Les Hôpitaux Le Corps Médical et les Soignants S’écroulent
Le Corps Médical et les Soignants S’écroulent
En France nous sommes en pleine catastrophes à divers titres, son coup de « Poker » Emmanuel Macron le tente. Les urgences hospitalières, miroir des dysfonctionnements de notre système de santé. Sortira-t-il vainqueur de ce « bras de fer » il y a plus que de grands doutes disent l’ensemble des soignants de tous ordres. Dans l’ensemble de la France « la crise » est présente.
Certains « praticiens » de grandes renommés pensent à balancer « leur serment d’Hippocrate » par-dessus. Dicton « Hara baudet » décidés à ne plus coiffés ni raser « gratis » penchons-nous sur les vides médicaux qui fleurissent en France en tous départements.
Ces personnels soignants qui veulent déchirer leur blouse après la pandémie
Lassée des conditions de travail et du manque de reconnaissance, une partie des effectifs de l’hôpital songe à se reconvertir professionnellement à l’issue de la crise sanitaire. « Il ne nous reste aujourd’hui qu’une seule infirmière capable de travailler aux urgences de Chinon » Jusqu’à nouvel ordre, les urgences du centre hospitalier de Chinon resteront fermées et aucun accouchement ne pourra se faire à la maternité. Faute de personnel soignant suffisant. « Une catastrophe » reconnaît le médecin responsable des urgences. « Mes équipes s’effondrent comme un château de cartes ».
Comme Marine, elles et ils sont plusieurs à considérer que c’est la crise de trop. Combien ? Impossible de le savoir, mais en nombre suffisant pour inquiéter les syndicats. « Quand on est obligé d’enfiler un sac poubelle car on n’a pas de surblouse, l’image du métier interpelle », s’indigne Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat des infirmiers (SNPI). Nouvelles surblouses officielles reçues à la Pitié Salpêtrière : sac plastique manches ouvertes sur lequel on met un sac poubelle dans lequel on fait des trous pour entrer la tête et les bras.
Plus grand hôpital d’Europe.
On ne mentionne même plus le FFP 2 périmé
La lassitude et l’exaspération sont telles que ces soignant·es envisagent une nouvelle vie professionnelle. Pourtant, les métiers du médical font partie des moins mobiles, leur accès étant limité et souvent soumis à la réussite d’un concours. Ainsi, selon une étude de la Dares (ministère du Travail) publiée en 2018, parmi les personnes toujours en emploi en 2015 et qui exerçaient en 2010 le métier d’aide-soignante, seules 6% avaient changé de métier en cinq ans. C’est le cas de seulement 2% des infirmières. Des chiffres bien en dessous de la moyenne nationale, qui s’élève à 22%.
« Je n’avais pas signé pour ça » : huit soignants racontent un hôpital public à bout de souffle
À compter du mercedi18 mai 2022, le service d’urgences du CHU de Bordeaux (Gironde) sera fermé la nuit. Seuls les cas graves pourront être accueillis. Cette décision découle d’un manque cruel de soignants.
« Pour ma santé mentale, il faut que j’arrête »
Cette vague de démissions régulières depuis des mois concerne aussi les médecins, en particulier dans les services d’urgences. Stéphane a 35 ans et est médecin urgentiste dans les Yvelines. Il a quitté l’hôpital public il y a deux ans, et s’apprête désormais à quitter l’hôpital privé. « Lors d’une journée aux urgences, je suis le seul médecin sur 24 heures, décrit-il. Donc tous les patients qui vont se présenter dans mon service d’urgences, ça va être à moi de les gérer. »
« Une journée en moyenne, c’est 70 patients. Il faut trier, avec la peur en permanence de passer à côté d’une urgence vitale, la trouille au quotidien de faire une erreur médicale. »
Stéphane, médecin urgentiste
« Pour moi et pour ma santé mentale, je pense qu’il faut que j’arrête, lâche l’urgentiste. Je m’en veux, j’ai fait pour tout vous dire une petite déprime, une phase de remise en question, de boule au ventre avant d’aller au travail tellement cette pression et ce rythme au quotidien devenaient insoutenables. »
Le Covid, un « nuage de criquets » qui s’est abattu
Sophie, médecin urgentiste elle aussi, a choisi de faire une pause : six mois de disponibilité. Selon elle, les conditions de travail se sont aggravées ces deux dernières années. « Le Covid, c’est comme si c’était un nuage de criquets qui s’était abattu sur une ville, sur un pays qui était déjà dans des conditions précaires de survie, raconte la soignante. Donc là, il n’y a plus rien. Les conditions de travail au quotidien se sont dégradées, il n’y a plus la possibilité de prendre correctement en charge les patients, donc j’ai décidé de faire une pause. » « J’ai vraiment eu l’impression de retirer ma main du feu dans ce contexte, ça a été un réflexe. Je ne m’attendais pas, à 40 ans, à me dire là, je suis au bout de ce que je peux donner. »
Sophie, médecin urgentiste
Ils resteront dans la médecine mais pour un exercice très différent : Stéphane songe à se tourner vers la médecine esthétique et Sophie vers la médecine du sport.
