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Génocides à Gaza ?

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Génocides à Gaza ?

Le pire du pire se déroule à Gaza, alors que la France se prépare aux élections européennes, mais à quoi sert : L’U.E., L’ONU, et l’ensemble des institutions afin de faire respecter la valeur des vies ?

Pire que la peine de mort gratuite entre Israël et la Palestine, ce conflit ressemble à la plus terrible des pandémies que la terre n’ait jamais connues. En trois mois de guerre, il y a eu plus de 25 mille morts ou disparus à Gaza, soit 1,5 % de la population. En % presque autant à 5 mille proches que le nombre de Français tués en 5 ans pendant la Deuxième Guerre Mondiale. 75 % des morts sont des femmes, des enfants, des vieillards. Le prétexte « d’éradiquer » le Hamas est grotesque, il s’agit clairement d’une guerre d’extermination de la population de Gaza, selon le camp palestinien.

Constats : La quasi-totalité des infrastructures ont été détruites, y compris les hôpitaux et les écoles. La population, massivement déplacée et bombardée, est sans abri et affamée.

À long terme, l’avenir de Benjamin Netanyahu, âgé de 74 ans, est plus qu’incertain. Décembre, un sondage rapporte 69% de la population israélienne souhaite des élections dès la fin de la guerre. Benny Gantz, ministre centriste qui a rejoint le cabinet de guerre après les attaques du 7 octobre, se positionne comme favori avec 23% d’opinion favorable pour lui succéder. Selon les experts, le conflit préserve l’avenir du chef du gouvernement israélien et ne met pas en cause son avenir à court, à moyen terme, les prochaines élections sont normalement prévues pour 2026. Benjamin Netanyahu compte sur la continuité du conflit pour garder sa place, avance même Nitzan Perelman. Et peu de chance, qu’il démissionne, malgré les difficultés. Homme stratège, trop fier, assure-t-elle.

Israël, les barrières morales se sont écroulées ?

La lettre de démission de Craig Mokhiber, le directeur du bureau du Haut-commissariat aux droits de l’homme à New York, qui résume la situation en Palestine et ce qu’endure le peuple palestinien depuis 75 ans. Cette lettre du 10 novembre 2023 : « Monsieur le Haut-Commissaire, Je vous écris dans un moment de grande détresse pour le monde. Une fois encore, nous assistons à un génocide qui se déroule sous nos yeux, et l’Organisation que nous servons semble impuissante à l’arrêter. Je sais bien que le concept de génocide a souvent fait l’objet d’exploitation politique abusive. Le massacre actuel du peuple palestinien, ancré dans une idéologie coloniale ethno-nationaliste, ne laisse aucune place au doute ou au débat. À Gaza, les habitations, les écoles, les églises, les mosquées et les établissements médicaux sont attaqués et des milliers de civils sont massacrés. En Cisjordanie, à Jérusalem occupée, les maisons sont saisies et réattribuées en fonction uniquement de la race. Par ailleurs, de violents pogroms perpétrés par les colons sont accompagnés par des unités militaires israéliennes. Dans tout le pays, l’apartheid règne.

Il s’agit d’un cas d’école de génocide. Le projet colonial européen, ethno-nationaliste, de colonisation en Palestine est en phase finale, destruction des vestiges de la vie palestinienne indigène en Palestine. De concert les médias corporatifs occidentaux, de plus en plus aux ordres des gouvernements, sont en totale rupture avec l’article 20 du PIDCP déshumanisant les Palestiniens sans cesse pour justifier le génocide, et diffusant la propagande guerrière et les appels à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constituent une incitation à la discrimination, à l’hostilité et à la violence. En telles circonstances, notre organisation est plus que jamais appelée à agir de manière efficace et fondée sur des principes. Nous n’avons pas relevé ce défi.

Le pouvoir des États-Unis et la peur du lobby israélien

Monsieur le Haut-Commissaire, j’ai rejoint cette Organisation dans les années 1980, Nous avions pour nous les droits humains. Ironie de l’histoire la Déclaration universelle des droits de l’homme, a été adoptée l’année même où la Nakba a été perpétrée contre le peuple palestinien. Les droits de l’homme à tout le monde, sauf aux Palestiniens. Alors que nous commémorons le 75e anniversaire de la DUDH, nous ferions bien d’abandonner le mythe éculé selon lequel la DUDH est née des atrocités qui l’ont précédée, et d’admettre qu’elle est née en même temps que l’un des génocides les plus atroces du XXe siècle, la destruction de la Palestine. Prenons le parti de l’humanisme.

