfin exaltant ! Nous avions traité le sujet, ne perdons pas l’avenir.
Le Panda
Patrick Juan
«Je ne veux pas arriver à la retraite sur les rotules» : pour la génération 66, la route est longue
Se vivant comme sacrifiés, ces salariés et fonctionnaires de 56 ou 57 ans prennent une double peine : trois trimestres de cotisation supplémentaire et un report à 63 ans et demi pour partir à la retraite.
S’il faut désigner une «génération sacrifiée» par cette réforme des retraites, ce pourrait être celle née en 1966.
Ces Français avaient été peu touchés par la précédente réforme – celle de 2014 qui prévoyait l’allongement de la durée de cotisation de 42 à 43 ans.
Ils devaient être épargnés par celle – stoppée par la crise du Covid – censée mettre en place un système «universel et à points» pour les générations nées après 1973.
Ces salariés ou fonctionnaires qui ont aujourd’hui 56 ou 57 ans ont appris, début janvier, qu’ils devront attendre 63 ans et demi pour liquider leur pension de retraite, soit un an et demi de plus que prévu.
Et s’ils veulent une retraite à taux plein, il leur faudra valider 3 trimestres de plus, jusqu’à 43 annuités.
«J’ai vraiment la sensation qu’on nous a changé les règles en cours de partie.
Ça donne un gros coup au moral, décrit Nathalie F., directrice d’une association qui emploie 55 salariés dans les Landes.
Je ne pensais vraiment pas que ça toucherait notre génération, plutôt les prochaines, celles nées en 1970 ou 1980, pour laisser le temps de se projeter.»
«Perte totale de sens»
Beaucoup de ces personnes nées en 1966 et interrogées ces deux dernières semaines par Libération, avaient déjà planifié leur retraite.
Pour Nathalie, c’était «prendre enfin du temps pour [elle]», se «balader, reprendre la randonnée, bricoler à la maison», le temps aussi pour s’occuper de «futurs petits-enfants».
Madeleine A., à Bastia, prévoyait elle aussi de «faire du bénévolat, au village, aider les autres».
Elle aurait pu partir avec une retraite à taux plein à 62 ans et demi.
Elle va devoir attendre au moins un an et demi de plus.
Cet horizon qui s’éloigne subitement, lui fait ressentir «une profonde injustice et de la malhonnêteté».
«De toute façon, dès que je peux m’en aller, même avec une décote, je m’en irai, assure-t-elle.
Chez beaucoup de fonctionnaires comme moi, il y a une perte totale du sens de nos missions de services publics.
On assiste à un massacre… L’Etat est incapable de mobiliser les ressources internes et s’appuie de plus en plus sur les contractuels.»
Directeur d’exploitation d’une entreprise dans la Drôme, Fabrice L., 57 ans, en prend pour quelques mois supplémentaires lui aussi.
«Depuis le temps, je suis habitué, c’est pas une énième loi qui va me saper le moral, philosophe-t-il.
De toute manière, j’avais prévu dès le départ de me mettre en retraite progressive, c’est-à-dire de commencer à faire moins d’heures à partir de 60 ans pour préparer la transmission de l’entreprise.»
Avec le passage de l’âge de départ à 64 ans, il reporte tout ça de deux ans.
«D’ici là, je vais prendre exemple sur la nouvelle génération et déposer des congés sans solde de temps en temps pour profiter des bons instants sans attendre la retraite», souligne-t-il.
Depuis qu’elle sait qu’avec cette réforme elle doit tirer au moins un an et demi de plus, Nathalie F., en revanche, pense carrément à changer de boulot.
«J’habite à 300 kilomètres de là où je travaille.
Je ne rentre chez moi que les week-ends.
C’est beaucoup de fatigue, raconte l’Ariégeoise qui travaille sans discontinuer depuis ses 23 ans.
Je me projetais bien sur cinq ans et demi. Mais là sept… J’en suis donc à me dire que je vais chercher un autre travail, avec moins d’heures, moins de pression que ce que subissent les cadres.
Faire seulement 35 heures me permettra de préserver ma santé.
Je ne veux pas arriver à la retraite sur les rotules.»
«Je n’irai plus faire barrage»
Chez ces salariés ou fonctionnaires de la génération 1966 interrogés, ce qui gêne aussi est l’absence de libre choix.
«Tant que l’âge légal de départ était 62 ans, je me disais : allez, je peux bien travailler deux ans de plus et partir avec un peu plus d’argent, explique Marielle M. fonctionnaire en Lorraine.
Je m’excuse d’être vulgaire mais ça me fait chier de leur laisser ces deux ans.
Avant, j’étais d’accord pour en faire un peu plus, là je ne sais plus.»
Celle qui a commencé à travailler à 24 ans «raisonne en Ehpad» pour le calcul de sa future pension.
«Un séjour y coûte environ 2 000 euros.
La retraite à laquelle j’aurais droit en partant tôt ne me permettrait pas de payer ça, rappelle-t-elle.
Et puis, on dit que nous les fonctionnaires, dont les retraites sont calculées sur les six derniers mois, sommes avantagés, mais je n’en suis pas sûre.
Les primes représentent une grosse part de notre rémunération, et elles ne sont pas comptées.
Notre complémentaire, j’ai fait le calcul, ça représente 422 euros… par an.» Marielle a une autre crainte : ne plus arriver à suivre les nouvelles générations.
«Les jeunes travaillent différemment, ce qui peut être déstabilisant. Par exemple, j’ai une collègue de mon âge qui a beaucoup de mal à s’adapter au fait que les gens se mettent en télétravail, ou travaillent en visio, rapporte-t-elle.
Elle est habituée à ce que tout le monde travaille au même endroit, aux mêmes horaires. Les jeunes font moins de présentéisme.
Si je suis amenée à travailler trop longtemps, j’ai peur, au bout d’un moment, d’être à la ramasse.»
Au bout du compte, tout cela vient alimenter la défiance envers Emmanuel Macron.
«Le Président croit que ce n’est que de la résignation.
Non, c’est de la révolte, affiche Madeleine à Bastia.
J’ai voté Macron au 2e tour mais pas pour la retraite à 65 ou 64 ans.
Je suis allée voter contre Le Pen.
Maintenant c’est sûr, c’est fini : je n’irai plus faire barrage.
A quoi ça sert puisque de toute façon, dans les faits, on ne compte pas ?
C’est ce qui me fait le plus peur : à n’écouter personne, ils font le lit de l’extrême droite.»
Un autre type de «révolte» anime Fabrice dans la Drôme : «A la base, l’âge de départ à la retraite c’était 65 ans.
Ça a baissé pour une seule génération, celle des soixante-huitards, qui l’ont remonté derrière eux.
“65 avant nous, 60 ans pour nous et 64 après nous” : c’est vraiment une génération dorée».
Retraites : le gouvernement ripoline son projet, Macron encourage le Parlement à l’«aménager»
Olivier Dussopt et Gabriel Attal tentent de donner un meilleur visage au texte en insistant sur la revalorisation des petites pensions, qui concernera aussi les retraités actuels, et une vague ouverture sur l’emploi des seniors.
Le chef de l’Etat leur a emboîté le pas dans la soirée, les encourageant à «travailler» le projet au Parlement.
Décidément, le gouvernement n’en finit plus de découvrir des mérites à sa réforme des retraites.
Ces dernières semaines, un argument central prévalait : «travailler un peu plus longtemps» était la seule solution, certes pas très agréable mais nécessaire, pour «sauver le système par répartition».
Mais alors que le projet de loi est présenté ce lundi en Conseil des ministres, il faudrait aussi y voir, désormais, un progrès social sans précédent.
Voici donc Olivier Dussopt, le ministre du Travail, expliquant dans le Journal du dimanche que dans cette réforme «redistributive» et destinée à «rétablir un maximum d’égalité», «il n’y a pas de perdants».
Et son collègue chargé des Comptes publics, Gabriel Attal, d’ajouter dans le Parisien : «Pourquoi on fait cette réforme ? Pour sauver notre système.
Pour qui on la fait ? Avant tout pour ceux qui triment et n’ont d’autre richesse que le fruit de leur travail.»
«Régression»
Sauf que depuis deux semaines, «ceux qui triment», justement, font leurs calculs.
D’un côté, ils voient le report de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans d’ici 2031.
