LA SANTENOTRE DEVENIR

Orpea et Korian : le marché de l’or gris. Plus que des Fossoyeurs ?

Temps de lecture : 9 minutes

Orpea et Korian : le marché de l’or gris. Plus que des Fossoyeurs ?

Claude Evin, ancien ministre de la Santé alors directeur général de l’ARS d’Île-de-France, avait alerté sur ces pratiques dans des Ehpad du groupe Korian.

Les diverses élections en France approchent : Orpea fait le ménage. Le directeur général d’Orpea, Yves Le Masne, a été démis de ses fonctions ce dimanche, a annoncé dans un communiqué le groupe de maison de retraite, dans la tourmente depuis lundi dernier en raison de la publication d’une enquête accablante sur ses pratiques.

Les plus gros scandales ne résident pas uniquement en ces domaines, les Ephad surtout de Korian et Orpea ont suivi se sont transformé en S.S.R. avec des soins inexistants voir déplorables.

Toujours agissant en privé en qualité de S.A. Ils perçoivent des taux usuriers en chambre allant du minimum de 150 euros pour des séjours allant de 29 jours à plus.

Le comble surgit au quotidien, car à plus de 75% le personnel sont des remplaçants ou stagiaires. Certains établissements achetés par Korian, se présentent comme centres de soins respiratoires, c’est le débordement car les praticiens sont des généralistes.

Il n’y a aucun pneumologue, ni cardialoque, ni laboratoire sur place. Le lieu le plus proche se trouve bien souvent à plus de 100 km. Pour l’avoir vécu, la direction répartie à convenance n’a aucune formation médicale. Les pseudos-kiné sont des élèves en cours de formations. Comment la C.P.A.M. peut survivre ?

Quelle mutuelle en France peut rembourser à un patient 150 euros/jour ? Aucune. Donc si vous avez de l’argent pour vous soigner, « La pompe à fric » est présente dans le cas contraire, circulez, votre place n’est pas chez eux. D’où l’énorme difficulté à avoir du personnel stable et compétent. Dans le cadre des Ehpad, le séjour minimum est de 3000 euros, avec concours de l’APA à hauteur de 600 euros/mois. Le tarif des Ehpad va de 3600 euros à trente mille euros/mois.

Les cheveux gris doivent-ils disparaître ? De plus dans ces mouroirs, « Les conflits d’intérêts » sont aussi nombreux que les jours de l’année. Les gouvernants successifs ont non seulement tué « les hôpitaux, mais enrichissent les nantis qui représentent 42 personnes. Un gros porteur traverse mieux la tempête qu’un petit avion de tourisme. Telle est la leçon qu’il faut retenir de la cuvée 2021 de notre palmarès annuel des grandes fortunes françaises. Découvrez les 42 milliardaires français, avec 3 nouvelles entrées dans ce classement exclusif. Cette “équipe de France des milliardaires” totalise à elle seule un peu plus de 510 milliards de dollars…Lien soit plus de 456 milliards d’euros. Invité de France info mardi, le député La France insoumise Adrien Quatennens a dénoncé l’enrichissement des milliardaires français depuis le début de la pandémie, tandis que d’autres s’enfonçaient dans la pauvreté. « Les milliardaires de ce pays ont accru leur fortune de 55%, ils sont passés de 230 à 477 milliards de patrimoine », a-t-il déclaré à la chaîne de télévision, qui a cherché à vérifier l’information. L’élu insoumis n’avait pas tout à fait raison : le patrimoine des milliardaires de France a bel et bien largement progressé durant la crise sanitaire. Pas de 55%, mais de 68%, explique France info, citant le classement 2021 du magazine Forbes, référence en la matière. Lien. Le constat est plus que parlant il faut 4 milliardaires français pour dépasser le P.I.B de la nation France en 2022.

 

Des personnes âgées « rationnées » ou laissées sans soin pendant des jours : l’obsession de la réduction des coûts au sein des maisons de retraite Orpea a été dénoncée cette semaine dans le livre « Les Fossoyeurs », écrit par le journaliste Victor Castanet. Alors que les séjours sont facturés au prix fort, les maisons de retraite, même privées, bénéficieraient d’importants financements publics, de la part de l’État, de l’Assurance-maladie et des Conseils départementaux, souligne l‘auteur. D’après lui, « au moins de manière indirecte, une partie de cet argent public ne va pas au bénéfice des personnes âgées ». Des accusations qualifiées de « mensongères, outrageantes et préjudiciables » et rejetées par Orpea.

Mais d’après « Le Journal du dimanche », ces procédés comptables – appelés rétrocommissions ou marges arrières – de certains Ehpad privés avaient déjà été dénoncés il y a plusieurs années. En 2014, Claude Evin, ancien ministre de la Santé alors directeur général de l’agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, alerte la directrice générale de la cohésion sociale sur des failles dans le groupe Korian.

Des avoirs

« Si les analyses s’avèrent fondées, le groupe Korian obtient des avoirs de la part de ses fournisseurs de dispositifs médicaux, ces avoirs venant en déduction de leurs dépenses mais sans être comptabilisés dans les comptes administratifs des établissements », écrit-il à l’époque. D’après lui, la somme perdue par l’Assurance-maladie s’élèverait à plus de 4,4 millions d’euros rien que dans la région parisienne pour les près de 200 Ehpad Korian. « Il est probable que le constat soit le même pour tous les Ehpad gérés par Korian en France », note Claude Evin. Ce dernier réclamait alors « une réforme d’ampleur de la tarification des Ehpad ».

Interrogé samedi par le JDD, Korian assure que les « procédures d’achat » ont évolué depuis 2014 avant d’ajouter : « nous n’avons pas de pratiques de remises a posteriori. Nous négocions des tarifs et ils sont applicables à l’ensemble des établissements du groupe ».

Les deux spécialistes français des maisons de retraite médicalisées ont des stratégies de croissance différentes. Voici l’analyse point par point du potentiel des actions Orpea et Korian.

Le filon de l’« or gris» a de quoi faire rêver les investisseurs. En 2014, les dépenses liées à la prise en charge des personnes âgées dépendantes ont atteint 30 milliards d’euros en France, selon la Drees (Direction de la recher­che, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère des Affaires sociales et de la Santé).

Ce montant devrait pratiquement doubler d’ici à 2060, offrant de belles opportunités aux groupes de maisons de retraite médicalisées (Ehpad) et de prestations pour les seniors.