Un génocide ?

Dans les différents articles on s’aperçoit que les rédacteurs prennent mille précautions pour ne pas encourir la colère d’Israël, de ses lobbys et de ses relais occidentaux. La lumière se fait jour de plus en plus la vérité a émergé. Cette contribution nous vient du Canada. « Bien que des voix encore rares mais de plus en plus s’élèvent pour dénoncer l’évidence, un mot demeure tabou celui de génocide. Les chiffres qui rendent compte du massacre perpétré à Gaza par l’État israélien en riposte à celui commis par le Hamas – qui a tué mille deux cents personnes, en majorité des civils, l’attaque du 7 octobre donnent le vertige. À peine un mois après le conflit, plus de 10 mille civils, dont plus de 4 mille enfants, avaient perdu la vie sous les bombes israéliennes davantage que les 10 mille civils, dont 531 enfants morts en 20 mois de guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Durant ce 1er mois de bombardements, l’armée israélienne affirme avoir effectué 11 mille frappes sur le petit territoire de 360 km2, soit neuf fois plus que l’État russe lors des trente premiers jours de son invasion de l’Ukraine. En date du 11 décembre, ce sont plus de 18 mille deux-cents personnes tuées à Gaza, 70% sont des femmes, des enfants une étude publiée début décembre dans la prestigieuse revue The Lancet, ces chiffres sont réalistes, probablement une sous-estimation du nombre réel de morts. Dans la bande de Gaza, on estime qu’entre 29% et 37% des bâtiments ont été détruits, proportion qui atteint entre 56% et 69% dans le nord du territoire. Selon l’ONU, 85% des habitants de la bande de Gaza qui ont été déplacés en trois mois de conflit.

La définition de l’ONU : « Le génocide, c’est le crime le plus grave. C’est ce qui explique que les États sont plus que réticents à qualifier de génocide les hostilités actuelles d’Israël. Selon la définition de l’ONU, le crime de génocide désigne un acte « commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Pour l’invoquer, il faut d’abord qu’il y ait un acte constitutif de génocide. D’emblée, la tragédie qui se déroule à Gaza, attaques contre des civils, la destruction d’écoles ou d’hôpitaux, la détention et la torture de Gazaouis qui se trouvaient sur le territoire d’Israël le 7 octobre et la soumission des Palestiniens à des conditions insoutenables, il semble y avoir là au moins trois des cinq actes constitutifs d’un génocide ».

« Autre élément clé de tout génocide, c’est l’intention. « Qu’ils aient raison ou non, qu’ils aient été attaqués en 1er ou non, ça ne change rien aux règles du droit international humanitaire. » Ça ne justifie pas que Gaza soit devenu un cimetière d’enfants. Pas plus le nombre record de d’humanitaires de l’ONU, de journalistes tués. La lâcheté des dirigeants qui savent et ne font rien. À partir de quel degré d’horreur la communauté internationale se réveillera-t-elle ?

Quant aux opinions il y en a trois ! Celle des Occidentaux qui assument imposent et arment Israël qui est en train de rayer de la carte Gaza et ses habitants en bloquant toute idée de cesser le feu Nous avons ensuite la position des gouvernements dont celles des BRICS qui a beaucoup déçu du fait qu’on pensait à tort que ils étaient capables de dire le droit et qu’en fait ils font le minimum syndical et enfin et c’est le plus tragique les pays arabes et musulmans pour qui cette affaire dérange la reddition qui était en cours dans le cadre des Accords d’Abraham.

Et les Juifs ?

L’État d’Israël se définit comme un État juif. Les colonies qui balafrent la Cisjordanie s’intitulent « colonies juives ». Les sionistes considèrent que tout Juif qui ne soutient pas Israël est un traître. Ils tuent le judaïsme, qu’il soit laïque ou religieux. Comme minorité souvent opprimée, les Juifs se sont battus pour leur émancipation en la liant à celle de l’humanité.