De l’autre, l’accélération de la réforme Touraine qui obligera, dès 2027, à avoir cotisé 43 annuités pour partir à taux plein.
Cette double mesure bouleverse les plans de nombreux Français, notamment ceux nés dans les années 60, pour qui la retraite devenait un horizon de plus en plus concret.
Certains ont calculé que cela impliquerait de travailler presque une année supplémentaire pour arriver au même résultat, ou bien d’accepter une décote.
D’autres, qui ont commencé à travailler à 20 ans ou même avant, ont bien compris qu’ils auraient à fournir un effort encore plus important que les autres en cotisant non pas 43 mais 44 ans, sans la moindre surcote.
Des réalités que le gouvernement assume à demi-mot.
«Ce qu’il faut regarder, c’est l’âge auquel on peut partir avec son taux plein, tente d’enrober Gabriel Attal.
Dans le système actuel, quelqu’un qui a commencé à travailler à 20 ans part à 63 ans. Avec la réforme, ça passera à 64 ans, donc un an de plus, alors que l’âge légal est reculé de deux ans.»
Quant à Olivier Dussopt, il explique que certains travailleurs «partent aujourd’hui après 44 ans de cotisation quand la loi n’en exige que 42», et que le projet va donc «rédui[re] cet écart».
Argument battu en brèche par Philippe Martinez sur RTL : «Les carrières longues vont cotiser plus longtemps que les autres.
Vous pouvez considérer que c’est une amélioration, je considère que c’est une régression», a répondu le secrétaire général de la CGT, qui s’inscrit sur la même ligne que son homologue de la CFDT.
«Quelqu’un qui bénéficie du dispositif carrières longues, et qui pourrait partir aujourd’hui à 60 ans, il faudrait lui dire qu’il va partir à 62 ans et que c’est un progrès ?», s’interrogeait samedi Laurent Berger auprès de Mediapart.
Retraites : mais qui aura vraiment droit à une pension minimale à 85% du smic net ?
Social
Parallèlement, Olivier Dussopt et Gabriel Attal montrent tout de même deux signes d’ouverture.
D’abord, après un flou savamment entretenu depuis la présentation du projet le 10 janvier, le ministre du Travail confirme – comme on pouvait d’ailleurs le lire dans la dernière version du projet de loi transmise au Conseil d’Etat – que la revalorisation des petites pensions sera aussi appliquée aux retraités actuels : «Eux aussi toucheront une hausse de leur pension pouvant aller jusqu’à 100 euros par mois.»
«Regarder sans tabou des mesures coercitives»
Un geste davantage en direction des élus LR que des syndicats (ils sont plusieurs à trouver une pension à 85 % du smic net insuffisante pour vivre correctement) effectué avant même l’ouverture des débats à l’Assemblée nationale.
Le coût (1 milliard d’euros supplémentaires par rapport au dispositif initial) sera financé par un transfert de cotisations patronales depuis la branche accidents du travail et maladies professionnelles vers la branche vieillesse.
Selon Olivier Dussopt, l’étude d’impact du projet de loi, qui doit être rendue publique lundi, montrera «une hausse de près de 5 % pour les 20 % de pensions les plus basses, contre moins de 1 % pour les 20 % de pensions les plus élevées».
Gabriel Attal, lui, a dans sa besace une déclaration sur l’emploi des seniors : le gouvernement est prêt «à regarder sans tabou des mesures coercitives pour les entreprises qui ne joueraient pas le jeu», dit-il au sujet de cet enjeu central du débat.
Les syndicats ne cessent de dire qu’un maintien dans l’emploi des salariés les plus expérimentés, dont les entreprises ont pris l’habitude de se délester quand ils approchent de la soixantaine, suffirait quasiment à résoudre l’équation financière.
Mais ils disent aussi que l’«index» proposé par le gouvernement pour évaluer les politiques des employeurs – qui ne fait peser une menace que sur les entreprises de plus de 300 salariés, et seulement si elles ne publient pas cet index – est très insuffisant.
Jusqu’où le gouvernement serait-il prêt à aller ? Gabriel Attal ne le précise pas, mais le Medef, qui dénonce déjà l’index dans sa version actuelle, ne manquera sûrement pas de poser ses limites.
Depuis l’Elysée, où il célébrait le 60e anniversaire du traité d’amitié franco-allemande, Emmanuel Macron, lui, n’est pas rentré dans les détails, ne voulant pas se «substituer» au gouvernement et aux parlementaires, les encourageant toutefois à «aménager» et «travailler» le projet pour «avancer».
Quant à Philippe Martinez, il constate avec un brin d’ironie «qu’il y a beaucoup d’annonces» ces derniers jours.
«C’est bien, c’est la suite de notre journée d’action», ajoute le leader de la CGT, qui n’exclut pas des mobilisations pendant les vacances scolaires de février, «à partir du moment où le gouvernement s’entête sur ce qui fait conflit».
Et qui demeure irrésolu après les dernières déclarations ministérielles : la retraite à 64 ans.
Qui porte la responsabilité ?
Ce ne sont pas les salariés, mais bien les actionnaires et les dirigeants qui cherchent une rentabilité maximale à court terme.
On se dirige vers un réchauffement de 3,8° C à la fin du siècle en France. Un million d’espèces sont menacées d’extinction.
La mesure du désastre doit être prise d’urgence à entendre ces chiffres.
Sur le plan social, recul du pouvoir d’achat, inflation, 10 millions de personnes sous le seuil de pauvreté, 12 millions de personnes en difficulté pour se chauffer… là encore, le tableau est sombre.
Le patronat et le gouvernement pensent «écologie» avec des mesurettes «vertes» sans régler les problèmes de fond.
Que produit-on ? Pour quels besoins ?
Comment répartir les richesses produites ?
Le constat est là encore assez net ; les 10 % des plus aisés émettent plus de 24 tonnes de CO2 par an, soit plus de 12 fois le seuil nécessaire pour ne pas dépasser les 2 °C de réchauffement.
Pourquoi des productions sont polluantes ?
Qui porte la responsabilité ? Ce ne sont pas les salariés, mais bien les actionnaires et les dirigeants qui, au lieu d’investir pour décarboner, cherchent la rentabilité maximale à court terme.
Depuis de trop nombreuses années, c’est la première peine pour les salariés : délocalisations, licenciements, intensification de la concurrence, stagnation des salaires, précarisation.
La deuxième, plus récente, mais sans surprise, est que le patronat utilise désormais l’argument environnemental pour justifier licenciements et fermetures de sites.
La CGT porte des projets alternatifs, auxquels le patronat et le gouvernement restent sourds car ils ne répondent pas à leurs critères de rentabilité.
Nous revendiquons depuis des années la création d’une sécurité sociale professionnelle.
Des droits attachés à chaque salarié, garantissant les revenus, le droit à une vraie formation et à un emploi de qualité.
C’est la clé pour sortir de l’opposition entre emploi et environnement.
D’après Bruno Le Maire, nos finances seraient à «l’euro près».
Cela ne l’empêche pas de faire de nouvelles baisses d’impôts sur les entreprises (suppression de la CVAE qui coûtera 9 milliards d’euros) qui viennent s’ajouter à un montant colossal : plus de 150 milliards d’euros d’aides aux entreprises en 2019, soit deux fois le budget de l’éducation nationale, ou plus de 30 % du budget de l’Etat !
Il faut d’urgence en finir avec ces aides sans contreparties.
Nous défendons également la création d’un pôle financier public, pour une réelle planification dont nous avons tant besoin.
Reprendre le contrôle sur nos institutions financières est une urgence.
Enfin, c’est au niveau des entreprises que nous devons imposer des critères sociaux et environnementaux en donnant aux salariés les moyens de peser sur les orientations de leurs entreprises, impossible actuellement.
En définitive, la question n’est pas tellement «qui doit payer la transition» mais comment reprendre le pouvoir pour faire cette transition ?
C’est tout le sens des batailles que mène la CGT.
Malgré ce qu’en disent les ministres déployés dans les médias pour vendre la réforme des retraites, ils sont les grands perdants.
Toutes générations post-1961 confondues, ces Français qui ont commencé à travailler tôt (19 à 21 ans) mais pas assez pour bénéficier du dispositif «carrières longues», vont devoir attendre un à deux ans de plus pour partir à la retraite.
