LIBERTE

Les faits de 2015 !

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Qui sont les accusés du procès des attentats de janvier 2015 ?

À partir de ce mercredi, la cour d’assises spéciale de Paris juge quatorze personnes, dont trois absentes. Chérif Kouachi, Saïd Kouachi, Amedy Coulibaly. Depuis le mois de janvier 2015, ces trois noms sont pour toujours liés à la peur, au choc, à la douleur. Le 7 janvier, les frères Kouachi entraient au 10, rue Nicolas-Appert (10e arrondissement de Paris) où étaient situés les locaux du journal Charlie Hebdo. Ils assassinaient onze personnes avant de ressortir, d’abattre un policier boulevard Richard-Lenoir puis de prendre la fuite.

Le procès des attentats de janvier 2015, une organisation pharaonique

Le 8 janvier, à Montrouge (Hauts-de-Seine), Amedy Coulibaly tirait sur une policière municipale, qui décédait des suites de ses blessures à l’hôpital. Le 9 janvier, il prenait en otage une vingtaine de personnes à l’Hyper Cacher de l’avenue de la porte de Vincennes (20e arrondissement de Paris) et exécutait quatre hommes. Le même jour, les frères Kouachi investissaient une imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne).

De «Charlie» à l’Hyper Cacher, 72 heures qui ont ébranlé la France

Ni Chérif Kouachi, ni Saïd Kouachi, ni Amedy Coulibaly ne seront

  • Le procès des attentats de janvier 2015 aura lieu du 2 septembre au 10 novembre. Attentats de janvier 2015 : 14 personnes renvoyées aux assises. Attentats terroristes en France: 2015, «annus horribilis»Depuis 1950 au minimum la République, la démocratie, des enfants sont assassinés par des fous fanatiques. Ne soyons pas aveugles par des personnages avides de pouvoirs aussi, il ne s’agit nullement de faire un amalgame.Ceux qui sont tombés sous les balles depuis ces décennies et surtout ce jour à Paris.Les portes se sont ouvertes depuis pas mal de temps autant que les saisons se suivent et le jour suit la nuit incontournable.Toutes les Républiques, démocraties, semblant d’humanisme ces mots sont faibles, ils sont tombés un stylo à la main pour la liberté d’expression. Puis dire qu’il y a 48 heures nous recevions ici sur ce support ou nous les recevions avec un privilège non dissimulé.Assumer et assurer l’unité de toutes les forces internes que chacun peut ressentir comme une force plus forte que la rage difficile à cacher. De coutumes les articles du Panda sont bien plus long, il délaye un peu plus, ses explications, mais là, la solidarité n’a pas de couleur ni de nationalité.Toutes les villes de France font blocs comme d’un seul élan pour oser dire :Des faits similaires se sont déjà produits et l’Occident est presque à genoux ? Non, la suprématie de la liberté de pensée personne ne pourra y mettre un terme même passager. Il est évident que retracer les faits des horribles crimes nous ne pouvons les passer sous silence.Nous nous inclinons malgré le déroulement de faits journalistiques avec humilité tendresse à toutes leurs familles proches et tous les amis qui font partie de la famille de la communication. Il ne fut surtout en aucun cas oublier leurs proches et les mots sont faibles pour exprimer le véritable ressenti. Tels ces crimes à ma pensée immédiate par de vrais professionnels. Et pourtant cinq ans sont loin d’effacer les traces de ces quelques jours, car ils marquent plus d’un siècle certains documents ne seront connu que dans 50 années.Les témoignages ne manqueront mais il semble qu’il soit plus utile de ne jamais nous empêcher de dire ce que nous voulons comme nos droits nous y autorisent, vous êtes déjà morts pour nous et vous halluciner que de penser faire trébucher les valeurs humaines. Aucun hymne ni force ne trouvera d’écho à la force de ce que chacun d’eux peut représenter.Mais il ne faut pas non plus perdre le sens que ces quelques plus de 1000 ressortissants de la France ayant trouvés formation en Syrie et dans les pays en guerre reviennent pour tenter de semer une terreur, qui pour les hommes véritables ne seront que des fanatiques supers entrainés.Merci pour tout et surtout l’émotion ne se mesure au singulier en aucun instant, alors assassins de tous bords de ce style quel que soit l’âge des personnes face à vous nous préférons tomber face à vous plutôt qu’en vous vous tournant le dos juste l’espace de quelques secondes.https://www.comboost.com/photos/456839/LePanda/albums/894133/Je-suis-Charlie—3.aspx
  • Sources Un extrait du Figaro-Texte suivant et l’ensemble des clichés © Patrick Juan- Lien : https://www.panda-france.net/monde_panda/charlie_photos2.php
  • L’unité nationale a trouvé l’écho sur le plan internationale cela démontre que nous devons être capables réfléchir et de pas tenter une seconde un rejet collectif cela serait une erreur monstre.
  • L’essentiel à ne pas perdre de vue, c’est que cela serait une forme de victoire si ces assassins réussissaient à faire l’amalgame aux nouveaux des habitants de la France de toutes confessions.
  • Il en va de même pour ce policier achevé sans l’ombre d’une hésitation, alors que le policier à terre lève la main comme pour dire pour moi c’est fini. Bien nombreux sont ceux qui n’auront connaissance d’une justice masquée « Secret d’Etat »
  • Mais modestement Charlie, merci pour tout, merci pour ceux qui auront le courage de relever le drapeau maculé pas des tortionnaires et rien ne doit être laissé de côté pour que justice soit faite.
  • « Quoi que vous puissiez faire vous ne ferez jamais peur ni à l’unanimité de la liberté de le presse qui est en même temps un crime contre l’ensemble de nos valeurs. »
  • Ceux qui ont quittés diverses rives interdites savent ce que je veux dire et si mon cœur saigne, de la même manière que mon regard embrumé me dit : Tu dois poursuivre pour que la fausse façade de tueurs finisse par tomber pour que ces séries de meurtres gratuits cessent.
  • Ma pensée sourd ce jour depuis la fin de matinée, mon cœur n’arrive pas à se libérer de la force, la dignité des larmes que j’ai eu bien des difficultés à étouffer. Ceux qui sont tombés, ne laisseront pas de pages blanches, ils ont écrits une partie des pages de l’histoire de toutes sociétés confondues.
  • Qui n’a pas la force de vouloir prendre la place de Charlie par des moments similaires.
  • La République est en deuil et même plus, l’unité n’a jamais autant sonné le glas pour des individus hyper organisés.
  • Les vrais peuples ne peuvent laisser cela en l’état, il est indéniable que le peuple de la France a bougé, mais c’est le monde qui doit avancer, vous êtes mes amis tués par les armes de fanatiques.
  • Un procès inutile qui n’apprendra rien aux victimes, fera de la propagande aux islamistes et quel débauche d’argent public ! Les sentences seront comme d’habitude peu appliquée. … Effectivement la peine de mort n’était peut-être pas dissuasive (à confirmer) et n’était pas inhumaine mais elle évitait surtout la récidive.
  • Patrick Juan