Deux groupes français se disputent la place de leader sur ce secteur d’avenir : Orpea et Korian. Leurs profils sont très proches. Tous deux disposaient à fin 2016 de capacités d’accueil équivalentes : environ 77 100 lits répartis dans 751 établissements pour Orpea, et près de 72.000 places et 715 structures pour Korian.

Les deux acteurs sont aussi au coude-à-coude en matière de chiffre d’affaires : 2,84 milliards d’euros pour Orpea et 2,99 milliards pour Korian. Pourtant, la capitalisation boursière du premier (6,4 milliards d’euros) est pres­que trois fois supérieure à celle du second (2,2 milliards). Est-ce bien mérité ?

Qui a le meilleur positionnement ? Égalité

Les deux entreprises ont commencé il y a plusieurs années à se développer à l’international en acquérant des groupes locaux ou en ouvrant leurs propres structures.

Orpea réalise aujourd’hui plus de 40% de son chiffre d’affaires hors de France, principalement en Allemagne, tandis que plus de 47% des revenus de Korian proviennent de l’étranger.

Leur stratégie de conquête est toutefois très différente. Korian se concentre sur quatre marchés européens : « Notre objectif est d’être le groupe leader en France, en Allemagne, en Bel­gique et en Italie, explique Laurent Lemaire, directeur financier de la société. Nous l’avons d’ailleurs déjà atteint dans les trois premiers pays, et nous sommes actuellement numéro deux en Italie. »

Pour sa part, Orpea privilégie la diversification : présent dans dix pays européens (Allemagne, Suisse, République tchèque, Pologne, Portugal, etc.), l’entreprise fondée par Jean-Claude Marian a ouvert en 2016 une maison de retraite pilote en Chine et a créé cette année une coentreprise (joint-venture) au Brésil.

« Le potentiel de ces deux pays est immense, souligne Steve Grobet, responsable des relations investisseurs d’Orpea. Non seulement ils sont encore peu équipés en maisons de retraite, mais le nombre de leurs citoyens âgés de plus de 80 ans va y être multiplié par cinq d’ici à 2050, contre seulement par deux à trois en Europe occidentale. »

En termes de métiers, les deux concurrents tirent la majorité de leurs revenus de l’exploitation de maisons de retraite médicalisées. Ils développent aussi d’autres services tels que les soins ambulatoires, l’accueil de jour ou encore l’hospitalisation à domicile.

Si Orpea ne prévoit pas d’augmenter significativement la contribution de ces activités à son chiffre d’affaires, Korian se montre plus ambitieux en la matière. « Nous souhaitons que 100% de nos cliniques proposent à l’horizon 2021 des prises en charge ambulatoires, contre seulement 30% aujourd’hui, précise Laurent Lemaire.

Les Ehpad devraient continuer de générer à long terme entre les deux tiers et les trois quarts de nos revenus. » Les deux groupes ne ciblent donc pas les mêmes relais de croissance mais le positionnement de chacun est convaincant.

Qui offre le meilleur profil de croissance ? Avantage Orpea Orpea et Korian se trouvent à des moments très différents de leur histoire.

Après avoir multiplié par 2,5 son chiffre d’affaires entre 2012 et 2015, principalement grâce à d’importantes acquisitions, dont celle de Medica, Korian cible une croissance plus modérée ces prochaines années.

« Nous visons une progression de nos revenus de 5% par an en moyenne jusqu’en 2021, et un chiffre d’affaires d’environ 3,8 milliards d’euros à cet horizon », indique Laurent Lemaire.

Pour sa part, et alors que son chiffre d’affaires a augmenté de 20% par an en moyenne entre 2013 et 2016, Orpea devrait enregistrer une croissance proche de 10% pour l’exercice en cours. Et le consensus Factset estime que ses revenus pro­gresseront de plus de 30% d’ici à 2021, à 4,2 milliards d’euros.

Les deux entreprises misent désormais sur des acquisitions ciblées de petits groupes d’établissements et, surtout, sur l’évolution de leur parc interne.

Orpea prévoit l’ouverture de 12.000 nouveaux lits (environ 10% issus de restructurations) à moyen terme, tandis que Korian veut principalement réorganiser son parc existant pour proposer entre 2.500 et 3.000 places rénovées chaque année jusqu’au début de la prochaine décennie.

Pour accompagner leur développement, les deux groupes se financent régulièrement par du crédit. À fin 2016, la dette nette d’Orpea atteignait 3,7 milliards d’euros, et celle de Korian 2,3 milliards.

En excluant les crédits immobiliers (garantis par les actifs), le levier d’endettement du premier ne représente « que » 2,3 fois son excédent brut d’exploitation (Ebitda), tandis que ce ratio atteint 3,9 chez le second.

La maturité et le coût moyens de la dette se situent pour Orpea et Korian aux alentours de 5 ans et de 3%, et les deux envisagent de réduire leur endettement à moyen terme.

Qui affiche la meilleure rentabilité ? Avantage Orpea

En termes de rentabilité, Orpea bénéficie d’une légère avance sur son concurrent. Sa marge d’Ebitda a atteint 14% au premier semestre de l’exercice 2017, tandis que celle de Korian s’élevait à 13,5%.

Les deux groupes affichent un décalage comparable en ce qui concerne leur marge d’Ebitdar (l’Ebitda courant avant loyers), un autre indicateur particulièrement scruté par les investisseurs dans le secteur des maisons de retraite car il ne prend pas en compte les charges immobilières des entreprises et offre donc une mesure plus fine de leur performance opérationnelle.

Elle représentait au 30 juin 26,6% du chiffre d’affaires d’Orpea et 26% de celui de Korian.

Le premier vise une progression de sa profitabilité cette année, tandis que le second a pour objectif de porter sa marge d’Ebitda à près de 14,5% en 2021. « Nous comptons y parvenir notamment grâce à la montée en gamme de nos établissements », souligne Laurent Lemaire chez Korian. Dans le secteur, les Ehpad peuvent en effet voir leur taux de marge progresser de 5 à 10 points après une restructuration.

Quelle action est la moins chère ? Avantage Korian

Sauf en 2015, Korian a toujours accusé ces dernières années une décote par rapport à Orpea. Le ratio du cours sur le bénéfice net par action (PER) d’Orpea est estimé à 30,8 fois pour 2017, contre 23,9 pour Korian.

Le différentiel est encore plus significatif en ter­mes de valeur d’entreprise (capitalisation plus dette nette) rapportée à l’Ebitda : ce ratio atteint 19,3 fois pour Orpea, au lieu de 10,2 pour son concurrent. Qui plus est, Korian offre une meilleure rémunération du dividende.