Dans le système actuel, ils auraient pu arrêter à 62 ans avec une carrière à taux plein.
Demain, même avec tous leurs trimestres (entre quarante-deux et quarante-trois ans), ils devront attendre jusqu’à deux ans de plus – et donc cotiser davantage sans ouvrir de droits supplémentaires – pour liquider leurs pensions.
Dans le Nord, à Marseille et en Vendée, rencontre avec ces Français qui vont payer cette réforme Macron-Borne.
Près de Lille, «comment je serai à ce moment-là ?»
Thierry Fourmentez, 58 ans bientôt 59, monte sur son échafaudage, une truelle à la main.
Deux mètres en dessous, au sol, Théophile, 26 ans, s’apprête à lui passer plusieurs seaux de béton.
Ou plutôt des demi-seaux, plus légers à soulever.
Les deux constructeurs débutent l’extension d’une maison avec future terrasse en bois, à Seclin, à quelques kilomètres de Lille.
Avec l’âge, Thierry a pris l’habitude d’alléger les charges pour soulager son corps plus fatigué qu’avant et ce bras gauche qui le fait souffrir en ce moment.
Pour ce Lensois, le report progressif de l’âge légal de départ se traduit par une année de travail supplémentaire.
Il pourra partir en retraite l’année de ses 63 ans.
Sans contrepartie, puisqu’il aura déjà tous ses trimestres.
«Je ne suis pas pressé de partir à la retraite, j’aime ce que je fais, mais je trouve la réforme injuste, dit-il.
On reporte tout sur les actifs, alors qu’aujourd’hui les retraités ont, en moyenne, un meilleur pouvoir d’achat que nous.»
Trente-huit ans déjà qu’il bosse.
Et même un peu plus avec quelques week-ends d’extras dans la restauration entre 18 et 20 ans.
Anecdotique pour sa durée de cotisation car insuffisant pour prétendre à une carrière longue.
Une carrière à différents métiers : cuisinier, formateur et ingénieur dans la restauration, informaticien indépendant…
Il y a six ans, il a rejoint Toerana Habitat, une coopérative lilloise de professionnels du bâtiment pour devenir entrepreneur salarié.
Désormais patron et salarié de sa propre activité, il a formé puis embauché Théophile, et vient de recruter un apprenti de 16 ans.
«J’essaye de leur faire comprendre que c’est à leur âge qu’il faut faire attention.
Moi, je me suis flingué quand j’étais jeune et que je prenais des sacs de 50 kilos comme ça sur le dos.»
Le constructeur mime un sac balancé à l’arraché au-dessus de son épaule.
«Je ne veux pas arriver à la retraite sur les rotules» : pour la génération 66, la route est longue
Son ami Olivier Marquis, un électricien de 58 ans membre de la même coopérative, est lui aussi devenu plus prudent.
Il devra pousser jusqu’à 63 ans.
«La question que je me pose, c’est comment je serai à ce moment-là ? Par rapport à mes 50 ans, je sens que mon corps décline.»
L’électricien a commencé à 20 ans dans le bâtiment, avant une longue expérience comme salarié dans une imprimerie.
Puis, il a rejoint Toerana Habitat en 2013, un an après un licenciement économique.
«Mon épouse va pouvoir partir à 62 ans.
On se disait toujours que la retraite, ce serait la liberté : qu’on pourrait partir se balader où l’on veut, quand on veut !
Là, il va falloir attendre…»
Hervé Vandycke, 56 ans, un charpentier menuisier indépendant installé dans les Flandres, devra patienter jusqu’à 64 ans.
Artisan depuis l’âge de 21 ans, il devra – en plus – cotiser trois trimestres supplémentaires.
Il pense à son père décédé à 65 ans, trois mois avant de prendre la sienne.
«J’aurais bien voulu m’arrêter à 62 ans pour faire d’autres choses, mais il va falloir faire un peu plus, témoigne le musicien, organiste amateur.
Après, si c’est pour payer la retraite des enfants, ça ne me pose pas de problème, mais est-ce que je vais pouvoir aller jusque-là ?»
A Marseille, «comme le taulard qui prend neuf mois de plus»
Seuls les «bips» têtus des caisses enregistreuses émergent du brouhaha de fond.
Il n’est que 10h30, mais les clients ont déjà pris d’assaut le supermarché Carrefour du nord de Marseille.
Face au comptoir «accueil» de Nassera, la file d’attente a ses exigences : un remboursement, un produit défectueux… Nassera écoute, résout.
Elle a 61 ans, travaille depuis ses 20 ans.
Il y a pire : elle est née le 26 décembre.
La nouvelle réforme s’applique à partir de la génération née au second semestre 1961.
Pour eux, ce sera trois mois supplémentaires.
«A six mois près, je prends plus», souffle-t-elle, plus désespérée qu’en colère.
«Epuisée, surtout.» Les jours d’accueil, debout toute la journée.
Quand elle tourne sur la caisse, c’est assis, mais tout aussi «physique» : les packs d’eau et de coca ont «tué» son dos, le scan ad libidum des produits a provoqué une tendinite aux deux bras. Ajoutez le bruit permanent, les clients difficiles…
«Quand j’arrive chez moi, je mets une heure pour m’enlever toute cette pression.»
Son métier, comme d’autres dans la grande distribution, n’entre pas dans la catégorie «pénibilité», ouvrant droit à des remises de trimestre.
«Ils croient qu’on est des hôtesses de l’air», cingle sa collègue Samia, sans savoir que ces dernières bénéficient d’un régime spécial.
L’une et l’autre se souviennent du temps où le président Macron louait les caissières, «deuxième ligne» durant le confinement.
«On nous a dit merci, mais sans aucune considération», résume Nassera.
Lucas n’en attendait pas plus : «Ce gouvernement n’est pas dans la vraie vie, ils sont dans leur monde de riches !
Moi, ça fait trente ans que je bosse chez Carrefour et avec ma femme caissière, on ne sait pas ce que c’est que de poser une semaine de vacances à Noël.»
Lundi soir encore, le manutentionnaire de 52 ans, qui travaille dans un autre Carrefour marseillais, pensait que la réforme l’épargnerait : depuis dix ans, il est reconnu travailleur handicapé.
A force de soulever les carcasses du rayon boucherie, son corps a lâché.
«Une hernie discale qui a éclaté, confie-t-il.
Je me suis retrouvé paralysé d’une jambe, il a fallu m’opérer.»
Après les annonces de Borne, il a fait des simulations et en a déduit qu’il pourrait toujours partir par anticipation, «mais deux ans plus tard».
Le gouvernement promet pourtant que cette réforme ne changera rien aux règles pour les travailleurs handicapés.
Mais Lucas n’y croit pas : «C’est une histoire sans fin !
Il me restait sept ans et demi, je m’étais mis ça dans la tête, un peu comme à l’armée quand on compte les jours…»
Eric, 60 ans en août prochain, s’y voyait déjà.
Un billet pour la Polynésie, où réside une partie de sa famille, et un début de retraite en fanfare, juste à temps pour suivre sur place les épreuves de surf des Jeux olympiques.
Un peu de pêche, de photo amateur, du bénévolat à la mairie de Moorea…
La vie enfin douce malgré ses maigres 1 350 euros de retraite annoncés, après une carrière à remplir les rayons de Carrefour.
Son pot de départ était fixé au 1er juillet 2024.
Adieu les JO : avec la réforme, ce sera neuf mois plus tard.
«Ce que j’ai ressenti ? Comme le taulard qui prend neuf mois de plus, se marre-t-il.
Ça m’emmerde, mais comparé à d’autres, je m’en sors bien.»
La fin du travail, le délégué CGT du magasin a commencé à y penser il y a deux ans.
«Quand tu te dis que tu es mieux chez toi qu’au boulot…» La faute à «l’usure» et au corps qui se plaint.
Une arthrose sévère, un genou opéré qui a évité de peu la prothèse, des problèmes au dos, aux bras.
«Quand j’entends à la télé des gens dire “ça ne me dérange pas de faire un ou deux ans de plus”, mais c’est quoi, leur métier ?
Le pire, c’est l’injustice, tranche-t-il.
Quand tu vois que des jeunes qui font le même boulot que moi vont bosser jusqu’à 64 ans, y a qu’à les envoyer direct au cimetière.»
