Maroc en effroi
Maroc en effroi
La solidarité humaine, ne se mesure jamais en fonction des couleurs mais du réalisme du moment, alors agissons. L’auteur connait l’Afrique et surtout parfaitement ce pays. Il y est né et y compte des milliers d’amis. Il s’incline avec respect et tristesse face à toutes les victimes et leurs proches.
Maroc : plus de mille morts. Le tremblement de terre survenu dans la nuit du 8 septembre a été enregistré avec une magnitude de 6,8, son épicentre se situant dans la province d’Al-Haouz, au sud-ouest de la ville Marrakech. L’essentiel des victimes se trouve dans les villages de l’Atlas. Il s’agit du plus puissant séisme à frapper le royaume, d’après les médias marocains. Au moins 1 037 personnes ont trouvé la mort, et le nombre de blessés provisoirement à 1 204 personnes.
Selon des images reproduites par les médias et sur les réseaux sociaux et des témoins, le séisme a provoqué d’importants dégâts dans plusieurs villes. Des images ont montré qu’une partie d’un minaret s’est effondrée sur la célèbre place Jemaa el-Fna, cœur battant de Marrakech. Les autorités ont indiqué que l’essentiel des victimes se trouve sans doute dans les villages situés dans le massif de montagnes de l’Atlas, à environ 70 kilomètres de Marrakech.
La Tour Eiffel sera éteinte samedi soir à 23 heures en hommage aux victimes du séisme qui a frappé le Maroc. L’extinction de la Tour Eiffel exprime le « soutien total et évident au Maroc » de la capitale française. Anne Hidalgo «sa solidarité envers les villes et les familles, je pense à elles et à toutes les victimes ». Plus tôt dans la journée, la maire LR du 7e cheffe de l’opposition à Paris Rachida Dati avait demandé sur X « qu’en symbole de solidarité avec le peuple marocain, la Tour Eiffel soit illuminée aux couleurs du Maroc ». Anne Hidalgo préfère l’éteindre. Une réunion extraordinaire de l’Association internationale des maires francophones, dont Anne Hidalgo est la présidente, doit se tenir à son initiative pour évaluer l’aide à apporter.
Comment localiser les victimes ensevelies sous les décombres ? « Dans les recherches, il y a au départ les victimes de surface, c’est-à-dire celles qui se manifestent d’elles-mêmes par les cris, les pleurs, et qui sont facilement localisables mais il y a aussi celles qui sont inconscientes, plus difficiles à localiser », explique Thierry Velu, président des pompiers humanitaires du groupe de secours catastrophe français (GSCF), spécialisé dans les catastrophes naturelles. Pour retrouver des survivants, les équipes de secours utilisent des capteurs de son pour détecter les appels à l’aide. Mais ces capteurs ne permettent pas de localiser les personnes endormies ou inconscientes. Les pompiers de GSCF sont depuis quelques mois équipés d’un nouveau radar, unique en France, capable de localiser en moins d’une minute une personne ensevelie, même si elle ne fait pas de bruit.
« C’est une première et on aimerait pouvoir l’utiliser au Maroc pour venir en aide aux victimes. Cet appareil détecte la respiration. Il envoie des ondes qui remontent aux sauveteurs qui peuvent ainsi localiser des personnes inconscientes. »
Nabil Ayouch, cinéaste marocain : « Depuis le séisme, il y a une chaîne de solidarité qui se met en place ». Sur les réseaux sociaux, on s’interroge de plus en plus sur l’absence totale de réaction officielle du roi Mohammed VI et du chef de son gouvernement Aziz Akhannouch, près de 24 heures après le séisme qui a tué plus d’un millier de personnes, selon un bilan encore très provisoire. Deux avions de la Maison royale marocaine auraient rejoint Paris, où, selon informations, le roi se trouvait encore vendredi. Ils pourraient ramener au Maroc le souverain. Seul le ministère de l’Intérieur marocain est en 1er ligne depuis le drame et multiplie les déclarations autour du bilan et de l’aide apportée. Le Premier ministre, très mutique depuis son arrivée à la tête du gouvernement en octobre 2021, ne peut de toute façon se permettre de s’exprimer avant le roi. Et, pour le moment, ce dernier est muet et invisible.
