Départ et découverte du Niger
Départ et découverte du Niger
Elle est ouverte à Monsieur le Président de la République française ainsi qu’à l’ensemble des gouvernements précédents depuis 1958. La valeur d’un pays d’une nation. Loin d’être simplement une colonie. Que l’on exploite à convenance. Tel que les politiques le souhaitent.
« L’exploitation du pire ennemi de l’homme, son voisin avide » Une des preuves
Le passage de cet article est issu d’un ouvrage écrit. Sur des faits qui se sont effectivement déroulés à partir de 1960. Ils sont de la plus grande authenticité. Par ailleurs, ils figurent dans un ouvrage qui fut publié. Sous le titre de L’Ignorant, auteur du présent article.
Niger : Mohamed Bazoum, un démocrate inflexible rattrapé par son armée
Ancien syndicaliste enseignant connu pour son franc-parler, le président nigérien, actuellement retenu par les militaires, a toujours assumé sa proximité avec la France, malgré les critiques.
De la Mauritanie jusqu’au Soudan, il est le dernier des présidents civils au Sahel. Mohamed Bazoum, séquestré par des éléments de sa propre garde présidentielle, a passé la première moitié de sa vie à batailler contre les régimes militaires. L’ancien syndicaliste enseignant fut, en 2021, le premier chef de l’Etat de l’histoire du Niger à arriver au pouvoir à l’issue d’une succession électorale pacifique. A 63 ans, rattrapé par cette armée dont il s’est toujours méfié.
Démocratie malmenée, Bazoum, né en 1960, année de l’indépendance du Niger. D’abord, pendant longtemps, dans l’opposition. Avec Mahamadou Issoufou, il a cofondé en 1990 le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS). Quand son camarade de lutte accède finalement au fauteuil présidentiel en 2011, le député Bazoum devient son ministre des Affaires étrangères, un poste qu’il avait occupé plus tôt sous la présidence de Mahamane Ousmane, interrompue – déjà – par un coup d’Etat. Il sera ministre de l’Intérieur, figure numéro 2 officieux du régime Issoufou.
Dans un pays conservateur, les plus démunis de la planète, Mohamed Bazoum fait de l’éducation des jeunes filles l’un des piliers de sa campagne, priorité de sa présidence. Une façon, de lutter contre une démographie galopante qui annule les efforts de développement.
Désigné comme dauphin, après les deux mandats de son vieil ami. L’expérimenté Bazoum sait qu’au Niger l’élection se gagne dans les campagnes : en 2020, sa caravane rose – la couleur du parti – sillonne sans relâche ce pays rural, plusieurs mois avant le scrutin. « Pour écouter le pays profond et les doléances des gens ». Bazoum continue à tisser la toile nationale du PNDS – un puissant réseau clientéliste de notables et d’hommes d’affaires – d’une efficacité redoutable.
Pendant la campagne, une partie de l’opposition ose l’attaquer sur son appartenance nationale, lui, l’Arabe de la tribu des Ouled Slimane, ultra minoritaire au Niger. Bazoum est pourtant né en 1960 à Bilabrine dans la région de Diffa, dans le sud-est du pays, a attesté la Cour constitutionnelle. « Bazoum n’est pas nigérien ?» Rugissements outragés de ses supporteurs. Peut-être est-ce un héritage de ses années d’enseignement : Bazoum est un penseur structuré, mais tout sauf un intellectuel de salon. Orateur chevronné, la voix rocailleuse porte même sans micro.
Un président connu pour son franc-parler
Le candidat échoue à asséner son « coup KO » dès le 1er tour, mais remporte la victoire aux points au second en recueillant 55,7 % des suffrages. Deux jours avant son investiture, le 31 mars 2021, une tentative de coup d’Etat fait trembler Niamey. Putschistes stoppés par la garde présidentielle. La même unité d’élite, censée protéger le chef de l’Etat, qui tient Bazoum en otage depuis.
Le président du Niger connu pour son franc-parler, qui plaît souvent aux journalistes français. Il n’hésite pas à froisser ses interlocuteurs s’il estime avoir raison. A Paris, devant les chefs d’Etat réunis « Comme tous les pays pauvres, nous serons opposés à nous priver des énergies fossiles contenues dans notre sous-sol. » pays conservateur, parmi les plus démunis de la planète, il fait de l’éducation des jeunes filles le pilier de sa campagne et une priorité de sa présidence. Une façon, aussi, de lutter contre une démographie galopante qui annule tous les efforts de développement.
« Je n’éprouve aucun complexe à revendiquer mon amitié avec la France »
Bazoum a toujours assumé sa proximité avec la France, sachant pertinemment qu’à chacun de ses passages à l’Elysée, il s’attire les foudres des foules souverainistes d’Afrique francophone. Les mêmes qui ont soutenu les coups d’Etat au Mali et au Burkina Faso voisins. « Pour moi et pour tous ceux qui ont un minimum de lucidité politique, cette opinion n’a aucune valeur. Je suis le produit d’un processus de combat démocratique dans lequel j’ai pris des risques physiques sous les régimes militaires. Et je me contrefiche de ce que ces gens-là peuvent penser de moi. » Ou encore, en 2021, dans un long discours combatif prononcé à Niamey : « Je n’éprouve aucun complexe à revendiquer mon amitié avec la France. Ceux qui me critiquent ne savent pas d’où je viens, moi.