Son rendement est attendu à 2,2% au titre de 2017 et 2018, tandis que celui d’Orpea devrait être limité à 1,1% et 1,2% pour ces deux exercices. Ainsi, sur le seul critère de la valorisation, l’avantage pen­che clairement du côté de Korian.

Reste que la prime affichée par Orpea est, selon nous, le reflet de ses qualités : une meilleure visibilité sur une croissance des profits plus élevée. Le consensus des analystes anticipe en effet une hausse de 11% du bénéfice net par action pour Orpea en 2017, contre 2,7% pour Korian.

Conclusion : quel titre privilégier entre Korian et Orpea ?

Les perspectives des deux groupes sont prometteuses à long terme. Comptant parmi les rares entreprises du secteur à se développer en dehors de leur marché national, les deux rivaux font déjà figure de leaders en Europe sur un marché en pleine concentration.

Pour les prochains exercices, Orpea affiche toutefois une meilleure visibilité sur la croissance de son chiffre d’affaires. Le groupe dispose en particulier d’un réservoir bien fourni d’environ 12.000 nouveaux lits en cours de création, alors que Korian va, pour sa part, surtout s’atteler ces prochaines années à la restructuration de son parc d’établissements.

Ce dernier dispose en outre de marges de manœuvre financières plus limitées en raison de son important levier d’endettement, 1,7 fois plus élevé que celui de son concurrent.

Le retour de Korian à une stratégie de croissance plus offensive n’est pas attendu avant la prochaine décennie. Malgré sa valorisation plus élevée, l’action Orpea doit être privilégiée. Ces traquenards durent depuis plus de 25 années, qui dit mieux ?

Le comble il a été proposé 15 millions d’euros à l’auteur de l’ouvrage, pour faire silence, qui a décliné l’offre. Il faudrait que les financiers, les politiques: pensent que demain ils seront sur un chariot ou cloué sur un lit. Personne n’est à l’abri de son devenir, souvent et la victoire ne sera pas présente.

Sources diverses et Le Panda

 

Patrick Juan

41 réflexions sur “Orpea et Korian : le marché de l’or gris. Plus que des Fossoyeurs ?

  • Ehpad: les dirigeants d’Orpea se sont expliqués devant Brigitte Bourguignon

  • Les dirigeants d’Orpea, dans la tourmente depuis la parution d’une enquête à charge contre les conditions d’accueil dans les Ehpad du groupe, ont répondu mardi à la convocation de la ministre chargée de l’Autonomie des personnes âgées, qui attend des explications face à des accusations d’une « gravité exceptionnelle ».

    Les dirigeants d’Orpea, dans la tourmente depuis la parution d’une enquête à charge contre les conditions d’accueil dans les Ehpad du groupe, étaient convoqués mardi par la ministre chargée de l’Autonomie des personnes âgées, qui attendait des explications face à des accusations d’une « gravité exceptionnelle » . Le directeur général pour la France, Jean-Christophe Romersi, et le nouveau PDG, Philippe Charrier, se sont félicités que le gouvernement ait décidé d’ouvrir deux enquêtes administratives et a rappelé son engagement à faire « toute la lumière » sur ces accusations. Que faire alors de Korian jouant au chat et la souris dans le cadre de certains et nombreux conflits d’intérêts ? 

    L’enquête en cours permettra aux anciens d’y voir peut-être juste un peuy plus clair, à la condition humaine que ceux-là ne tournent comme Servier, il est évident que l’argent ne peut avoir que l’odeur des « Mains Sales » à l’époque de J.P. Sartre et de V.Hugo dans Germinal et La bourse.

     

  • « Nous sommes très heureux d’avoir ces inspections et ces contrôles », a déclaré mardi aux journalistes Philippe Charrier, après un entretien avec la ministre chargée de l’Autonomie des personnes âgées, Brigitte Bourguignon, qui l’avait convoqué pour lui faire part de sa « colère ».

    « Nous allons apporter toute la lumière sur ces événements en pleine transparence et indépendance (…). J’irai jusqu’au bout. Je reviendrai vers vous avec tout, je m’y engage », a martelé M. Charrier, qui a été reçu par la ministre en compagnie du directeur général France de l’entreprise, Jean-Christophe Romersi.

    « Nous comprenons parfaitement l’émotion des résidents, des familles et des collaborateurs » à l’égard des accusations relayées dans le livre-enquête « Les fossoyeurs », de Victor Castanet, mais « ce que nous avons lu ne correspond absolument pas à la réalité de la vie dans nos établissements », a encore insisté le patron du groupe privé.

    Il est évident que dans des cas sdimilaires de 3 millions à 15 millions d’euros, cedrtains peuvent « Cracher sur vos Tombes »

  • « D’ores et déjà nous savons que plusieurs accusations sont infondées, j’en ai la preuve formelle, documentaire », a dit M. Charrier. « Nous n’acceptons pas qu’une société comme la nôtre, qui essaye de faire le meilleur au quotidien pour les résidents et les collaborateurs, soit accusée de cette manière sans avoir été jugée au préalable », a poursuivi le patron du groupe.

     
     Un peu plus tôt, Brigitte Bourguignon avait annoncé l’ouverture de deux enquêtes administratives, dont une de l’Inspection générale des finances, sur le groupe Orpea. « Il faut taper fort pour montrer qu’on ne fait pas n’importe quoi » dans les Ehpad, « une activité lucrative mais qui ne doit pas l’être au détriment de la bientraitance », a-t-elle souligné, une semaine après l’onde de choc provoquée par la sortie du livre-enquête « Les fossoyeurs ».

    A partir du moment Madame le ministre ou les deux groupes ne soient juxtaposés le monde de la corruption financière et les dirigeants de la France peuvent financer leurs campagnes avec des dons de petites mains mais qui arrivent par dessous de table. Mais à la copuleur blanchi, telles des valises diplomatiques? 

  • Le journaliste indépendant Victor Castanet y décrit un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont « rationnés » pour améliorer la rentabilité de l’entreprise. Et ce alors que les séjours sont facturés au prix fort. Le groupe privé, qui continue à rejeter en bloc ces accusations, a tenté d’allumer un premier contre-feu dimanche soir en limogeant son directeur général depuis plus de dix ans, Yves Le Masne. Ce départ « ne présage en rien que les accusations sont fondées », selon une source proche du groupe. L’entreprise souhaite « laver (son) honneur » et « améliorer le système s’il y a eu des dysfonctionnements », ajoute cette source. Sur le plan judiciaire, Orpea est par ailleurs sous la menace d’une « action collective conjointe » lancée par des familles de résidents en colère.

