Sophia Chikirou, l’insoumise !
Sophia Chikirou, l’insoumise
Après ses propos polémiques sur Fabien Roussel et alors qu’un « Complément d’enquête » diffusé jeudi 5 octobre se penche sur les soupçons de surfacturation au profit de sa société de communication, la députée LFI très proche de Mélenchon divise jusque dans son parti, où elle est décrite comme « toxique » ou « brutale ». L’essentiel en la circonstance reste de savoir réellement d’analyser à qui profite « Le crime ». Mélenchon en perte de vitesse presque totale, veut-il se reprendre ? Vaste dilemme qui touche l’ensemble de l’union que LFI avait réussit à faire.
Les tribunes surplombent l’hémicycle, l’huissier écarquille les yeux. Sous ses pieds, l’Assemblée nationale rugit. Au milieu de la mêlée, criant encore plus fort que les autres, Sophia Chikirou se détache, comme si un projecteur braqué sur elle pour la signaler. « La honte ! La honte ! C’est un scandale !» s’époumone la députée insoumise. Sa 1ère année à l’Assemblée, Chikirou est discrète. « J’avais choisi de peu parler, je m’étais donné une année pour m’installer dans mon mandat, je vais être plus présente maintenant ». Une saison plus tard, l’attention se recentre sur elle.
Après la Fête de l’Huma mi-septembre, elle déclenche une polémique en écrivant sur Facebook il y a « du Doriot dans Roussel », le secrétaire national du Parti communiste français à un collaborationniste issu du communisme. Le 5 octobre, complément d’enquête consacre son édition à la directrice de com de Jean-Luc Mélenchon. Soupçonnée d’avoir surfacturé des prestations au candidat par le biais de sa propre société, Mediascop. Message déjà révélés par l’émission, celle qui était alors à la tête du Média, webtélé proche du mouvement insoumis, écrit à propos de journalistes qui réclament la publication d’un communiqué auquel elle s’oppose : « Ils le font, le signent et se le mettent dans le cul profond. Cette bande de tafioles de merde. »
« Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi toxique, affirme un ancien journaliste du Média. Elle est manipulatrice, divise pour mieux régner et elle a une aura ou tu as envie de te mettre dans son sillage. » « Il n’y a pas de surprise, tous savent que Sophia peut ne pas être sympa, comme n’importe quel camarade », dixit le député insoumis Hadrien Clouet qui admet, à propos de la référence à Doriot : « Un loupé, pas le fruit d’une stratégie. Quoi qu’il arrive, on fait bloc »
« Montée en tension »
26 septembre, réunion de groupe à l’Assemblée, le sujet a été abordé, par la députée Danielle Simonnet qui avait déjà fait part de sa désapprobation. « On a un discours très unitaire mais en même temps, on est brutaux, regrette-t-elle. Avec la phrase sur Doriot, on a passé un stade. J’ai dit qu’on n’aidait pas le combat contre l’extrême droite en mettant tout le monde dans le même panier et après ce genre d’attaques, on n’était plus audibles. Ça empêche un débat et on s’isole. »
Quelques jours plus tôt, les députées Clémentine Autain et Raquel Garrido, en conflit avec la direction depuis qu’elles en ont été écartées sans explication, avaient condamné le propos. « Une erreur politique et historique grossière », pour la seconde. Même des députés qui se tenaient éloignés des tensions internes expriment leur gêne. Lors de la réunion, Manon Meunier a fait part de son inquiétude pour l’équilibre de la Nupes dans sa circonscription. « Des gens se sentent propriétaire de LFI, déplore sous couvert d’anonymat un député insoumis qui n’est pas classé parmi les frondeurs. Elle fait ça alors qu’il n’y a eu ni discussions ni décision commune. »
Pour Danielle Simonnet, l’épisode s’inscrit dans « une montée en tension externe et interne depuis la rentrée ». L’éviction de Clémentine Autain, Raquel Garrido, Alexis Corbière et François Ruffin de la coordination de LFI a ouvert une plaie qui n’est pas refermée. Depuis, ceux qu’on appelle les « frondeurs » expriment des critiques quant au fonctionnement du mouvement. Mélenchon et ses lieutenants chassent les reproches en dressant le portrait d’ambitieux qu’ils accusent de trahison. Une lutte interne qui trouve son terrain d’affrontement sur la boucle Telegram des députés, à laquelle participe le candidat à la présidentielle. « Depuis la rentrée il y a une montée en régime, affirme un insoumis frondeur. C’est au-delà de tout, on est à un niveau de maltraitance »
Dans les échanges, Sophia Chikirou est parmi les plus offensives. « Cette femme est toxique, affirme une députée. La violence est son mode de fonctionnement. Il y a une prise de conscience dans le groupe. Ça risque d’exploser avec le Complément.
« Tout le monde est terrorisé par Sophia »
Clémentine Autain : « fatiguée, stop, ras-le-bol », répond la députée de Seine-Saint-Denis interrogée sur les passes d’armes entre Mélenchon et Roussel. L’extrait est relayé dans la boucle des députés insoumis. « Pour éviter de se diviser, il faudrait que les diviseurs en mal de reconnaissance cessent », commente Sophia Chikirou, déplorant les « ignominies que certains racontent à son sujet » dénonçant « le jeu mortifère d’une extrême minorité qui, à défaut de faire mieux, fait tout pour saccager. Dix ans que ça dure ». Réagissant au message d’un député qui appelle à ne pas entrer dans une « chasse aux ennemis de l’intérieur ». Je préfère attendre sur le bord de la rivière de voir passer leurs corps. » « Sélection naturelle ».