Le départ des soldats de l’opération « Barkhane » du Mali, chassés par la junte à Bamako, et celui des forces spéciales de «Sabre» à Ouagadougou, renvoyés par les putschistes burkinabè, le Niger est devenu le seul pays de la zone dite «des trois frontières» – où sévissent des groupes jihadistes affiliés à Al-Qaeda et à l’Etat islamique – à accueillir des soldats français sur son sol. Dans la région de Tillabéri, au nord de Niamey, la situation sécuritaire reste très dégradée, le Niger semblait, ces derniers mois, relativement mieux contenir la progression des insurgés islamistes que ses voisins.
Une armée choyée pour lutter contre les jihadistes
Bazoum menait de front quatre stratégies, au gré des opportunités : le dialogue avec les groupes jihadistes, quand il est possible ; le partenariat avec les forces étrangères – française, européenne ou américaine ; le recrutement massif de jeunes locaux dans la garde nationale. Le renforcement des capacités de son armée. Paradoxalement, celle-ci n’a sans doute jamais été aussi choyée. Une nécessité sécuritaire, fragilité pour le pouvoir de Bazoum. Dix de ses officiers supérieurs ont choisi de se retourner contre ce démocrate acharné, dans la nuit, en proclamant le coup d’Etat.
Les réalités du terrain
En 1976, est créée la Compagnie générale des mines, avec un capital de 4,7 milliards de francs. Elle succède à la « direction de la production » du CEA (la « DP »). Elle englobe toutes les activités de production d’uranium du Commissariat à l’Énergie atomique, à savoir l’exploitation de l’uranium en France et en Afrique francophone, et notamment au Niger.
2007, Areva est accusé par le gouvernement nigérien de connivence avec la nouvelle rébellion Touareg du Mouvement des Nigériens pour la justice, qui opère dans les régions septentrionales du Niger. Le Niger et Areva avaient renouvelé jusqu’à fin 2007 les accords qui les lient. Le prix de l’uranium va augmenter et le Niger va pouvoir vendre directement pour son propre compte 300 tonnes sur le marché. La même année, la Compagnie nucléaire nationale chinoise s’associe à l’État nigérien pour exploiter l’uranium dans la région d’Azelik.
Areva annonce en 2008 des investissements majeurs (plus d’un milliard d’euros) sur la mine à ciel ouvert d’Imouraren, la conclusion d’un accord avec les autorités nigériennes. Il est prévu de créer des emplois directs sur ce site qui devrait devenir la plus grande mine d’uranium d’Afrique de l’Ouest. 2010, cinq collaborateurs de Satom, filiale de Vinci, un collaborateur d’Areva son épouse sont enlevés à Arlit, nord du Niger. À la suite de cet enlèvement, les deux entreprises évacuent leurs expatriés du nord du Niger. Des mesures de sécurité sont alors définies avec les autorités nigériennes et françaises pour renforcer la protection des salariés des mines d’uranium au Niger. Les otages sont libérés en 2013. En 2009, Areva, désormais Orano, crée la société Imouraren SA dans le but d’exploiter la mine d’uranium d’Imouraren, le projet est « gelé » en 2014.
2021, la mine souterraine d’Akouta cesse sa production, ayant épuisé ses ressources ; 600 salariés sont licenciés. La décision de fermeture a été prise le 23 octobre par le conseil d’administration de la Cominak en raison de la chute des prix du minerai d’uranium sur les marchés : le kilo d’uranium est passé sur les marchés de 40 dollars en 2014 à 25 dollars en juillet 2019.
2021, l’entreprise française extrait 1 996 tonnes d’uranium métal, soit plus de 30 % de sa production mondiale annuelle. D’une manière générale, la France importe l’uranium nigérien représentant dans les années 2020 de 15 à 17 % des importations françaises.
Statistiques
1971 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2009 2016
Uranium extrait (tonnes)
410 1306 4132 3181 2832 2974 2898 3093 3245 3949
Impossible en un seul extrait de comprendre le séisme qui frappe le Niger et l’ensemble de l’Afrique. Ces faits de 2023 étaient réellement sous-jacents et cela depuis son indépendance en 1960. Qui démontre de façon outrancière et masse de magouilles, l’ensemble de valeurs politiciennes de la France et l’ensemble de l’Europe depuis la colonisation.
En revenant et refusant les plateaux de télévision, la réelle vérité sera livrée ici, la majorité des habitants issues de ce continent, ne tentent que de faire comprendre qu’ils ont été pleinement exploités. A tous les nivaux laissant les populations agraires sans la principale action qui éviterait ces coups d’états répétitifs, c’est « L’eau » puis assistons indéniablement à l’exploitation d’humains par d’autres puissances venus d’un autre monde. Cela laisse la majorité de ces populations dans une pauvreté morbide. C’est un scandale planétaire. Ces révoltes étaient perceptibles réellement et vous découvrirez par la suite les présentes affirmations qui représentent plus que de la misère humaine.