En Vendée, «on nous parle des métiers fatigants, mais pour nous aussi c’est aussi difficile»
A 55 ans, Véronique semble avoir eu plusieurs vies.
En commençant sa carrière professionnelle à 20 ans, elle a déjà été lingère, aide de cuisine, femme de ménage, employée commerciale dans une grande surface ou encore auxiliaire de vie.
A l’accueil du Forum des associations de Luçon (Vendée), elle se souvient de sa décision, il y a deux ans, de s’orienter vers un poste administratif : «C’était pour soulager ma fin de carrière, je me disais que je n’y arriverais pas jusqu’à la fin.»
La «fin», c’est la retraite.
Et pour la mère de famille, «plus on croit voir son échéance arriver, plus elle recule».
Elle a regardé sur des simulateurs : pour elle, après la réforme, l’âge de départ à la retraite ce sera 64 ans.
«Mais pour toucher ma retraite à taux plein, je devrais attendre 67 ans.
J’aurais aimé arrêter deux ans plus tôt», avoue-t-elle.
Entre deux coups de fil au standard, l’idée de devoir travailler encore autant d’années l’assomme : «Quand on croit être bientôt à la retraite, on a des projets. Là, les projets, on les fera plus tard.
Si on peut les faire.»
Dans les bureaux de l’hôpital de la commune du Sud Vendée, Clotilde , 55 ans aussi, adjointe à la direction des ressources humaines, est résignée.
«J’ai installé l’application de simulation avec la réforme et ça me dit que je peux partir à presque 64 ans.
Je pensais pouvoir prendre ma retraite à 62 ans.» Ses projets étaient pourtant établis : «souffler enfin, et voyager.
J’ai commencé vers 20 ans et j’ai toujours travaillé même si j’ai eu des petites périodes de chômage et mon congé parental», explique celle qui voit ses plans repoussés.
Si Clotilde n’envisage pas de faire grève par peur de «perdre du salaire», elle peine à envisager l’avenir : «On nous parle des métiers fatigants, mais pour nous aussi c’est difficile.
Il faut être très réactif et polyvalent.
Je ne me vois pas rester jusqu’à 64 ans, c’est impossible.»
Alors, en attendant que le couperet tombe, la mère de deux enfants prend le projet de réforme du gouvernement «comme une fatalité».
«Je n’ai plus les mots, c’est décevant», souffle-t-elle.
Retraites : une autre réforme est possible
Même son de cloche au service comptabilité de Huguet Ingénierie – une entreprise de maintenance industrielle – où la fatigue d’Isabelle a pris le dessus sur la colère.
«On va subir de toute façon, alors ça ne sert à rien de s’affoler», sourit nerveusement la comptable de 55 ans.
«J’étais partie sur un départ en 2030 mais là, je n’ose même pas aller voir.»
Elle se doute qu’elle n’échappera pas aux 64 ans.
Comme Véronique et Clotilde, Isabelle projetait de voyager.
Mais le plus dur pour elle, c’est qu’elle aurait aimé «s’occuper des petits-enfants».
«Là, ça va être impossible», s’inquiète celle qui a consacré sa vie aux chiffres.
Son sentiment d’injustice grandit à mesure que la discussion se poursuit.
«Heureusement que j’ai quitté Paris, avec la fatigue des transports en plus, je n’aurais pas pu», réalise-t-elle.
Isabelle n’a jamais participé à aucune mobilisation sociale.
Pourtant, aujourd’hui, elle se dit «prête à faire grève si cela doit préserver les droits de plus de quarante années de travail».
La réforme des retraites creusera le déficit en 2023.
Selon le Haut Conseil des finances publiques, la réforme telle qu’envisagée aujourd’hui par le gouvernement coûtera 400 millions d’euros pour l’année en cours, notamment en raison de la hausse du minimum contributif.
En même temps que le Conseil d’Etat, le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) a reçu le projet de loi portant réforme des retraites le 10 janvier, dans la foulée de sa présentation par la Première ministre.
Chargée d’apprécier la sincérité des prévisions de croissance et de désendettement du gouvernement, l’instance a rendu son avis ce lundi, jour de l’examen du texte en Conseil des ministres.
Ces conclusions portent seulement sur l’article liminaire du projet de loi, qui contient notamment les prévisions retenues par le gouvernement ainsi que les recettes et les dépenses attendues.
Il s’intéresse aux conséquences du projet de réforme des retraites sur les finances publiques, mais uniquement pour cette année.
«Compte tenu du caractère incomplet des informations qui lui ont été transmises par le gouvernement, le Haut Conseil n’est pas en mesure d’évaluer l’incidence de moyen terme de la réforme des retraites sur les finances publiques», est-il précisé dans le texte.
Pour la seule année 2023, donc, la réforme telle qu’elle est pour l’instant envisagée ne générerait aucune économie.
Au contraire, elle creuserait de 400 millions d’euros le déficit de la sécurité sociale, ce qui le placerait alors à 7,5 milliards d’euros.
Une estimation gouvernementale jugée «réaliste» avec un «impact très faible», par le Haut Conseil présidé par Pierre Moscovici, par ailleurs premier président de la Cour des comptes.
«La réforme ne suffit pas à elle seule»
Ces 400 millions correspondent au solde entre 600 millions de dépenses et 200 millions d’économies.
Le relèvement de l’âge légal de départ en retraite de trois mois à partir du 1er septembre entraînerait, en effet, une baisse des dépenses de retraite de 200 millions d’euros cette année, selon le gouvernement.
Une prévision cohérente pour le HCFP, qui estime que cette réforme conduirait en 2023 «de l’ordre de 50 000 personnes à décaler leur départ à la retraite».
Parallèlement, plusieurs dispositifs entraîneront des dépenses supplémentaires évaluées à 600 millions d’euros, dont 400 millions d’euros provisionnés pour la hausse annoncée du minimum contributif.
Ses «conditions précises restent toutefois à déterminer», signale l’avis.
En effet, aux dernières nouvelles et après des demandes insistantes des élus Les Républicains, la revalorisation devrait aussi concerner ceux qui ont déjà ouvert leurs droits, un élargissement chiffré à plus d’un milliard d’euros.
100 millions sont par ailleurs inscrits au budget pour des mesures sur la pénibilité et 100 autres pour des mesures censées faciliter la transition entre l’emploi et la retraite.
Sur le bien-fondé de la réforme et sur ses modalités, le Haut Conseil ne s’étend pas.
Il se borne à écrire que «la réforme des retraites présentée ne suffit pas à elle seule» à revenir à «des niveaux de dette permettant à la France de disposer de marges de manœuvre suffisantes […] pour faire face à l’avenir à des chocs macroéconomiques ou financiers et aux besoins d’investissement public liés notamment aux enjeux climatiques».
La semaine dernière, à l’occasion de la présentation de ses vœux à la presse, Pierre Moscovici a averti : «La Cour sera plus que jamais vigilante sur les finances publiques en 2023», année où «les perspectives sont encore plus dégradées», d’autant «qu’en parallèle, les conditions de financement se sont dégradées» avec une hausse des taux d’emprunt à dix ans auxquels l’Etat emprunte.
«Boussole indispensable»
Appelé également à se prononcer sur les hypothèses macroéconomiques retenues dans le projet de loi, le Haut Conseil constate que pas une ligne n’a été changée par rapport au scénario inscrit dans le projet de budget, en septembre.
Comme à l’été, il juge le gouvernement bien optimiste.
Il remarque que sont systématiquement retenues des prévisions plus favorables que celles des autres spécialistes de la conjoncture, tels que la Banque de France, l’OCDE, le FMI, l’OFCE ou Rexecode.
Cela vaut pour la croissance du PIB (+1 % en 2023), pour l’inflation (+4,2 % en moyenne annuelle), ou la masse salariale (+5 %).
L’instance ne manque pas l’occasion de déplorer une énième fois le fait que le gouvernement n’a toujours pas fait adopter de loi de programmation des finances publiques.
Le texte n’étant pas considéré comme un texte financier, recourir au 49.3 pour le faire passer reviendrait pour la majorité à griller sa seule cartouche de la session parlementaire.
Cela ne permet pas au HCFP, «de vérifier la cohérence des prévisions de finances publiques des textes financiers avec la loi de programmation.
Au-delà, cette absence, contraire aux engagements européens de la France, prive les finances publiques d’une boussole indispensable».