53 réflexions sur “Les faits de 2015 !

  • Il est historique. Le procès des attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015, à Charlie Hebdo, à Montrouge (Hauts-de-Seine) et dans l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, s’ouvre mercredi 2 septembre, après un report lié au coronavirus. Quatorze accusés, soupçonnés à des degrés divers de soutien logistique aux trois terroristes tués, les frères Chérif et Saïd Kouachi, ainsi qu’Amedy Coulibaly, comparaissent devant la cour d’assises spéciale de Paris jusqu’au 10 novembre. Tous les enjeux de cette audience fleuve.

  • Ce procès est-il celui de la tuerie de « Charlie Hebdo » ?
    Oui, mais pas seulement. Rappelons les faits : le mercredi 7 janvier 2015, vers 11h30, deux hommes cagoulés et lourdement armés pénètrent dans les locaux de Charlie Hebdo. Les membres de l’hebdomadaire satirique sont en pleine conférence de rédaction. En quelques secondes, le duo tue Elsa Cayat, Cabu, Tignous, Georges Wolinski, Philippe Honoré, Michel Renaud, Bernard Maris, Mustapha Ourrad, Charb et le policier qui assurait sa protection, Franck Brinsolaro. Un peu plus tôt, un agent de maintenance de l’immeuble, Frédéric Boisseau, a été froidement abattu.

  • Les auteurs de la tuerie sont identifiés quelques heures plus tard : il s’agit de Chérif et Saïd Kouachi. Ils s’enfuient et exécutent un policier, Ahmed Merabet. Leur cavale se poursuit jusqu’à une imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne). Le vendredi 9 janvier 2015, à 16h56, ils sortent des locaux et tirent sur les forces de l’ordre. Le GIGN réplique et blesse mortellement les deux terroristes, qui se réclament d’Al-Qaïda au Yémen.

    En parallèle, un autre homme, Amedy Coulibaly, sème la terreur. Lui revendique une appartenance au groupe Etat islamique. Le 8 janvier 2015, vers 8 heures, il assassine Clarissa Jean-Philippe, une policière municipale à Montrouge (Hauts-de-Seine). Deux employés de la mairie sont grièvement blessés. Le terroriste est introuvable jusqu’au lendemain, quand il ouvre le feu dans l’épicerie Hyper Cacher, porte de Vincennes à Paris. Au total, il tue quatre personnes et en prend 26 en otage, libérées saines et sauves lors de l’assaut. Amedy Coulibaly, lui, meurt sous les balles des forces d’intervention. Ce procès est donc celui des personnes soupçonnées d’avoir prêté main-forte, de près ou de loin, aux frères Kouachi, et surtout à Amedy Coulibaly, dans le but de commettre ces attaques.

  • Qui sont les individus jugés ?
    Quatorze accusés sont renvoyés devant la justice. Un premier cercle de personnes ont été interpellées après l’analyse de la téléphonie du terroriste et la découverte de leur ADN, ou de leurs empreintes digitales, sur des armes. On y retrouve deux accusés qui ont rencontré Amedy Coulibaly au début des années 2010, lorsqu’il était incarcéré à la prison de Villepinte : Nezar Mickaël Pastor Alwatik et Amar Ramdani. Ce dernier est soupçonné d’avoir fourni des armes au terroriste de l’Hyper Cacher avec le concours de deux autres hommes qui seront également jugés lors de ce procès, Saïd Makhlouf et Mohamed-Amine Fares. Il y a aussi Willy Prévost, qui connaît Amedy Coulibaly depuis l’enfance : les deux hommes ont grandi dans le même quartier à Grigny (Essonne). Comme lui, la plupart des accusés démentent avoir eu connaissance des intentions terroristes d’Amedy Coulibaly.

  • Un autre accusé, Ali Riza Polat, a également rencontré Amedy Coulibaly à Grigny. Ce délinquant multirécidiviste, radicalisé en 2014, apparaît à tous les stades de la préparation des attentats. Son écriture a notamment été identifiée sur une liste, dans laquelle il demande le prix d’explosifs, de détonateurs, de munitions et de chargeurs de kalachnikov.

    Le document a été retrouvé chez un accusé belge, Metin Karasular. Gérant de garages, ce dernier fait partie du deuxième cercle de mis en cause, ciblés pour leur implication supposée dans le volet armes du dossier. Metin Karasular est soupçonné d’avoir fourni un arsenal aux terroristes avec Michel Catino, son ami et voisin en Belgique. Les deux hommes ont eu plusieurs contacts avec deux autres accusés, Abdelaziz Abbad et Miguel Martinez.