« L’exploitation du pire ennemi de l’homme, son voisin avide » Une des preuves
Puis pour les réels passionnés voici masse de Preuves merci Messieurs
A suivre…/…
Le Panda
Patrick Juan
Niger, Mali, Burkina Faso : l’échec d’Emmanuel Macron au Sahel
Malgré la volonté affichée dès son élection de transformer l’image de la France en Afrique, le chef de l’Etat essuie les revers diplomatiques.
Après trois coups d’Etat dans la région, le putsch nigérien offre une illustration supplémentaire des dégradations des relations entre Paris et les pays ouest-africains.
C’était un joli coup.
Pour présenter sa politique africaine, ou plutôt «la nouvelle page de la relation entre l’Afrique et la France», le président Emmanuel Macron s’était rendu à l’université Joseph-Ki-Zerbo de Ouagadougou.
«On m’a dit, ici c’est un amphithéâtre marxiste et panafricain», lance-t-il ce 28 novembre 2017, aussitôt après avoir paraphrasé la formule «Oser inventer l’avenir» du leader révolutionnaire burkinabè Thomas Sankara.
Dans sa besace, d’ailleurs, la promesse de déclassifier les archives des administrations françaises pour contribuer à la vérité sur l’assassinat en 1987 de l’icône Sankara.
Mais aussi celle de tisser des liens avec cette jeunesse africaine prise entre «opportunités» et «difficultés».
Le président de 39 ans est à l’aise. Lui qui, rappelle-t-il, est né après les indépendances et a savouré la victoire de Nelson Mandela.
Les échanges avec les étudiants fusent, intenses.
Ils sont aussi ponctués de coupures de courant.
En pleine tirade sur l’énergie, Macron s’empare soudain de ce prétexte pour casser l’image de la «présence coloniale» française : ce n’est pas à lui de régler ces délestages électriques, dit-il, mais au président burkinabè assis à côté.
Lequel se lève, quitte la salle. «Reste là…» tente le chef de l’Etat français, sourire amusé, qui enchaîne : «Il est parti réparer la climatisation.»
Silence gêné de l’assemblée.
Des deux heures de discours et d’échanges censés poser le socle de la nouvelle donne france-africaine, il ne restera que cette séquence surcommentée.
«Dégradation des relations»
Largement perçue comme une humiliation, elle cristallise l’image d’un dirigeant trop arrogant, «sur un continent où savoir mettre les formes compte, ce que Chirac avait bien compris», selon un diplomate burkinabè.
«Il semblait très jeune pour entrer dans le jeu diplomatique, mais avec une volonté affichée de faire mieux que les autres», ajoute un professeur d’histoire à l’université Ki-Zerbo.
C’était un joli coup, mais déjà un coup perdu, le premier d’une longue série en Afrique.
La vidéo sur la «clim» rejaillit sur les réseaux sociaux dès ce 26 juillet, alors que le président nigérien Mohamed Bazoum est renversé et que son pays est le quatrième à entrer dans la valse des coups d’Etats en Afrique de l’Ouest (après le Mali, la Guinée et le Burkina Faso) depuis 2020.
Comme pour moquer ce nouveau revers du chef de guerre Macron.
Au Sahel meurtri par les violences des groupes jihadistes malgré le déploiement en 2013 de l’opération militaire Serval (devenue Barkhane en 2014), les coups sont durs, sur fond de campagnes de désinformation.
L’histoire bégaie et s’accélère follement.
A Niamey, l’ambassade de France a été attaquée par des manifestants le 30 juillet.
Plus de mille ressortissants français ont été évacués.
Ce jeudi, RFI et France 24 ont été suspendues, et les putschistes dirigés par le général Abdourahamane Tiani ont dénoncé les accords militaires avec Paris.
«Au Mali, la dégradation des relations avec la France s’est étalée sur plusieurs mois.
Elle a germé en juillet 2021 sur fond de négociation de la junte malienne avec le groupe russe Wagner, pour culminer avec le renvoi de l’ambassadeur de France annoncé le 31 janvier 2022.
Au Burkina Faso, c’est allé plus vite : les accords de coopération militaire avec la France ont été dénoncés quatre mois après le deuxième coup d’Etat du 30 septembre 2022.
Dans les deux cas, la France a été à la remorque des événements, en état de sidération.
Au Niger, les putschistes battent des records de vitesse», résume Yvan Guichaoua, enseignant chercheur à la Brussels School of International Studies.
C’est le putsch de trop pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) présidée par le Nigérian Bola Tinubu, qui n’exclut pas une intervention militaire pour rétablir le président Bazoum .
Paris «ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts», et répliquera «de manière immédiate et intraitable», abonde l’Elysée le 30 juillet.
«Condescendance persistante»
Au Niger, l’avenir des soldats français est incertain.
Ils sont environ 1 500 depuis le retrait de Barkhane du Mali, amorcé en février 2022, et de la force spéciale Sabre chassée du Burkina Faso un an plus tard.
«On ne peut pas aider quelqu’un contre son gré, l’armée française doit quitter le Sahel où elle est perçue comme une force d’occupation, estime un universitaire burkinabè spécialisé dans les relations internationales.