Mais le retour au Parlement de ce texte-là attendra que les discussions sur la réforme des retraites soient closes dans les hémicycles.
Réforme des retraites : le gouvernement ouvert à ne rien concéder
L’exécutif s’efforce de se montrer conciliant sur l’emploi des seniors ou la pénibilité, mais n’affiche nulle volonté de bouger sur les fondements de la réforme.
L’opposition attend l’arrivée du texte dans une semaine à l’Assemblée nationale.
L’ouverture comme posture.
Un chef de l’Etat demandant au gouvernement d’«aménager» la réforme des retraites au Parlement, un ministre des Comptes publics convaincu qu’«il n’est jamais trop tard pour se parler», son collègue chargé du Travail prêt à «améliorer» le projet de loi… pour mieux dissimuler une absence de concessions.
Le projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale (PLFRSS) présenté en Conseil des ministres lundi matin est similaire à la réforme dévoilée par Elisabeth Borne il y a deux semaines.
Les déclarations tout miel de l’exécutif depuis la forte mobilisation syndicale du 19 janvier ne servent pour l’instant qu’à habiller son inflexibilité sur le recul de l’âge légal de départ à 64 ans et l’accélération du passage à 43 ans de cotisation.
«Le président de la République a dit sa détermination, et sa détermination est identique à celle du gouvernement», a rappelé lundi le ministre du Travail, Olivier Dussopt, lors du compte-rendu du conseil des ministres.
Car les strictes conditions posées pour accepter la moindre modification au projet se multiplient comme autant de clauses écrites en tout petits caractères au bas du contrat.
Aucune augmentation d’impôt ne saurait ainsi être intégrée – exit la proposition de hausse des cotisations patronales formulée par le président du Modem, François Bayrou –, ni de baisse des pensions, y compris pour les retraités les plus aisés.
Surtout, le gouvernement veut garder bien serrés les cordons financiers du système de retraites.
Ainsi Dussopt promet-il de se montrer «ouvert» vis-à-vis de tout amendement…
pour peu qu’il ne vise pas à «renoncer au retour à l’équilibre financier du système en 2030 ni aux fondamentaux de la réforme».
Voilà qui réduit considérablement les marges de négociation…
«Ça cornaque un peu le truc, je vous l’accorde. Par définition, on ne touche pas à l’équilibre financier», concède un dirigeant de la majorité.
Revenir sur les deux mesures d’âge ?
Le ministre du Travail l’exclut totalement, assumant son «désaccord avec les organisations syndicales» qui réclament leur retrait : «Revenir sur ce point serait renoncer à l’équilibre et, donc, manquer de responsabilité pour les générations futures.»
Pas de quoi inquiéter le Medef
Les macronistes se montrent, pour l’heure, tout aussi fermes sur la revalorisation du minimum contributif (pour une carrière complète) à 1 200 euros brut (pas en net), et sur l’effet de bord du report de l’âge légal pour certains actifs qui ont commencé à travailler très jeunes et devront cotiser 44 ans s’ils veulent partir avant l’âge légal.
«La perfection n’est malheureusement pas de ce monde, il y aura toujours des écarts», a lâché, fataliste, Olivier Dussopt.
Certains députés LR, comme Aurélien Pradié, se sont montrés vigilants à l’égard de ces perdants de la réforme.
«Les LR, qui veulent faire de la vertu budgétaire leur marque de fabrique, ne pourront pas dégrader la copie», parie un cadre de Renaissance qui ne croit pas au bras de fer avec la droite lors du débat à l’Assemblée.
Aucun geste non plus pour les mères bénéficiant de trimestres majorés pour enfants, qui seront neutralisés par le report de l’âge légal.
Quant à la suggestion – plus baroque – du Modem de passer aux 35,5 heures de travail par semaine, c’est un grand niet.
La Première ministre a prévenu leur chef de file à l’Assemblée nationale, Jean-Paul Mattei : «Le Président n’a aucune intention d’ouvrir un débat sur les 35 heures !»
Que reste-t-il alors à négocier ?
«Je ne peux pas vous répondre avant d’avoir les amendements des uns et des autres», a botté en touche Borne pendant ses vœux à la presse, lundi après-midi.
«Je sais qu’il y a des questions sur les rachats de trimestres, sur les huit trimestres dont vous pouvez bénéficier quand vous avez un enfant», a-t-elle pointé sans s’attarder.
La question des contraintes imposées aux entreprises pour les pousser à conserver leurs salariés les plus âgés reste particulièrement floue.
Dussopt a confirmé une sanction financière pour les entreprises de plus de 300 salariés qui ne publieraient pas leurs données sur l’emploi des seniors.
Et celles qui ne feront aucun effort pour maintenir les seniors dans l’emploi ? Celles-là ne risqueraient qu’une «obligation de négociation d’un accord sur l’emploi des seniors», a annoncé Dussopt.
Pas de quoi faire trembler les murs du Medef.
Affiner la stratégie à l’Assemblée.
Quand la cheffe du gouvernement incite ses troupes à se démultiplier sur le terrain, c’est moins pour tenir compte des «inquiétudes des Français» que pour tenter de les convaincre du bien-fondé de la réforme en l’état.
Et lorsque les ministres se jurent ouverts sur une évolution du texte, ils nuancent illico en estimant que le projet a déjà beaucoup bougé au fil des «concertations» menées cet automne avec les syndicats.
Et de rappeler que le report de l’âge légal a été revu à la baisse, de 65 à 64 ans, et que la revalorisation du minimum contributif a été étendue pour permettre aux retraités actuels d’en bénéficier.
Début janvier, l’idée était en effet de parvenir tôt à un compromis – notamment afin d’amadouer LR.
Par ailleurs, la majorité croyait alors que les députés de La France insoumise allaient noyer le débat sous des dizaines de milliers d’amendements.
Au cas où l’examen parlementaire serait enlisé, autant déposer, sur la table du conseil des ministres, une copie quasi définitive.
Il leur faut désormais réinventer leur stratégie.
Au lieu de l’obstruction attendue de LFI – «Pour nous, c’est du pain bénit, on envoie le texte au Sénat», se réjouissait déjà un conseiller de l’exécutif – la majorité doit s’adapter à une tactique plus fine des députés de gauche.
Ces derniers, qui misent sur une extension du mouvement social après la journée de mobilisation du 31 janvier, salivent à l’idée d’une démobilisation sur les bancs de la majorité et de la droite.
Avec l’espoir de battre le gouvernement sur le fond de la réforme.
De quoi pousser l’exécutif au compromis pour élargir le soutien à son texte ?
L’exécutif «ne veut pas donner l’impression de dialoguer avec la rue», explique un conseiller de l’exécutif qui ajoute : «On ne va pas dire maintenant aux députés ce sur quoi on pourrait lâcher.»
Dans le doute, autant gagner du temps.
Réforme des retraites : qu’est-ce que l’article «47-1», ce «49.3 low cost» décrié par l’opposition ?
Le véhicule législatif choisi par le gouvernement permet de limiter les débats à l’Assemblée et de faire adopter le texte en cinquante jours maximum grâce à un article de la Constitution jamais invoqué dans la Ve République pour un texte de cette ampleur.
Les oppositions s’insurgent et des constitutionnalistes s’interrogent.
La macronie pourrait avoir trouvé une nouvelle arme d’évitement politique avec un article de la Constitution surtout connu des profs de droit : le 47-1.
Il permet de circonscrire à cinquante jours maximum l’examen d’un texte, en l’espèce celui de la réforme des retraites, présenté en Conseil des ministres ce lundi.
Et en outre s’éviter un vote compliqué à l’Assemblée, entre des députés LR divisés et une majorité relative qui se demande toujours si elle fera le plein.
Une utilisation du 47-1 «pour un texte de cette importance» serait «totalement inédite dans notre histoire parlementaire», selon le maître de conférences en droit public Benjamin Morel.
Que dit la Constitution ?
Tout d’abord que le 47-1 s’applique – uniquement – dans le cadre d’un projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), «dans les conditions prévues par une loi organique».
Cela tombe bien, c’est le véhicule législatif (un «PLFSS rectificatif» pour être très précis) choisi par l’exécutif pour faire passer sa réforme des retraites.
Débute alors une course contre la montre au Palais-Bourbon.
