FRANCELA SANTELES VIEUX ET LES PROFITSLIBERTE

Santé en France Ehpad et SSR

Temps de lecture : 8 minutes

Santé en France Ehpad et SSR

« Des Ehpad ne pourront pas finir l’année 2023, il y a une vraie urgence »

L’Association des directeurs d’établissements publics et privés pour personnes âgées s’inquiète d’une situation financière qui s’aggrave, faute de moyens.

Scandale de la maltraitance dans des Ehpad, Covid-19, inflation… L’Association des directeurs d’établissements publics et privés pour personnes âgées s’inquiète d’une situation financière qui s’aggrave, faute de moyens. Entretien avec : directeurs d’Ehpad et représentants de l’association.

Vous tirez la sonnette d’alarme. Pourquoi ?

Un an après la sortie du livre « Les Fossoyeurs », nous sommes encore au cœur de l’actualité. Nous devons démontrer sans cesse notre savoir-faire, démontrer notre qualité. Nous avons à cœur de faire notre métier, et de le faire bien. Depuis 2005, nous avons vraiment mis une politique du bien vivre dans nos établissements et proposons de plus en plus de services, de soins, des temps d’accompagnement. Il y a toute une politique globale qui satisfait autant les résidents que tout le personnel. Mais alors que l’opinion publique est encore ébranlée par le scandale révélé par Victor Castanet, nous n’avons plus les moyens financiers de poursuivre toute notre action.

Ehpad : quel financement ?

En France 80 % des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes bénéficient de soutien social. Ces établissements ont trois financeurs : les résidents, l’Agence régionale de santé (ARS) et le Département. C’est ce dernier, via le président du Conseil départemental, qui fixe le montant du prix hébergement. Enfin, le tarif dépendance GIR va s’additionner à la prestation hébergement. Ce dernier est établi en fonction du niveau de dépendance du résident, compris entre 1 très dépendant et 6 autonome.

75% des Ehpad sont déficitaires. Vos ressources financières ont-elles été scalpées ?

Nous n’avons pas moins de moyens, mais plus de dépenses. Après la Covid et le Ségur de la santé, le salaire des soignants a été, et à juste titre, revalorisé. Nous ne critiquons pas cette revalorisation, mais qui paie ? Le Département a décidé que ce n’était pas à lui de prendre en charge la mise en place d’une mesure gouvernementale. Nous comprenons, mais qui ? De plus, nous subissons l’inflation. Nos coûts alimentaires et d’énergie augmentent. Là encore, comment faire quand les ressources financières n’augmentent pas ? ne pas augmenter le tarif hébergement. C’est bien. Mais qui paie le surcoût ? Le problème est national : en moyenne, le surcoût par lit et par mois revient à plus de trois mille euros.

Quelles sont les solutions ?

Décision politique. Ce n’est pas nous qui pouvons choisir. Nous avons trois financeurs : le Département, l’État via l’ARS, et le résident. Aujourd’hui, il faut mettre davantage la main à la poche. Nous, nous sommes chargés de tenir le budget. Alors nous tirons la sonnette d’alarme car cela n’est plus possible. Et si nous sommes trop déficitaires, comment cela va-t-il se passer ? Nous devrons licencier du personnel ? Nous dénonçons les systèmes où les soignants ne sont pas assez nombreux pour prendre le temps des soins. Nous réduisons à néant tous ces efforts faits depuis près de 20 ans pour que nos établissements ne soient pas des mouroirs mais des lieux de vie.

Une décision politique évidemment, mais les répercussions sont immédiates et peuvent être dramatiques. Nous en subissons déjà. Par exemple, des travaux qui devaient être réalisés ne le seront pas. Avec le surcoût des matériaux, les intérêts d’emprunt. Des mises aux normes ne seront parfois pas faites. Et l’attractivité de ces établissements en pâtit.

Quels sont les tarifs dans nos Ehpad, et comment sont-ils fixés ?