Par ailleurs elle n’a pas réussi à changer les mentalités, de nombreux officiers africains dénoncent une condescendance persistante à leur égard.»
Transformer l’image de la France en Afrique et s’extraire du prisme militaire était à l’agenda du premier quinquennat.
Ouverture vers l’Afrique anglophone, chantiers mémoriels (rapport Sarr-Savoye sur la restitution du patrimoine culturel africain, rapport Duclert sur le rôle de la France au Rwanda de 1990 à 1994, rapport Stora sur la mémoire et la colonisation de la guerre d’Algérie), diplomatie économique, culturelle et sportive…
Le 21 décembre 2019, Emmanuel Macron et son homologue ivoirien ont également annoncé à Abidjan la fin du franc CFA, monnaie commune de 14 pays africains héritée de la colonisation.
Nouvelles maladresses, alors que les discussions sur une nouvelle monnaie commune, l’éco, étaient en cours ?
«La France a fait sa part, répond une source diplomatique.
Le compte du Trésor français qui centralisait 50 % des réserves de change des pays de la zone franc a été fermé.»
«Changer de logiciel, à la fois d’un point de vue opérationnel et du point de vue des mentalités, cela prend du temps», poursuit cette source, qui invoque la persistance du «rejet viscéral de la Françafrique».
Pour autant, Emmanuel Macron n’a cessé de s’afficher avec les présidents congolais Denis Sassou-Nguesso ou tchadien Idriss Deby (père et fils), symboles de cette Françafrique.
Une contradiction qui nourrit peut-être le rejet de la France au Sahel. Yvan Guichaoua cite un autre décalage entre les discours et les actes dans cette zone tumultueuse : «La France projette systématiquement ses anxiétés géopolitiques sur l’Afrique, que ce soit à travers la guerre contre la terreur ou à travers le prisme de l’influence russe, turque ou chinoise.
Mais cela ne prend pas en compte les enjeux et préoccupations locaux.»
Difficultés
Putsch au Niger : «Une opération de restauration du pouvoir par la Cédéao se heurterait à plusieurs obstacles»
Chercheur à l’Ifri, Elie Tenenbaum analyse les enjeux opérationnels, stratégiques et politiques d’une éventuelle intervention militaire des pays voisins pour rendre le pouvoir au président démocratiquement élu Mohamed Bazoum.
Deux jours avant la fin de l’ultimatum lancé aux putschistes, les représentants de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) auraient quitté le Niger sans avoir pu rencontrer leur chef, le général Abdourahamane Tchiani.
Regroupant quinze Etats dont le Niger, le Nigeria, la Côte-d’Ivoire et le Sénégal, l’organisation intergouvernementale régionale menace les nouveaux maîtres de Niamey de remettre au pouvoir par la force le président Mohamed Bazoum, élu démocratiquement et détenu depuis le 26 juillet par la junte.
Pour Elie Tenenbaum, directeur du Centre des études de sécurité de l’Institut français des relations internationales (Ifri), la probabilité d’une intervention militaire croît, mais reste très difficile à réaliser.
Une intervention militaire de la Cédéao est-elle crédible ?
La tentation de l’intervention militaire augmente et sa probabilité s’est accrue ces derniers jours du fait de la radicalité du pouvoir putschiste, qui se montre très réticent aux négociations.
Sur le plan international, la rupture annoncée avec la France ressemble à une fuite en avant.
Après les coups d’Etat au Mali et au Burkina Faso, les chefs d’Etat de la Cédéao craignent l’effet domino dans les pays de la région et parmi les Etats membres.
Se sentant menacés, ils semblent décidés à ne pas laisser passer.
Il y va de la crédibilité même de la Cédéao, qui a pour vocation de maintenir les pouvoirs démocratiques en place depuis les années 90, que l’on voit pourtant tomber les uns et les autres.
Mais une opération de restauration du pouvoir se heurterait à trois obstacles, sur les plans opérationnels, stratégiques et politiques.
Quels sont les écueils tactiques et opérationnels ?
Libérer le président Bazoum nécessite une opération de «vive force», sans que sa vie soit mise en danger.
C’est extrêmement délicat.
Cela réclame des compétences de type forces spéciales et une capacité d’intervention aérienne sur Niamey.
Or, les armées de l’Afrique de l’Ouest cumulent les difficultés sur le plan matériel et sont orientées sur la sécurisation de leur propre territoire, et non pas sur une gestion de crise à l’extérieur de leurs frontières.
Leurs forces spéciales peuvent faire du contre-terrorisme et de la libération d’otages, mais pas forcément à plusieurs centaines ou milliers de kilomètres.
Au cas où l’opération soit un succès, quels seraient les défis à affronter ?
Le succès d’une opération de restauration du pouvoir dépend de la capacité à sécuriser dans la durée le régime rétabli.
C’est loin d’être évident dans le cas du Niger, car les causes de la chute du régime démocratique ne peuvent pas être ignorées, pas plus que l’absence de manifestations majeures de la société civile en soutien au président Bazoum – même s’il est difficile d’affronter un pouvoir militaire qui a choisi dès le début la voie de la répression.