«Si l’Assemblée nationale ne s’est pas prononcée en première lecture dans le délai de vingt jours après le dépôt d’un projet, le gouvernement saisit le Sénat qui doit statuer dans un délai de quinze jours», est-il écrit dans la Constitution de 1958.
Autrement dit : l’Assemblée a vingt jours pour voter le texte, sinon direction le Palais du Luxembourg.
Un délai qui démarre dès le début des discussions en commission à l’Assemblée, et qui s’achève le 12 février selon les calculs de Benjamin Morel.
Cela permet de passer outre les amendements déposés par les oppositions de manière automatique.
Car en utilisant un PLFSSR pour sa réforme des retraites, au bout de vingt jours, texte voté ou non, le Sénat prend la main.
Ce dernier a de son côté quinze jours pour débattre du projet de loi.
Ce délai pourrait suffire, la droite, qui domine la Chambre haute, étant favorable au recul de l’âge de départ à la retraite qui constitue le cœur de la réforme.
«Ils tordent la Constitution»
Peut ensuite entrer en scène une commission mixte paritaire (CMP) dans laquelle quelques députés et sénateurs doivent tenter de s’accorder sur un texte.
«Sénateurs de droite et députés de la majorité seront en supériorité numérique en CMP, ce qui permettra facilement de trouver un point d’atterrissage au vu du deal entre Les Républicains et Elisabeth Borne», assure dans le Figaro un député Renaissance.
En cas d’accord, le Sénat explique sur son site que le gouvernement décide alors de soumettre le texte aux deux assemblées et «qu’aucun amendement n’est recevable sauf accord du Gouvernement».
Et le tour est joué. Exit les oppositions, bonjour les modifications pro-domo.
Pour boucler la boucle, la Constitution complète : «Si le Parlement ne s’est pas prononcé dans un délai de cinquante jours, les dispositions du projet peuvent être mises en œuvre par ordonnance.»
Mi-mars au plus tard, l’affaire sera donc réglée pour la majorité.
Cette stratégie parlementaire a un double effet bénéfique pour le gouvernement : éviter un enlisement du débat parlementaire en parallèle d’une mobilisation sociale qui s’annonce rude mais aussi s’éviter un énième 49.3.
Avec un petit supplément d’avantages : le 47-1 ne peut pas faire l’objet d’une motion de censure contre le gouvernement, contrairement au 49.3.
Pour la députée Nupes-LFI Clémentine Autain, le 47-1 est donc une sorte de «49.3 low cost».
Lundi soir, Franck Riester, le ministre des Relations avec le Parlement, a renvoyé la balle aux oppositions lundi soir sur Public Sénat : «Nous pensons qu’il y a largement le temps de débattre, de proposer différents amendements, de voter les articles et le texte.
Evidemment après, ça dépend des oppositions.
S’il y a obstruction [parlementaire], ça va compliquer le temps de débat.»
Selon l’étude d’impact que BFM Business s’est procurée, les femmes seront plus touchées que les hommes par le report de l’âge de départ à la retraite.
En contrepartie, leurs pensions augmenteront un peu plus que celles des hommes grâce à cette réforme.
L’étude d’impact est très claire: les femmes seront davantage concernées que les hommes par le recul de l’âge de départ à la retraite, de 62 à 64 ans.
Elles devront travailler en moyenne 7 mois de plus contre seulement 5 mois pour les hommes.
Pour certaines générations, 1980 par exemple, on passe même du simple au double: les femmes devront partir en moyenne 8 mois plus tard contre 4 pour les hommes.
En cause: celles qui pouvaient partir dès 62 ans à taux plein grâce aux trimestres acquis lors de la naissance de leurs enfants devront désormais attendre l’âge légal, deux ans de plus pour partir.
Beaucoup de femmes en l’occurrence sont dans ce cas: selon la Drees, en 2020, 123.000 femmes ont ainsi pu partir à la retraite dès 62 ans avec tous les trimestres requis.
Les congés parentaux pris en compte dans certains cas.
Autre effet positif de la réforme: Les femmes, qui sont les plus concernées par les petites pensions, seront les toutes premières bénéficiaires de la hausse du minimum de pension. 60% des personnes concernées par cette hausse sont des femmes.
Dernier lot de consolation enfin: les congés parentaux seront désormais pris en compte, dans la limite de 4 trimestres, pour celles qui ont commencé à travailler avant 20 ans.
Davantage de femmes pourront ainsi bénéficier d’un départ anticipé au titre du dispositif carrière longue.
C’est l’un des arguments mis en avant par le gouvernement pour expliquer que « sa réforme protège les femmes ».
Mais attention, cela ne concernera que quelque 2000 femmes en moyenne chaque année.
Des coupures d’électricité « ciblées » : qui est visé par la CGT ?
En marge des manifestions et des grèves contre la réforme des retraites qui vont se poursuivre, la CGT des mines et de l’énergie a prévenu que des coupures de courant « ciblées » pourraient viser certains élus.
Depuis l’annonce du projet de réforme des retraites du gouvernement Borne, la CGT multiplie les annonces sur les moyens d’action à mettre en place pour contester. Dernière proposition en date ?
La menace, formulée par une branche de la CGT, de procéder à des coupures de courant visant des élus favorables au projet de loi.
Ce lundi 23 janvier, l’exécutif a réagi par la voix d’Olivier Dussopt. A la sortie du conseil des ministres qui avait justement à l’ordre du jour la réforme des retraites, le ministre du Travail a en effet déclaré « que tout n’est pas acceptable » de la part des syndicats pour faire plier le gouvernement.
« Il y a un certain nombre d’actions qui sont envisagées, qui sont annoncées, qui ne relèvent pas d’une action militante revendicative, mais qui peuvent relever d’un délit.
C’est le cas, notamment, des coupures, lorsqu’elles sont ciblées et volontaires », a rappelé le ministre. Cette mise en garde n’est pas la première annoncée par les membres de l’exécutif ; en marge des manifestations du 19 janvier lorsque la CGT des mines et de l’énergie a prévenu de telles mesures, Gérald Darmanin, avait jugé une annonce « absolument scandaleuse », et le porte-parole du gouvernement des propos « proprement inacceptables ».
Face à la gronde du gouvernement, Phillipe Martinez secrétaire général de la CGT avait tenté de faire baisser la pression le 19 janvier.
Sur Public Sénat, le syndicaliste semblait faire marche arrière pour faire dégonfler la polémique, précisant qu’il s’agissait « plus un symbole qu’une véritable menace », le syndicat ayant fait selon lui ces annonces pour « exprimer une véritable colère ».
Pourtant dimanche 22 janvier sur RTL, Phillipe Martinez semblait ne pas avoir complètement abandonner l’idée, voulait viser cette fois ci non plus les élus, mais les « milliardaires ».
Même son de cloche pour Sébastien Menesplier, qui lui semble vouloir instaurer un rapport de force avec les élus qui voteraient la réforme des retraites.
Le secrétaire général de la fédération CGT des mines et de l’énergie a ainsi estimé sur BFMTV ce lundi 23 janvier que « la grève c’est bien, mais ça ne suffit plus ».
« Il faut prendre des actions et des actions qui se voient, qui ont un impact vis-à-vis de ceux qui soutiennent le gouvernement et les lois de régression sociale », a-t-il prévenu au micro de la chaîne en continu.
Ironisant sur ses annonces, il a annoncé vouloir « faire de la sobriété énergétique » pour les élus et milliardaires.
Et d’ajouter avec sarcasme : Il faudra « certainement cibler les personnes qui mènent de l’activité qui n’est pas essentielle, on va faire comme le gouvernement nous l’a dit. […]
Si les agents en assemblée décident de mener des actions diverses, ça pourrait être organisé. »
Les syndicats appellent à multiplier les actions jusqu’à la grève interprofessionnelle du 31 janvier.
La CGT et FO évoquent désormais de possibles mobilisations pendant les vacances scolaires durant le mois de février.
Les grèves sont l’arme de prédilection des syndicats « pour faire reculer le gouvernement ».
Les organisations de travailleurs ont donc prévu d’y recourir autant que possible et surtout autant que nécessaire pour empêcher l’entrée en vigueur de la réforme des retraites.
Plusieurs mouvements sociaux sont déjà prévus dans différents secteurs jusqu’au 31 janvier, date annoncée du deuxième acte de la grève interprofessionnelle et nationale.