    Il est plus qu’impossible que ceux qui ont des familles soient plus qu’en colère, car ils n’ont plus rien à négogier sinon que des larmes.

  • En portant plainte simultanément, ces familles « entendent faire nombre, avoir du poids face à un géant », a expliqué lundi leur avocate, Me Sarah Saldmann, qui veut lancer cette procédure d’ici quelques semaines pour, selon les dossiers, « homicide involontaire, mise en danger délibérée de la vie d’autrui, violence par négligence » ou « non-assistance à personne en danger ».

    Plainte pour « homicide involontaire »
    Acculé, Orpea a annoncé sa propre « mission indépendante d’évaluation », confiée à « deux cabinets de premier plan » – toujours « en cours de désignation ». Vendredi, son établissement de Neuilly, « Les bords de Seine », particulièrement pointé du doigt dans l’enquête de Victor Castanet, a fait l’objet d’une inspection diligentée par l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France et le conseil départemental des Hauts-de-Seine. Cette même résidence est en outre visée par une enquête préliminaire ouverte en 2020 par le parquet de Nanterre, suite à un dépôt de plainte pour des faits d’homicide involontaire concernant une résidente.

    Ce n’est que la forêt qui désespére de cacher l’arbre plus pourri que le gluant du caoutchouc !

  • Le secteur des Ehpad privés dans son ensemble « n’a rien à cacher » et est même demandeur d’une multiplication des contrôles, a fait valoir lundi le Synerpa, principal syndicat des Ehpad privés. « Cette crise met en avant la nécessité de revoir urgemment les systèmes de contrôle et d’évaluation de la qualité en Ehpad », a souligné lors d’un point presse Florence Arnaiz-Maumé, la déléguée générale du Synerpa. L’organisation professionnelle va par ailleurs se doter prochainement d’une commission d’élaboration d’une « charte éthique », a précisé cette responsable, pour qui les dysfonctionnements évoqués dans le livre, « s’ils sont avérés, sont condamnables ».

    IOl faudrait connaitre les raisons pourquoi être demandeur? Alors que tous les présidents sauf De Gaulle, s’étaient engagé sans exception à mettre à plat et à jour cette forme de « paradis fiscaux? »

    La principale question demeure pourquoi n’avoir à aucun moment agît?

  • Pour Jacob, les déplacements de Macron sont une situation « pas loin du détournement de fonds publics »

    Le président de LR accusé Emmanuel Macron de faire campagne sur les moyens de l’Etat, une situation « pas loin du détournement de fonds publics »,

    Le président de LR Christian Jacob a accusé Emmanuel Macron de faire campagne sur les moyens de l’Etat, une situation « pas loin du détournement de fonds publics », dans une interview au Figaro publiée mercredi.

    Le chef de l’Etat, qui n’est toujours pas candidat déclaré à la présidentielle , « fait campagne avec les moyens de l’État, ce qui n’est pas acceptable. On n’est pas loin du détournement de fonds publics », a estimé le patron de LR. Selon lui, Emmanuel Macron retarde son annonce de candidature « parce qu’il n’a pas de bilan à présenter ».

    Réel ou plus que difficile de jouer à « La grenouille et le boeuf »? 

  • Christian Jacob avait saisi le 11 janvier la commission des compte de campagne ainsi que l’Arcom (ex-CSA) pour les alerter sur les dépenses liées aux déplacements d’Emmanuel Macron. Mardi, le député LR Eric Ciotti avait parlé de « scandale démocratique ».

     
    « Éric Zemmour est dans l’incantation permanente, mais où sont ses propositions? »
    Interrogé par ailleurs sur l »union des droites » que promeut Eric Zemmour, Christian Jacob a estimé que « c’est surtout l’union de ceux qui retournent leur veste et trahissent leur camp, à coups de petits débauchages et de petites combines ».

    Mais « tout cela ne fait pas un projet politique » car « Éric Zemmour est dans l’incantation permanente, mais où sont ses propositions? » s’est-il interrogé.

    iL FAUDRAIT POSER CES QUESTIONS A ORPEA OU KORIAN?

    Le jeu des ossselets à ce stade est d’une simplicité funébre? 

     

  • Révélations
    Délit d’initié au sommet d’Orpea? Le DG a vendu un gros paquet d’actions à l’annonce du livre-scandale
    Selon «le Canard enchaîné», Yves Le Masne, limogé dimanche soir, a revendu 5 456 actions du leader mondial des Ehpad en juillet. Reste à savoir s’il y avait un lien direct entre cette opération boursière et les défaillances dénoncées par Victor Castanet.

  • Yves Le Masne, directeur général du groupe Orpea pendant vingt-huit ans, a revendu en juillet dernier 5 456 actions du groupe, révèle le Canard enchaîné. Selon l’hebdomadaire, cette opération boursière d’un montant de 588 000 euros a été réalisée «trois semaines seulement après que la direction d’Orpea a été informée de la parution prochaine du livre» enquête de Victor Castanet les Fossoyeurs, qui dénonce une maltraitance quasi institutionnalisée dans les établissements du groupe. Selon le journal satirique, cette vente s’apparenterait donc à un «délit d’initié».

    Les informations du Canard ont fait exploser la ministre chargée de l’autonomie des personnes âgées, Brigitte Bourguignon. «On est là au cœur d’un système, je pense», a-t-elle déploré sur LCI. Les deux principaux dirigeants du groupe, qu’elle a convoqués mardi dans son bureau, «ne se remettent pas en question, ont l’air de dire qu’ils ont des explications pour tout, des preuves pour tout».

    Puis dire selon certaines « sources non officielles mais crédibles » que certaines actions comme dans le film LE PRESIDENT ont été négocié par des actionnairee financiers de KORIAN.

    La justice fera-telle toute la lumière?

  • Interrogé mardi soir sur les informations du Canard enchaîné, le nouveau PDG d’Orpea, Philippe Charrier, a confirmé que le groupe était au courant de cette opération. «C’est une question qui touche M. Yves Le Masne, mais qui ne touche pas la société, a-t-il déclaré sur BFM TV. Bien sûr que nous avons été informés de ça puisqu’il y a un rapport qui est remis à l’AMF [Autorité des marches financiers, ndlr] pour toute transaction opérée par des dirigeants sur l’action du groupe.» Charrier n’a pas souhaité qualifier la décision de vendre ces actions et la concomitance avec la préparation du livre : «Les autorités examineront ce cas avec l’intéressé. Il a peut-être des bonnes raisons que je ne connais pas, mais je ne vais certainement pas le juger à la place des autorités.»