  • Si l’enquête a permis d’identifier le réseau d’Amedy Coulibaly, il n’en est pas de même pour les frères Kouachi. La justice manque d’éléments pour mettre en cause d’éventuels complices et commanditaires dans l’attaque de Charlie Hebdo. L’arrestation inespérée du jihadiste français Peter Chérif, un cadre d’Al-Qaïda au Yémen, en décembre 2018, a contraint les juges à disjoindre ce volet de l’enquête de celui des attentats de janvier 2015. L’instruction est toujours en cours et pourrait aboutir à un autre procès.

  • Seront-ils tous présents au procès ?
    Non. Trois accusés sont visés par un mandat d’arrêt et manquent à l’appel : les frères Mohamed et Mehdi Belhoucine, ainsi qu’Hayat Boumeddiene, épouse religieuse d’Amedy Coulibaly. Le trio a rallié les rangs du groupe terroriste Etat islamique cinq jours avant la tuerie de Charlie Hebdo. Hayat Boumeddiene apparaît, pour la dernière fois, le 2 janvier 2015, sur des images de vidéosurveillance de l’aéroport de Madrid, aux côtés de Mehdi Belhoucine. Ils s’apprêtent à prendre un avion pour Istanbul, d’où ils rejoindront la Syrie.

  • Hayat Boumeddiene est-elle toujours vivante ? Dans une audition face à un juge d’instruction, en mars, une jihadiste rentrée en France affirme l’avoir croisée sous une fausse identité, en octobre 2019, dans l’immense camp syrien d’Al-Hol, selon France 2. Mais elle reste introuvable et sera donc jugée par défaut, tout comme les frères Belhoucine. Selon des informations obtenues par les enquêteurs, les deux hommes auraient été tués en Syrie : l’aîné, Mohamed Belhoucine, serait mort au combat début 2016, le cadet dès le printemps 2015. Mais les décès ne peuvent être officiellement confirmés.

  • Que reproche-t-on aux accusés ?
    Les accusés encourent des peines allant de dix de prison à la réclusion criminelle à perpétuité. La majorité d’entre eux sont jugés pour « association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes ».

    Deux personnes sont soupçonnées d’être davantage impliquées dans la préparation de ces attentats : Mohamed Belhoucine et Ali Riza Polat, les seuls à être jugés pour complicité d' »actes de terrorisme ». Ils encourent donc la peine maximale. L’instruction a permis d’établir que le premier avait écrit la prestation d’allégeance au groupe Etat islamique retrouvée en possession d’Amedy Coulibaly à l’Hyper Cacher. Il a aussi créé des adresses mail permettant au terroriste de recevoir des instructions.

    Le second, ami d’Amedy Coulibaly depuis 2007, apparaît comme la cheville ouvrière du dossier. Il est le point de contact entre plusieurs accusés, que ce soit dans le volet logistique ou le volet armes. Si aucun lien entre Ali Riza Polat et les frères Kouachi n’a pu être établi, les magistrats estiment qu’il leur a apporté une assistance opérationnelle, via Amedy Coulibaly. Ainsi, les enquêteurs pointent son rôle dans la recherche et la fourniture des armes, munitions et explosifs utilisés lors des trois attaques, et pas seulement à Montrouge ou à l’Hyper Cacher.

  • De son côté, Hayat Boumeddiene est accusée d’avoir réalisé des escroqueries pour se procurer des voitures et l’argent nécessaire à l’achat d’armes et de matériel pour les attentats. Elle est donc renvoyée devant la justice à la fois pour « financement du terrorisme » et « association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes ». Elle risque 30 ans de réclusion criminelle.

    Un seul accusé comparaît libre : Christophe Raumel. S’il reconnaît avoir participé à l’achat de matériel et d’un véhicule en compagnie de Willy Prévost, il n’a jamais été en contact direct avec Amedy Coulibaly. Les magistrats ont donc établi qu’il ne pouvait avoir connaissance du projet terroriste et l’ont renvoyé devant la justice pour simple « association de malfaiteurs ».

  • Qui sont les parties civiles ?
    Plus de 200 personnes se sont constituées partie civile, d’autres pourront le faire au cours du procès. Il s’agit, pour la plupart, des proches des personnes tuées lors des attentats, de tous les otages de l’Hyper Cacher et des personnes blessées par les terroristes (dans les locaux de Charlie Hebdo, les rues de Montrouge, dans une station-essence de Villers-Cotterêt ou à l’imprimerie de Dammartin-en-Goële). L’Association française des victimes du terrorisme figure aussi parmi les parties civiles, à l’instar de la commune de Montrouge et de plusieurs collègues du policier Ahmed Merabet.

  • Qu’attendent-elles de ce procès ?
    Toutes les parties civiles n’envisagent pas toutes l’audience de la même façon. Beaucoup sont encore traumatisées. « Ce procès est une usine pour pas grand-chose, si ce n’est une condamnation symbolique. On ne va rien apprendre d’extraordinaire et cela ne soulagera personne », estime l’avocat Laurent Hazan. Ce dernier représente un homme pris en otage à l’Hyper Cacher qui ne souhaite pas assister à l’audience. Il est resté en France, mais d’autres sont partis en Israël après les attentats.

    Suzanne Alcindor, la tante de Clarissa Jean-Philippe, hésite encore. « Si ça pouvait ramener Clarissa, je dirais oui. Mais ça va raviver de mauvais souvenirs. Chaque année, les commémorations font mal », souffle-t-elle. « Ce qui s’est passé est irréparable. Peu de gens peuvent comprendre, quand bien même on arriverait à le raconter », considère avec douleur la sœur de François-Michel Saada, tué par Amedy Coulibaly à l’Hyper Cacher. En revanche, le ressenti du directeur adjoint du magasin est un peu différent. Il assistera au procès de temps en temps. « Il veut avoir le sentiment que justice passe, il souhaite des condamnations même si les principaux auteurs sont morts », affirme son avocat, Franck Serfati.

  • D’autres, encore, attendent des réparations pécuniaires à la hauteur du traumatisme subi. Cependant, le volet indemnitaire fait l’objet d’une autre procédure, auprès du Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d’autres infractions.