Une fois que vous avez emprisonné les chefs de la junte et libéré le président, ce qui en soi est déjà difficile, vous entrez dans une logique d’occupation et de sécurisation du territoire, qui pourrait prendre beaucoup de temps et nécessiter beaucoup de moyens.
A cause d’un probable veto russe, il est difficile d’imaginer une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, ce qui mettrait à mal la légalité d’une telle intervention.
Malgré les aspects éthiques et démocratiques légitimes, ce serait, de fait, une ingérence étrangère majeure dans un pays voisin, alors que la Cédéao met au cœur de ses valeurs le respect de la souveraineté de ses Etats membres.
Quelles sont les capacités militaires de la Cédéao ?
Lancé dans les années 2000, le projet de «Forces africaines en attente» devait placer des contingents nationaux de manière permanente sous l’autorité de la Cédéao et d’autres organisations régionales.
Mais il n’a jamais vu le jour.
Et sur le plan militaire, la Cédéao n’est aujourd’hui que la somme de ses composantes.
Il faudrait que chaque pays envoie des contingents nationaux en urgence, comme l’a proposé le Sénégal, dans le cadre d’une coalition avec une forme de mandat politique.
Mais il est difficile d’imaginer une opération pensée, planifiée et commandée par un état-major commun qui n’existe que sur le papier.
Une participation de la France et des Etats-Unis serait-elle envisageable ?
Paris et Washington seraient des partenaires difficilement contournables, au moins sur le plan du renseignement et du transport aérien.
Evidemment, la présence de 1 500 personnels des forces françaises à Niamey, aguerris et opérationnels, serait un game changer.
Mais sur le plan politique, je vois mal une appétence française pour une participation significative, alors que le président Macron a appelé à réduire l’action, la visibilité et les bases de la France en Afrique de l’Ouest.
Même à l’initiative de la Cédéao, ce serait évidemment vu comme un retour de l’interventionnisme militaire en Afrique de la France, qui dans l’histoire a contribué à faire tomber des régimes ennemis et restaurer des régimes amis.
Mais le contexte est mouvant, et avec la dénonciation par la junte des accords militaires avec Paris, la présence militaire française va devenir vite insoutenable : soit il faudra s’imposer par la force, soit il faudra plier bagage.
Et une aide américaine ?
En faisant appel aux Américains dans une tribune envoyée au Washington Post, Bazoum convoque moins les fantômes de la Françafrique post-coloniale.
Cela révèle une relation solide et ancienne avec les Etats-Unis, qui ont des forces réduites et discrètes, mais très présentes, avec notamment un statut de conseiller, des drones et une base de la CIA à Agadez.
Après l’embuscade de Tongo Tongo, en 2017, où quatre Bérets verts des forces spéciales américaines ont été tués par des combattants de l’Etat islamique au Grand Sahara, les missions d’accompagnement au combat ont été abandonnées, mais le Niger joue toujours un rôle essentiel pour les Etats-Unis en termes de renseignement et de lutte contre le terrorisme.
S’il y avait, par exemple, un appel de l’opinion publique américaine dans des circonstances humanitaires, on pourrait imaginer une action significative.
Mais d’après ce que l’on comprend des priorités de l’administration Biden, qui prône une certaine retenue en termes d’action militaire à l’étranger, l’Afrique est en bas des priorités stratégiques américaines.
Quelle est la position des pays voisins ?
Le Tchad ne s’est pas inscrit dans une logique de condamnation du putsch, mais plutôt en médiateur, alors qu’il a clairement les forces spéciales les plus capables de la zone.
Le Bénin se pose aussi en médiateur et le Cameroun n’a pas vraiment de position.
Les puissances militaires performantes les plus connues, comme le Rwanda et l’Afrique du Sud, sont éloignées.
Quant au soutien que pourraient recevoir les putschistes nigériens de la part du Mali et du Burkina Faso, il paraît militairement compliqué.
Le Burkina Faso a une toute petite armée largement dépassée par ses propres manœuvres sécuritaires, et le territoire entre le Mali et le Niger est aux mains du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, une organisation affiliée à Al-Qaeda, et de l’Etat islamique au Grand Sahara.
Dans ces conditions, un soutien rhétorique ou une contribution symbolique seraient envisageables, mais acheminer des contingents significatifs pour protéger la junte nigérienne serait étonnant en termes de priorités.
Crise au Niger : le Mali et le Burkina Faso se posent en alliés.
Analyse La crise au Niger a des répercussions au-delà de ses frontières.
Notamment au Mali et au Burkina Faso, États voisins gouvernés par une junte militaire, où la situation à Niamey est particulièrement scrutée.
Niger : Bazoum appelle à l’aide, les putschistes menacent
Les putschistes du Niger dénoncent des accords de coopération avec Paris, limogent quatre ambassadeurs et promettent une « riposte immédiate » à « toute agression. »
Les putschistes de Niamey limogent les ambassadeurs de leur pays en France, au Etats-Unis et au Togo et au Nigéria.
Dans la même déclaration, le général Abdourahamane Tiani a annoncé avoir annulé les accords militaires concernant le stationnement au Niger des 1 500 soldats français.