  • A l’époque de cette vente, l’action Orpea était cotée 107,80 euros. Depuis les révélations, lundi, le cours s’est effondré, divisé de plus de moitié. depuis l’éclatement du scandale : le titre valait 40,10 euros mardi à la clôture, après un plus bas à 37,77 euros.

    De son côté, le gouvernement ébauche un plan d’action, après avoir lancé «deux inspections de l’IGF [Inspection générale des finances] et de l’Igas [Inspection générale des affaires sociales]». Les autorités se sont données trois semaines pour améliorer les mesures de contrôle dans les Ehpad. De son côté, la commission des Affaires sociales entamera dès mercredi un cycle d’auditions de responsables d’Orpea. «Nous déciderons ensuite de l’opportunité ou non de mener une commission d’enquête», a précisé mercredi la députée LREM Audrey Dufeu, vice-présidente de la commission.

     
    Mise à jour à 9h20 avec les déclarations de Brigitte Bourguignon.

  • Profil
    Jean-Claude Marian, fondateur d’Orpea, le business de l’âge jusqu’au milliard

    L’homme d’affaires de 82 ans, secondé par son fidèle directeur général aujourd’hui limogé, a construit une immense fortune grâce aux profits réalisés dans ses maisons de retraite.

  • Economies drastiques et scandaleuses sur les coûts, rentabilité maximale : la recette des dirigeants d’Orpea décrite dans le livre choc du journaliste Victor Castanet, les Fossoyeurs (Fayard), offre une plongée abyssale dans ce groupe fort de 1 150 établissements dans le monde, avec ses dérives managériales, ses obsessions de profits et la terrible maltraitance qui, selon l’enquête, en résulte pour nombre de résidents de ses maisons de retraite. Le gouvernement a réagi en saisissant l’autorité régionale de santé et en convoquant mardi son directeur général France. Le directeur général du groupe Yves Le Masne a lui été limogé après vingt-huit ans de maison. Une manière de désavouer le fondateur d’Orpea dont il est particulièrement proche – Le Masne et sa famille possèdent une villa à Bormes-les-Mimosas, au bord de la mer, dans laquelle Jean-Claude Marian a des parts…

    A 82 ans, le fondateur d’Orpea asure ne pas être au courant, mais la magouille est aussi grosse et grande que LE COMPLEXE SERVIER ET LE MEDIATOR.

    IL NE RESTE PLUS QU’A CONSTATER QUE LE FILM « SEPT MORTS SUR ORDONNANCE » TOURNE EN SON EPOQUE A CLERMONT FERRAND EST REELLEMENT AUTHENTIQUE 

    LIEN VEUILLEZ L’OUVRIR POUR MIEUX COMPRENDRE ENCORE LES FAITS DU MOMENTS 
     

  • Droit de suite
    Maltraitance dans les Ehpad: Orpea et le gouvernement sur le gril
    La vieillesse, une maladie ?dossier
     
    Pour répondre à la vague d’indignation à la suite des révélations sur les pratiques dans nombre d’établissements du groupe, l’exécutif a lancé ce mardi une série d’enquêtes et de travaux. Façon de faire oublier son inaction dans le domaine du grand âge.

  • Alors que le scandale Orpea? ET CONSOPRTS,  ne s’essouffle pas, la ministre de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, l’assure : l’exécutif «sera au rendez-vous». Dès les premières minutes de la session de questions au gouvernement mardi après-midi, surgit un flot d’interrogations à la suite des révélations du livre-enquête les Fossoyeurs sur la maltraitance dans certains Ehpad privés du numéro 1 mondial du secteur. Pendant une quinzaine de minutes, des députés outrés se succèdent au micro. «Cette affaire ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Il existe dans notre pays une maltraitance structurelle de nos aînés», martèle d’entrée de jeu le communiste André Chassaigne, président du groupe GDR à l’Assemblée nationale.

    Face à une telle vague d’indignation dans l’opinion comme dans la classe politique, le gouvernement ébauche un plan d’action depuis plusieurs jours. Bourguignon a ainsi rappelé mardi que «deux inspections de l’IGF [Inspection générale des finances] et de l’Igas [Inspection générale des affaires sociales]» vont être diligentées. Le gouvernement s’est également donné trois semaines pour améliorer les mesures de contrôle dans les Ehpad, «qui doivent être renforcés». De son côté, la commission des affaires sociales entamera dès mercredi un cycle d’auditions de responsables d’Orpea. «Nous déciderons ensuite de l’opportunité ou non de mener une commission d’enquête», précise la députée LREM Audrey Dufeu, vice-présidente de la commission.

  • «Très heureux d’avoir ces inspections»
    Pour afficher la détermination de l’exécutif, Brigitte Bourguignon avait aussi convoqué mardi matin dans son bureau le PDG d’Orpea, Philippe Charrier. «Force est de constater que nous avons eu peu d’explications», a déploré un peu plus tard la ministre face aux parlementaires. Au sortir de ce rendez-vous, le patron du groupe n’a pas présenté la moindre excuse, préférant opter pour la stratégie du déni. «Ce que nous avons lu ne correspond absolument pas à la réalité de la vie dans nos établissements», a-t-il martelé devant une foule de journalistes, affirmant par ailleurs que «plusieurs accusations sont infondées, j’en ai la preuve».

     
    Alors que la ministre l’a informé pendant leur entretien du lancement des enquêtes de l’Igas et de l’IGF visant les établissements de son groupe, Philippe Charrier soutient que Orpea est «très heureux d’avoir ces inspections et ces contrôles». Et de préciser que deux cabinets extérieurs vont être mandatés «pour faire toute la lumière». Sans attendre les résultats de ces audits extérieurs, le PDG maintient que son groupe n’a rien à se reprocher : «Orpea est une société humaniste […] C’est un métier de l’humain : prendre soin de nos résidents.»

    puis vous faites quoi de vos revenus direct « paradis fiscaux »? 

  • Le Canard enchaîné révèle pourtant ce mercredi que le directeur général du groupe récemment limogé Yves Le Masne avait vendu des milliers d’actions d’Orpea trois semaines après avoir appris la préparation du livre de Victor Castanet. Depuis une semaine, ce dernier secoue l’inertie habituelle du secteur des Ehpad. Sur près de 400 pages, le journaliste indépendant dépeint un système mis en place par Orpea pour s’assurer un maximum de bénéfices, guère soucieux du bien-être des personnes âgées résidant dans ses établissements. Une politique de réduction des coûts passant par le recrutement insuffisant de soignants et le rationnement des produits d’hygiène et de santé.

