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Médecins Généralistes, soignants sur la Sellette

Temps de lecture : 8 minutes

Médecins Généralistes, soignants sur la Sellette

Arrêts de travail pénuries importantes du monde des soignants

 Les médecins généralistes s’insurgent contre les contrôles de l’assurance maladie

Il coordonne le parcours de soins de son patient et centralise les avis des autres soignants. Sa proximité avec le patient lui permet de jouer auprès de lui un rôle unique dans l’information sur la prévention, le dépistage, le suivi des maladies ainsi que l’éducation thérapeutique.

Une journée de mobilisation nationale le 20 juin

À l’hôpital du Nord France-Comté à Trévenans près de Belfort, l’Intersyndicale CFDT, CGT, CNI (Coordination syndicale infirmière) et FO appellent les salariés à la grève et à se retrouver vêtus de leur blouse blanche sur le parvis de l’établissement.

Pour désengorger les urgences, explique Mélanie Meier, secrétaire de section CFDT de l’Hôpital Nord Franche-Comté, nous ajoutons un deuxième lit dans les chambres censées n’en contenir qu’un. Cela fait jusqu’à trois, quatre, cinq lits supplémentaires par service. Ce qui explique la pénurie importante de personnel à tous les stades dans le monde hospitalier. Une honte terrible face aux déserts médicaux qui frappent l’hexagone l’Etat se trompe totalement de cibles. A ce rythme nous allons revenir aux hôpitaux de 1940, avec des chambres communes de 10 à 15 lits et les personnes décédées emportés recouvertes d’un modeste drap blanc. A cette cadence sonnes-nous encore des humains ? Poursuivez de la sorte et vous ne trouverez plus de soignants sous peu et cela quel que soit vos moyens « Les soins de praticiens, de l’ensemble du personnel hospitalier restent comme le Don du Sourire à des moments c’est gratuit » Lien

10 mille euros

En France, le salaire médian pour la profession de médecin généraliste est d’environ 6 mille à 10 mille euros brut par mois. Cela correspond à 72 mille à 120 mille euros brut par an. Le salaire net perçu chaque mois avant impôt sera de plus de 5 000 euros. Dans un communiqué, le syndicat des médecins généralistes de France dénonce la campagne de contrôles lancée par l’Assurance maladie contre les praticiens qui délivreraient trop d’arrêts de travail.

Quels sont les inconvénients d’un médecin généraliste ?

Les moins : Très grande amplitude horaire : heures supplémentaires fréquentes, travail en soirée et week-end. Des études très longues et sélectives. Deux tiers des médecins généralistes ont déclaré ne pas être en mesure de prendre des nouveaux patients l’an dernier, contre la moitié en 2019, selon une étude de la Drees publiée jeudi 25 mai. Et le phénomène risque de s’amplifier.

Pour une fièvre, une gastro ou une douleur subite, qui ne s’est pas heurté au terrible message sur Doctolib : « ce praticien réserve la prise de rendez-vous aux patients déjà suivis » ? Et pour cause : « en 2022, 65 % des médecins déclarent être amenés à refuser de nouveaux patients comme médecin traitant ; ils étaient 53 % en 2019 », d’après le dernier rapport du service statistique des ministères sociaux (la Drees), publié.

L’étude statistique alerte sur le fait que 78 % de médecins généralistes – soit huit sur dix – subissent l’impact de la baisse démographique médicale en 2022, contre 67 % en 2019. Avec souvent une surcharge de travail à la clé. « Il y a cinq ans j’avais 1 700 patients dont j’étais le médecin traitant, aujourd’hui je suis à 2 500 patients », dénombre le docteur Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France.

« Des efforts, j’en ai fait, maintenant je ne peux plus »

Santé 2023

Conséquence : 44 % ont déclaré qu’ils ne peuvent plus suivre régulièrement certains patients, en hausse de 4 points par rapport à 2019. « On fait de l’acrobatie tous les jours. Les patients doivent négocier avec les secrétaires pour avoir un rendez-vous dans des délais brefs. Les secrétaires médicales encaissent les plaintes des patients et nous, on a la trouille de passer à côté de quelque chose de sérieux », déplore le docteur Jean-Paul Hamon, médecin généraliste à Clamart (Hauts-de-Seine). « On a le sentiment d’être un corps en fin de vie, c’est effrayant ».