La France a rapatrié 577 de ses ressortissants, mais l’évacuation de ses soldats n’est pas prévue.
La junte nigérienne promet par ailleurs une « riposte immédiate » à « toute agression » de la part de la Cedeao.
De leur côté, les Etats-Unis appellent à nouveau à la « libération (…) du président (Mohamed) Bazoum »
Le président nigérien s’est pour sa part exprimé dans une tribune publiée dans le Washington Post où il met en garde contre les conséquences « dévastatrices » du coup d’Etat pour le monde et le Sahel.
Jeudi, en fin de journée, des milliers de personnes ont manifesté à Niamey en soutien aux putschistes et contre la présence française dans le pays.
COUP D’ÉTAT: LES PUTSCHISTES RETIRENT LES AMBASSADEURS DU NIGER EN FRANCE ET DANS TROIS AUTRES PAYS
Alors que les putschistes nigériens ont dénoncé les accords militaires de « coopération » avec la France, l’ambassadeur du pays dans l’Hexagone va être retiré, tout comme celui aux États-Unis, au Togo et au Nigeria.
Les militaires auteurs d’un coup d’État au Niger ont annoncé jeudi soir mettre « fin » aux « fonctions » d’ambassadeurs du Niger en France, aux États-Unis, au Nigeria et au Togo, dans un communiqué lu à la télévision nationale, au moment où les pressions pour rétablir l’ordre constitutionnel se multiplient internationalement.
« Il est mis fin aux fonctions des ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de la république du Niger (…) auprès de la république française », du « Nigeria », auprès de « la république togolaise » et « auprès des États-Unis », a déclaré un des putschistes.
Les accords militaires remis en question
Plus tôt dans la soirée, les militaires qui ont renversé le président élu Mohamed Bazoum ont déclaré dénoncer plusieurs accords militaires conclus avec la France, qui concernent notamment le « stationnement » du détachement français et le « statut » des militaires présents dans le cadre de la lutte antijihadiste, dans un communiqué lu à la télévision nationale.
« Face à l’attitude désinvolte et la réaction de la France relativement à la situation » du Niger, « le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, militaires au pouvoir), décide de dénoncer les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec cet État », a déclaré un des putschistes.
Ils ont également prévenu qu’ils riposteront « immédiatement » en cas d' »agression ou tentative d’agression » contre leur pays par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), trois jours avant la fin de l’ultimatum décrété par l’organisation pour un retour à l’ordre constitutionnel.
« La Cédéao étant impersonnelle, toute agression ou tentative d’agression contre l’État du Niger verra une riposte immédiate et sans préavis des Forces de défense et de sécurité nigériennes sur un de ses membres, à l’exception des pays amis suspendus », a déclaré un des putschistes, faisant allusion au Burkina Faso et au Mali.
Niger : France 24 et RFI coupés, les deux médias dénoncent une censure militaire après le coup d’État
Selon le groupe France Médias Monde, la radio RFI est écoutée par 18 % de la population nigérienne chaque semaine.
Elle a été bloquée des ondes par les militaires.
NIGER – Le ton continue de se durcir au Niger.
La diffusion des programmes de RFI et France 24 est interrompue dans le pays.
Une censure dénoncée par le groupe France Médias Monde, responsable de ces deux médias.
Le groupe s’indigne face à « une décision prise hors de tout cadre conventionnel et légal » une semaine après le coup d’État, selon un communiqué.
Les deux médias étaient inaccessibles depuis jeudi après-midi, ont constaté des journalistes de l’AFP à Niamey. Les signaux de la station RFI en FM et de la chaîne France 24 ont été coupés « sur instructions des nouvelles autorités militaires », a indiqué à l’AFP un haut fonctionnaire nigérien.
Selon le groupe, la radio RFI comptait en 2022 1.9 million d’auditeurs chaque semaine au Niger, soit 18 %. France 24 était quant à elle suivie par un quart de la population nigérienne chaque semaine.
La France condamne jeudi « très fermement » la suspension de la diffusion des médias France 24 et RFI au Niger, où un coup d’État a renversé le président élu Mohamed Bazoum.
« La France réaffirme son engagement constant et déterminé en faveur de la liberté de la presse, de la liberté d’expression et de la protection des journalistes (…) », a déclaré le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.
NIGER: CATHERINE COLONNA JUGE « TRÈS SÉRIEUSE » LA MENACE D’INTERVENTION ARMÉE DES PAYS DE LA RÉGION
La ministre des Affaires étrangères a appelé « à mettre fin » au coup d’Etat au Niger, des « pratiques qui ne sont plus de mises ».
L’instabilité ronge toujours le Niger. Alors que depuis une semaine le président élu Mohamed Bazoum est retenu par un groupe d’officiers, la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a dénoncé un « coup d’état inacceptable », au micro de France Info, ce samedi.
« Des pratiques qui ne sont plus de mises » et « auxquelles il est temps de mettre fin ».
Ce à quoi s’évertue la Cédéao, la communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest, qui a annoncé avoir élaboré un plan en vue d’une éventuelle intervention militaire.