  • Manque de moyens
    Les réactions s’enchaînent depuis dix jours. Alors que les gouvernements successifs ont laissé dans les cartons une «loi grand âge» promise depuis des années, la question du traitement des personnes âgées en Ehpad s’impose dans le débat public. Mais l’indignation, si elle est nécessaire, arrive un peu tard. L’enquête de Victor Castanet, aussi fracassante soit-elle, n’est pas la première à dénoncer une telle maltraitance. En janvier 2018, le site Mediapart révélait déjà de graves dysfonctionnements au sein de l’établissement d’Orpea les Bords de Seine, à Neuilly. Ce mardi, c’est Boris Vallaud, le député PS des Landes, qui a fait voler en éclat l’hypocrisie des pouvoirs publics lors de la séance de questions au gouvernement avec cette interrogation : «Les contrôles que vous diligentez aujourd’hui n’auraient-ils pas dû être accomplis déjà hier ?»

    Les déclarations outrées ont beau se multiplier, peut-on vraiment parler de surprise ? Le manque de moyens et de personnels dans les Ehpad, tout comme le traitement parfois déplorable réservé aux résidents, est loin d’être méconnu. Pour autant, la parole des premiers concernés reste tristement sous cloche. Souvent isolées, voire infantilisées, bon nombre de personnes âgées peinent à faire entendre ce qu’elles subissent.

  • «C’est aussi ce que rappelle cette enquête sur Orpea», explique à Libération Audrey Dufeu, qui vient de publier avec le professeur de médecine gériatrique Gilles Berrut l’ouvrage le Vieillissement, à la croisée des projets. Persuadée que «trop de situations similaires sont mises sous couvert», elle insiste : «Il est urgent de sortir de l’âgisme qui régit notre système en recueillant la parole des aînés.»

  • Chronique «Aux petits soins»
    Gestion des Ehpad: où est la parole des personnes âgées?
    La vieillesse, une maladie ?dossier
     
    Malgré les réactions et les émotions provoquées par le scandale autour des établissements Orpea, personne n’interroge les premiers intéressés afin de construire une politique publique de la vieillesse en adéquation avec leurs souhaits et leurs désirs.

  • Qui les a vus, ou entendus ? Ils sont silencieux, absents, même invisibles. Alors que le scandale sur la gestion des Ehpad d’Orpea, à la suite de la publication du livre les Fossoyeurs, a engendré une kyrielle de réactions, d’analyses, de promesses en tous genres, qui se souvient d’avoir entraperçu un résident ? Qui peut dire ce qu’ils en pensent ? Pourtant, il y a un conseil de vie social dans chaque Ehpad, censé s’occuper de ces questions, mais rien. Pas un mot.

    «C’est le rôle d’un ministre»
    Mais les autres ont parlé, à satiété. On a ainsi entendu des politiques. «Depuis le début du quinquennat, s’est justifié le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, nous nous sommes saisis de la question de nos aînés, avec 2,1 milliards d’euros investis pour les Ehpad.» Ajoutant, satisfait : «Nous avons recruté 10 000 soignants supplémentaires. Avec une loi qui permet de mieux sanctionner la maltraitance en Ehpad.» Valérie Pécresse, comme bien d’autres, s’est dite «bouleversée» par les révélations du livre, qualifiant les dysfonctionnements de «naufrage» et plaidant pour «un référentiel obligatoire» auquel «tout établissement public ou privé devra se soumettre».

  • Xavier Bertrand, ancien ministre de la Santé, à qui est reproché d’avoir donné sans compter des autorisations d’ouverture d’établissements au groupe Orpea, s’est justifié : «Oui, j’ai fait instruire des demandes d’autorisation pour des maisons de retraite du groupe Orpea, comme pour l’ensemble des groupes qui avaient déposé un dossier, a-t-il déclaré. C’était clairement mon rôle, ma mission. Pendant trois ans et demi, j’ai eu à le faire, dans le respect des règlements, ça ne s’est jamais fait n’importe comment. Si c’était à refaire, je le referais, parce que c’était ma mission.» Et il répète, comme pour être bien compris : «C’est le rôle d’un ministre.»

  • «Pour le bien des vieux»
    On a entendu aussi beaucoup de directeurs d’Ehpad. «Le problème de fond, c’est qu’il y a des maltraitances dans tous les établissements», a reconnu Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), «assez étonné» face aux révélations : «Si les faits sont avérés, cela relève de la justice. Mais plus largement, c’est la France qui est maltraitante avec ses aînés.» Bref, c’est la faute à tout le monde. En tout cas, pas à celle des directeurs. Dans le journal la Presse de la Manche, trois directeurs d’Ehpad du département disent, la main sur le cœur, qu’ils ne sentent pas concernés par la maltraitante. Ouf !

  • On pourrait continuer et allonger la liste des personnalités variées qui ont réagi à la publication du livre, dénonçant pour certaines les dérives des Ehpad. Souvent, elles l’ont fait avec sincérité, «pour le bien des vieux». Peut-être étaient-ce les mêmes personnalités qui lors du premier confinement n’avaient pas réagi quand les établissements avaient été fermés à double tour, là encore pour «le bien des résidents». Ces mêmes résidents qui, pourtant, lors de quelques rares reportages réalisés lors de ce confinement, lâchaient : «Ne m’enfermez pas, je vais étouffer, je vais mourir» (Vieillir enfermés, documentaire de mars 2021, par Eric Gueret)

  • Drôle de politique publique
    Qui les a écoutés hier ? Qui les écoutent aujourd’hui ? Certes, quelques proches ont raconté, souvent pour faire part de leur culpabilité, mais ils ne sont pas à la même place. Imagine-t-on un instant faire une enquête sur les femmes et ne pas en interroger une ? Ou faire une étude sur les gays, les trans, et ne pas en interroger un ou une ? Que se passe-t-il, diable, dans le monde des Ehpad, pour que les résidents soient à ce point ignorés ? Faut-il rappeler la règle de trois, ressortie des dernières études en Ehpad ? Un tiers des résidents ont demandé à venir en Ehpad, un tiers n’a rien dit, un tiers s’y est opposé.

    «Quand on veut imaginer des plans sur la grande vieillesse, la réponse souvent est : “On va ouvrir des places.” Mais quelle est la demande des premiers intéressés ?» s’interrogeait l’ancien secrétaire général des affaires sociales Denis Piveteau, lors d’un séminaire à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Quelle drôle de politique publique sur la vieillesse est-on en train de construire sans jamais demander l’avis aux premiers intéressés ? Cela sera justement le thème de la soirée-débat «Rien pour les vieux sans les vieux», organisée à l’initiative du Conseil national autoproclamé de la vieillesse, qui se tiendra à la Cartoucherie de Vincennes, le 14 février.