Des associations françaises lancent des appels aux dons pour aider les sinistrés. Plusieurs organisations caritatives françaises ont lancé un appel à la générosité auprès du grand public, afin d’aider les sinistrés du Maroc. Le Secours populaire français a annoncé dans un communiqué qu’il débloquait 50 mille euros issus de son « fonds d’urgence » pour « venir en aide aux enfants et aux familles qui ont tout perdu ». Au-delà de l’urgence, « l’accompagnement des personnes les plus fragiles » se fera nécessairement « dans la durée », l’association, « lance un appel pressant à la solidarité et au soutien financier pour les victimes de cette catastrophe ». La Fondation de France, « présente depuis plusieurs années dans cette zone », annonce mobiliser immédiatement 250 mille euros.
Elle a également lancé un appel à dons pour « renforcer » ses actions, dont la mise à l’abri, ou le soutien psychologique aux victimes. La Fondation « interviendra dans les zones les plus touchées, notamment dans les territoires isolés où l’aide arrive plus difficilement et les populations livrées à elles-mêmes ». « Elle mènera des actions de reconstruction durable » la « réhabilitation de bâtiments collectifs » ou la relance économique. Appel à dons également du côté de la Croix-Rouge française, pour pouvoir contribuer « à la fourniture de produits de première nécessité », avec les équipes du Croissant Rouge sur place. Au vu des dégâts « considérables », il faudra « anticiper un accompagnement qui va s’inscrire dans la durée », alerte la Croix-Rouge, qui ne sollicite que des dons financiers, et refusera les dons en nature.
Marianne Angeloni, présidente de l’association Secouristes sans frontières, attend le feu vert du gouvernement marocain pour intervenir. « L’urgence de tout secouriste est d’arriver sur zone, de faire des reconnaissances et de chercher les survivants. Plus on attend, moins on a de chance d’en retrouver. Nous, on a une petite équipe, très mobile pour pouvoir se déplacer rapidement avec des caméras de recherche, des appareils d’écoute sismiques pour localiser des survivants. Le besoin le plus urgent c’est la localisation des victimes sous les décombres. Puis viendra la médicalisation des personnes, l’aide aux personnes sinistrées qui auront besoin de nourriture, d’eau, d’hébergement. Les besoins viennent en cascade. D’expérience il peut y avoir des dizaines de répliques.
L’humoriste et acteur franco-marocain Jamel Debouzze apporte son soutien au Maroc. « Terrible nuit, terrible réveil. Tout mon soutien et mes pensées aux victimes, à leurs proches et à toutes les personnes touchées par le tremblement de terre », écrit-il sur X (ex-Twitter). « Aidons et apportons tous à notre échelle notre contribution pour aider le Maroc. Qu’est-ce que l’échelle de Richter ? Elle permet d’évaluer numériquement l’intensité des tremblements de terre. Le nom de cette échelle vient du sismologue américain Charles Francis Richter qui l’avait proposée en 1935. Le nombre cité correspond à l’énergie sismique libérée au moment du séisme et permet de donner une idée des dommages qui peuvent être envisagés.
2,9 ou moins – En général, pas ressenti, il y en a des millions par an. 3,0 à 3,9 – Peut être ressenti mais considéré comme mineur. 4,0 à 4,9 – Probablement ressenti, mais avec des dommages très limités. 5,0 à 5,9 – Légers dommages possibles aux bâtiments et infrastructures. 6,0 à 6,9 – Dommages potentiellement significatifs dans les zones habitées. 7,0 à 7,9 – Séisme majeur avec potentiellement de graves dégâts. 8,0 et plus – Dégâts dévastateurs attendus, risque de destruction complète des communautés situées autour de l’épicentre.