    Pourquoi ce procès est-il historique ?
    Avant tout parce que c’est le deuxième procès organisé pour un attentat jihadiste commis en France. Le premier s’était tenu à l’automne 2017, pour les tueries perpétrées par Mohammed Merah, à Toulouse et à Montauban, cinq années plus tôt. Le terroriste avait été tué pendant l’assaut du Raid, mais Fettah Malki, délinquant de droit commun qui lui avait fourni une arme, ainsi que le grand frère de Mohammed Merah, Abdelkader Merah, considéré comme son « mentor », avaient été renvoyés devant la justice. Relaxé en première instance du chef de complicité, Abdelkader Merah a finalement été reconnu coupable en appel et condamné à 30 ans de réclusion criminelle en 2019. Une peine définitive depuis le rejet de son pourvoi en cassation, en avril dernier.

  • Le procès a une autre dimension historique. Pour la première fois, en France et pour des faits de terrorisme, l’audience sera filmée. La captation d’images et d’enregistrements lors des procès est en principe interdite en France. Mais depuis la loi Badinter de 1985, elle peut être autorisée si cela « présente un intérêt pour la constitution d’archives historiques de la justice ». Le Parquet national antiterroriste a fait une demande en ce sens, qui a été acceptée par la cour d’appel de Paris le 8 juillet.

    Une audience étalée sur deux mois et demi, quatorze accusés, plus de 200 parties civiles, des dizaines d’avocats et des mesures de sécurité drastiques… C’est aussi pour des raisons logistiques que ce procès s’annonce hors normes. Par conséquent, la cour d’assises spéciale de Paris siégera au nouveau tribunal de Paris, porte de Clichy, et non, comme à l’accoutumée, dans le palais de justice de l’île de la Cité.

  • J’ai eu la flemme de tout lire, vous me faites un résumé ?
    Mercredi 2 septembre, un procès historique s’ouvre devant la cour d’assises spéciale de Paris : celui des personnes soupçonnées, à des degrés divers, d’avoir apporté un soutien logistique aux frères Kouachi et à Amedy Coulibaly, auteurs des attaques terroristes perpétrées en janvier 2015 à Charlie Hebdo, à Montrouge et dans l’Hyper Cacher.

    Quatorze personnes figurent parmi les accusés. Hayat Boumeddienne, Mohamed et Mehdi Belhoucine semblent parmi les plus impliqués dans la préparation de ces attentats, mais ils sont absents et seront jugés par défaut. Ali Riza Polat est donc le seul accusé présent renvoyé pour « complicité d’actes de terrorisme ». Les autres sont jugés pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle », à l’exception d’un accusé, qui comparaît libre. Certains encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Plus de 200 personnes se sont constituées partie civile dans ce procès, prévu pour durer jusqu’au 10 novembre.

  • Il a tenu à témoigner debout, sa béquille posée à côté de la barre. Simon Fieschi, 36 ans, était le webmaster de Charlie Hebdo. Celui sur lequel les terroristes ont tiré en premier lorsqu’ils ont pénétré dans la rédaction du journal satirique ce mercredi 7 janvier 2015. « Pour ceux qui ont vu la vidéo, vous savez que ça a été extrêmement vite pour moi », commente le jeune homme brun aux petits yeux noirs, pull et jean sombres. La cour d’assises spéciale de Paris a diffusé un extrait de vidéosurveillance deux jours plus tôt. On y voit le webmaster tomber sous les balles des frères Kouachi. Deux exactement, dont l’une s’est logée dans le cou et a touché la colonne vertébrale avant de ressortir par l’omoplate.

  • Simon Fieschi fait partie de ceux qui ont été grièvement blessés ce jour-là, au même titre que Riss, Philippe Lançon – qui n’est pas venu témoigner – et Fabrice Nicolino. Ce sont les rescapés de la tuerie. « Rescapés, cela suppose qu’on a réchappé à quelque chose, corrige Simon Fieschi. Aucun de ceux qui étaient là ce jour-là, qu’ils soient vivants ou morts, blessés physiquement ou pas, n’a échappé à ce qui s’est passé. » Lui préfère le terme de « survivants ». Ces survivants, qu’ils portent des cicatrices visibles ou psychiques, qu’ils soient membres ou non de la rédaction de Charlie, ont été entendus pendant deux jours au procès des attentats de janvier 2015, mardi 8 et mercredi 9 septembre.

  • La victime a des droits. En tant que survivant, on a des devoirs : le devoir de témoigner de ce que font des armes de guerre, de ce que cette balle a fait.
    Simon Fieschi
    devant la cour d’assises spéciale de Paris

  • Le jeune homme a pourtant hésité avant de venir témoigner mercredi. « Je n’ai aucune envie d’offrir ma douleur à ceux qui ont tout fait pour me l’infliger, et en même temps je n’ai aucune envie de cacher les conséquences de ces actes. » Alors il montre. Ses jambes, qui le soutiennent difficilement même si sa paralysie est devenue « partielle ». Ses mains, qui ont perdu de leur motricité. « Taper à la machine, faire des lacets est devenu compliqué. Je ne peux même plus faire de doigt d’honneur, parfois ça me démange », ironise-t-il, arrachant quelques rires dans la salle d’audience. Ses douleurs, qui sont devenues « neuropathiques ». « Les nerfs continuent à envoyer un signal douloureux, on vit avec des douleurs à vie », explique Simon Fieschi, devenu expert sur ses maux à force de fréquenter les hôpitaux.