Si l’intersyndicale défend toutes ces actions, le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot a assuré que la tenue de mobilisations en février n’était pas écartée.
« Si le gouvernement n’entend pas deux fois de suite, il y aura certainement le blocage du pays par la grève », a-t-il même prévenu lundi soir sur le plateau de BFM Business.
Après avoir encouragé à la multiplication des actions « aux alentours du 23 » et alors qu’ils continuent de mobiliser autour de la grève du 31 janvier, les syndicats préparent les esprits à de possibles mouvements sociaux d’ampleur pendant les vacances scolaires.
« À partir du moment où le gouvernement s’entête sur ce qui fait conflit, il y a possibilité de journées d’action pendant les vacances scolaires qui, je crois, s’étalent sur plusieurs zones et sur au moins un mois et demi », lançait ainsi Philippe Martinez au micro de RTL, le 22 janvier.
Une déclaration suivie par le patron de FO.
Le syndicaliste soutient d’ailleurs que l’unité syndicale « est toujours pleine et entière » et qu’elle « souhaite amplifier les choses ».
Une nouvelle grève le 31 janvier.
La date a été fixée juste après le premier acte de la mobilisation contre la réforme des retraites.
L’intersyndicale à l’initiative de la première journée de grève a décidé de remettre le couvert le 31 janvier avec autant, voire plus de force.
Galvanisée par les 1,12 à 2 millions de manifestants qui se sont mobilisés le 19 janvier, selon les chiffres du ministère de l’intérieur ou des syndicats, l’union des syndicalistes se juge en mesure de faire barrière au projet de loi d’Emmanuel Macron.
Si un grand nombre d’actions s’organiseront dans les rues et les entreprises, les syndicats souhaitent également que la lutte se joue à l’Assemblée nationale.
A compter du 30 janvier, la réforme des retraites sera débattue au palais Bourbon et la CGT souhaite que « toutes les propositions qui émanent de l’ensemble des organisations syndicales (…) puissent trouver un relais à l’Assemblée nationale » afin de « faire en sorte que ce projet de loi soit très largement modifié ».
De nombreux Français sont prêts à se remobiliser contre la réforme malgré le coût financier que cela implique, mais sur les bancs de l’hémicycle il semble plus difficile de trouver des alliés, même à gauche.
Manuel Bompard, nouveau patron de LFI a par exemple estimé sur France Inter le 22 janvier que « ce n’est pas par l’Assemblée nationale qu’on gagnera sur ce sujet, ça me paraît une évidence ».
Faut-il craindre des grèves pendant les vacances de février ?
La menace a déjà été brandie deux fois. Les 22 et 23 janvier, les patrons de la CGT et de FO ont mis en garde contre des grèves pendant les vacances scolaires qui débutent le 4 février dans la zone A et se terminent le 6 mars dans le zone C.
Avec un mouvement social « massif et déterminé » attendu le 31 janvier, à seulement quelques jours des congés d’hiver, il est très probable que des reconductions de grèves affectent les vacances.
Déjà quelques actions sont prévues pendant les vacances scolaires et dans des secteurs qui risquent de faire naître des inquiétudes : les raffineries responsables des quantités de carburants accessibles en stations-service et les transports qui sont plus fréquentés en période de congés.
Les vacances scolaires d’hiver pourraient aussi être bouleversées dans les stations de ski très prisées en février. La CGT et FO ont déposé deux préavis de grève illimités.
Eric Becker, secrétaire général des remontées mécaniques à Force ouvrière justifie cette décision sur TFI info : « On a décidé d’appeler à la grève pendant les vacances de février, car les revendications seront mieux entendues lors de cette période. »
Une déclaration qui pourrait donner des idées à d’autres secteurs.
Un préavis de grève à partir du 26 janvier dans les transports.
Fortement perturbé lors de la grève du 19 janvier, le trafic des trains et des transports en commun devrait encore être chamboulé jusqu’à la fin du mois de janvier. Individuellement, plusieurs syndicats ont appelé à la mobilisation comme la co-déléguée générale de SUD Solidaires Murielle Guilbert qui veut « multiplier les actions et initiatives partout sur le territoire, dans les entreprises et services, y compris par la grève » à compter du 23 janvier.
Une volonté également affichée par Laurent Brun, secrétaire général de la CGT Cheminots, lequel a déclaré sur BFMTV :
« Il est clair qu’on ne se réunit pas uniquement pour cocher le 31 janvier ».
L’Unsa-Ferroviaire a de son côté fait savoir au Parisien qu’elle exposera son plan d’action mardi midi.
Signe que des mobilisations sont possibles jusqu’au 31 janvier et au-delà : un préavis de grève a été déposé la semaine dernière et couvre la période allant du mercredi 25 janvier 2023 à partir de 19h au jeudi 2 février 2023 à 8h.
En ce qui concerne la poursuite du mouvement au sein de la RATP, le quotidien francilien a indiqué que les syndicats de l’entreprise doivent se rencontrer ce lundi.
Les raffineries en grève les 26 et 27 janvier, de nouveau en février.
Les syndicats des raffineries ont établi un plan de bataille détaillé pour organiser la contestation contre la réforme des retraites et des mobilisations sont déjà prévues jusqu’en février.
A l’initiative de la CGT-Pétrole, une grève de 48 heures est attendue les 26 et 27 janvier et elle sera suivie d’un autre mouvement de trois jours à partir du 6 février.
Les syndicats ne ferment toutefois pas la porte à d’autres actions comme l’indiquait Lionel Arbiol, délégué syndical CGT de la raffinerie de Fos-sur-Mer, vendredi 20 janvier sur Sud Radio.
A noter que ces mouvements de grèves sont à même d’entrainer des « baisses de débit » et « l’arrêt des expéditions » de carburants, comme l’expliquait Eric Sellini, le coordinateur national du syndicat chez TotalEnergies en amont de la grève du 19 janvier.
Le numéro un du secteur a vu ses ventes tutoyer les 80 milliards d’euros l’an passé. Fort de ses excellents résultats, le groupe augmente le dividende versé à ses actionnaires.
LVMH repousse à chaque exercice un peu plus les limites. Le numéro un mondial du luxe a annoncé jeudi de nouveaux résultats records en 2022 avec des ventes de 79 milliards d’euros et un bénéfice net de 14 milliards d’euros, grâce à la forte hausse de l’activité en Europe et aux Etats-Unis.
« Nous abordons l’année 2023 avec confiance mais compte tenu des incertitudes actuelles, nous resterons vigilants et comptons (…) renforcer encore notre avance sur le marché mondial du luxe », déclare son PDG Bernard Arnault, cité dans un communiqué.
Par contre il paye des impôts en France, mais il serait souhaitable de connaitre son salaire mensuel et sa retraite à venir.
Des revenus stables en Asie-Pacifique
Le géant du luxe qui détient entre autres les marques Louis Vuitton, Dior, Tiffany ou Moët & Chandon, a vu son chiffre d’affaires en 2022 bondir de 23%, soit presque 15 milliards de plus que l’année précédente.
Le bénéfice net a lui progressé légèrement moins vite, de 17%.
« C’est se foutre de la dignité humaine pour ceux et celles qui perçcoivent le SMIC Toute une vie »
Il évoque la « forte hausse » de ses ventes en Europe, aux Etats-Unis et au Japon, mais « l’Asie est stable sur l’année en raison de l’évolution de la situation sanitaire en Chine », souligne le groupe.
La rentabilité est stable avec une marge opérationnelle courante de 26,6%.
Le géant du luxe reste porté par sa division phare Mode et Maroquinerie (Louis Vuitton, Dior, Celine, Fendi…) dont les ventes ont progressé de 25%, pour atteindre 38,65 milliards d’euros.
Louis Vuitton a, pour la première fois, franchi la barre des 20 milliards d’euros de chiffres d’affaires l’an passé, a indiqué Bernard Arnault, lors d’une conférence avec des analystes.
Début janvier, le groupe a annoncé renouveler la tête de ses deux plus grandes marques Louis Vuitton et Dior, avec la nomination de Pietro Beccari à la tête de la première et de Delphine Arnault, fille de Bernard Arnault, aux commandes de la seconde.
LVMH qui a dépassé le seuil des 400 milliards d’euros de capitalisation boursière, une première pour une entreprise européenne, versera un dividende de 12 euros par action à ses actionnaires.