L’ONG Pompiers de l’Urgence internationale se dit prête à intervenir. Avec une équipe constituée de 40 pompiers sauveteurs spécialisés dans les catastrophes naturelles, trois maîtres-chiens, quatre spécialistes de la coordination des secours, une équipe médicale avec un chirurgien et trois infirmières, l’ONG Pompiers de l’Urgence internationale se dit prête à intervenir.
« Il y a déjà eu des répliques et on attend la plus puissante, généralement d’un degré en dessous qui peut intervenir dans les heures ou les jours qui suivent, prévient le colonel Philippe Besson, président-fondateur de l’ONG. La région touchée, au sud-ouest de Marrakech, est une zone montagneuse à plus de 1 000 mètres d’altitude, avec des villages de plusieurs milliers d’habitants et espacés de quelques kilomètres. On y trouve des habitats traditionnels, des constructions locales en pierre, torchis, qui ne résistent pas aux séismes. On s’attend à un bilan encore plus lourd. Les routes pour y accéder ne sont pas très praticables, voire endommagées. Chaque heure compte, chaque minute compte. »
Maroc : après le séisme, la course contre la montre pour trouver des survivants. Après le séisme de 6,8 sur l’échelle de Richter dont l’épicentre se trouvait à environ 70 km au sud de Marrakech, les secours tentent d’accéder au plus vite aux villages des montagnes de l’Atlas où les dégâts sont les plus importants.
L’Algérie tient à soutenir le Maroc, si le pays lui en fait la demande. L’Algérie a exprimé « son entière disponibilité à fournir une aide humanitaire et à déployer toutes les capacités matérielles et humaines, en solidarité avec le peuple marocain frère », en cas de demande de Rabat.
Séisme au Maroc : « Dans la région de l’Atlas, il y a beaucoup d’auto-constructions échappant aux normes parasismiques ». Selon Frédéric Léone, géographe spécialisé en gestion et cartographie des risques naturels à l’université Montpellier-III et fin connaisseuse du Maroc, les normes parasismiques sont très peu appliquées dans la zone où la terre a tremblé. Il se dit inquiet pour les villages de montagne du coin, difficilement accessibles pour les secours et où les habitats traditionnels ne sont pas conçus pour résister à de telles secousses.
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Maroc : « Dans la région de l’Atlas, il y a beaucoup d’auto-constructions échappant aux normes parasismiques ». Les régions Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Corse lèvent un million d’euros. « Nous avons décidé d’engager 1 million d’euros pour aider le Maroc : gérer l’urgence, soutenir l’aide humanitaire puis se reconstruire », a écrit la présidente de la région Occitanie sur X (ex-Twitter), en citant ses homologues des régions PACA et Corse. « Nos 3 régions sont par essence méditerranéennes et plus que jamais solidaires avec les Marocains. Nous partageons leur douleur et sommes à leurs côtés ».
Le Panda
Patrick Juan
Séisme au Maroc : dans le Haut-Atlas, «c’est comme si mon cerveau m’ordonnait de continuer à creuser encore et toujours»
Dans ces zones montagneuses difficiles d’accès, fortement touchées par le tremblement de terre, les secours sont à pied d’œuvre là où ils peuvent.
Dans certains endroits, les habitants fouillent eux-mêmes la terre en quête de survivants ou de corps.
Deuxième jour après le séisme.
Les villages du Haut-Atlas continuent de compter les disparus.
Dimanche aux aurores, les rescapés des alentours d’Asni, centre d’un cercle rural comprenant une vingtaine de douars éparpillés, se réveillent brusquement sous le bruit des hélicoptères qui sillonnent la vallée du N’fiss.
C’est ici, aux premiers contreforts de l’Atlas, au sud-ouest de Marrakech, que les Forces armées royales (FAR) ont déployé les premiers chapiteaux pour abriter des riverains aux abois.
Ces premiers hélicoptères, apparus aux lueurs du jour, survolent les flancs des montagnes, ils essayent d’évaluer la situation des localités les plus reculées du Haut-Atlas. Au cours des dernières vingt-quatre heures, les habitants sont descendus de tous les alentours d’Asni.