  • Le traumatisme de la mort imminente
    Les séquelles psychologiques, elles, sont venues après, une fois que le corps était un peu moins atteint. « Je suis dans le post-trauma, j’y resterai toute ma vie, avec des épisodes de tristesse, de colère, d »à-quoi-bonisme’. J’essaie de voir le verre à moitié plein : je suis vivant, le journal continue. Je ne m’étendrai pas sur le verre à moitié vide. »

    Son ex-collègue Fabrice Nicolino, qui témoigne après lui, se montre lui aussi pudique sur les blessures invisibles. Ce jour-là, le journaliste vit son deuxième attentat, trente ans après l’explosion qui a visé le Festival international du cinéma juif, à Paris (18 blessés). « Cela m’a peut-être aidé car, à la différence de mes amis morts qui se sont soulevés et ont offert leur poitrine aux tueurs, je me suis jeté en arrière en tirant la table sur moi. » Il s’en tire avec « trois balles dans la peau, une à chaque jambe qui ont fait beaucoup de dégâts et une à l’abdomen qui n’en a pas fait. » Cet homme de 65 ans au crâne rasé, qui a lui aussi posé sa béquille à côté de la barre, ne s’étend pas trop sur les « conséquences, multiples », de l’événement. Un déménagement loin de Paris, des « chaussures spéciales » pour pouvoir marcher, et « cette crainte, qui vous poursuit, qu’un jeune imbécile se donne le droit de vous attaquer ».

  • Pour Laurent Sourisseau, alias Riss, le traumatisme de la mort imminente est encore vif cinq ans après. Ce mercredi, il se voit mourir sur le sol de la rédaction de Charlie Hebdo, attend le tir fatal, qui finit par atterrir dans l’épaule. « Dans l’ambulance, je parlais tout le temps car j’avais l’impression que si j’arrêtais de parler, j’allais claquer. J’étais pas sûr d’être encore vivant », se souvient dans un souffle le dessinateur aux cheveux poivre et sel.

  • Personne ne peut comprendre ce qu’on ressent, ce qu’on a ressenti quand on est au bord de la mort. C’est une expérience qui n’est pas partageable avec beaucoup.
    Riss
    devant la cour d’assises spéciale de Paris

  • Cette solitude du survivant est amplifiée par une vie sous protection policière permanente, qui l’a obligé à renoncer à un projet d’adoption avec sa femme. « On nous a fait comprendre que jamais on ne confierait un enfant à des gens qui vivent » ainsi. Les balades dans la rue sont rares, les dîners à la maison avec des amis, inexistants. Et puis il y a ce grand vide laissé par les absents. « La sensation immédiate, c’est d’avoir été tronçonné en deux, vous êtes dépossédé. C’est une autre mutilation, l’amputation des vivants et de leur esprit, de leur intelligence », décrit avec réserve le caricaturiste, dont la reconstruction est passée par un engagement sans faille dans la renaissance du journal et le combat pour la « liberté ».

  • « La culpabilité des survivants »
    « Nos blessures physiques et psychiques ne sont toujours pas cicatrisées et se rejoignent dans la souffrance », résume Patrick Pelloux à la barre. Le médecin urgentiste, chroniqueur pour Charlie Hebdo depuis 2004, est arrivé sur place avant les secours. « C’est très difficile parce que, quand on fait médecine, c’est pour sauver des gens. Et s’il y en avait bien que je voulais sauver, c’était eux… mais j’en étais incapable », lâche-t-il, les yeux baissés.

  • La veille, les membres de la rédaction qui n’ont pas été blessés physiquement ont exprimé le même sentiment d’impuissance devant la cour d’assises. Comme le grand reporter Laurent Léger, qui a vu sa vie défiler « en un éclair » depuis sa cachette. « Les survivants étaient comme des fantômes, des zombies, on ne savait plus quoi faire. » Sigolène Vinson, elle, a été épargnée par Chérif Kouachi parce qu’elle est une femme. Lorsqu’elle se relève après s’être vue mourir, elle se dirige, tremblante, vers la salle de rédaction. Cette ancienne avocate, chroniqueuse à Charlie Hebdo depuis 2012, raconte, avec un mélange de poésie et de crudité : « Il y avait des éclats d’os partout qui brillaient et de la matière que j’ai identifiée comme de la cervelle, qui, quelques instants avant, créait de l’intelligence et de l’humanisme. Et tout ça c’était par terre. »

  • Cette femme de 46 ans aux longs cheveux châtains et au look d’adolescente vit aujourd’hui près de la mer, dans le Sud. « Je me baigne trois fois par semaine, j’aime bien être sous l’eau plutôt qu’hors de l’eau. » Malgré l’éloignement de la capitale et du massacre, certains réflexes persistent. « Dans les bars, je mets toujours un coup de pied sous la banquette pour voir si elle est creuse et si je peux me cacher. » Les cauchemars habitent toujours ses nuits.

  • Longtemps, j’ai vu Hayat Boumeddiene me tirer un carreau d’arbalète dans le front. Car si un homme ne peut pas tuer une femme, une femme peut tuer une femme.
    Sigolène Vinson
    devant la cour d’assises spéciale de Paris

  • Comme la dessinatrice Coco, qui a livré avant elle un témoignage glaçant, Sigolène Vinson souffre de la « culpabilité des survivants ». Culpabilité d’avoir cru que le regard de Chérif Kouachi était doux quand il lui a laissé la vie sauve. Culpabilité que la psychanalyste Elsa Cayat, elle, ait été abattue. Culpabilité tout court. Elle montre à la cour son tatouage. « C’est ma cicatrice, je pensais que ça allait partir de la tête pour aller dans l’avant-bras. Cela représente Moby Dick et il y a douze personnes dans la barque. Le policier Ahmed Merabet et Frédéric Boisseau font partie de mon chagrin. »

    Dans leur parcours meurtrier visant Charlie Hebdo, les frères Kouachi ont fait d’autres victimes « collatérales ». Frédéric Boisseau en fait partie. Ce responsable d’opérations de maintenance pour Sodexo a été fauché par une balle dans la loge d’un immeuble, alors que les terroristes cherchaient à localiser les locaux du journal. Son collègue Jérémy a vu mourir dans ses bras « Fredo », un père de famille aimant et aimé. Malgré son cran à la barre, le témoin est marqué au fer rouge : « J’ai pas eu cette malchance d’être blessé, mais de toute façon on le garde à vie. Il y a l’avant et l’après. »

  • Une onde de choc au-delà du procès
    Ces victimes périphériques, sans blessures apparentes, moins connues du grand public, ont exprimé des sentiments très proches de ceux qui étaient au cœur de l’attaque. Les quatre parties civiles entendues mardi racontent la même scène : deux hommes cagoulés et armés d’une kalachnikov, qui poussent la porte d’un bureau ou d’une entreprise au 10 rue Nicolas-Appert, demandent « Charlie », tirent en l’air, menacent. Certains tentent de prévenir le journal mais « ne trouvent pas le numéro ».