Changer de métier « sans regrets »
Ces reconversions d’infirmiers, Anne-Sophie Minkiewicz en a fait son métier. Elle-même ancienne infirmière, elle propose via le Compte personnel de formation (CPF) un bilan de compétences et un accompagnement des infirmières qui veulent changer de vie. Aujourd’hui, elle croule sous les demandes. « J’ai commencé il y a un an et demi effectivement toute seule pendant six mois, et très très vite j’ai dû recruter des coachs pour renforcer l’équipe puisqu’aujourd’hui on est 12, et on a accompagné déjà plus de 250 infirmières. »
Anne-Sophie Minkiewicz, fondatrice d’Infirmière Reconversion
Elle accompagne même parfois des étudiantes infirmières dégoûtées du métier dès leurs stages à l’hôpital. Environ « 80% des infirmières vont rester dans le ‘prendre soin », explique l’ancienne infirmière. Elles vont continuer à prendre soin des autres différemment à travers d’autres métiers du paramédical, les médecines alternatives, complémentaires, le bien-être, l’accompagnement humain, le coaching etc. Donc ça c’est quand même le gros des troupes. » Les 20% restant changent radicalement de métier, avec ou sans reprise d’études. « On a par exemple accompagné des infirmières aujourd’hui qui sont vitraillistes, charcutières, professeures de langues, assistantes maternelles, qui sont dans des ateliers de couture. Plein de secteurs très différents », raconte Anne-Sophie Minkiewicz.
« Des postes à pourvoir »
Tous ces soignants qui démissionnent aujourd’hui manquent à l’hôpital. Les départs ne sont pas compensés par les embauches. L’Assistance-publique Hôpitaux de Marseille, de Paris et les Hospices civils de Lyon cherchent à eux seuls à pourvoir environ 1 500 postes de soignants. Conséquence : faute de personnels, des milliers de lits sont fermés. Avant sa réélection, Emmanuel Macron avait promis un plan de recrutement d’infirmiers et d’aides-soignants pour ce nouveau quinquennat. Tâche colossale qui attend le futur ministre de la Santé.
« Le CHR D’Orléans a déclenché le plan blanc aux urgences en raison du manque de soignants »
Orléans : Le CHR d’Orléans a déclenché mardi le plan blanc pour ses urgences qui n’accueillent désormais plus que les urgences vitales, en raison de la saturation du service et de la multiplication des arrêts maladie parmi le personnel soignant, a annoncé jeudi à APMnews son directeur général, Olivier Boyer. Il a souligné la nécessité, avec ce plan blanc, de préserver les urgences vitales « jusqu’au retour à la normale » au niveau des effectifs. Olivier Boyer a évoqué un problème de suractivité des urgences depuis septembre, voire l’été 2021. Il a imputé ces difficultés à une problématique d’aval des urgences, 90 postes vacants entraînant la fermeture de 150 lits.
La dernière campagne a permis le recrutement d’une trentaine d’infirmières seulement contre une centaine attendue. A cela s’ajoutent des pics allant jusqu’à 235 passages quotidiens aux urgences adultes, contre 180 en temps normal, poussant le personnel soignant à se mettre en arrêt maladie. 61 arrêts maladies étaient enregistrés pour une centaine d’infirmiers et aides-soignants travaillant aux urgences, a chiffré le directeur général. Ce dernier a par ailleurs déploré un nombre trop faible d’infirmiers formés chaque année dans le Loiret, le chiffrant à 35 pour cent mille habitants, contre 60 à 70 en moyenne dans les autres départements de la région.