Dans ce contexte, quel est le moral des directeurs d’Ehpad ? C’est dur. Il y a une vraie urgence. Des établissements ne pourront pas finir l’année 2023. Et devront fermer. Personnellement, je ne pourrai pas, ni réduire la qualité de soins, ni renvoyer du personnel. Et aucun directeur ne pourra assumer de telles décisions. Nous sommes habitués à être isolé dans notre fonction. Nous faisons face et assumons. Nous n’avons jamais eu rien de trop pour nos budgets, et nous savons faire les choix. Aujourd’hui, nous voyons tout ce cercle vertueux qui a mis des années à se construire vaciller vers un cercle beaucoup plus vicieux. Moins de budget, moins de personnel, des conditions de travail plus difficiles, des salariés en arrêt, des remplacements et des recrutements impossibles, des soins catastrophiques. Quand je vois tous les efforts et tout ce à quoi nous sommes parvenus, en travaillant main dans la main avec Département et ARS, à réaliser dans nos établissements, j’ai confiance. Mais il faut réagir, la situation est vraiment urgente.

D’autant que nous le voyons depuis plusieurs années, nos aînés ont besoin de plus en plus de soins. Nous sommes confrontés à de plus en plus de maladies dégénératives, et à encadrer des résidents souffrant de troubles psychologiques. Nous ne faisons plus face uniquement à des problèmes d’autonomie. Nos soignants ont besoin de qualités d’expertise. Aujourd’hui, 80 % des résidents souffrent d’une maladie. Il faut l’assumer, et ne pas nous abandonner.

Nous allons rencontrer Charly Varin, le président de l’Association des maires. Nous prévoyons des rencontres avec nos parlementaires. Est-il possible de revoir notre système de financement ? Peut-être doit-on faire davantage payer l’hébergement des résidents qui en ont les moyens ? Aujourd’hui, nous sommes soumis à la TVA ? Peut-être que l’exemption pourrait être une solution ? Il faut remettre des sous dans la machine. Ce n’est plus de notre ressort, nous lançons simplement des pistes. Nous alertons : nous ne voulons pas que le système décrit dans Les Fossoyeurs devienne celui de nos établissements.

Les Centres de rééducation deviennent des mouroirs

En établissement conventionné public ou privé, la prise en charge des dépenses est assurée par l’Assurance maladie, à 100 % au tarif TC (tarif conventionné) dans le cas des affections longue durée (ALD). L’activité dite spécialisée qui recouvre l’accueil des patients dont la prise en charge est particulièrement complexe dans les affections de l’appareil locomoteur, du système nerveux, cardio-vasculaire ou respiratoire, digestif, métabolique ou endocrinien.

Comment quitter un centre de rééducation ?

Vous désirez quitter l’établissement avant la date prévue, vous devez signer une décharge reconnaissant avoir été informé des risques encourus dégageant la responsabilité de l’établissement. Votre médecin traitant en est informé pour assurer le suivi médical.

Contribuant à réduire les conséquences de séquelles ou de limitations de capacité chez certains patients, mais aussi à soutenir leur réinsertion sociale et/ou professionnelle, les soins de suite et de réadaptation (SSR) trouvent naturellement leur place au sein des parcours de santé.

Aujourd’hui, le secteur des SSR entame une phase de transformation, portée par 2 réformes d’ampleur : celles de leur financement et de leur régime d’autorisation d’activité. Combinées, celles-ci doivent accompagner l’innovation et l’évolution des pratiques dans le champ de la réadaptation.

Soins de suite et de réadaptation : de quoi s’agit-il ?

Parmi les missions principales des SSR : la rééducation d’un organe lésé en vue de sa restitution intégrale ou optimale et, plus globalement, la réadaptation du patient pour lui permettre de s’adapter au mieux à ses limitations et de retrouver des conditions de vie aussi proches que possible que celles qui précédaient son séjour hospitalier.