    « J’ai vraiment cru mourir et j’ai la culpabilité de ne pas avoir réussi à monter, encore que je n’aurais rien pu faire », témoigne Virginie, ex-directrice artistique. « J’étais une battante, je suis devenue une loque, j’ai peur de mon ombre », poursuit cette petite femme à lunettes, derrière son masque. L’incompréhension de l’entourage ajoute à la souffrance : « On m’a dit ‘ça va, t’as pas pris de balle toi, elle est allée dans le plafond’. » Patricia, ancienne secrétaire commerciale, est tout aussi traumatisée : « Ils m’ont tuée, ils nous ont tous tués. C’est mon ressenti », lâche-t-elle devant la cour.

  • L’attentat, c’est comme une cicatrice. Tous les jours je la vois, elle ne me gêne pas mais je la vois. Et si je commence à gratter, elle me fait mal.
    Patricia, partie civile
    devant la cour d’assises spéciale de Paris

  • Ces deux femmes ont en commun d’avoir été licenciées par leur employeur après de nombreux arrêts de travail. Comme Jeanne*, une ancienne cadre dirigeante. « Je n’arrivais plus à être dans des avions, des chambres d’hôtel loin de ma famille. C’était au-dessus de mes forces. » Idem pour François*, licencié après « un arrêt de travail pendant deux ans avec des hauts et des bas ». « La seule question qu’on m’a posée quand je suis revenu, c’est : ‘alors, toujours motivé ?' » A la lecture des rapports médicaux par le président de la cour, le tableau clinique du stress post-traumatique est complet : « Troubles du sommeil avec réveil précoce, cauchemars, épuisement physique, perte de 10 kilos en deux mois, inquiétude accrue dans son quotidien. »

    Ces récits superposés devant la cour d’assises donnent la mesure de l’onde de choc de l’attentat de Charlie Hebdo, dont le retentissement se poursuivra au-delà du procès, comme l’a souligné Simon Fieschi : « Ce moment judiciaire est extrêmement important, mais une fois que la justice aura fait son travail, nous, on restera dans les faits et leurs conséquences. »

    * prénoms d’emprunt

  • « La porte s’est ouverte et là, les frères Kouachi sont sortis »… Le récit d’un des premiers policiers arrivés à « Charlie Hebdo »
    Les 17 policiers qui sont intervenus dans les locaux du journal satirique témoignent lundi, au procès des attentats de janvier 2015. Parmi eux, Jean-Sébastien B., un ancien de la BAC du 11e arrondissement de Paris. Il a accepté de revenir sur cette journée, en exclusivité sur franceinfo.

  • « On est appelés pour un ou plusieurs coups de feu rue Nicolas Appert, sans autres précisions…. » Quand le brigadier Jean-Sébastien B. part en intervention ce mercredi 7 janvier 2015, il est loin d’imaginer qu’un attentat terroriste vient de viser la rédaction du journal Charlie Hebdo. Douze personnes vont perdre la vie ce jour-là, dont l’un de ses collègues.

    Lundi 14 septembre, cet ancien de la brigade anti-criminalité du 11e arrondissement de Paris va témoigner au procès des attentats de janvier 2015, avec 16 autres policiers, qui eux aussi ont fait face aux frères Kouachi. Avant de s’exprimer à la barre, il a accepté de se confier en exclusivité à franceinfo.

  • L’un des premiers sur les lieux
    Jean-Sébastien B. est ce qu’on appelle dans le jargon juridique et policier un « primo intervenant ». Le jour de l’attaque du journal Charlie Hebdo, il fait partie du premier équipage qui arrive sur les lieux. Ils sont quatre policiers dans la voiture. Le brigadier descend avec l’une de ses collègues et se rend à pied jusqu’au numéro 10 de la rue Nicolas Appert, où se trouve le siège de l’hebdomadaire satirique. « Déjà, je n’étais même pas au courant que les locaux de Charlie Hebdo étaient là, explique-t-il. On est appelés pour un ou plusieurs coups de feu, sans autres précisions, se souvient-il. C’est une rue très calme où il ne se passe jamais rien. C’est donc en alerte mais sans comprendre ce qui se passait que nous arrivons sur place. »

  • La première personne que l’on voit est un agent de maintenance. Il nous indique que des individus sont entrés et ont tiré sur son collègue.
    Jean-Sébastien B.
    à franceinfo

    Et puis c’est la stupeur. Le duo de policiers entend plusieurs déflagrations, « la porte s’est ouverte et là, les frères Kouachi sont sortis, on les a pris de pleine face, on ne savait pas du tout ce qui nous arrivait », raconte Jean-Sébastien B. « Dans un premier temps je les ai pris pour des collègues, type RAID ou BRI, au vu de leur tenue, mais rapidement de nouveaux coups de feu ont éclaté », poursuit-il. Sa collègue et lui prennent la fuite dans des directions différentes. « J’ai réussi à me dissimuler contre un mur sur une allée perpendiculaire et là les collègues sont arrivés en VTT », raconte-t-il.

  • À une vingtaine de mètres de la scène, le policier entend de nouveaux coups de feu. « Le temps m’a paru interminable, se souvient-il. Je les voyais tirer sans savoir sur quoi ou qui. J’étais impuissant. » Une frustration qu’il a encore du mal à admettre aujourd’hui.