Alors « pour exercer dans des situations de tension entre offre et demande de soins, les médecins généralistes sont amenés à modifier et adapter leur organisation et certains de leurs pratiques », relève l’étude de la Drees. Une adaptation qui se traduit par un renoncement à des conditions de travail décentes. Cela passe notamment par des journées de travail plus longues, l’augmentation des délais de rendez-vous, le refus de nouveaux patients, la diminution du temps de formation ou encore la baisse de la fréquence des consultations de suivi, pointe le rapport.

La qualité de soin trinque

La quasi-totalité de ces mesures d’adaptation se font au détriment de la qualité des soins et de la santé mentale des praticiens. La direction de statistiques rapporte que 62 % des médecins ont constaté l’an dernier qu’il est plus difficile de répondre aux sollicitations de leurs patients.

Pour tenter de faire face à cette situation alarmante, « ce sont les médecins généralistes les plus jeunes qui adaptent plus leurs pratiques à la situation démographique », souligne la Drees. Un constat qui concorde avec la réalité observée par le docteur Jean-Paul Hamon : « deux internes qui sont passées par mon cabinet sont parties faire de [la médecine] esthétique, d’autres arrêtent carrément ». Un cercle vicieux.

Des lettres de menace

Dans un communiqué publié jeudi et repéré par Le Figaro, la Fédération française des médecins généralistes, s’insurge contre la brutale campagne de contrôles de l’Assurance maladie qui soupçonne certains professionnels de délivrer trop d’arrêts de travail.

Les lettres de menace de mise sous objectifs de prescriptions d’indemnités journalières commencent à pleuvoir sur les médecins généralistes, dénonce MG France, ajoutant que « l’Assurance maladie prétend accompagner la profession, les courriers ont clairement un ton menaçant ». Auprès du Figaro, l’Assurance maladie confirme qu’elle contrôle le taux d’indemnités journalières délivrées par chaque médecin en se penchant tout particulièrement sur ceux qui prescrivent 5 à 10 fois plus que la moyenne nationale. Ces derniers sont invités à réduire et justifier les arrêts fournis. Ils s’exposent à une sanction financière plafonnée à 9 mille euros.

« Préoccupé par l’explosion des arrêts maladie »

D’après MG France, un millier de forts prescripteurs est ciblé en priorité par cette campagne de contrôle, mais 5 mille médecins traitants seront également convoqués à des entretiens confraternels et 15 mille recevront au moins une visite de délégués de l’Assurance maladie pour les avertir d’une pratique excessive. Près d’un tiers des médecins généralistes traitants ciblés, cela fait beaucoup, déplore l’organisation syndicale.

L’Assurance maladie assure que cette campagne n’est pas plus massive qu’auparavant. C’est en revanche la première depuis la crise sanitaire, ce qui peut expliquer la surprise des médecins, suppose-t-elle. Toujours est-il qu’elle intervient alors que le gouvernement affiche sa volonté de s’attaquer à « l’explosion » du nombre d’arrêts maladie. Il y a quelques jours au Sénat, Gabriel Attal a alerté sur le déficit de la Sécurité sociale qui n’est pas seulement le fait de la crise sanitaire.

Le gros des dépassements, c’est quand même lié aux indemnités journalières et à l’explosion notamment des arrêts maladie, assure le ministre délégué aux Comptes publics. Si rien n’est fait pour stopper cette progression, le montant annuel des indemnités journalières atteindra selon lui 23 milliards d’euros en 2027, contre 14 milliards aujourd’hui.