«Mes trois sœurs et mes quatre nièces ne sont plus de ce monde.
Les hommes n’ont réussi à en sortir que deux depuis vendredi soir», s’écrie en sanglots Rakkouche, 38 ans, de Tassamert.
Dans ce petit hameau en amont de Talat N’Yaqoub, épicentre déclaré du séisme, une trentaine de familles improvisent dans l’art de la survie.
Plus habituée aux glissements de terrain et aux inondations à cette période de l’année, la population se confronte aujourd’hui à une catastrophe naturelle jusque-là jamais connue.
De mémoire locale, le dernier tremblement de terre remonterait au début du siècle dernier.
Important convoi militaire
Les petits tentent de ramasser les affaires non abîmées restées dans les maisons, elles-mêmes complètement fissurées. Des murs entiers ont chuté.
Parfois toute la maison n’est plus qu’un amas de pierres écroulées.
Les décombres ont atteint le fleuve, tout en bas d’une sinueuse colline de roches.
Agriculteur et travaillant également dans une auberge proche, Brik, la cinquantaine, broie du noir.
Avec les aînés du douar, il a passé des heures à essayer de sauver les personnes enfouies sous les dalles et les parcelles de pisé.
Ici et là, des objets improbables couvrent un sol désormais compacté : télévisions, fours et autres armoires se fondent dans un paysage de chaos.
«Regardez autour de vous ! Tous les douars que vous voyez pleurent leurs proches. Et personne n’a attendu les premiers secours qui, de toute façon, ne sont pas encore venus», lance Mouh, berger et père de trois enfants, tous vivants, l’un ayant miraculeusement survécu dans l’obscurité de la nuit du vendredi. Il s’en tire avec quelques égratignures.
Arrivés au centre de Ouirgane, à mille mètres d’altitude, un important convoi militaire a été dépêché sur place aux côtés d’éléments de la protection civile et de la gendarmerie royale.
Sur une vaste clairière plongée au milieu d’un cirque de montagnes, des divisons entières du génie militaire sont au garde à vous. Ici, on planifie les opérations de déviation des tronçons de route et ponts sinistrés.
«La tâche a considérablement avancé ces dernières vingt-quatre heures, mais la mission de désenclavement n’en est qu’à ses débuts», explique un officier en poste.
Avec ses hommes, il fait face à une multitude de casse-tête techniques.
Une seule erreur d’appréciation peut mener à une chute d’une centaine de mètres dans les ravins de l’Oued N’Fiss.
Les routes dans cette région escarpée sont étroites et souvent bloquées par les éboulements. Des pelleteuses estampillées «ministère de l’Equipement» ont fait surface.
«On manque de tout»
Le dispositif d’urgence comprend également un groupe de chiens entraînés à chercher dans les décombres les corps ensevelis. Et ces corps, sans vie pour la plupart, se comptent au moins en centaines.
Dans ce paysage mortifère, des ambulances assurent à vive allure les allers-retours vers Marrakech.
Il reste tant de villages à secourir.
Car du côté de Tizi n’Test, col incontournable pour couper le massif en direction de la ville de Taroudant plus au sud, également dévastée, des messages de détresse sont sur toutes les lèvres.
«Que Allah vous en récompense, aidez-nous ! Nos familles meurent en silence sans que nous puissions les atteindre.
Je vous en conjure, partagez ce message.
On manque de tout», peut-on entendre, d’une voix berbère dépitée, dans un audio sur WhatsApp largement diffusé.
Des scènes d’extrême affliction se succèdent tout au long de la nationale 203 reliant Marrakech à Taroudant via la province de Haouz.
Les terribles conséquences du séisme s’alourdissent au fur et à mesure que la route prend de l’altitude.
Le chemin devient cassant avant de se transformer en piste impraticable.
Des amas de rochers descendent à une fréquence quasi régulière des crêtes vertigineuses.