Le Panda
Patrick Juan
François Crémieux: «L’hôpital n’est pas le problème. C’est la digue qui continue de tenir comme elle peut»
Le directeur général des hôpitaux de Marseille s’élève contre les généralités qui font porter le poids de la crise aux seuls hôpitaux et empêchent de prendre des mesures pragmatiques et efficaces.
François Crémieux, qui dirige depuis un an les hôpitaux de Marseille, est un des hauts fonctionnaires de la santé les plus en vue. Ancien adjoint de Martin Hirsch à Paris, l’homme est atypique, apprécié des médecins comme des associations de malades.
Il est aussi membre de la revue Esprit, et a été Casque bleu en ex-Yougoslavie.
Les urgences de la Timone, les plus grandes de Marseille, sont dans la tourmente à deux mois de la période estivale.
Depuis le début de la crise sanitaire, le service est passé de 30 urgentistes à seulement 16. La situation ne fait-elle qu’empirer ?
En un an, il est exact que les problèmes se sont aggravés aux urgences.
Nous avons deux grands services, les urgences Nord, où l’on a moins de difficultés, et les urgences de la Timone, où la situation est plus tendue.
Pourquoi ? On manque de médecins urgentistes et on a des difficultés à les retenir. Et il y a d’autres secteurs où la tension est forte : on manque d’infirmiers en pédiatrie, d’infirmiers spécialisés ou de psychiatres notamment pour les activités d’hospitalisation ou de garde.
Pourtant, nous sommes ici dans une région où l’on a plus de psychiatres, plus de médecins généralistes, y compris compétents en urgence, et plus d’infirmiers que partout ailleurs en France.
Cela interroge : alors que l’on a plus de professionnels qu’ailleurs, pourquoi en manque-t-on à l’hôpital ?
Les raisons sont certainement multiples : valorisation du travail de nuit, organisation ou conditions de travail, contraintes horaires et travail le week-end, rémunération…
Mais surtout, ces raisons sont différentes d’un hôpital, voire d’un service, à l’autre.
A Paris, les rémunérations et les conditions de logement ou de transport quotidien sont déterminantes.
A Marseille, c’est la concurrence avec le secteur libéral et les cliniques lucratives qui déstabilise le plus les équipes alors que les professionnels de santé ne manquent pas. Les urgences de la Timone ne devraient pas être en difficulté !
Mais elles le sont…
En France, les médecins généralistes ou urgentistes qui pourraient participer aux urgences choisissent d’autres modes d’exercice professionnel pas forcément mieux rémunérés au global mais avec des conditions de vie plus favorables.
Ils partent exercer en libéral, dans des cabinets à horaires élargis. L’immense liberté des médecins libéraux est devenue un tabou dans notre pays.
Mais il y a un paradoxe à faire le procès constant des dysfonctionnements de l’hôpital qui s’épuise à compenser, et de s’interdire les questions de fond.
Quelle est votre réponse à cette situation ?
Soit on renforce la régulation pour limiter les excès, soit on renforce la souplesse de l’hôpital pour s’adapter.
Mais la limite de cette option est que toute la souplesse du monde n’empêchera pas les urgences de la Timone de voir le nombre de patients augmenter.
Alors assouplissons ce qui peut l’être, statuts, rémunérations, mais renforçons aussi la régulation : il faut des observatoires régionaux des rémunérations et rendre publics les écarts par métiers ou discipline et donner des leviers aux ARS [agences régionales de santé] ou à l’assurance maladie afin d’imposer la modération.
La course aux rémunérations n’est par ailleurs pas tenable dans un secteur de la santé qui a aussi d’autres priorités.
Il faut aussi renforcer la régulation de l’installation des professionnels de santé. Il existe des leviers qui sont mal mobilisés.
Si des hôpitaux craquent cet été à cause de lits fermés par manque d’infirmiers ou d’urgences en manque de médecins, il sera aussi facile qu’inutile de faire le procès de l’hôpital.
L’hôpital n’est pas le problème mais la digue qui continue de tenir comme elle peut.
D’accord, mais comment réguler ? Quelle méthode imaginer, des contraintes nouvelles ?
Première chose, arrêter avec les théories générales qui expliqueraient tout et cesser avec les sophismes sur l’hôpital entreprise, l’hôpital bureaucratique, la gouvernance des technocrates ou la T2A [la tarification à l’activité, méthode de financement des établissements de santé mise en place à partir de 2004] qui expliqueraient tout.