    J’étais dans l’impossibilité de réagir, il suffisait que je bouge pour qu’ils se rendent compte de ma présence.
    Jean-Sébastien B.
    à franceinfo

  • « Je me suis tout de suite rendu compte que le combat était totalement inégal entre leur armement et le mien. Il n’y a qu’au moment où ils sont remontés dans leur véhicule et qu’ils ont commencé à partir que j’ai pu bouger », confie le policier.

  • L’effroyable tuerie
    Le brigadier tente alors de transmettre les informations, mais la radio de la police est saturée d’appels. Au milieu de la rue, il tire sur les terroristes, en vain. « Avec mon arme ça ne servait à rien, j’étais loin et je ne pouvais pas les atteindre », raconte-t-il. Il assiste à l’arrivée du troisième équipage de police, en voiture, qui devra reculer sous l’assaut des attaquants, lourdement armés.

    Jean-Sébastien B. fonce alors sur le boulevard Richard-Lenoir. Il entend de nouveaux tirs qui se rapprochent. « A ce moment-là je pensais qu’ils (les frères Kouachi) avaient quitté leur voiture et déambulaient sur le boulevard. Et là j’entends sur ma radio : ‘C’est bon chef, c’est bon chef’. » Cette phrase sonne pour lui comme un dénouement. Il pense que ses collègues ont réussi à maîtriser les attaquants. Il saura bien plus tard que cette phrase prononcée par son collègue Ahmed Mérabet, lui aussi policier de la BAC, s’adressait en fait à Chérif Kouachi. Le terroriste vient de lui tirer dessus. Ahmed Mérabet est à terre et implore l’assaillant qui se rapproche de lui de ne pas le tuer, en vain. Il sera exécuté à bout portant. Jean-Sébastien B. arrive sur les lieux et voit mourir son collègue.

  • J’ai couru et je l’ai vu allongé par terre, j’ai vu dans ses yeux que ça n’allait pas du tout.
    Jean-Sébastien B.
    à franceinfo

    Ce sera ensuite le retour dans les locaux de Charlie Hebdo et la découverte d’une autre scène terrible : « Un nuage de fumée, un brouillard, je vois des ombres, il y a une odeur de métal, de sang, un silence de mort, se souvient encore Jean-Sébastien B. Il y avait des corps partout, deux pompiers venaient d’arriver sur les lieux et m’ont dit : ‘Il y a beaucoup de victimes, appelez un maximum de monde’. » Mais lui a une obsession à ce moment-là : vérifier qu’ il n’y a pas de bombe ou d’engin explosif dans le bâtiment. Il fait le tour des locaux découvrant dans un même temps l’effroyable tuerie.

  • Quand il quitte le siège du journal, il a l’impression d’être seul au monde. « Je descendais les marches et face à moi, dans l’autre sens, montait une marée humaine. Pourtant j’étais seul », dit-il. Des dizaines de secouristes, médecins, pompiers, policiers spécialisés affluent. Jean-Sébastien B. quitte les lieux, à contre-courant.

  • « Deux ans après je ne pensais encore qu’à ça »
    Dans les jours qui ont suivi, le policier ne se laisse pas aller à des états d’âme. Sa femme, policière elle aussi, ne travaillait pas le jour de l’attentat. « J’étais chez le pédiatre pour notre fille quand c’est arrivé », confie-t-elle à franceinfo. Pour elle, son mari est un miraculé. Elle le soutiendra dans sa volonté de vouloir servir encore, après l’attentat. « Il fallait que je continue à protéger les gens, on était entrés dans une ère nouvelle, on avait besoin de nous », explique Jean-Sébastien B.

    Et puis son terrain d’action est à nouveau frappé, le 13 novembre 2015. Le 11e arrondissement de Paris vit encore l’horreur. Les attentats des terrasses et du Bataclan font 137 morts.

  • Procès du 13-Novembre: Réclusion criminelle à perpétuité requise contre Abdeslam
    Après neuf mois d’audience, le parquet national antiterroriste a fait ses réquisitions contre les hommes soupçonnés de terrorisme lors des attentats du 13 novembre 2015.

  • ATTENTATS – Auprès neuf mois d’audience, le verdict approche. Ce vendredi 10 juin, les représentants du parquet national antiterroriste (Pnat) ont requis la réclusion criminelle à perpétuité contre Salah Abdeslam, seul membre encore en vie du commando des attentats de Paris et de Saint-Denis de 2015.

    Pour sa défense, le Français de 32 ans a affirmé à plusieurs reprises à l’audience avoir “renoncé” à déclencher sa ceinture explosive le soir des attentats, “par humanité”. Un argument qui n’a pas convaincu les trois représentants du Pnat, qui ont ajouté à sa peine une période de sûreté incompressible.

    Cette sanction rarissime, qui rend très infime la possibilité d’un aménagement de peine, a été demandée “au regard de l’immense gravité des faits” qui sont reprochés au Français de 32 ans. La cour d’assises spéciale, uniquement composée de magistrats professionnels, n’est pas tenue de suivre ces réquisitions. Si elle prononce une période de sûreté illimitée, elle doit spécialement motiver sa décision.

  • La perpétuité pour Mohamed Abrini, “l’homme au chapeau”
    Le Pnat a aussi requis la prison à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans contre Mohamed Abrini, surnommé “l’homme au chapeau” depuis l’attentat à l’aéroport belge de Zaventeem et qui avait renoncé au soir des attentats. Même peine requise contre Fabien Clain et Jean-Michel Clain, “voix” des revendications audio des attaques parisiennes et présumés morts. 

    Comme pour Salah Abdeslam, le Pnat a requis la perpétuité et une période de sûreté incompressible pour Oussama Atar, cadre de Daesh décrit comme les “cerveau” des attentats, et Obeida Afer Dibo. Ils sont jugés en leur absence, également présumés morts.  

    Muhammad Usman et Adel Haddadi devaient faire partie du commando du Stade de France. Le Pnat a requis 20 ans de réclusion criminelle assortie d’une période de sûreté des deux tiers, ainsi qu’une interdiction définitive d’entrée sur le territoire.