C’est elle aussi qui, depuis que Mélenchon a affirmé que François Ruffin était « prêt » pour la présidentielle, torpille le député. Un numéro de duettiste : il le pousse, elle fait les croche-pieds. Un « propos au mieux maladroit, au pire une faute politique », a-t-elle réagi alors que Ruffin déclare que le changement de genre dès 16 ans n’était pas la priorité de la gauche. Elle avait poussé pour un communiqué du groupe le condamnant. Interrogée, Chikirou dément vouloir pousser les frondeurs dehors : « Quand j’en ai marre, c’est moi qui pars, pour ma santé mentale. »
« Tout le monde est terrorisé par Sophia, affirme une députée, il y a une chape de plomb du fait de son statut. » candidat à la présidentielle et sa directrice de communication, anciens du PS, se sont rencontrés au Sénat en 2008. L’ancien ministre et la militante de 26 ans soutenaient tous deux Fabius à la primaire socialiste. « En 2003, Fabius a eu le courage de dire oui à la loi interdisant les signes religieux ostentatoires à l’école. La République doit permettre de résister à la montée de l’individualisme et du communautarisme », louait alors celle qui, comme Mélenchon, a construit son rapport au monde par le prisme républicain et a longtemps été classée parmi les « laïcards ».
« Elle ne recule devant rien »
Investie dans le XXe arrondissement, Sophia Chikirou quitte le PS en 2006, quand la circonscription qui devait lui revenir lui échappe. « Mélenchon lui a dit arrête tes conneries elle l’a suivi ». Quinze ans plus tard, Sophia Chikirou est toujours là, un œil sur tout ce qui concerne le candidat à la présidentielle, jusqu’à sa tenue ou sa coiffure. Dans la galaxie insoumise, s’attaquer à elle, c’est risquer l’excommunication. Qu’on soit avec ou contre elle, on s’accorde à dépeindre une guerrière qui n’a peur de rien, surtout pas de se battre. Interrogée sur les soupçons de malversations qui la visent, elle affirme, son regard noir fixant la caméra : « Pour me faire baisser les yeux, il faudra me les crever. On ne me fait pas baisser la tête, je ne suis pas ce genre de femme. »
« Sophia, c’est une force qui va, c’est fascinant, affirme Emmanuel Maurel, dont elle a été proche. Elle ne recule devant rien, elle a une énergie folle. Et c’est une super communicante, la meilleure. » Ne jamais admettre une erreur, avancer quoi qu’il arrive car à la fin, l’important est de rester debout : « Jean-Luc a appris à Sophia la meilleure défense, c’est l’attaque à outrance ». Pendant les retraites, lorsque la majorité a demandé des excuses au député LFI Thomas Portes, qui avait publié une photo de lui, le pied sur un ballon à l’effigie du ministre du Travail, Olivier Dussopt, Sophia Chikirou lui a dit : « Tu es prêt à tout ? Alors ne t’excuse pas, tiens bon. »
La question se pose effectivement, l’emblème de Sophia doit-il ressembler à l’arrivisme à tout prix en utilisant sa propre méthode que chaque député(e) pense le plus profitable à son seul succès ? Bravant tous les interdits sans se soucier de connaitre la hauteur de la chute. Jean-Luc Mélenchon apparaît désormais sous son vrai jour : un révolutionnaire de salon. L’âge ne pardonne pas. L’échec non plus. Le monde politique s’éloigne doucement de lui. Faire émerger un autre leader ne sera pas facile pour LFI. Et le comportement de voyous des députés LFI au cours du débat sur la réforme des retraites ne sera pas pardonné par les électeurs. L’alliance électorale hétéroclite baptisée NUPES se fracture. Bien des difficultés en perspective donc pour le populisme de gauche ?
La vie militante est une guerre, ce qui s’abat sur Sophia Chikirou s’apparente à un véritable déluge de feu. Députée insoumise de Paris, intime de Jean-Luc Mélenchon fait l’objet de diverses enquêtes et portraits journalistiques creusant son profil sulfureux et les dossiers judiciaires dans lesquels elle est impliquée. L’élue LFI, rompue aux polémiques, aura un rendez-vous délicat à honorer. Selon les informations du Monde publiées le 3 octobre, l’intéressée « devrait être prochainement entendue par la justice en vue d’une éventuelle mise en examen pour escroquerie aggravée ». Ecoutez-la ! Que nous la croyons ou pas, comme la majorité des politiques, elle séduit, une évidence. Il y a des pages d’histoire qui ne s’écrivent pas deux fois. Laissez-nous vous dire que dans la mesure ou Jean Pierre Elkabbach vous aurez interviewé vos répliques n’auraient pas été de la même teneur une évidence. Une démonstration parmi des milliers pensez-y cartes sur table. Par Alain Duhamel hommage aux professionnels il en reste un !
Respect à ce véritable journaliste merci Monsieur.
Le Panda
Patrick Juan