Ces généralités alimentent les débats mais empêchent d’aborder la diversité des situations, la complexité des causes et donc des solutions pragmatiques et efficaces.
L’AP-HM pourra rouvrir ses blocs opératoires si nous formons plus d’infirmiers de bloc et les reconnaissons mieux ; nous assurerons la psychiatrie si nous redonnons envie aux jeunes psychiatres de prendre en charge les urgences et les patients les plus lourds hospitalisés ; l’hôpital tiendra l’été avec des lits ouverts si moins d’infirmiers partent renforcer un secteur libéral qui compte déjà deux fois plus d’infirmiers par habitant qu’en moyenne en France.
Je respecte le projet de chacun mais ces infirmiers quittent l’hôpital pour gagner autant ou plus avec moins de contraintes.
Malgré le Ségur de la santé et les augmentations importantes de salaires, il faut continuer à faire évoluer par exemple la rémunération du travail de nuit, et améliorer l’accueil et les conditions de travail de tous les personnels (places en crèches, parking, offres de temps de travail à la carte, n’en sont que quelques exemples).
Mais les observatoires régionaux devront garantir la cohérence, l’équité et la soutenabilité financière des décisions.
A vous entendre, ce n’est jamais la faute de l’hôpital, alors que bon nombre de médecins disent vouloir le quitter en raison de la bureaucratie, du poids de l’administration…
En tout cas ils pointent la question du pouvoir étouffant à l’hôpital, de sa gouvernance…
L’hôpital ne manque ni de critiques venues d’ailleurs, ni d’autocritique en interne, et nous ne cessons d’évoluer.
L’organisation du pouvoir est un sujet, surtout dans les grands hôpitaux comme à Marseille. Nous héritons d’un fonctionnement très hiérarchique et nous devons évoluer vers plus de coopération, plus d’interdisciplinarité, plus de partage des pouvoirs entre administratifs, médecins et paramédicaux, entre universitaires et non-universitaires, entre les seniors et les plus jeunes, entre les femmes et les hommes.
Et je pense que nous allons dans le bon sens, l’hôpital est moins caricatural et plus «démocratique» qu’on ne le dit. Mais c’est long : les chirurgiens étaient habitués à piloter assez seuls.
Les décisions sont aujourd’hui beaucoup plus partagées avec les anesthésistes, les réanimateurs, les cadres paramédicaux.
Dénoncer l’excès de pouvoir administratif est évidemment parfois juste, mais c’est aussi parfois une manière de critiquer le partage du pouvoir entre médecins.
Certes, mais c’est l’administration qui applique la tarification à l’activité (T2A)…
La T2A a cristallisé des conflits, mais souvent à tort.
Pendant le Covid, nous n’avons pas été sous la T2A.
Est-ce que cela a changé la vie ?
Pas tant que cela. Ce qui nous a changé la vie, c’est de ne plus avoir de contrainte financière, pas la manière dont elle était mise en œuvre.
La question est la contrainte économique qui est mise sur nos systèmes de santé.
Que l’on appelle cela la T2A, le budget global, l’Ondam [Objectif national de dépenses d’assurance maladie], il y a des contraintes.
L’argent que nous dépensons n’est pas la somme de ce dont chaque hôpital ou chaque malade aurait besoin, mais la part du budget de la nation que parlementaires et gouvernement choisissent d’octroyer à la santé.
La question n’est pas la T2A, mais de redonner des marges de manœuvre…
Ce terme de «marge de manœuvre» n’est-il pas un peu fourre-tout ?
C’est pour moi essentiel. Il y a nécessité à ce que les acteurs hospitaliers reprennent la maîtrise de leurs projets.
Pour partie en raison de la contrainte économique où plus personne n’avait de capacité à agir, nous sommes dans un monde, où chacun – infirmier ou médecin «de base», chef de service ou chef de pôle, directeur…
a l’impression de ne plus avoir de marge de manœuvre pour agir et d’être empêché par le système.
L’enjeu est de redonner de la puissance d’action ; il faut qu’un chef de service de pédiatrie retrouve de la marge de manœuvre pour piloter son service sans avoir à demander d’autorisation à la moindre prise de décision.