Arrêts plus nombreux mais moins longs

L’engagement du gouvernement dans la lutte contre les arrêts de travail de complaisance n’est pas nouveau. L’an passé, l’exécutif avait tenté de mettre fin à l’indemnisation des arrêts de travail prescrits par téléconsultation lorsqu’il n’était pas délivré par le médecin traitant. Une mesure finalement retoquée par le Conseil constitutionnel.

L’Assurance maladie confirme l’augmentation du nombre d’arrêts de travail ces dernières années. La dépense liée à l’indemnisation de ces arrêts apparaît très dynamique et en accélération, avec un taux d’évolution de 7,4% en 2022, de 6,6% en moyenne depuis 2019 (hors Covid), alors qu’il s’élevait à 4,4% entre 2015 et 2019, détaille l’organisme. La croissance des salaires et de l’emploi n’explique pas à elle seule cette hausse des dépenses. À la suite de l’échec des négociations entre les généralistes et l’Assurance maladie au sujet du tarif des consultations, la fronde s’organise. Depuis le 12 juin, de nombreux praticiens conventionnés ont augmenté sans autorisation le prix de leur consultation de 5 euros.

Nous sommes excédés, au bord du burn-out, se désole Thomas Lacroix, médecin généraliste à Couëron dans le département de la Loire-Atlantique. Il fait partie de ces nombreux généralistes, médecins de famille, à avoir décidé unilatéralement de faire passer le tarif de la consultation de base de 25 à 30 euros.

En cause, une accumulation de facteurs qui nuisent selon eux à une médecine de qualité : l’inflation de leurs coûts, un tarif trop bas, bloqué depuis 2017, qui inciterait à faire de la quantité à défaut de qualité, un épuisement généralisé. Une proposition de revalorisation de l’Assurance maladie de 1,50 euro par consultation vécue comme une véritable provocation voire une humiliation. Rappelons que lors des récentes négociations avec l’Assurance maladie, les médecins généralistes demandaient que le tarif de la consultation de base passe à 50 euros.

Cela fait des mois que nous sommes en lutte, pour plus d’attractivité, plus de temps disponible pour nos patients et l’Etat décide l’inverse, nous pousser à faire toujours plus d’actes. Aujourd’hui, la moitié des médecins sont en pré-burnout, explique-t-il.

On est à bout

Cette décision est une décision de la dernière chance pour une population de professionnels plutôt légaliste, il en faut beaucoup pour qu’on transgresse. il ne faut pas nous pousser plus loin, on est à bout. Ce tarif ne reflète tout simplement pas notre engagement au quotidien, on donne tout.

Le cabinet Mercer qui publie chaque année un baromètre sur l’absentéisme dresse le même constat. Selon des données communiquées en exclusivité à BFM Business, 48% des salariés ont été absents au moins une fois plus de trois jours en 2022, contre 36% en 2021 et 39% en 2020. En revanche, la durée moyenne des arrêts a diminué l’an passé, à 26 jours, contre 32 en 2021.

Management toxique

Le syndicat MG reconnaît lui-même que l’augmentation des arrêts « est bien réelle ». « Mais est-elle liée à des changements de pratiques des médecins, ou est-elle liée à l’évolution de la société, au vieillissement des salariés et aux pressions sur l’augmentation de la productivité et des cadences ? », questionne l’organisation.

Elle déplore que les médecins généralistes soient des boucs émissaires alors qu’ils subissent déjà les pires contraintes avec la baisse de leurs effectifs et les lois coercitives qui menacent. Cette façon de faire ressemble plus à un management toxique qui pourrait bien avoir pour effet d’accélérer la chute des effectifs de ces professionnels pas plus déviants que d’autres.

Les raisons des médecins généralisent qui passent la consultation à 30 euros ?

MG France affirme enfin que la pression que subissent les médecins généralistes traitants actuellement est telle qu’on ne peut absolument pas les soupçonner de complaisance vis-à-vis de patients exigeants. En conséquence, le syndicat condamne sévèrement la politique de mise en cause très large de la profession qui est une pression psychologique de plus et de trop.

Le Panda

Patrick Juan

Une réflexion sur “Médecins Généralistes, soignants sur la Sellette

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