Les conducteurs les plus téméraires décident d’emprunter le cours de l’oued, fortement déconseillé par les locaux.
A Talat N’Yaqoub, centre rural le plus touché, une odeur suffocante pollue l’atmosphère.
Celle de la putréfaction des corps.
C’est notamment à partir de cette bourgade que les blessés graves des douars alentour sont transférés par ambulance au CHU de Marrakech.
Proches du souk, les constructions de deux étages sont complètement détruites.
Des jeunes et moins jeunes s’attellent à creuser dans les décombres pour faire sortir les corps qui manquent à l’appel.
«Samedi matin, nous avons été aidés par des pompiers qui nous ont conseillé d’arrêter les fouilles en attendant des renforts logistiques pour notre sécurité», témoigne Abdelghafour.
Résultat des courses : les renforts se faisaient toujours attendre dimanche, vers midi.
En manque de matériels d’extraction, les habitants fouillent en usant des moyens du bord… souvent à mains nues.
Vers Timright, La nationale 203 devient sinueuse, ensevelie sous les rochers.
Un passage périlleux pour les ambulances et les engins de déblaiement.
Dans le village, les recherches de corps ensevelis prennent des allures dramatiques.
«Nous avons pu sortir douze corps sans âme jusqu’à présent», chiffre Tayeb, trentenaire rencontré en pleine action de déblayage.
«J’ignore d’où je puise toute cette force depuis deux jours. Je n’ai que peu mangé, peu dormi depuis vendredi, mais c’est comme si mon cerveau m’ordonnait de continuer à creuser encore et toujours».
L’objectif tant désiré est de pouvoir trouver des survivants dans les décombres.
Premiers cartons de ravitaillement
D’un signe de la main, il montre ce que fut Tikiouet, paisible douar d’une vingtaine d’habitations aujourd’hui complètement rasé.
Vu sa position au milieu d’une surface creuse sur l’autre rive du cours d’eau N’Fiss,
Tikiouet a été réduite à néant.
Nulle précision sur les pertes humaines enregistrées de l’autre côté du fleuve.
Avant le séisme, le hameau comptait une centaine d’habitants.
Sous l’ombre des oliviers, les familles se partagent les tâches.
Près de quarante-huit heures après le séisme, on manque de produits de première nécessité, mais les premiers ravitaillements arrivent «bientôt» par hélicoptère, affirme avec force Imad, fonctionnaire de la commune de Talat N’Yaqoub, qui dit tenir l’information de source sûre.
Dimanche en début d’après midi, alors que le soleil est au zénith, les premiers cartons sont enfin livrés par voie aérienne sur le lieu où se tient normalement le souk hebdomadaire de Talat N’Yaqoub.
Le choix n’est pas anodin.
Dans un territoire exclusivement montagneux, c’est décidément le seul espace où les hélicoptères peuvent atterrir sans encombres.
Scrutant l’horizon, les familles sinistrées retiennent leur souffle.
Elles qui, en l’espace de quelques secondes de séisme, ont vu leurs habitations ancestrales s’effondrer comme un château de cartes.
Séisme : le Maroc accepte l’aide de quatre pays, la France n’en fait pas partie
La journée de ce lundi 11 septembre est cruciale pour retrouver des survivants, plus de 48 heures après le séisme de magnitude 7 qui a frappé le Maroc la nuit de vendredi à samedi.
Le dernier bilan est de plus de 2 100 morts et 2 400 blessés.
Le Maroc a annoncé dimanche 10 septembre avoir accepté l’aide de quatre pays seulement après le puissant séisme qui l’a frappé dans la nuit de vendredi à samedi : l’Espagne, le Royaume-Uni, le Qatar et les Emirats arabes unis.
De nombreux autres Etats se disent prêts à envoyer des secours.
Le bilan humain de ce tremblement de terre, le plus puissant à avoir frappé le pays, est d’au moins 2 122 morts et 2 421 blessés, selon le dernier communiqué du ministère de l’Intérieur marocain, publié dimanche après-midi.