Il faut que les cadres de santé puissent organiser le travail avec leurs équipes dans des schémas horaires plus souples.
Il faut redonner de la marge au binôme directeur-président de commission médicale d’établissement, pour qu’il puisse avancer.
Le plus souvent, nous sommes d’accord sur ce qu’il faudrait faire, mais nous sommes empêchés d’agir.
C’est cela qui m’apparaît comme prioritaire, presque plus que des questions de rémunérations.
Il faut sortir de cette impression que l’on ne peut rien faire et que le système est toujours dirigé sans vous, voire contre vous.
Les urgences qui craquent, un vrai problème de société.
Le scénario catastrophe s’écrit sous nos yeux: bientôt, vous pourriez trouver porte close à l’hôpital, même si vous pissez le sang.
En cause, les pouvoirs publics, qui n’ont pas anticipé cette tragédie, mais aussi un deux poids, deux mesures flagrant entre hôpital public et médecine libérale.
Depuis le temps que l’on tire la sonnette d’alarme, que l’on voit s’afficher l’urgentiste Patrick Pelloux dans la lucarne brocardant les autorités pour leur manque d’anticipation, on pourrait croire qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil : les urgences craquent mais, au bout du compte, il y aura toujours quelqu’un pour nous accueillir dans un hôpital en cas de gros pépin.
Et bien détrompez-vous : bientôt vous pourrez trouver porte close, même si vous pissez le sang.
Au mieux, vous tomberez sur un secouriste ou une infirmière qui fera le tri entre celles et ceux qui patientent à vos côtés, avec plus ou moins de stress et d’angoisse, avant de décider laquelle ou lequel a le plus besoin d’être traité en urgence.
Vous voyez le topo ? Eh bien ce scénario catastrophe, digne d’un roman de politique-fiction, est en train de s’écrire sous nos yeux dans nombre d’hôpitaux publics de France.
Ces établissements sont à l’os.
Rincés par les deux années de Covid qui ont surchargé les services, bon nombre de soignants ont déclaré forfait.
Beaucoup ont décidé de partir dans le privé, où ils sont mieux traités, ou choisi de changer de métier.
Ceux qui restent sont au bord du burn-out, en nombre insuffisant pour absorber l’afflux des malades.
Les pouvoirs publics sont évidemment en cause, qui n’ont pas anticipé cette tragédie, tardant à réorganiser la chaîne des soins, à allouer davantage de crédits et à susciter des vocations chez les médecins et infirmières.
Mais le manque de solidarité est aussi à pointer du doigt.
Il existe désormais un deux poids, deux mesures flagrant entre hôpital public et médecine libérale qui met à mal le collectif.
Comment réhabiliter le service public et le rendre à nouveau attractif ?
Le sujet dépasse de loin les simples attributions du ou de la ministre de la Santé.
C’est un vrai problème de société qui devrait être le sujet de préoccupation de l’ensemble du futur gouvernement.
D’autant que l’hôpital public n’est pas le seul concerné par cette désaffection, l’Education nationale vivant les mêmes affres.
Pour vous, 90 % de l’hôpital va bien, c’est le discours qui reste négatif…
Je ne dis pas que l’hôpital va bien, je dis que l’hôpital cristallise tous les débats autour de la santé.
Dès que notre système a des difficultés, comme avec les déserts médicaux, on va accuser l’hôpital, pointer les urgences, même quand elles n’y sont pour rien. Dans beaucoup de situations, l’hôpital n’est pas la source des problèmes, mais l’hôpital est devenu la solution palliative à des dysfonctionnements du système.
Comme on l’a vu lors de la canicule, puis lors du Covid, les problèmes n’étaient pas à tant à l’hôpital mais en amont, notamment en termes de prévention.
La réanimation a été une caricature de ce mauvais débat : le sujet n’était pas le nombre de lits qu’on ne pouvait augmenter que par des additions mais le nombre de malades qui se multipliaient au plus fort des vagues.
Il fallait faire de la prévention et vacciner et non attendre l’impossible de l’hôpital.
Bref, les hôpitaux ne vont pas toujours bien, et parfois ils vont vraiment mal.
Certains services seront en grande difficulté cet été. Mais la dramaturgie sur la fin de l’hôpital public et son incompétence sont une constante du débat français et finissent par contribuer au statu quo en rendant impossible de comprendre les causes multiples et parfois très locales aux difficultés, et donc d’inventer les réponses adaptées.