Il était de 10 euros sur l’exercice précédent.
2022 aura aussi été l’année où Bernard Arnault est devenu avec sa famille la première fortune mondiale devant Elon Musk, patron de Tesla, SpaceX et Twitter, selon le classement de Forbes.
C’est une honte durant ce temps « certains meurent de faim ou de froid » A ne pas en douter il ne sera pas les cortéges du 31 janvier 2023 à venir
Accusé par des ONG de pratiques commerciales trompeuses, le groupe pétrolier TotalEnergies est visé par une enquête du parquet de Nanterre suite à une plainte au pénal.
TotalEnergies fait depuis fin 2021 l’objet d’une enquête préliminaire pour « pratiques commerciales trompeuses »dans le domaine de l’environnement.
Révélée par Mediapart, cette information a été confirmée par le parquet de Nanterre à la suite d’une plainte au pénal.
Cette enquête a été ouverte à la suite d’une plainte au pénal, en octobre 2020, de plusieurs associations de défense de l’environnement.
Ces dernières accusent notamment la multinationale de dégradation de l’air, a précisé le parquet.
En avril 2022, ce collectif d’associations (Wild Legal, Sea Sheperd France et Darwin Climax Coalitions) a déposé une nouvelle plainte, reprochant à TotalEnergies « d’autres pratiques » à l’origine selon elles « d’un écocide », a expliqué le ministère public.
Encore à l’étude, cette nouvelle plainte n’a pas, à ce stade, provoqué l’ouverture d’une enquête ou été jointe aux investigations en cours.
Contacté, TotalEnergies n’avait pas réagi dans l’immédiat.
Si le délit est qualifié, la décision ouvrirait la voie à des sanctions pour « greenwashing », ce qui constituerait une première en France.
Il serait réellement temps d’agir face à ceux qui se nourrissent d’Or Noir dans les deux sens.
Puis la hausse à la pompe elle se poursuit…..
« LES STOCKS SONT PLEINS »: LES PROFESSIONNELS DU CARBURANT VEULENT RASSURER LES AUTOMOBILISTES.
Soyez rassurés c’est pour mieux vous VOLER
Parce que « les stocks des stations services sont pleins », les 48 heures de grève dans les raffineries à l’appel de la CGT ne devraient avoir qu’un impact limité pour les automobilistes.
Le mouvement contre la réforme des retraites ne cesse de s’amplifier. Et à l’approche de la journée de mobilisation interprofessionnelle du 31 janvier, certains secteurs ont décidé d’entrer dans l’action.
C’est le cas dans les raffineries, où la CGT Pétrole appelle à la grève pendant 48 heures à partir de ce jeudi.
Si cette grève contre la réforme des retraites va indéniablement avoir un impact, il n’est pas (encore) nécessaire de se précipiter dans votre station service pour faire le plein.
Car même en cas d’interruption des livraisons au départ des raffineries ou « des baisses de débits », « les stocks des stations-service sont pleins, les dépôts français sont pleins », assure au micro Francis Pousse.
Monsieur Pousse, sans jeu de mot, vous portez bien votre nom, nullement un reproche sauf un constat de base au passage.
« Le fait de se ruer à la pompe va contraindre plus rapidement les stocks et c’est a ce moment là qu’on aura des difficultés », prévient le président « distributeurs de carburants » au syndicat Mobilians.
« Pas de panique »
Le cofondateur d’Essence & Co, qui permet de localiser des stations près de chez soi, n’est pas non plus inquiet.
« Aujourd’hui, il y a de l’essence dans toutes les stations, c’est anecdotique les stations qui ont des difficultés d’approvisionnement.
Ça reste très limité sur le territoire français à cette heure-ci » indique-t-il.
La semaine dernière déjà, le mot d’ordre était le même lors de la mobilisation interprofessionnelle du 19 janvier: « pas de panique » lançait Patrick Pouyanné, tout laisse penser qu’il ne parle que pour « Lui »
« Les stocks sont pleins, les stations-service sont bien alimentées (…)
Certains veulent faire des achats de précaution mais ces achats de précaution sont dangereux, ils peuvent mettre le système en tension inutilement », expliquait le patron de Total Energies.
Et le mouvement n’avait déjà pas causé de pénuries: le 19 janvier dans la matinée, moins de 2% des stations-service françaises étaient à court soit d’essence soit de gazole. C’est TOTALEMENT FAUX….ndlr il n’a pas du sortir sur le terrain.
En revanche, si jamais le mouvement dans les raffineries devait durer plusieurs jours comme en octobre 2022, des pénuries effectivement pourraient survenir. « Les stocks peuvent largement absorber » une première grève de 24 heures, mais « certaines stations d’autoroute pourraient fermer », prévenait Eric Sellini, responsable CGT chez Totalénergies.
EN DIRECT – RETRAITE À 64 ANS: POUR COQUEREL, LES ÉLUS QUI LA PORTENT « NE CONNAISSENT PAS LE TRAVAIL PÉNIBLE »
« Pas une bonne nouvelle » mais « responsable »: le rapporteur de la réforme des retraites défend le texte
Face aux difficultés à convaincre les Français, très réticents au recul de l’âge de départ à la retraite, le rapporteur général de la réforme auprès de la commission des Finances, assume.
« Dire aux Français qu’il vont travailler plus longtemps, ce n’est pas une bonne nouvelle, ce n’est pas populaire mais c’est responsable », a défendu ce mardi Jean-René Cazeneuve auprès de ses collègues.
A ne pas en douter elle prêche pour sa paraoisse, pour ne pas soumettre cette REFORME A REFERENDUM?
Pour Éric Coquerel, les élus qui défendent la retraite à 64 ans ne « connaissent pas le travail pénible »
Le président de la commission des Finances et ses membres ont commencé à se pencher sur une partie des amendements déposés pour la réforme des retraites.
« Tous ceux qui conseillent de travailler 2 ans de plus ne connaissent pas le travail pénible », a tancé Éric Coquerel, député LFI.
Olivier Dussopt n’est pas favorable aux sanctions financières des entreprises qui n’embauchent pas assez de seniors.
Faut-il sanctionner les entreprises qui n’emploient pas suffisamment de seniors ou qui ont tendance à la écarter à l’approche de la retraite?
Alors qu’un amendement au projet de loi de réforme des retraites vise à établir des sanctions financières pour les entreprises qui n’emploieraient pas suffisamment de seniors, Olivier Dussopt a rappelé qu’il n’était pour le moment guère favorable à un système de bonus/malus préférant dans un premier temps l’incitation et la négociation.
iL EXISTE AUSSI DES NAINS DE JARDINS, ce Monsieur sait-il de quoi il parle, nous émettons de forts et grands doutes.
« Nous voulons créer un index qui va mesurer l’implication des entreprises sur le travail des séniors, rappelle le ministre du Travail.
La première obligation pour les entreprises de plus de 300 salariés, c’est de remplir cet index et publier les résultats.
Les entreprises qui ne respecteront pas cette obligation de transparence auront des sanctions financières.
En cas de dégradation de l’emploi des seniors, les entreprises seront obligées de négocier un accord sur l’emploi des seniors avec leurs organisations syndicales. »
Fermeture des mairies le 31 janvier: Dussopt dénonce un « problème moral » et « politique »
« Un vrai problème moral ou politique ».
Olivier Dussopt dénonce la fermeture à venir de certaines mairies lors de la seconde mobilisation intersyndicale, mardi 31 janvier.
Parmi elles, celle de Paris, qui gardera porte close « en solidarité avec le mouvement sociale » a annoncé Anne Hidalgo, maire socialiste de la capitale.
Monsieur « Dussopt » avez-vous un sens pour prendre le sens obligatoire, de la « MORALE POLITIQUE »?
« J’ai un peu le sentiment qu’elle confond les services municipaux avec une annexe du Parti socialiste »,cingle en retour le ministre du Travail.
« Ca me pose un problème […] dans la mesure où je considère que, parmi les Parisiens, toutes celles et ceux qui sont favorables à la réforme ou n’y sont pas opposés, vont être privés de l’accès à des services publics auxquels ils ont le droit, du fait de l’engagement politique de la maire de Paris ».
Puis vous Monsieur, quel votre rôle allez le plus franchement ? Vous savez que vous êtes sur in siège éjectable ?