Au moins quatre Français ont été tués et quinze blessés dans la catastrophe, selon le dernier bilan du Ministère des Affaires étrangères.
La France annonce une aide de 5 millions d’euros pour les ONG présentes au Maroc.
A défaut d’envoyer ses propres équipes de secours, faute d’accord des autorités marocaines,
Paris sort le carnet de chèques pour les associations présentes sur le terrain.
Une aide de 5 millions d’euros va être débloquée par la France pour aider les ONG qui sont actuellement « sur place » au Maroc et apportent leur secours après le séisme meurtrier, annonce ce lundi la ministre française des Affaires étrangères.
« Le Maroc est un pays souverain et c’est à lui d’organiser les secours », a par ailleurs déclaré Catherine Colonna sur la chaîne d’information BFMTV, précisant que le pays n’avait « refusé aucune aide » venant notamment de Paris.
La cheffe de la diplomatie a également appelé à ne pas créer de « fausse polémique » au moment où des « gens ont besoin d’aide ».
Après le feu vert marocain, de premières équipes décollent.
L’Espagne a affirmé avoir déjà envoyé au Maroc 86 secouristes accompagnés de chiens spécialisés dans la recherche de victimes, tandis qu’un vol humanitaire qatari a décollé dimanche soir de la base aérienne d’Al-Udeid, dans la banlieue de Doha.
A Marrakech, Gambie et Congo ont quand même joué deux jours après la catastrophe.
Un drôle de match, maintenu en dépit du contexte et des réserves des deux équipes.
La Gambie s’est qualifiée dimanche soir pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations de football en faisant match nul 2-2 contre le Congo lors d’une rencontre organisée au Grand Stade de Marrakech, 48 heures après le séisme meurtrier.
Cette rencontre avait été délocalisée à Marrakech car la Gambie ne dispose pas d’un stade aux normes internationales.
Lorsque le tremblement de terre s’est produit tard vendredi soir, les joueurs gambiens et congolais ont fui leur hôtel et dormi en plein air.
Les sélectionneurs des deux équipes, les Belges Tom Saintfiet (Gambie) et Paul Put (Congo), ont déclaré que leurs joueurs avaient été traumatisés, mais la Confédération africaine de football (CAF) a maintenu la rencontre.
Le match a été joué devant à peine quelques dizaines de spectateurs, supporters des deux équipes qui ont agité des drapeaux de leur pays.
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La CAF dépasse LA FOLIE il faut relater ces faits qui n'ont rien d'HUMAINS
Séisme au Maroc : «Le défi maintenant, c’est que tout ne soit pas reconstruit en béton»
L’entrepreneur Oussama Moukmir, fondateur d’une coopérative dédiée à la bioconstruction, promeut un bâti conforme aux normes sismiques, mais confectionné à partir de matériaux locaux et durables, en usant de méthodes anciennes.
Oussama Moukmir est né à Agadir, ravagée par un séisme en 1960 qui avait provoqué la mort de 12 000 à 15 000 personnes.
Est-ce d’avoir grandi dans une ville nouvelle, où il ne restait rien de l’habitat traditionnel, qui a poussé ce maçon à vouloir remettre à l’honneur des matériaux et modes de construction anciens ?
Terre, pierre, bois, roseau, paille, plâtre, chaux, mais « pas de béton du tout» : la coopérative Bellarej qu’il a fondée, à Marrakech, s’est spécialisée dans la «bioconstruction» et la restauration de bâti ancien.
Et le tremblement de terre de magnitude 7 qui a frappé son pays, dans la nuit de vendredi à samedi, a servi de stress test grandeur nature à la solidité de ses ouvrages, qui répondent par ailleurs à une norme parasismique exigeante en matière de construction en terre (le RPCT2011, que le Maroc a été l’un des premiers pays à adopter).
« J’étais très anxieux, donc samedi je me suis précipité pour faire le tour de mes bâtiments. Mais à part de toutes petites fissures, ils n’ont pas bougé », témoigne l’entrepreneur, manifestement très soulagé.