Ce que l’État d’Israël inflige aux Palestiniens recopie sur bien des aspects ce que l’antisémitisme a infligé aux Juifs. Les dirigeants israéliens n’ont aucun droit de se réclamer de la mémoire des ghettos. Aujourd’hui Gaza est un ghetto. Ces mêmes dirigeants n’ont aucun droit à se réclamer de la mémoire du génocide nazi. Les Juifs exterminés étaient des dominés. Ils étaient considérés comme une population « surnuméraire ». Ils ont été les victimes d’une idéologie d’extrême droite. Aujourd’hui les Palestiniens sont traités comme « surnuméraires » 1945, le régime nazi tombe, mais pas ses idées. L’extrême droite raciste, colonialiste, suprémaciste, foulant aux pieds les droits fondamentaux est au pouvoir en Israël et elle est alliée à toutes les forces d’extrême droite dans le monde, y compris antisémites. Ils assassinent aussi la mémoire du génocide nazi.

L’UJFP parle aux Juifs, en Israël, en France ou ailleurs. Il y a un droit international, il y a des droits humains or desquels c’est la barbarie généralisée. L’État d’Israël a quitté la route. Soutenir ce que fait cet État, être complice du génocide en cours à Gaza, ce n’est pas seulement immoral. C’est totalement suicidaire. Pour seule réponse à priori ils ont entendu « La guerre se poursuivra toute l’année 2024 » Cela risque fort d’entrainer toute la région dans un conflit qui enfle de jour en jour.

Le Panda

Patrick Juan

 

11 réflexions sur “Génocides à Gaza ?

  • Quels scénarios pour le "jour d'après"?

    Plus de trois mois après le début de la guerre contre le Hamas suite aux crimes atroces et aux viols qu'il a perpétrés le 7 octobre, les forces de Tsahal intensifient leurs combats dans la bande de Gaza et la situation des populations devient chaque jour de plus en plus dramatique.

    Le nombre de soldats tués depuis l’entrée de l’armée israélienne dans la bande de Gaza augmente chaque jour (175 à cette date) ainsi que celui des victimes palestiniennes (plus de 21000 selon le ministère de la santé palestinien).

  • Dans le nord, le Hezbollah continue de lancer des roquettes contre des cibles civiles et militaires, tout en ne s’engageant pas dans une guerre généralisée, même après l’élimination à Beyrouth de Saleh Al-Aouri, le numéro 2 du Hamas par un drone israélien.

    Les Houthis au Yémen  poursuivent leurs attaques contre les cargos en mer Rouge obligeant les marines occidentales à intervenir pour rétablir le passage des navires dans un détroit qui est vital pour le commerce international. 

  • Les négociations pour libérer les 132 Israéliens toujours otages du Hamas semblent arrêtées réduisant l’espoir de les récupérer tous vivants. Les propos des ministres israéliens appartenant aux partis d’extrême droite évoquant le déplacement possible de populations gazaouies vers des pays tiers suscitent des condamnations de plus en plus vives de la part de pays alliés d'Israël alors que les violences des colons contre les Palestiniens en Cisjordanie et la répression de l’armée sont condamnées à l’ONU. 

  • Le Premier ministre Benjamin Netanyahou, son ministre de la défense Yoav Gallant ainsi que Beni Gantz, qui participent tous les trois au cabinet de guerre restreint, continuent d’affirmer que les objectifs de guerre restent l’éradication du Hamas et le retour des otages, mais ils ne fixent toujours pas d’objectifs politiques à cette guerre avec un plan pour le « jour d’après », un plan que ce gouvernement serait bien en peine de définir compte tenu de la composition de sa coalition. 

  • La population israélienne continue à soutenir son armée et à se mobiliser pour aider les réfugiés qui ont dû quitter leurs localités situées près des frontières Sud et Nord et pallier ainsi les déficiences de l’État, mais elle reste divisée sur la façon de gérer la situation à Gaza après la guerre.

    Et pourtant il faut dès maintenant s’y préparer et construire les alliances nécessaires pour la prendre en charge.

    Vivant encore sous le coup du traumatisme du 7 octobre et des annonces quotidiennes des soldats tombés au combat, elle est peu préoccupée par la situation de la population de Gaza dont les images sont absentes des chaînes de télévision israéliennes.

  • Israël ne peut pas poursuivre cette guerre sans le soutien constant des États-Unis.