  • A Valence, dans la Drôme, un nouvel Ehpad s’est ouvert. Il s’appelle la Cité des aînés. Il doit accueillir 200 résidents. Qui dit mieux ? Presque un record. Mais comme le dit le prospectus, «les espaces sont vastes, il y a des espaces verts et des terrasses. Les chambres ont été bien pensées, pour être ergonomiques». On respire…

  • Interview
    «Le cas Orpea symbolise l’absence de moyens chronique qu’ont les Ehpad»

    La vieillesse, une maladie ?dossier
    Après la parution du livre-enquête «les Fossoyeurs», le directeur d’Ehpad publics Pierre Gouabault plaide pour une inscription dans la loi des missions de service public du secteur.

  • La sortie du livre les Fossoyeurs a fait l’effet d’une bombe. L’enquête du journaliste Victor Castanet, parue mercredi, lève le voile sur de graves dysfonctionnements au sein des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) du groupe privé lucratif Orpea, leader mondial du secteur. Une maltraitance institutionnelle s’abattant sur les résidents comme sur les salariés, fruit d’une optimisation extrême des coûts. Orpea conteste, parlant d’accusations «mensongères, outrageantes et préjudiciables». Son directeur général a été démis de ses fonctions dimanche, alors que les dirigeants du groupe sont convoqués par le gouvernement ce mardi.

    L’ouvrage a braqué la lumière sur les pratiques abusives d’un groupe coté en Bourse, mais c’est tout le secteur du grand âge qui manque de financements et risque des pratiques maltraitantes par manque de personnel, alerte Pierre Gouabault, directeur de trois Ehpad publics dans le Loir-et-Cher et auteur des Aventuriers de l’âge perdu, plaidoyer pour une réhumanisation de la dépendance et un financement collectif et solidaire de sa prise en charge.
     

  • Osons le dire : la maltraitance en EHPAD a été aggravée par la gestion inhumaine de la crise sanitaire

  • Le livre-enquête Les Fossoyeurs, de Victor Castanet (Fayard), a fait grand bruit. Brigitte Bourguignon, ministre délégué chargé de l’Autonomie – inconnue du public, ce qui en soi est un bon indicateur de l’importance donnée à cette question par le gouvernement -, est montée au créneau : en ce mardi matin, elle a « convoqué les dirigeants d’ORPEA pour les entendre » et « souhaite que toute la lumière soit faite sur les faits signalés ». Comme si ORPEA était le seul groupe concerné. Comme si ces agissements dans les EHPAD étaient inconnus jusque-là. Bien sûr, ORPEA ou pas, ils ne sont pas tous à mettre dans le même sac. Mais convenons que pour les décrire, les mots « rentabilité » et « opacité » reviennent souvent…

  • Dans son dernier roman, anéantir (Flammarion), Michel Houellebecq décrit une famille exfiltrant son père d’un « mouroir ». Tout est si verrouillé qu’elle doit imaginer un scénario d’évasion digne de la série Prison Break. « Nous n’avons pas pu encore faire la très grande loi sur l’autonomie », se défend Jean Castex devant l’Assemblée nationale. Cinq ans, voyez-vous, cela passe vite et le gouvernement n’est pas la déesse Vishnu, il n’a que deux mains et ne peut pas être au four et au moulin. Mais pour rester dans le registre de « la santé », on a eu du temps, par exemple, pour la PMA ou la prolongation du délai de l’IVG. C’était tellement plus urgent.

    Non seulement ce gouvernement ne s’est pas occupé de cette maltraitance, mais il l’a en sus, beaucoup en témoignent, amplifiée, l’étendant aux hôpitaux, par la gestion inhumaine de la crise sanitaire.

  • Ne parlons pas de nos anciens qui sont morts, seuls, que même leur conjoint ou leurs enfants n’ont pas pu approcher, et que l’on a glissés précipitamment, nus, dans une bâche en plastique comme des chiens. Ne parlons même pas des longues semaines de confinement, au plus fort de la crise, où chacun, dans les EHPAD, devait rester reclus dans sa chambre, la porte ne s’entrebâillant brièvement que pour laisser passer un plateau-repas.

    Non. Parlons d’aujourd’hui.

    Il y a quelques jours, un hôpital du Sud-Ouest dans lequel un homme de 90 ans de mon entourage avait été transféré a signifié à la famille une fin de non-recevoir : ni son épouse ni ses enfants n’avaient le droit de le visiter. Même s’il n’avait pas le Covid et que ladite famille, vaccinée, proposait en sus de se faire tester. À 90 ans, on décline vite, on est vite désorienté… C’était ainsi et la standardiste était incapable de dire qui avait édicté cette loi. Un directeur trop zélé préférant laisser dépérir un vieillard – si un patient démoralisé, se laissant glisser, décède à 90 ans, qui pourra s’en étonner ? – que se voir reprocher – là, sa responsabilité pourrait être engagée – un hypothétique cluster. On connaissait le « quart d’heure du caporal » (chacun, dans la chaîne hiérarchique, avance de quelques minutes le rendez-vous fixée par le général et c’est ainsi que les soldats finissent par attendre des heures), voici le tour de vis du directeur. Et ce cas n’est, bien sûr, pas unique. Hospitalisée récemment, la mère de Valérie Guittienne, conseillère municipale de La Seyne-sur-Mer et fondatrice du CPAE (Cercle de proches aidants en EHPAD créé lors du premier confinement), en a également fait les frais. Celle-ci raconte qu’il a fallu l’intervention personnelle d’Emmanuel Hirsch, du Conseil d’éthique, auprès de l’hôpital pour qu’elle puisse la voir.

  • Voici donc le résultat de cette gestion autoritaire, en EHPAD et plus largement dans tous les établissements de santé : moins de personnel – cas contacts, soignants non vaccinés que l’on a écartés… -, beaucoup de turnover, une administration terrorisée par la psychose ambiante, une famille que l’on ne laisse pas entrer et qui ne peut donc plus écouter, remonter un oreiller, tirer un store, alerter une aide-soignante trop pressée parce que surchargée. On manque structurellement de main-d’œuvre mais on écarte ces petites mains bénévoles pleines de zèle de la parentèle. Pour le bien des personnes âgées… mais bien sûr.