Car autour de ses maisons ocre, brunes ou Sienne, qui se fondent dans le paysage immémorial de l’arrière-pays marrakchi, bon nombre de constructions récentes en béton n’ont pas tenu le choc, d’après lui.
La faute, comme en Turquie, à la corruption et à la prédation immobilière ?
Les avis divergent. «Les nouvelles constructions – soumises à des permis de construire régis en principe par des normes parasismiques – sont celles qui auraient dû être épargnées.
Or l’ampleur des destructions suite au séisme à Moulay Ibrahim, bourgade proche de l’épicentre qui a vu se multiplier de très nombreuses nouvelles constructions depuis que la réglementation antisismique a été mise en place, ou ce qui s’est passé dans le même sens à Ouirgane, reconstruite en partie dans les années 2000 à la suite d’un projet de nouveau barrage, montre qu’on est loin du compte», commente Sion Assidon, un des fondateurs de Transparency International au Maroc.
«Après les mesures d’urgence devrait venir le temps de l’analyse des causes humaines de cette catastrophe», ajoute le militant, qui a vécu, enfant, le tremblement de terre d’Agadir.
Dans le baromètre 2022 de l’ONG, qui mesure la perception de la corruption, le Maroc occupe la 94e place sur 180 pays.
«Magnitude inédite»
«Ce n’était pas une région sismique, donc les anciens n’ont pas conçu des maisons qui résistent aux séismes», nuance Oussama Moukmir.
Mais l’exode rural a entraîné un délabrement de l’habitat vernaculaire amazigh (berbère) comme une perte de savoir-faire.
Et la modernité n’a rien arrangé : des «nouveaux usages», souvent bricolés, se sont ajoutés au fil des décennies, fragilisant les structures : «Le pavage des rues empêche les bâtiments de respirer.
On a introduit l’eau courante mais, comme il y a des fuites, à la longue cela affaiblit les fondations.
La surélévation des étages et la surcharge des toits pèsent sur les piliers, etc.»
Au moins cette catastrophe est-elle l’occasion de «mettre à niveau le monde rural».
Un rattrapage indispensable «car, si le Maroc perd ce monde rural, il n’aura plus rien à proposer.
Il ne restera que quelques médinas botox, mais plus rien de ce qui fait son charme», met en garde le conducteur de travaux.
«Quand vous avez 350 000 morts à Haïti, vous pouvez dire qu’il y a une incurie qui fabrique une mortalité colossale.
Mais le Maroc n’a rien à voir avec ça, ni même avec ce qui s’est passé en Turquie», objecte un architecte français qui a mené plusieurs grands projets dans le royaume.
«C’est un pays qui possède une tradition urbaine très profonde, et où la réglementation en matière d’urbanisme et de normes sismiques n’est pas moins-disante que celle de la France.
Au contraire, le Maroc a même inspiré la France en 1919», ajoute ce grand nom de la discipline.
Il accuse aussi la puissance du séisme. «Pour que la partie haute du minaret de la mosquée de la place Jemaa el-Fna, qui a résisté pendant dix siècles, s’effondre, mais pas les constructions contemporaines, cela en dit long sur la magnitude inédite de ce séisme de montagne.»
«Un défi psychologique»
Oussama Moukmir redoute la phase d’après : la reconstruction. «Ils vont tout bétonner, il n’y aura plus de village, plus rien, ça va être affreux», s’afflige cet autodidacte qui enseigne à l’Ecole nationale d’architecture de Marrakech à une nouvelle génération éprise de beau et d’écologique.
Pour lui, le «vrai défi est psychologique» : «traumatisés», les sinistrés vont vouloir du béton parce qu’ils s’imaginent que c’est plus solide.
Pour les convaincre, le fondateur de l’ONG «Labina», auteur d’un Guide de l’écoconstruction marocain, veille à ne pas avoir l’air d’un illuminé. Une petite touche de modernité ne nuit pas, dès lors qu’elle est synonyme de durabilité.