Hôpital: la pression monte pour un retour de l’obligation de garde des médecins libéraux
Alors que les services d’urgences craquent de partout, le président de la Fédération hospitalière de France, Frédéric Valletoux, presse l’exécutif de rétablir «l’obligation de garde» pour les professionnels de la médecine.
C’était une proposition polémique, cela devient une invitation pressante sur fond de risque grandissant d’implosion des urgences hospitalières. Ce mardi, à l’occasion du salon Santexpo 2022, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux a enjoint à l’exécutif de décider «en urgence» un rétablissement de «l’obligation de garde des libéraux» à laquelle «nul ne devrait pouvoir se soustraire sauf dérogations en raison de son état de santé ou de son âge».
Pour cause, l’hôpital est au plus mal. «Le taux d’absentéisme est plus élevé qu’avant la crise [du Covid], les difficultés à recruter sont fortes […] et des tensions majeures existent sur les spécialités médicales assujetties aux gardes et astreintes, détaille le patron de la FHF.
Des lits sont fermés dans plus de trois quarts des établissements, y compris médico-sociaux, beaucoup de blocs tournent au ralenti et on note dans toutes les régions des fermetures de services d’urgence».
Pour éviter un crash, «la revalorisation immédiate des indemnités de nuit et de week-end» des hospitaliers est selon lui indispensable.
Mais pas suffisante.
Pour Frédéric Valletoux par ailleurs maire de Fontainebleau et candidat aux législatives sous la bannière de la majorité présidentielle il s’agit aussi de remobiliser très vite les généralistes sur la permanence de soins, et partant de réorganiser le système de santé à l’échelle des territoires.
«Pas conforme aux priorités de santé publique»
Son alerte repose sur plusieurs constats. Primo, l’effet vase communicant entre baisse de l’offre de santé de premier recours et explosion des passages aux urgences n’est plus contestable.
«Tous les départements, sauf cinq, ont connu ces dix dernières années une hausse des passages aux urgences et une baisse du nombre de médecins généralistes, de plus de 10% dans les deux cas pour plus de la moitié d’entre eux», signale le patron de la FHF.
Deuxième constat, la liberté d’installation accordée aux médecins libéraux ne permet pas une répartition homogène de l’offre de soin.
«Dans certaines spécialités, la démographie des médecins par territoire n’est pas conforme aux priorités voire aux urgences de santé publique» insiste le patron de la FHF.
Par exemple, les écarts pour 100 000 habitants vont de 1 à 40 entre les territoires pour les psychiatres libéraux et salariés, alors même que le secteur psychiatrique public fait face à des difficultés sans précédent, en particulier en pédopsychiatrie.
Or, selon Valletoux, l’argument de la «pénurie de médecins» souvent brandi pour expliquer les carences de la médecine de ville dans l’accès au soin, ne tient pas. «La France est-elle frappée d’une pénurie de médecins ? La réponse est non, pas tant que ça, cingle-t-il.
En 2020, notre pays comptait 218 400 médecins actifs, contre 214 000 en 2007. 4 000 de plus qu’il y a treize ans, certes ce n’est pas Byzance, mais ce n’est pas la Bérézina non plus.
La France manque tout simplement de médecins qui prennent en charge des malades.»
«Avoir une réflexion collective»
De quoi, selon lui, interroger sérieusement le déséquilibre des obligations qui pèsent sur les différents acteurs rémunérés par les cotisations sociales obligatoires, notamment dans la permanence des soins.
Car alors que les professionnels des hôpitaux publics doivent assumer la permanence des soins, répondre à une obligation de gardes et astreintes, 60%, des médecins généralistes ne participe pas aux gardes.
«Avoir une réflexion collective sur la participation aux gardes est une évidence. Pour les Français, c’est même du bon sens», insiste Valletoux qui invite au passage l’exécutif à revaloriser aussi les gardes et astreintes médicales, actuellement «sous-payées».
A défaut de réforme, le pire ne serait, selon lui, plus à exclure : «Soit le système de santé se transforme radicalement, et c’est aux pouvoirs publics de donner le «la».
Soit nous nous enfonçons dans une irrémédiable crise qui va conduire à faire fuir dans des proportions plus importantes que jamais, ces hospitaliers qui font tourner nos établissements».