    Plusieurs infirmières spécialisées en témoignent, il n’y a guère que quelques EHPAD comme les Petites Sœurs des pauvres qui aient réellement réussi à préserver humanité et attention. Leurs recettes sont simples. Le gouvernement devrait s’en inspirer. Comme il devrait faire un plan Marshall du maintien à domicile, qui reste encore la solution la moins traumatisante mais relève parfois du parcours du combattant. Avec à l’issue, trop souvent, sonnant comme un échec, le (non-)choix par défaut de l’EHPAD. Mais quand il aura le temps, n’est-ce pas ?

  • Le président Emmanuel Macron s’est ému mercredi des révélations « bouleversantes » du livre-enquête dénonçant les maltraitances dans les Ehpad d’Orpea, dont les dirigeants ont dû s’expliquer devant le Parlement. Sans convaincre.

    Le président « a dit que ces révélations étaient absolument choquantes, bouleversantes et qu’elles appelaient évidemment à ce que nous poursuivions notre investissement pour le grand âge », a déclaré le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à l’issue du Conseil des ministres.

     
    « On est là au cœur d’un système, je pense », avait commenté plus tôt sur LCI Brigitte Bourguignon, évoquant son « dégoût ». La ministre déléguée à l’Autonomie commentait les informations du Canard enchaîné selon lesquelles l’ancien directeur général du groupe Yves Le Masne, limogé dimanche, a empoché près de 590.000 euros l’été dernier en revendant des actions. Et ce peu après avoir appris la préparation du livre-enquête « Les Fossoyeurs ».

  • Auditionné mercredi après-midi, avec le directeur général France Jean-Christophe Romersi, devant la Commission sociale de l’Assemblée nationale, le PDG du géant des maisons de retraite Philippe Charrier a exclu qu’il y ait « un système Orpea consistant à optimiser le profit pour rationner nos prestations ». « Je vous l’affirme: ce système n’existe en aucun cas à Orpea. Le vrai système Orpea, c’est qu’à tous les niveaux on essaie de prendre soin des personnes qui nous sont confiées ».

    « Quand il y a des événements indésirables, nous les suivons de très près. Nous les rapportons aux autorités de santé, nous menons des investigations et nous corrigeons », a assuré M. Charrier, évoquant 391 « événements indésirables » en 2021, dont « 36 suspicions de maltraitance ».

     
    – « Discours creux » –

    « Vous avez en Orpea un leader mondial. La France n’en a pas beaucoup. Les plus belles entreprises sont fragiles », a-t-il dit, appelant à ne pas « détruire les plus belles entreprises avec des allégations ».

    « La représentation nationale, je vous le dis franchement, est déçue par la qualité de vos réponses – ou de l’absence de réponses », a déclaré Fadila Khattabi, la présidente de la commission, qui recevra prochainement l’auteur de l’enquête, le journaliste Victor Castanet.

  • Lui aussi « outré », Nicolas Turquois (Modem) a reproché aux deux dirigeants un « discours creux sur de grands principes », suivi d' »arguments technico-administratifs, des chiffres qui ont noyé le poisson ».

    « J’espérais de vous transparence et humilité, que vous devez aux contribuables français et à leurs familles. Mais honnêtement quelle déception! », a renchéri Laetitia Romeiro-Dias (LREM).

    Dans « Les Fossoyeurs », le journaliste Victor Castanet décrit le rationnement des fournitures médicales et de la nourriture dans des établissements aux tarifs pourtant très élevés, une maltraitance chronique des résidents, des objectifs financiers imposés à des directions contrôlées de très près par le siège. Des accusations que le groupe réfute en bloc.

     
    – « Pompe à fric » –

    Les autorités ont lancé mardi une « vaste opération de contrôle » d’Orpea, avec l’ouverture d’une « double enquête » administrative confiée aux inspections générales des affaires sociales (Igas) et des finances (IGF). Les établissements du groupe feront l’objet de « contrôles inopinés » diligentés par les services de l’État.

  • Le gouvernement a promis d’ici la fin du mois des propositions pour éviter que de telles dérives ne se reproduisent.

    Brigitte Bourguignon veut faire en sorte que les établissements privés lucratifs soient considérés comme des « entreprises à mission », en vertu des dispositions de la loi Pacte de 2019. Ce statut suppose qu’un organisme tiers indépendant vérifie que l’entreprise répond aux objectifs de sa mission, en l’occurrence « le soin, la bientraitance », selon la ministre.

     
    « Je vous assure que c’est la première fois que l’on fait une inspection » de cette importance, « parce que l’on veut frapper fort, parce que l’on ne veut plus que des groupes considèrent le grand âge comme une pompe à fric », a-t-elle martelé. « Ce n’est pas une marchandise ».

    Pour Pascal Champvert, le président de l’Association des directeurs au service de personnes âgées (AD-PA), « il y a bien des problèmes dans tout le secteur » des soins aux personnes âgées, en raison du « manque de financement » par l’Etat et d’un « mépris pour les personnes âgées ».

     
    Présent dans une vingtaine de pays, Orpea est l’un des principaux acteurs mondiaux de la prise en charge de la dépendance, avec un réseau de 1.156 établissements pour personnes fragiles: maisons de retraite médicalisées, cliniques de soins, cliniques de psychiatrie.

    En dix jours, son cours de bourse s’est effondré de plus de moitié.

  • Le nouveau dirigeant de l’entreprise, Philippe Charrier, s’est également félicité des contrôles à venir dans ses Ehpad et a promis la transparence.

    « J’en ai la preuve formelle » : pour le PDG d’Orpea, « plusieurs accusations sont infondées »
    Le nouveau PDG d’Orpea, dans la tourmente depuis la parution d’une enquête à charge contre les conditions d’accueil dans ses Ehpad, s’est félicité que le gouvernement ait décidé d’ouvrir deux enquêtes administratives et a rappelé son engagement à faire « toute la lumière » sur ces accusations.

    « Nous sommes très heureux d’avoir ces inspections et ces contrôles », a déclaré ce mardi 1er février aux journalistes Philippe Charrier, après un entretien avec la ministre chargée de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, qui l’avait convoqué pour lui faire part de sa « colère ».

    « Nous allons apporter toute la lumière sur ces événements en pleine transparence et indépendance […]. J’irai jusqu’au bout. Je reviendrai vers vous avec tout, je m’y engage », a martelé Philippe Charrier, qui a été reçu par la ministre en compagnie du directeur général France de l’entreprise, Jean-Christophe Romersi.

    « Pas la réalité »
    « Nous comprenons parfaitement l’émotion des résidents, des familles et des collaborateurs » à l’égard des accusations relayées dans le livre enquête « les Fossoyeurs » de Victor Castanet, mais « ce que nous avons lu ne correspond absolument pas à la réalité de la vie dans nos établissements », a encore insisté le patron du groupe privé.

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