«Pour les armatures, on peut utiliser du plastique, matériau non dégradable, mais aussi des mailles en géogrille ou en fibres de verre, qui sont très résistantes à l’attraction : si le bâtiment bouge, il bouge en entier et ainsi on empêche la désolidarisation des éléments avec ce matériau», illustre ce pragmatique formé sur le tas.
Il lui faudra aussi convaincre les autorités, qui pourraient être tentées par la solution de facilité : tout raser et reconstruire, vite, en béton.
« Avec le Conseil de l’ordre des architectes de Marrakech, nous allons lancer un appel à l’Etat pour lui proposer l’assistance de notre ONG, afin que dans la réflexion sur la reconstruction, on n’écarte pas l’option des matériaux locaux. »
Confort thermique, respect du patrimoine, solidité : la localisation des matériaux a aussi son importance dans une région montagneuse difficile d’accès, et plus encore depuis samedi.
Pourquoi ne pas recycler sur place les gravats au lieu de les évacuer par la route en camion pour importer ensuite de nouveaux matériaux ?
« On revient à la terre et plus globalement aux matériaux écologiques et propres parce qu’on n’a pas le choix », vu la nocivité du secteur de la construction (40 % des émissions carbone mondiales), expliquait récemment Oussama Moukmir dans un entretien publié sur le site de l’agence d’architecture l’Atelier Géminé.
« Et parce que la nature fait son travail, c’est-à-dire que tout ce qui n’est pas durable va être éjecté naturellement. »
Au Maroc, le bilan du séisme approche les 2 900 morts et 2 600 blessés
Le séisme le plus meurtrier dans le royaume depuis plus de soixante ans a dévasté vendredi soir des villages entiers dans une région située au sud-ouest de la cité touristique de Marrakech.
Les secouristes marocains, appuyés par des équipes étrangères, redoublent d’efforts pour retrouver d’éventuels survivants et fournir l’assistance à des centaines de sans-abri, trois jours après le séisme qui a fait près de 2 900 morts selon un dernier bilan qui ne cesse d’augmenter.
« La grande difficulté réside dans les zones éloignées et difficiles d’accès comme ici, mais les blessés sont héliportés », explique la cheffe de l’équipe espagnole, Annika Coll.
« C’est difficile à dire si les chances de trouver des survivants s’amoindrissent car par exemple en Turquie frappée d’un très violent séisme en février, nous avons réussi à trouver une femme vivante après six jours et demi. Il y a toujours de l’espoir, a-t-elle ajouté.
Il est aussi important de retrouver les corps sans vie car les familles doivent savoir et faire le deuil. »
Le séisme, le plus meurtrier dans le royaume depuis plus de soixante ans, a dévasté vendredi soir des villages entiers dans une région située au sud-ouest de la cité touristique de Marrakech (centre), faisant 2 862 morts et 2 562 blessés, selon un dernier bilan officiel publié lundi.
L’épicentre de la secousse est situé dans une zone montagneuse du Haut-Atlas, où les éboulements ont encore rendu difficile l’accès aux villages sinistrés, comme la commune d’Ighil.
Le Maroc a accepté les offres de quatre pays d’envoyer des équipes de recherche et de sauvetage : l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Emirats arabes unis.
Dans plusieurs localités, des membres des forces de sécurité continuent d’aider à creuser des tombes pour les victimes, alors que d’autres installent des tentes jaunes pour les sinistrés.
Dans le village isolé de Imi n’Talat, au sud-ouest de Marrakech, des bénévoles ont travaillé d’arrache-pied dimanche soir pour extraire des corps ensevelis sous les décombres.
Le séisme, qui a atteint une magnitude 7 selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon le service sismologique américain), est le plus puissant à avoir jamais été mesuré au Maroc.
Il est aussi le plus meurtrier dans le pays depuis celui qui avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, le 29 février 1960 : entre 12 000 et 15 000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, y avaient péri.
Le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, a présidé lundi une réunion consacrée notamment à la reconstruction des logements détruits dans les zones sinistrées.