    Combien de temps ceux-ci pourront ils continuer à le faire si ce gouvernement ne définit pas ses objectifs pour l’après-guerre et ne met pas un frein aux comportements de ses extrémistes ? 

  • Stéphane Juffa : « Le Hamas perdra sa domination sur GAZA, préparons l’avenir avec le soutien des forces arabes modérées et l’aide des Etats-Unis »

  • L’automne 2023, des extrémistes religieux ont encore fait dérailler le train si fragile de la paix au Levant.

    Dès qu’un progrès réel est fait vers une solution de paix dans cette région, on peut être sûr que des fanatiques se lèveront pour la faire capoter.

    On se souvient que, le 4 novembre 1995, des extrémistes juifs israéliens avaient assassiné en plein Tel-Aviv leur Premier ministre Yitzhak Rabin, parce qu’il négociait l’établissement progressif d’un État palestinien indépendant sur les territoires de la Cisjordanie et de Gaza.

    Le 7 octobre 2023, par leur attaque d’une violence inouïe contre Israël, les extrémistes arabes islamistes du Hamas ont cherché à faire dérailler le train des accords d’Abraham, qui allaient inclure l’Arabie saoudite dans ce brillant processus d’échanges politiques, éco- nomiques, culturels, entre Israël et les pays arabes (Émirats arabes unis, Bahreïn, Soudan, Maroc, s’ajoutant à l’Égypte et à la Jordanie).

  • Le Hamas, mot qui signifie « ferveur » en arabe, mais qui est aussi l’acronyme de harakat al-muqâwama al-‘islâmiya, parti de la résistance islamique, est un mouvement fondé à Gaza en 1987 par le cheikh Yassine, un Frère musulman.

    À la différence de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat, il n’a jamais reconnu le droit à l’existence de l’État d’Israël.

    Il gagne haut la main les élections législatives palestiniennes de 2006, mais expulse par la force l’OLP de Gaza en 2007.

    Seuls les pays occidentaux le considèrent comme une organisation terroriste. Au cours des années 2021-2023, les dirigeants du Hamas ont certainement détesté le spectacle de ces orchestres israéliens allant se produire à Dubaï et à Abu Dhabi, au plus grand plaisir du public émirati.

    Plus de 150 000 citoyens israéliens se sont rendus aux Émirats arabes unis en 2022, preuve, s’il en fallait, qu’une cohabitation économique et culturelle harmonieuse entre Juifs et Arabes est tout à fait possible, et même mutuellement enrichissante.

     

  • Au Proche-Orient, la religion, au lieu de rester une affaire personnelle, intime, se mêle trop souvent de politique.

    Cela provoque des drames, car le caractère absolu des doctrines religieuses interdit tout compromis, alors que la politique est l’art de monter des compromis entre les hommes.
    Pour les extrémistes religieux juifs, on ne saurait abandonner la moindre parcelle de Terre promise, car elle a été donnée par Dieu à Moïse, pour le peuple juif.

    Pour les extrémistes religieux musulmans, tout territoire ayant appartenu au Dar-al-Islam doit y rester indéfiniment – comme la Palestine, qui fut une province de l’Empire ottoman pendant quatre siècles, avant de devenir un territoire sous man- dat britannique de 1922 à 1948.

  • La guerre révolutionnaire du Hamas

    Dans l’histoire des guerres asymétriques contemporaines, la stratégie du Hamas n’a rien de vraiment nouveau.

    Le mouvement islamiste palestinien applique la théorie de la guerre révolutionnaire telle que l’a promue Mao Tsé-toung et telle que l’ont analysée les officiers français Lacheroy, Trinquier et Galula sur le terrain des guerres d’Indochine et d’Algérie.
    Le premier principe de la guerre révolutionnaire est que son combattant doit être comme un poisson dans l’eau au sein de la population qu’il prétend vouloir libérer.

    C’est le cas des combattants du Hamas et de leurs familles, que rien ne permet de distinguer des autres foyers palestiniens.
    Mêmes mosquées, mêmes écoles, mêmes commerces, mêmes logements, mêmes voitures, mêmes vêtements. Des missiles peuvent être tirés un soir par le Hamas depuis des mosquées ou des écoles qui, le lendemain, seront fréquentées par des familles tout à fait pacifiques.

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