     
     
    De six à seize ans de prison ont été requis contre ceux qui auraient aidé à préparer les attentats. Six ans pour Farid Kharkhach, qui a fourni de faux papiers, neuf ans, une sûreté des deux tiers et interdiction du territoire pour Yassine Atar. Enfin seize ans assortis d’une période de sûreté des deux tiers et d’une interdiction définitive d’entrée sur le territoire français pour Ali El Haddad Asufi, qui aurait recherché des armes avec Ibrahim El Bakraoui, futur kamikaze de Bruxelles.

  • Lourdes peines
    Contre Ahmed Dahmani, absent de l’audience car incarcéré en Turquie et aussi accusé d’avoir aidé à la préparation des attentat, le Pnat requiert 30 ans de prison assorti d’une période de sûreté des deux tiers. 

    Plusieurs amis bruxellois d’Abdeslam étaient jugés pour avoir été le chercher à Paris et l’avoir aidé dans sa cavale. Ils ont juré ne pas savoir que leur ami était lié aux attentats. Le Pnat a requis six ans de réclusion criminelle pour Hamza Attou et Abdellah Chouaa, cinq contre Ali Oulkadi, huit avec interdiction du territoire pour Mohamed Amri.

  • Le ministère public a requis la perpétuité assortie de 30 ans de sûreté à l’encontre du Suédois Osama Krayem et du Tunisien Sofien Ayari, des “membres de haut niveau” de la cellule jihadiste soupçonnés d’avoir voulu commettre un attentat à l’aéroport d’Amsterdam le 13-Novembre.

    La réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans a en outre été réclamée contre le “logisticien” Mohamed Bakkali, “cheville ouvrière de la cellule” selon le Pnat.

  • Bonjour,

    Nous nous étions engagés à vous tenir informé jusqu’au bout du verdict rendu cette nuit.

    Les peines sont à la hauteur des actes commis.

    Souhaitons qu’il n’y ait pas d’appel cela de bon aloi, pour les victimes.

    Il semble que le verdict devrait rester à stade.*

    Un appel, ne servirait qu’à rouvrir des plaies dont certaines ne se refermeront jamais.

    Respect aux victimes et à ceux qui subissent les séquelles.

  • 13 Novembre
    Perpétuité incompressible: Salah Abdeslam, condamné à une peine rarement prononcée en France
    Procès des attentats du 13 Novembre 2015
     
     
    Avant ce mercredi et le verdict du procès du 13 Novembre, la sanction rarissime instaurée en 1994, qui empêche les aménagements de peine, n’avait été prononcée que quatre fois et jamais pour des actes de terrorisme.

  • Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos du 13 Novembre, pourrait finir sa vie derrière les barreaux.

    Il a été condamné ce mercredi, par la cour d’assises spécialement composée de Paris, à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté incompressible.

    C’est-à-dire à la perpétuité «réelle», sans aménagement de peine possible – même s’il pourra, au bout de trente ans de prison, demander à un tribunal d’application des peines de revenir sur cette impossibilité.

    Une décision qui ne serait prise que sur avis d’une commission composée de cinq magistrats de la Cour de cassation, après avoir consulté les victimes et à condition qu’elle ne cause pas de trouble grave à l’ordre public.

  • Périmètre élargi
    Cette sanction rarissime, la plus lourde du code pénal, n’avait été prononcée qu’à quatre reprises jusqu’ici.

    Instaurée en 1994, sous l’impulsion du ministre de la Justice Pierre Méhaignerie, après l’effroi causé par le viol et le meurtre d’une fillette par un récidiviste l’année précédente, elle était initialement prévue uniquement pour ces crimes.

    La perpétuité incompressible a ensuite été étendue en 2011 aux meurtres ou tentatives de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique après la mort d’un brigadier.

    Après la série d’attentats ayant ensanglanté la France en 2015, une loi en a élargi à nouveau le périmètre, cette fois aux crimes terroristes.

  • En effet, jusque-là, seuls des tueurs de mineurs y avaient été condamnés.

    En 2007, c’est d’abord le multirécidiviste Pierre Bodein qui a écopé de la perpétuité réelle pour le viol et le meurtre de deux fillettes ainsi que d’une femme.

    Les corps des trois victimes avaient été retrouvés partiellement dénudés et sauvagement mutilés au bas-ventre dans des ruisseaux du centre de l’Alsace, quelques années auparavant.

    L’année suivante, le tueur en série Michel Fourniret avait écopé à son tour de la sanction la plus lourde pour le meurtre de sept jeunes filles, avant d’être une nouvelle fois condamné, dix ans plus tard, pour un autre crime.

    L’«ogre des Ardennes», qui a reconnu son implication dans l’affaire Estelle Mouzin, est le premier condamné à la perpétuité réelle à mourir en détention, à 79 ans il y a un peu plus d’un an.

  • Crime atroce.

    Nicolas Blondiau, troisième à écoper de cette peine, a été reconnu coupable en 2013 : il avait enlevé une fillette de 8 ans alors qu’elle allait chercher un jeu vidéo chez un ami de la famille, à 160 mètres de son domicile dans le Gard.

    Lui-même père de famille, Nicolas Blondiau a ensuite violé l’enfant avant de l’étouffer, la poignarder et abandonner son corps à l’entrée de la commune.

    Enfin, Yannick Luende Bothelo purge actuellement une peine de prison à vie pour un autre crime atroce : le viol et l’assassinat, accompagnés d’actes de torture et de barbarie, d’une adolescente de 14 ans.

    Son corps frappé de 69 coups de couteau avait été retrouvé dans des toilettes publiques près de Nantes.

    Il avait aussi agressé deux hommes âgés.

    L’avocat général avait demandé cette perpétuité incompressible, estimant que Yannick Luende Bothelo était une «bombe humaine», dangereuse pour la société.

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