« Il faut prendre très au sérieux la menace de recours à une intervention par ces pays, c’est une menace crédible », déclare-t-elle, tout en espérant que les putschistes écoutent « ce que leur demandent à l’unanimité les pays de la région et l’ensemble de la communauté internationale ».
« Ces putschistes font un mal terrible à leur pays et menacent aussi la stabilité de la région », commente la cheffe de la diplomatie française. […]
Ils n’ont aucun soutien populaire. Il faut que la volonté du peuple nigérien soit respectée. «
Avez vous vécu sur place Madame pour oser parler de la sorte?
Prenez 6 mois de votre existence et allez vivre à Niamey, visitez le fond profond de l’Afrique et alors vous comprendrez que vos allégations sur le peuple nigérien sont totalement fausses et justement poussent à certaines révoltes.
Les Occidentaux dont la France ont pillé ces pays et non donnés aucune formation sociale, éducative, culturelle, et sur le plan santé une honte « Internationale »
Vous êtes une de ces causes.
Le Panda qui a vécu sur place plus de 10 années.
Je comprends que ces putschs à répititions qui pourrissent la vie de ces gens au quotidien et parfois les tue dans leur propres masures que vous nommez maisons
Patrick Juan
Coup d’État au Niger : alors que l’ultimatum va expirer, se dirige-t-on vers une intervention militaire ?
Il y a une semaine, les États de l’ouest africain réunis au sein de la Cedeao avaient donné sept jours aux putschistes pour rendre les armes et rétablir le président Bazoum dans ses fonctions.
Se dirige-t-on vers un conflit armé au Niger ?
L’incertitude demeure ce dimanche 6 août au sujet d’une éventuelle intervention militaire du bloc ouest-africain au Niger, à quelques heures de l’expiration de l’ultimatum de la Cedeao.
En effet, des critiques ont été émises dans deux pays voisins, au Nigeria et en Algérie, rendant la situation encore plus délicate à appréhender.
Dimanche dernier, la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest avait donné sept jours aux putschistes pour rétablir le président élu Mohamed Bazoum dans ses fonctions, sous peine d’utiliser « la force ».
L’ultimatum arrivera à échéance en fin de journée et pour l’heure, la junte qui a pris le pouvoir le 26 juillet à Niamey n’a montré aucune volonté de céder la place.
Des poids lourds se montrent méfiants.
Mais la perspective d’une intervention militaire des pays ouest-africains est encore loin d’être acquise pour autant.
Si ses contours ont été « définis » dès vendredi par les chefs d’État-major de la Cedeao, et que certaines armées comme le Sénégal se disent prêtes à participer, d’autres voix, critiques, s’élèvent.
Samedi les sénateurs du Nigeria, poids lourd de la Cedeao avec ses 215 millions d’habitants et qui partage une frontière de 1 500 km avec le Niger, ont appelé le président Bola Tinubu à « renforcer l’option politique et diplomatique ».
Selon la presse nigériane, une majorité de sénateurs ont exprimé leur opposition à une opération militaire, lors d’une réunion à huis clos.
Or selon la Constitution du pays, les forces de sécurité ne peuvent combattre à l’étranger sans l’aval préalable du Sénat, sauf exception en cas de « risque imminent ou danger » pour la sécurité nationale.
Samedi soir l’Algérie, qui n’est pas membre de la Cedeao mais partage près de 1 000 km frontière avec le Niger, a également émis des réserves.
Le président Abdelmadjid Tebboune a estimé à la télévision publique qu’une intervention serait « une menace directe » pour son pays.
« Il n’y aura aucune solution sans nous (l’Algérie) », a-t-il ajouté, craignant que « tout le Sahel (ne) s’embrase » en cas d’intervention.
Des voisins solidaires des putschistes.
Les putschistes de Niamey ont de leur côté promis cette semaine une « riposte immédiate » à « toute agression ».
Et ils pourraient compter sur le soutien de deux voisins : le Burkina Faso et le Mali qui ont prévenu qu’ils seraient solidaires du Niger et que toute intervention armée serait considérée comme une « déclaration de guerre » à leur encontre.
Ces pays dirigés par des juntes militaires sont toutefois confrontés, comme le Niger, à des violences jihadistes récurrentes qui mobilisent leurs troupes.
« Il faut empêcher le scénario catastrophique d’une guerre », a alerté de son côté un collectif de chercheurs, spécialistes du Sahel, dans une tribune publiée samedi 5 août au soir dans Libération.
« Une guerre de plus au Sahel n’aura qu’un vainqueur : les mouvements jihadistes qui depuis des années construisent leur expansion territoriale sur la faillite des États », écrivent-ils.
Dimanche matin, les rues de la capitale Niamey étaient calmes, mais de nombreux résidents de la capitale – fief de l’opposition au président déchu – espèrent éviter une intervention militaire.
« Si la Cedeao intervient, ça va encore aggraver la situation.
Mais les gens sont prêts et la population va soutenir les nouveaux dirigeants, parce que nous voulons du changement », assure à l’Agence France presse Jackou, commerçant dans le textile, à l’intérieur de sa boutique.
La stabilité de la région menacée, pour Paris.
La Cedeao et les pays occidentaux réclament de leur côté un retour à l’ordre constitutionnel et la libération du président Mohamed Bazoum, retenu prisonnier des putschistes depuis le coup d’État.