Aujourd’hui, plus de 1 600 structures de SSR existent, dont une centaine destinée aux enfants et adolescents. Ce nombre témoigne de l’importance de ce champ d’activité, accessible soit après un séjour hospitalier de courte durée (81 % des admissions en SSR) soit directement depuis le lieu de vie (18 % des admissions).

Il existe deux grandes catégories d’activités, définies par le code de la santé publique :

L’activité dite indifférenciée ou polyvalente qui comprend les missions socles des SSR sans activité spécialisée. L’activité dite spécialisée qui recouvre l’accueil des patients dont la prise en charge est particulièrement complexe dans les affections de l’appareil locomoteur, du système nerveux, cardio-vasculaire ou respiratoire, digestif, métabolique ou endocrinien. Ou encore, l’accueil de grands brûlés, de personnes âgées polypathologiques dépendantes ou à risque de dépendance, souffrant de maladies onco-hématologiques ou liées à des conduites addictives.

Les établissements autorisés à prendre en charge des enfants ou des adolescents doivent avoir une autorisation spécifique précisant si c’est à titre exclusif ou non, ainsi que la/les tranche(s) d’âge correspondantes.

Des prises en charge diversifiées au sein d’une offre de soins graduée

En complément des soins médicaux et curatifs dispensés, un patient est pris en charge en établissement de SSR pour : une rééducation, pour recouvrer le meilleur potentiel de ses moyens physiques, cognitifs et psychologiques. Autant que possible, l’objectif est de restituer intégralement l’organe lésé ou sa fonction optimale. Une réadaptation, pour l’accompagner si les limitations de ses capacités s’avèrent irréversibles. Le but est de permettre au patient de s’adapter au mieux à ces limitations et de pouvoir les contourner autant que possible.

Une réinsertion, pour aller au-delà des soins médicaux et garantir une réelle autonomie au patient dans sa vie familiale et professionnelle afin qu’il recouvre au maximum les conditions de vie qui précédaient son séjour hospitalier. La réinsertion représente donc l’aboutissement d’une prise en charge totalement personnalisée du patient.

L’offre de soins en SSR s’organise autour

D’établissements polyvalents comme spécialisés répondent aux besoins de proximité, au plus près du domicile. D’établissements spécialisés assument un rôle de recours et de conseil, notamment auprès des établissements polyvalents. D’établissements reconnus comme experts par les agences régionales de santé (ARS) pour accompagner certaines situations complexes ou activités qui nécessitent la mise à disposition de compétences et d’équipements très spécifiques, pour une prise en charge plus intensive en réadaptation.

Des témoignages de patients parmi des centaines

« Un certain laisser aller concernant le service à la personne : heure de la douche très tardive, aucun changement des draps au bout d’une semaine, la qualité des repas, c’est bien dommage car c’est un point important qui compte dans le choix de votre établissement »

Je suis très inquiet du suivi et de l’accompagnement des usagers pour un retour à domicile non adapté. C’est le style poussez-vous de là …au suivant. Pas de contact pris avec les soignants, infirmiers … on laisse les gens se débrouiller et ou on passe la patate chaude …Très facile.

« Conseil de mon chirurgien cardiaque à la suite du repos prescrit après une grave opération : « partez vite de cet endroit ! » textuel. En fait, ce n’est pas une maison de repos ordinaire, c’est une antichambre au repos éternel. A bon entendeur »

« Il y a certaines infermières sans aucune antipathie, ne tiennent pas compte des personnes âgées. Les manipules comme des sacs de pommes de terre. Depuis que maman est à la maison elle revit. Si c’étaient leurs proches je pense qu’elles agiraient autrement »

« Médecins avec aucune empathie, ne regarde pas l’état du patient. Pour eux c’est une usine, on rentre et on en ressort même si le patient n’est pas en état. Hyper déçu et contrarié de la façon dont on a été traité. Côté humain 0/10 »

« Assez moyen, prestations laissant à désirer par rapport au CHU, en revanche, il faut avoir le portefeuille bien garni ! »

Le Panda

Patrick Juan

Laisser un commentaire