La France a notamment indiqué samedi appuyer « avec fermeté et détermination » les efforts de la Cedeao pour faire échouer la tentative de putsch, estimant qu’il en allait « de l’avenir du Niger et de la stabilité de toute la région ».
Les relations entre la junte et l’ancienne puissance coloniale se sont dégradées ces derniers jours.
Dernière preuve de cette brouille : les putschistes ont dénoncé jeudi soir des accords de coopération militaire et sécuritaire avec Paris, qui déploie au Niger 1 500 soldats pour la lutte antiterroriste.
Au risque de perdre le soutien de la France face à la menace jihadiste ?
Si Paris a pour l’heure écarté cette option, l’absence de retour à l’ordre constitutionnel pourrait faire évoluer la position du Quai d’Orsay.
Coup d’État au Niger : la Cedeao annonce déployer des troupes pour « restaurer l’ordre constitutionnel »
Quatre jours après l’expiration de son ultimatum, la Cedeao a finalement décidé d’intervenir.
D’après le président ivoirien Alassane Ouattara, une opération militaire peut débuter « dans les plus brefs délais ».
C’est une issue qui suscite autant de craintes que d’espoirs.
Ce jeudi 10 août, les quinze pays d’Afrique de l’Ouest réunis au sein de la Cedeao ont pris une décision qui les rapproche d’une intervention militaire au Niger, où une junte a pris le pouvoir après avoir renversé le président Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier, puisque les dirigeants ont acté « l’activation » de leur force.
Selon le président ivoirien Alassane Ouattara, le but est désormais qu’une opération militaire « démarre dans les plus brefs délais », si les putschistes ne coopèrent toujours pas.
À la fin de leur sommet extraordinaire organisé à Abuja, au Nigeria, les dirigeants de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest ont ainsi annoncé jeudi soir la mobilisation et le déploiement de « la force en attente de la Cedeao pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger », comme l’a déclaré le président de la Commission, le Gambien Omar Touray.
Et d’ajouter, néanmoins, que « la priorité est donnée à la résolution pacifique » de la crise.
« Convaincre » les putschistes de renoncer, mais…
À la tête de la Cedeao, le président du Nigeria, Bola Tinubu, a en effet insisté sur le fait que s’il n’était pas écarté et que « personne d’autre ne le ferait » à la place de la Communauté, l’usage de la force n’aurait lieu qu’en dernier recours.
« Nous devons impliquer toutes les parties, y compris les putschistes, dans des négociations sincères visant à les convaincre de rendre le pouvoir et de restaurer le président Bazoum dans ses fonctions », a-t-il précisé.
« C’est notre devoir d’éprouver tous les moyens de discussion possible pour obtenir un retour rapide à l’ordre constitutionnel au Niger », a ajouté le président nigérian, lançant un « tout n’est pas perdu » invitant à un optimisme mesuré.
Puis plus tard dans la soirée, Alassane Ouattara a donc fait savoir, une fois rentré à Abidjan, que l’intervention militaire était imminente.
« Les chefs d’état-major auront d’autres conférences pour finaliser les choses, mais ils ont l’accord de la conférence des chefs d’État pour que l’opération démarre dans les plus brefs délais », a-t-il déclaré.
« Tout dépend » désormais des militaires rebelles.
Dans le détail, il a indiqué que son pays fournirait « un bataillon » de 850 à 1 100 hommes, aux côtés du Nigeria et du Bénin notamment, et que « d’autres pays » les rejoindront.
« Les putschistes peuvent décider de partir dès demain matin et il n’y aura pas d’intervention militaire, tout dépend d’eux », a-t-il tout de même nuancé.
Avant de reprendre de manière martiale : « Nous sommes déterminés à réinstaller le président Bazoum dans ses fonctions. »
Un peu plus tôt dans la journée, et alors qu’il partait pour le sommet, le président de la Côte d’Ivoire avait tenu à rappeler que la Communauté avait déjà employé la force dans des circonstances similaires, citant « le Liberia, la Sierra Leone, la Gambie et la Guinée-Bissau ».
En guise de mise en garde, il avait insisté, déplorant que le président Bazoum soit retenu en otage : « Aujourd’hui, le Niger connaît une situation similaire et je tiens à dire que la Cedeao ne peut l’accepter. »
Le 30 juillet, soit quatre jours après le coup d’État, la Cedeao avait déjà fixé un ultimatum aux putschistes. À l’époque, la Communauté ouest-africaine avait donné sept jours aux militaires nigériens pour rendre les armes et restaurer le président Bazoum dans ses fonctions.
Malgré le refus d’obtempérer des intéressés, les dirigeants d’Afrique de l’Ouest n’avaient pris aucune décision hâtive, certains faisant face en interne à une opposition à l’intervention militaire.
Mais ce jeudi, cette décision d’activer la force de la Cedeao intervient alors que les militaires nigériens ont annoncé, plus tôt dans la journée, la composition d’un gouvernement censé leur permettre de prendre la suite dans les faits des autorités légitimes.
Un signe de défiance de trop, à en croire la réaction de la Cedeao.